Shimmering Manor, dimanche 30 septembre 1877

Par Beatrix

 

Mon cher cousin,  Sans mentir, vous me semblez être l'homme le plus méfiant au monde ! Pourquoi vous obstiner ainsi à voir le mal partout ? Ce n'est pas comme si personne ne savait que je travaille désormais au manoir Shimmering !  Je crois que je m'habitue au mieux à cette vie. Si seulement ma présence n'était pas liée à la pénible situation de lady Rafaella, tout serait aussi parfait qu'il est possible de l'être !  Pas plus tard qu'hier, lady Rafaella m'a fait parvenir par l'intermédiaire de madame Fooley une des ses anciennes robes, qu'elle ne porte plus du fait de sa maladie. Avant d'être affligée par ce mal injuste, elle n'était pas aussi amaigrie et cette tenue d'après-midi de satin argent, si peu portée qu'elle en paraît neuve, me va aussi bien que si elle avait été taillée pour moi. Ce qui me rend un grand service, car ma seule robe un peu habillée a été tâchée par l'une des jeunes bonnes au cours du dîner, voici quelques jours. Madame Fooley l'a fait prendre pour qu'elle soit nettoyée, mais les lingères l'ont semble-t-il égarée.  Madame Fooley a été assez gentille pour m'aider à me recoiffer, et vous devriez me voir... On me confondrait aisément avec une véritable dame ! Lady Rafaella a paru ravie du résultat. Nous avons passé de merveilleux moments durant notre entrevue quotidienne. Elle m'a raconté avec une précision extrême toute l'histoire de sa famille. J'ai été surprise par la clarté de sa mémoire, que son mal ne semble avoir affectée. C'est un véritable roman, et même si l'histoire n'a jamais été ma discipline favorite, lady Rafaella a su éveiller en moi un certain goût pour la question !  Voilà, cher cousin, la teneur actuelle de mon existence.... et je ne la changerais contre aucune autre.  Votre affectionnée cousine,  Elisand Hartley 

 

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