(Situation difficile)

Cette conversation, c'était il y a trois jours, une éternité... La situation ce soir n'a pas grand chose à voir avec cette discutions sous la couette.Il ne s'estime pas pour autant mieux loti.

Est-ce l'ambiance, le flot des gouttes sur les carreaux, la lumière froide des réverbères qui se reflète sur les vitres, le clapotis de la pluie qui inonde toujours les rues de Paris ? La brutale solitude dans laquelle Yann plonge, lui glace presque le sang. Il n'est capable d'aucun geste et exit la mise en lumière de cet endroit glauque, il profite de l'absence de l'ostrogot qui est censé lui partager cette chambre pour laisser l'ombre l'envelopper.

La voilà sa première nuit seul. Parce que oui, il a enfin « emménagé » dans son « chez lui ».

Ils l'ont repoussé autant qu'ils ont pu ce fameux moment, celui de se quitter de nouveau. Ça devait bien arriver. La sœur de Gabriel étant rentrée, pas trop le choix, le voilà donc au « foyer ».

Sortant des écouteurs de son mp3 et résonnant dans ses oreilles, la musique du piano de Gabriel, responsable également de sa soudaine nostalgie, contribue à reconstituer le déroulement de cette journée remplie d'instants forts.

Il lui suffit de fermer les yeux et les images gaies et lumineuses, telles des instantanés, dansent devant ses yeux. Leurs reflets, palpables, envahissent son cerveau. Au souvenir de ses premiers pas dans le petit studio de répétition se trouvant aux portes de Paris, de cet environnement artistique sentant la sueur et de son atmosphère feutrée qui invite à la création, un sourire vient s'inscrire sur son visage blême. Gabriel et les membres de son groupe, leur accueil vraiment sympathique, bien qu'étrange et légèrement gêné, rendirent l'échange riche en surprise.

Ils ont embelli ces dernières heures autant que possible avant celle fatidique de la séparation.

C'était un bon après-midi.

Se pourrait-il qu'il s'agisse de la meilleure répétition de sa vie ? Se risquerait-on à dire, LA véritable première ? Parce qu'en réalité y'en avait-il vraiment eu d'autres avant ? Rien de ce que Yann eut expérimenté au niveau musical seul ou accompagné n'a jamais ressemblé à ça, jusque-là.

Il a très vite compris les avoir impressionné, surtout le plus âgé des musiciens. Steph n'avait déjà eu de cesse de vanter son talent, avant son arrivée, alors même qu'il était encore à la Réunion, se basant sur les uniques arrangements envoyé par mail. Quelques sons sans importance et ça avait été dans le bon sens. Mais ce face à face concret ayant confirmé l'opinion de ce musicien, sans conteste endurci, rend le réunionnais fier de sa prestation. Oui, il seréjouit de ces rencontres, alors pourquoi se sent-il également si abattu ? C'était un rêve, il n'y a pas trois heures encore.

- Qu'est-ce qui cloche chez moi ? Gabriel a raison, je ne suis jamais content. 

Depuis qu'il est à Paris, Yann passe d'un émoi à un autre, ça n'est pas nouveau mais dernièrement, il a de plus en plus l'impression d'être bipolaire.

 

Son regard balaie l'endroit plongé dans un clair-obscur glacial. Son coin personnel est vide, il y flotte une odeur de moisi, la tuyauterie de la chambre sonne tel un paquebot, le bruit passe par-dessus la musique chaque fois qu'un voisin tire la chasse d'eau et son matelas sent le vinaigre.

- C'est un mauvais film.

Ils ont repoussé au maximum l'inévitable, attendu tant et tant et occupé leurs journées si bien, qu'ils n'ont guère trouvé le temps de déposer l'intégralité du peu de bagages de Yann ici. Ses valises sont donc toujours dans la chambre de Gabriel en banlieue. Il n'y a pas que ses affaires personnelles qui lui manquent. Débarqué, presque en panique, ce soir, avec une simple couette, il se retrouve abandonné autant que dépossédé. Le jeune homme a peur. Ça ne date pas d'aujourd'hui, Yann est dévoré par l'angoisse depuis que Gabriel, il y a des mois, lui a avoué son amour et son désir d'être ensemble sérieusement. L'aveu en lui-même n'est pas en cause, ce que craint Yann, c'est d'y croire et d'être blessé. La seule présence de son amoureux suffit déjà à peine à le rassurer, alors lorsqu'il est absent du tableau, l'anxiété s'incruste plus profondément.

Un coup d'œil à son portable silencieux, aucun SMS de réceptionné, Gabriel doit être en train de dîner. Yann n'a pas faim.

La lune se lève, un frison lui parcourt l'échine, le froid pénètre au travers de son manteau dont il n'apas pensé se débarrasser. La chambre est glacée. Ce soir il va dormir seul. Il aimerait glisser ses doigts sous le teeshirt de son amant, fermer les yeux et s'endormir contre lui, au lieu de ça, sa paillasse rêche grince et ses poings emprisonnent du vide.

Ses yeux enrhumés se ferment.Demain de nouveaux défis professionnels et plus terre à terre, détourneront un temps, les pensées tournées vers sa situation amoureuse précaire. C'est en cuisine qu'il devra tenter de s'imposer cette fois.

Il est tard, malgré ce fait, le bâtiment est plein de bruits, les gens vont et viennent dans les escaliers communs. Des rumeurs de disputes, des cliquetis de vaisselles, le brouhaha est très présent pourtant il s'en fiche, il monte le son. Le sommeil tardera à venir, il le sait, il commence à avoir l'habitude, des mois que ça dur ! Peut importe, son lecteur MP3 le transportera, cette nuit encore, dans le monde secret et musical de Gabriel afin de l'aider à patienter. Probablement viendra un jour où il se sentira enfin tranquille en couple, heureux et en paix, du moins, il l'espère.

 

*

Un peu plus de deux ans plus tard avec Uzu :

 

La tension est palpable dans tout le bar et bien que Nicolas ait quitté les lieux, le calme n'est pas encore revenu autour de la table.

- Bon, à présent qu'il est parti, il faudrait que nous tentions de parler sans se hurler dessus. J'aimerais que l'on trouve un terrain d'entente, nous ne sommes pas là pour vous enfoncer.

Marc, très calme, essaie de recentrer la conversation. Uzu quand à lui n'en mène pas large.

- Sérieux téma* le ouf* qui nous manque de respect ! On s'laisse pas faire c'tout. J'ai fait des conneries,  payer pour ça ok, j'assume et nan j'me prends pas pour un héro.

Puis Rachid se retourne agressif une nouvelle fois sur Uzu, qui pourtant ne disait rien.

- Si y'avait eu qu'moi mon gars tu s'rais raide*,  j'en ai rien à faire d'ta face, pute de niak* ! T'es pas clair ! affirme-t-il.

- Qui parlait de non respect à l'instant ? intervient Marc de suite.

- Nan mais...pfff ! J'ai l'seum* p'tain...

Rachid se balance sur sa chaise, fuyant les regards, il attend une réaction et Marc lui, espère qu'il se sente suffisamment mal à l'aise pour reprendre de lui-même la conversation. Et ça fonctionne.

- Ok, j'retire c'que j'ai dit. Mais j'retire pas c'que j'pense, qu'il s'fasse pas d'film*.

Marc continue de garder le silence.

- Ch'uis un mec trankil*, dans la téci* j'cherche pas la merde, lui oui. Si s'en sont pris à s'mec, c'pas pour rien. L'gars l'en avait pas après lui pour des garos* hein ! J'm'en tape d'leurs embrouilles de tafiottes*,  j'veux rien savoir.

Rachid laisse planer un silence, puis reprend.

- Mais voilà, j'ai déconné, c'est vrai et pour moi j'men fous d'ma gueule, sauf que j'veux pas qu'les autres paient à ma place.

- C'est correcte et c'est pour ça que nous souhaitons t'aider.

- Bha suffirait qu'y joue pas les poucave*, il a qu'a fermé sa gueule ! Si l'juge m'envoie au mitard* j'y vais et point.

- Quand vous m'avez envoyé cette lettre vous souhaitiez de toute façon l'éviter non ? demande tout-à-coupUzu d'une voix blanche mais maitrisée.

Le gars le dévisage avec hostilité, ses jambes remues convulsivement sous la table, bientôt accompagné de ses doigts qui en frappent nerveusement le rebord.

- Ok j'ai peur, ça t'va ? Pas pour moi, j'men fous mais ch'uis responsable. Ça t'dépasse ça, toi t'as qu'tes fesses de fiotte* à protéger et t'en es même pas capable...

- Ho là stop ! Vous êtes obligé d'être irrespectueux et de hausser le ton comme ça ? Monsieur Obata s'est contenté de vous poser une question simple.

- Ça vaaa quoi ? J'répond moi ! J'tchatche* pas comme une gonzesse* !

- Si y'a moyen qu'il aille pas en zonzon*, y faut faire quoi ? se mêle Redouane.

Entendre l'inquiétude dans la voix de Redouane change le comportement de Rachid, ses yeux se mettent à briller, il se penche au-dessus de la table et toise Uzu d'un œil menaçant.

- S'ils savent pour lui, tu sais c'qui lui f'ront ? balance-t-il en montrant son pote du doigt. Tu vois s'qui t'ont fait, c'est rien à côté !

Uzu ne comprend pas de suite le sous-entendu.

- Heu... Si je ne dis pas ce dont je me souviens, ils ne sauront pas qu'il m'a sauv...

- J'te parle pas d'ça connard !

Il se lève envoie valser sa chaise.

- Hé ça suffit, on se clame là, ou j'appelle les flics ! menace le barman.

- C'est bon, on gère, intervient encore le président de l'asso, que cette discussion commence franchement à fatiguer. Du calme, ne vous inquiétez pas. Revenez-vous rassoir Rachid.

- On est pareil que toi, des putains de tafiottes* de merde mec ! Ça y'est t'es content ?

La lumière s'éclaire tout-à-coup dans la tête de Marc, c'est deux là sont ensemble. Leur motivation vient de changer de registre, leurs soucis aussi.

 

- J'étais blindé* mon gars, c'soir là ! Et t'inquiet' j'avais pas que bu ! Voilà pourquoi  j'ai suivi comme un boloss*  et pis parce que j'voulais d'la maille*. Quand l'lascar* à proposé son plan, ,j'ai pas réfléchi, un bizness c't'un bizness. Un type, s'exclame-t-il en montrant du menton Uzu. Lui avait pris la teté*, y voulait l'faire douiller*, point.

Il s'arrête de nouveau et s'assure qu'on l'écoute bien avant de poursuivre.

- Y cherchait du people*, on s'est pointé avec toute laposse*. J'pipé*queue'd*  de c'qu'y voulait branler*. Pour moi l'mec on allait lui faire la mizzer* pour qu'y déguste, lui montrer c'est qui l'daron* et voilà. Quand j'ai vu qu'c'était une tapette* et qu'j'ai pigé que ça allait dégénérer, il était d'jà trop tard.

-  Et vous ne pouviez pas partir tout simplement ?

- Mais mec ça aurait super louche ! Jj'me s'rais barré, j'me r'trouvais mal. En plus, j'aurais rien pu pour l'type t'façon.

- Et appeler la police non ?

- T'as raison toi ! J'me fais pas repéré en m'barrant, pis ensuite Zarma* j'appel les keufs*, t'as vue la vierge ou quoi ? Et après j'ai toute la téci* qui rapplique chez oim* ? J'me fais buter proprement et y niquent ma reum* par la même occaz'. C'pédé j'le connaissais pas moi. J'me suis juste r'trouvé au mauvais endroit.

- Si tu vas par là, tous tes petits potes se sont eux aussi retrouvés au mauvais endroit !

- Hé j'l'ai pas touché ! Dis-lui à ton pote que j't'ai pas niqué puisque tu t'rappelles ! Interpelle-t-il Uzu.

- Je ne me souviens pas de tout...

- Attend genre*...

- Pourquoi qu'tu nous aiderais si t'es pas sûr pour Rachid ? demande Redouane.

- Je l'ai déjà dit tout à l'heure, je ne veux plus rien lui devoir.

-Putain lâche s't'afaire* là ! Rachid y s'rais pas capable d'faire ça, insiste Redouane.

- Pourtant vu les menaces qu'il profère...remarque Marc.

- Mec, faut m'croire, j'ai rien vu pendant des heures, j'étais murgé,  à l'ouest*. En arrivant dans la cave, le total coma. J'ai lutté face in the poussière* à gerber pendant des heures, tu vois l'truc ? Les autres y m'ont lâchés, trop occupés, j'ai eu d'la chatte* c'est tout.

Le jeune regarde ses pieds, puis reprend un ton plus bas.

- Quand j'ai r'connecté*,  j'ai pu rien tilté*. Là un gars est v'nu m'r'lever et y s'la jouait style : "On va faire une vidéo de ouf'* ramène-toi, tu vas croquer* !"  La looz* ! D'vant moi c'était trop auche*, tu vois ? Vise* la bouch'rie quoi ! Y'avais du sang d'partout,  j'ai rien capté. Quand l'keum* qui s'occupait du niak* lui a écarté les cuisses en disant vazy* profite, on va faire tourner la pellicule sur la toile*, l'gros bad* directe ! J'me suis r'mis à gerber*. Résultat y m'ont lâcher* pour de bon. Tout c'que j'pensais à c'moment là c'est qu'le zamel* en train d'crever là, ça aurait pu être Red.

- Moi aussi je vais vomir, avoua Uzu avant de quitter la table pour se rendre aux toilettes.

*

 

Le paysage défile rapidement et sans prévenir c'est le noir. La crasse, les visages fermés, le bruit ambiant, les graffitis, les publicités, rien n'attire suffisamment l'œil de Gabriel pour qu'il puisse décrocher de ses pensées. Il n'était plus dans son état normal lorsqu'il est arrivé à l'hôpital, c'est la seule explication plausible à ce qui vient de se passer. À vrai dire, il ne comprend rien du déroulement de ces dernières heures.

La station Charles de Gaule-étoile apparaît, les murs jaune et orange, l'asphalte des quais qui brillent, il réalise qu'un vendredi en fin d'après-midi, il n'y a pas énormément de monde. Ce sera sans doute très différent dans une heure. Une vieille s'est assise à ses côté, elle sent mauvais. Il ne peut pas cacher son nez dans son écharpe, il a laissé celle-ci à Yann.

Est-ce lui qui a osé lui dire être résolu à larguer Uzu contre une chance de recommencer ?

- Non, c't'absurde. Qu'est-ce qui m'est passé par la tête, ch'uis dingue ou quoi ? Mais enfin, ce dit-il, y a certainement une raison à mon comport'ment ? Est-ce que j'le pensais vraiment ? Ça pas d'doute, sur l'coup oui. Enfin j'crois. J'espère. Non d'un chien c'pas possible d'être cinglé à c'point là !

Il n'est pourtant pas drogué. Il est vrai qu'il a mal dormis.

- Putain, c'pas une excuse ça !

Station Auber, le carrelage est blanc sale, la vieille qui pue descend. Il était temps, sans ça il changeait de wagon. Elle est remplacée par un quinquagénaire sur béquille.

Il revoit Yann, faible, sur ce lit d'hôpital, il pourrait avancer la thèse de la pitié, cependant au fond de lui, il sait que ça n'a rien à voir. Pour un peu c'est lui qui se serait jeté à ses pieds si le rouquin l'avait repoussé. "Il va falloir que tu fasses un choix !" Il a l'impression d'entendre Helen parler dans ses oreilles.

- J'ai d'jà fait mon choix bordel !

Le RER se traine et lui perd pied. Chatelet-les Halles, la station est immense, des touristes à valises grimpent, une goth dentelle le dévisage, Gabriel détourne les yeux.

- C'est Yann, c'est lui, c'est sûr, il m'a manipulé une fois d'plus.

" Quand tu me repousseras, ne m'accuse pas, je n'ai rien fait de mal." Nan ce n'est pas Yann, quoi d'autre, son angoisse ? Gabriel tente désespérément de repérer quoi ou qui, serait susceptible d'être accuser à sa place. Une chose est sûre, il n'a aucune envie de larguer Uzu. "Tu m'as manqué aussi, tellement ! " Les paroles de Yann lui font l'effet d'un couteau planté en pleine poitrine.

- " Mesdames, messieurs, en raison d'une régulation de flux, notre train est maintenu à quai quelques minutes. Merci de patienter."

Des soupirs emplissent la rame, la goth de châtelet s'installe en face et lui fait de l'œil. Gabriel l'ignore et s'adosse à la vitre en fermant les yeux. Il a honte, comme rarement ça ne lui est arrivé. Quelles possibilités lui reste-t-il maintenant ? Le plus logique serait sans doute de revenir sur ses mots, de s'excuser auprès de Yann. Osera-t-il s'acquitter de cette tache à l'aide d'un simple SMS impersonnel ? Puisque la lâcheté est de mise ?

Non, parce que Gabriel aimerait comprendre d'abords.

- C'est pas arrivé sur l'tapis pour rien ! Y'a sans doute un b'soin profond ! C'est un mauvais rêve, j'vais m'réveiller.

Les portes se referment, le trajet reprend. Un bébé pleure au font du compartiment, la goth frotte son genoux contre le sien, Gabriel continue de s'en moquer. Il arrive à la Gare de Lyon, enfin. Il descend à peine sur le quai, lorsqu'il reçoit un appel de Uzu.

Va-t-il lui répondre ? Il lui monte une suée. Comment lui parler sans qu'il comprenne ? Parce qu'évidement, il est hors de question qu'il sache. Dans quel but de toute façon ? Gabriel n'a pas envie qu'il soufre par sa faute, il l'aime merde ! La sonnerie se tait, il n'a pas décroché Uzu laisse un message sur la boite vocale.

- "J'arrive gare de Lyon, je rentre. Tu en es où de ton planning ? On se rejoint à l'appartement comme prévu ?"

Gabriel se retourne instinctivement, vu qu'ils viennent de quartiers proches, peut-être ont-ils pris le même RER ? Il ne le voit pas et décide, le cœur battant, de rappeler son petit ami, qui le questionne de suite.

- Gabriel, tu es où ?

- Héé ! Ch'uis gare d'Lyon aussi, j'descends tout juste d'la ligne A.

- Tu déconnes ? On a dû prendre le même...

Le ton de Uzu est las, Gabriel pensait que ce genre de coïncidence plairait à l'asiatique, ou tout du moins qu'il en serait content, ça n'est pas le cas. Se doute-t-il de quelque chose ? Yann l'aurait-il prévenu ? Voilà une possibilité fort peu réjouissante mais nullement impossible.

- J'cherche  mais j'te vois pas, lui indique Gabriel quelque peu stressé. J'prends l'escalator, on s'rejoint là-bas ?

- Ok, tu prends la D ou la ligne quatorze ?

Il n'a pas le temps de répondre, il l'aperçoitquelques mètres plus hauts, qui lui tourne le dos. Il raccroche, allongeant ses enjambées afin de le rattraper.

- Coucou ! lui lance-t-il, ponctuant son exclamationd'une tape sur l'épaule.

- Ho... Tu es là...

Uzu est blanc comme un linge, Gabriel avait deviné au son de sa voix que quelque chose n'allait pas. Comment réagir, il hésite entre prendre les devants ou choisir l'évitement ? Il reste la possibilité que le problème ne vienne pas de lui. Il tente le tout pour le tout en le questionnant.

- Ça va ? T'as pas l'air dans ton assiette ? C'est l'trac pour c'soir ?

Uzu se contente de secouer la tête négativement et à la vue de son expression, Gabriel comprend qu'il s'agit forcément d'un truc grave. En lui c'est alors la panique : son estomac se noue, ses intestins font des nœuds, son cerveau s'embrouille, ses oreilles chauffent, son cœur cogne.

- Ça y'est, c'est sûr, s'il sait, c'la fin !

Et puis là, surprise, juste avant le second escalier, Uzu lui tombe dans les bras.

- Hééé, bha qu'est-ce qui t'arrive ? !

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