J'entends les impudents marmonner leur rumeur
Sur l'état de mon âme et mon luth de vermeil.
Le cœur a ses pudeurs. Les murs ont leurs oreilles
Et pour aimer tout bas je ne suis pas d'humeur.
« Quelle muse, à ses vers, pourrait être sensible ? »
Les sempiternels échos de leurs voix qui murmurent
Sont autant de couteaux perforant mon armure ;
Mon fer subit les coups, ma muse est pris pour cible.
Si je crois bon d'aimer, ai-je tort de le faire ?
La morale est le lieu de nos passions amères
Mais trop de battements règnent sous ma poitrine.
On me condamnera : je serai le banni
Et qu'importe la cendre où le cœur s'incendie.
Maudit soit leur verdict ; ma muse est masculine.
Bravo
Tout est ici rassemblé pour donner à cette lecture une force, une volonté qui s'exprime crescendo.
C'est très beau. Bravo !
Eh bien quel plaisir de découvrir tes poèmes, auxquels les Histoires d'Or m'amènent ce matin. Tu as une plume riche, musicale, énergique au service d'un romantisme certain - mais avec sa touche d'audace.
J'ai été étonnée de trouver un vers de treize syllabes, mais en parcourant les commentaires au-dessous je vois n'être pas la seule à le noter - et que tu fais le choix de le garder ainsi. Quelque part, cette irrévérence donne encore plus de souffle original à ton travail. Et cette Muse au masculin, j'aime <3
Je file avec plaisir vers le prochain poème !
J'étais justement en train de me faire la réflexion que ce sonnet était impeccablement écrit, dans les règles de ce format, avec beaucoup d'éléments qui trouvent leurs origines dans les Baudelaire et autres Verlaine. Et bim, "ma muse est masculine" m'a cueillie d'un coup, j'ai cru faire un bon dans le temps pour arriver au présent, quitter l'universel pour des considérations sociales toujours aussi contemporaines.
Bien joué !
Très belle chute, avec la fausse faute des accords, je ne l'avais pas vue venir ! Sur la forme, franchement c'est du très haut niveau, tu trouves à chaque fois de très belles rimes, chapeau ! Les sonorités sont très sympa aussi. Si je devais ne choisir qu'un vers, peut-être celui là :
"Et qu'importe la cendre où le cœur s'incendie."
Je poursuis !
Comme les 2 lecteur.ices plus bas, j'ai tiqué sur le vers où ta muse est PRIS pour cible, puis la chute a révélé qu'il s'agissait d'une "fausse faute" (drôle à dire ça, tiens).
Et j'aime ta réflexion sur l'alexandrin de 13 syllabes ! C'est vrai qu'il sonne très bien à défaut d'être bien métré. A toi de déterminer si tu t'autorises à être plus flexible sur cette contrainte ou non !
J'aime bien les synonymes un peu "méchants" pour les poètes comme "rimailleurs", "pisse-lyre" (qu'on trouve chez René Char ou donc "mâche-laurier". Je ne suis pas certain de l'origine mais comme le laurier est une plante beaucoup associée aux poètes, plus exactement aux auteurs de théâtre dans l'Antiquité auxquels ont remettait une couronne de laurier pour les récompenser d'une bonne pièce, cela doit venir de là.
C'est très fluide, et on sent tes inspirations dans les poètes du XIXè notamment Baudelaire (c'est une confirmation que j'apporte après avoir jeté un coup d’œil au commentaire en dessous :)
Ce fut une très agréable lecture, c'est avec plaisir que je lirai les suivants !
À bientôt,
Fy
Je reconnais des structures et des rythmes similaires à ce qu'on peut lire chez Hugo ou Baudelaire, est-ce qu'ils font partie de tes inspirations ?
Le dernier vers est incroyablement fort. On se doute déjà de quelque chose avec le passage "ma muse est pris pour cible.", mais la fin donne vraiment du sens à tout le texte en clarifiant la signification de la plupart des vers.
J'ai trouvé le début du vers "Les sempiternels échos de leurs voix qui murmurent" difficile à prononcer avec un rythme satisfaisant, mais c'est le seul passage du poème qui me semble un peu moins fluide.
Merci vraiment pour ton message. Ce poème est assez important pour moi et c'est chaleureux que tu prennes le temps de dire ce que tu en penses.
Effectivement le vers que tu cites est faux ; ce n'est pas un alexandrin. Pour dire vrai, je ne m'en suis pas rendu compte en l'écrivant. Et même en travaillant sur ce poème pendant des heures, je ne m'en suis pas aperçu. Ce vers en particulier a semblé à mon oreille si équilibré que je n'ai pas aperçu qu'il était trop long. Tant pis, en y regardant de plus près, aucune syllabe ne me semble de trop là-dedans.
Merci mille fois pour ton retour.