Je retournai dans l'épave du sous-marin dans l'espoir de retrouver un peu de chaleur, mais sans surprise, l'eau était aussi glaciale que en dehors de la machine.
Je resserrai ma veste.
-Rien, rien, rien! s'énervait Orque.
-Vous êtes sûr que nous sommes au...
-Oui, j'ai regardé trois fois! hurla notre pilote.
Oursin couina.
J'esquissai un sourire: je n'étais pas la seule à perdre mon sang froid.
Orque monta lourdement dans son vaisseau suivit de Oursin et se frotta les mains pour tenter de se réchauffer.
-On ne va pas rester éternellement? s'inquièta mon ami.
-Mangeons, nous aurons les idées plus claires après. je suggèrai.
-Clam, qui dit une chose positive? Wahou ça se fête!
Et il croqua une énorme bouchée dans une des huîtres de son assiette.
Je lui donnai un coup de coude mais ne pût m'empêcher de rigoler.
Le soleil allait bientôt se coucher, dans peu de temps nous ne verrons plus rien.
Je ressorti un petit papier de ma poche et lus le paragraphe à l'écriture fine que j'avais traduit un peu plus tôt.
"Je suis Loutre, si tu lis ces mots, c'est que je suis mort et que toi, Clam, tu es née. Félicitations d'être arrivé jusqu'à là.
Au moment où je t'ai écrit cette lettre, je n'étais qu'un vieillard fatigué mais j'ai fait tout mon possible pour aider ton toi du futur à trouver le chemin de la vision. Il faut dire que j'ai eu beaucoup de mal à rassembler ces quelques informations qui te seront très utiles.
En effet déjà à l'époque, la sage Ormeau a eu la même vision te concernant, mais il était précisé que tu n'étais pas encore née.
Je n'ai pas beaucoup de temps pour t'écrire alors je vais être bref.
Tout d'abord, sache que la principale ville de commerce des humains est Londres, je n'ai pas de doutes sur le faite que les sirènes disparues se trouvent là-bas si elles sont encore vivantes.
Ensuite, une immense rose des vents se cache près de l'océan Pacifique et de l'océan glacial antarctique: c'est la porte d'entrée pour arriver jusqu'aux déesses des eaux. Là-bas tu trouveras des réponses et tu pourras formuler un vœu.
Je m'y suis aventuré. Tu pourrais errer des années avant de la trouver. J'ai eu besoin d'aide et de beaucoup de temps pour la trouver. Seulement tu n'as pas de temps.
Voilà une série de numéro à faire suivre à ton futur chauffeur: 37GQ78C5+FG.
Il saura quoi en faire...
Bonne chance, amicalement,
Loutre."
-Clam! Oursin se leva d'un bond. Regarde!
Je suivit du regard son doigt et poussai un cri d'exclamation.
Le soleil était en train de se coucher reflétant de magnifiques lueurs roses dans l'eau.
Quelque chose scintillait à l'intérieur de l'iceberg. Comme une grande statue métallique.
-Qu'est-ce-que...
Sans plus attendre je m'élançai.
Je nagai rapidement jusqu'à la surface brillante de la glace. Un phoque sortit rapidement de sa cachette a notre approche.
Le froid me lacérait le corps mais je continuai obstinément d'avancer en direction de l'étrange phénomène.
L'iceberg était d'autant plus impressionnant de plus proche.
Tel une cascade de cristaux, la lueur qui emmenait du bloc de glace était de plus en plus éblouissante.
Je posai ma main sur le glacier. Il était tellement gelé que cela me brûla la main.
Je la retirai brusquement et criai de douleur.
Un marque rouge vif marquait ma paume. Je serrai les dents tandis qu'une larme coulait sur ma joue.
-Qu'est-ce que c'est que ça! hurla Orque.
Elle examina ma main.
-Une sacrée brûlure!
Le sel de la mer me piquait affreusement.
Le soleil reflétant sur la glace me brûlait les yeux et je distinguai à l'intérieur une forme étrange qui se mouvait dans l'iceberg. J'étais hypnotisé par ce phénomène.La lueur qui en émanait m'aveuglait.
Soudain mon corps entier fut aspiré par la glace et la douleur fut telle comme si on me jetais dans un brasier brûlant.
Un cri assourdissant puis le noir.
Il faisait sombre et froid. Petit à petit ma vision se precisa et je put apercevoir une petite lueure danser devant moi.
Je tentai d'ouvrir la bouche mais seul un gémissement rauque en sortie. Un mal de tête atroce m'assaillit.
-Chut...chut...Ne bouge pas... Tu es assez mal en point dis moi. chuchota calmement le petit être étrange.
Je pus entrevoir deux petits yeux et de fins cheveux qui semblaient faits de filaments d'or sur le minuscule fantôme qui ne mesurait pas plus haut que trois huîtres.
-Qu..qui es-tu?
-Je suis un sage du soleil, je m'appelle Solis.
-Oh! je poussai un cri d'exclamation qui déclencha une avalanche de toux incontrôlables.
Les sages du soleil étaient des êtres respectés par tous les êtres des océans.
J'esquissai une révérence maladroite.
-Mais...sans vouloir te frustrer tu es bien petit pour être un sage du soleil.
La créature esquissa une moue boudeuse.
-Je ne suis que apprentis. Mon rôle ne s'arrête qu'à surveiller les entrées et les sorties du sanctuaire des déesses des eaux.
En prononçant les dernières syllabes, Solis se plaqua les mains sur la bouche...
-Je ne suis pas censé dire où nous sommes aux visiteurs.
-Tu dis que nous sommes à l'entrée du sanctuaire des déesses des eaux?
-Non!!!Enfin...pas du tout! Tu as dû mal entendre!
-Si il me semble bien que c'est ce que tu as dit!
-Non!
-Si!
Voyant que je ne lâcherai pas l'affaire, il avoua honteux.
-Oui, c'est ce que je viens de dire, mais je ne suis pas censé l'avoir dit.
Je poussai un soupir de soulagement. Toute cette aventure n'aura pas rimé a rien. Et les déesses des eaux étaient bien réelles. Peu-être serait-il possible de sauver le peuple des sirènes?
Je me raccrochai a cette lueure d'espoir.
-Puis-je m'entretenir avec elles immédiatement? C'est une question de vie et de mort pour tous les peuples des océans.
-Non ce n'est pas possible.
Mon cœur manqua un battement.
-Co... comment ça ce n'est pas possible? Je crois que tu n'as pas bien compris l'enjeu que représente ma rencontre avec les déesses. Les océans se retrouveront ravagés d'ici quelques années si on ne fait rien!
-Et bien sans vouloir vous manquer de respect. Si je dois me répéter, je viens de dire: Non ce n'est pas possible.
Je cherchais une issue, une porte ou un portail temporel (après tout pourquoi pas, je sentais que je n'étais pas au bout de mes surprises) autour de moi, mais rien.
Le lieu où je me tenais était plongé dans le noir peut-être perdu dans un espace temps créé dans l'espace (allons y puisque ces derniers jours tout semble possible!).
Solis sembla remarquer que je cherchais une sortie, puisqu'il précisa:
-Tu ne pourras pas sortir d'ici tant que n'aura pas répondu à l'épreuve. Si tu réussis, tu pourras aller papoter avec les déesses des eaux, mais si tu échoue...
Le sage se pencha vers moi et je pû sentir son souffle sur ma joue ainsi qu'un métal froid et tranchant posé sur mon cou.
-...je te tue.
Le fantôme dessera son emprise et je repris une grande bouffée d'air.
Un petit rire nerveux sortit de ma gorge.
-Sympa...