Sur les routes du savoir

Ser Caldar avançait lentement, chaque pas mesuré par la douleur sourde qui lui tirait encore les muscles. Garric veillait à ses côtés, attentif à la moindre faiblesse, tandis que Myra, légère et silencieuse, guidait leurs pas à travers les sous-bois épais. Ils étaient loin des villages et des sentiers battus, enfoncés dans une forêt dense où la lumière filtrait à peine à travers les branches entremêlées.

Autour d’eux, la nature semblait suspendue entre l’immobilité et le bruissement discret des feuilles. Les vieux chênes dressaient leurs troncs noueux comme les gardiens d’un monde oublié, tandis que des fougères luxuriantes tapissaient le sol couvert de mousse et de racines tortueuses. Ici, les oiseaux chantaient à peine, comme respectant la gravité des heures et des blessures.

Le pays dans lequel ils cheminaient était chargé d’histoire. Jadis, ces bois avaient appartenu au royaume d’Inghelmöun, une contrée fière et riche, aujourd’hui réduite à des terres sauvages et fragmentées. Les guerres entre seigneurs, les invasions des tribus du nord, puis la peste avaient érodé la civilisation, laissant place à une nature en reprise de droit, indomptée.

Jadis les légendes parlaient des Gardiens, anciens protecteurs d’Argath, maîtres d’un savoir mystérieux et des flux de vie que Myra semblait incarner. Mais aujourd'hui en Inghelmöun, ce savoir avait disparu, enseveli sous les cendres du temps, ne laissant que des traces fugaces dans les rêves des rares initiés comme Aurelius.Les légendes devinrent des mythes et finalement, même les mythes autour de l'existance des Gardiens furent oubliés dans les lymbes du temps.

Le chemin qu’ils suivaient était étroit, serpentant à travers les collines couvertes de sous-bois épais. Par moments, le groupe s’arrêtait pour écouter le silence, ou pour se reposer à l’ombre d’un vieux chêne. Ser Caldar, fatigué mais résolu, sentait que chaque jour les rapprochait d’une vérité qui pourrait changer le cours des choses.

Depuis plusieurs heures, une tension sourde s’était installée dans l’air.
Chaque craquement de branche, chaque bruissement de feuilles faisait sursauter Myra, crispait Garric, et forçait Ser Caldar à redoubler de vigilance malgré sa blessure.

Ils n’étaient plus seuls. Une présence les suivait, invisible mais palpable, un poids dans l’air chargé d’attente.

Puis, dans la pénombre du crépuscule, une forme immense se matérialisa entre les arbres.
Un loup noir comme la nuit, d’une taille colossale, presque deux mètres de haut au garrot, avançait avec une grâce féline et une puissance contenue. Son pelage épais semblait vibrant d’un feu intérieur : sous cette toison sombre, on aurait dit des braises incandescentes prêtes à s’embraser. Ses yeux jaunes, perçants comme des éclats d’or, scrutaient le groupe avec une intelligence sauvage.

Le loup ne parla pas.
Mais dans leurs esprits, un souffle commun s’éleva, une voix silencieuse, claire, profonde — une communication mentale qui surpassait les mots :

« Je suis le Seigneur Loup, maître et gardien de cette partie de la forêt. Je ressens en vous la présence de la vie, le don que vous portez, Myra. Ce combat pour préserver ce flux vital est le mien aussi. »

"Pour tout ce qui vit ici, pour tout ce qui y vivra et pourrait y vivre, je me dois de rejoindre ta Compagnie"

Myra frissonna, saisie par la force de ce lien invisible. Garric resta sur ses gardes, prêt à intervenir, tandis que Caldar, malgré la fatigue, se redressa, fasciné par la puissance brute qui émanait de la bête.

Le Seigneur Loup s’approcha, imposant sans un geste agressif, ses yeux jaunes plongeant dans les leurs avec une sagesse ancestrale.

« Je vous accompagnerai. Ensemble, nous serons plus forts contre l’ombre qui avance. Mais prenez garde : vous vous trompez d’ennemi »

Sans attendre de réponse, il se tint là, majestueux et vigilant, comme un phare dans l’obscurité qui s’épaississait.

Le groupe accepta silencieusement cette alliance. La présence du Seigneur Loup, cet être puissant et mystérieux, insufflait un nouvel espoir, une protection contre les dangers tapis dans l’ombre.

De par sa seule présence, sa stature et son regard, aucun doute n'était permis quant à ses intentions. Un allier de plus, précieux, puissant.

Alors que la nuit tombait, ils reprirent la route, cette fois sous la garde d’un gardien redoutable, dont la silhouette noire se fondait parfaitement dans le mystère des bois

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Talharr
Posté le 27/07/2025
Ahhh voilà le fameux loup !!
C'est vrai qu'il me fait penser au mien ahaa
La scène est chouette à suivre. Le moment de tension où à un moment j'ai cru que c'était peut-être l'écorché puis finalement un loup qui sort de nul part.
Et il est bien décrit. Le groupe semble plutôt puissant maintenant et la phrase du loup sur le véritable ennemi ajoute une intrigue :)
Brutus Valnuit
Posté le 28/07/2025
Oui, le Seigneur Loup de mon histoire est un personnage intéressant qui plaira aux lecteurs, je pense. Il est à la fois puissant et retenu. On découvrira plus tard un aspect différent de ce personnage.

Merci pour ton message.
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