Si les cieux étaient vides, qui faisait pleuvoir ?
Je voulais qu’Il noie la Terre encore une fois,
Idée obsédante, me martelait ma mémoire :
“ Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant consommé, afin que l'Écriture s'accomplît, dit : « J'ai soif. » Il y avait là un vase plein de vinaigre ; les soldats en remplirent une éponge, et l'ayant fixée au bout d'une tige d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est consommé », et baissant la tête il rendit l'esprit.”
Je voulais qu’Il noie la terre encore une fois,
Comme lui seul pouvait le faire,
S’il fallait combattre le sang par le sang
J’étais prêt à donner le mien pour leur faire boire
Mais il ne fallait pas sacrifier son fils.
Idée obsédante, que sa volonté soit faite, que les conspirateurs gémissent :
Ponce Pilate, Judas Iscariot, Hérode Antipas, Joseph dit Caïphe, le centurion inconnu.
Nous pleurerions en un jour béni ?
—Me voilà, je gravissais les marches… On posait le décor du dernier acte.
Les hommes et les femmes regardèrent par là-haut ce que le ciel avait à dire.
Il ne pouvait pas y avoir de soleil ce jour-là puisqu’Il en avait décidé ainsi,
Nous savions tous, en vérité en vérité je vous le dis, qui commandait la pluie.
Malheureusement je n’ai pas la référence que tu recommande en début de lecture, mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier ton texte. Ta plume est très agréable. J’ai particulièrement aimé les trois derniers vers que je trouve très visuels !
Je compte bien continuer de suivre ton travail.
À bientôt :)
Woooow, encore un texte fort avec une patte bien marquante. J'aime la poésie en prose et les approches qui réécrivent les mythes - qu'ils soient gréco-latins ou judéo-chrétiens.
Dialogue puissant entre l'Évangile et le langage tourmenté de la personne qui y répond. D'un côté le sacrifice du fils pour la terre - et de l'autre quelqu'un qui souhaiterait au contraire la voir noyée sans qu'il y eut besoin de la mort de Jésus. J'aime bien le choix du motif de la boisson qui relie les deux points de vue : l'amère boisson qu'avale Jésus, et la noyade que le locuteur souhaite à la terre.
>> "Idée obsédante, me martelait ma mémoire :" > J'aime ! Ce martèlement des M comme une pierre qui roule, pèse et écrase sans relâche. Et choisir l'élision du pronom donner encore plus d'emphase à "Idée obsédante" - comme si elle surgissait brutalement - ça aussi c'est un procédé que j'aime beaucoup.
>> "Mais il ne fallait pas sacrifier son fils." > Très beau. Et y trouve écho une réflexion que je me suis souvent faite : la gratuité et l'horreur d'un sacrifice humain. Comme si Dieu avait besoin de se sacrifier lui-même en tant que son fils pour racheter la malédiction qu'il a lui-même lancée sur l'humanité x) Et puis toute la problématique du bouc émissaire, de la victime innocente, ça me rappelle ma lecture de René Girard il y a quelques années.
Encore un beau moment de lecture, avec ce texte qui ouvre de nombreuses portes de réflexions. <3
Je devrais pouvoir passer du côté de ton roman ce week-end ou dans la semaine prochaine. =)
Bonne journée
Oh, tu es en prépa ! Que de souvenirs huhu. Je suis passée aussi par l'hypokhâgne et la khâgne, puis agrégée de lettres. Là je cherche du boulot dans la culture et la patrimoine, mais j'ai aussi fait quelques années de recherche à l'universitaire.
J'ai fait grec et latin. Mais je me suis spécialisée plutôt dans les XVIe et XVIIe siècles - notamment la poésie baroque et tout ce qui est écrits diffamatoires / pamphlets. J'ai un petit bagage aussi en histoire du handicap et de ses représentations (ce qui imprègne complètement "Les Étonnants Chemins du repentir" ahah).
Mowwww, je suis ravie de lire que tu apprécies mon roman, justement <3 Quant au "Conte du cheval" en trois actes, contente aussi d'apprendre que tu t'y soies plongée <3
À bientôt ! Au plaisir de nous relire chez l'une ou l'autre