Shimmering Manor, mardi 6 novembre 1877

Par Beatrix

 

Cher cousin,  J'ai décidé de continuer à suivre vos conseils, en me détournant des obligations qui ont été indûment – de votre avis – placées sur moi.  Je suis revenue, dans la mesure du possible, à mes anciennes habitudes : je me suis remise à porter mes vêtements les plus simples, j'ai repris mes coiffures austères et j'ai banni tout maquillage. J'ai fait l'objet en retour de remarques fort peu agréables de la part de madame Fooley, qui y voit quasiment une trahison envers sa maîtresse. Elle m'a ouvertement demandé quelle folie me prenait.  Lady Rafaella, pour sa part, a montré un peu de chagrin en me voyant si peu reconnaissante de ses attentions. Même lord Henry est venu me trouver et m'a longuement exprimé, quoiqu'en termes plus courtois, le même sentiment.  Tous trois m'ont intimé de me rasseoir devant ma coiffeuse... En y réfléchissant, c'est le seul endroit dans la demeure où j'ai vu un miroir : partout ailleurs, ils sont absents, ou voilés... Je dois avouer que je commence à éprouver une inquiétude profonde.  Je sais ce que vous allez me dire : que vous m'aviez bien assez prévenue ! En attendant, je vais tâcher d'endormir leur méfiance en me pliant de nouveau à leurs désirs.  Je reste, bien aimé cousin, votre humble servante.  Elisand Hartley 

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