- Chérie faudrait savoir ce que tu veux, c'est toi qui tenais à être informée !
Marie rit au téléphone, Yann est content de l'entendre, aucune fille ne lui arrive à la cheville.
- Aller parle-moi un peu de toi. Tu vas bien ? lui demande-t-il.
- Mieux depuis que je t'ai eu au tel, j'en ai marre de toute cette pression que nous foutent les profs.
- C'est ta dernière année, t'arrive au bout !
- Ouais et quelle année quoi !
- Et ton jules, il t'aide pas à décompresser ?
- Tu sais pour lui c'est un peu la même.
- Faut prendre des vacances !
- On vient de reprendre gogoz*, cela-dit, il est prévu que je monte à Paris le mois prochain.
- Sérieux ? Quand ?
Ils parlèrent de tout, de rien. Il était bon de se retrouver, même séparé par les kilomètres. Ils firent des projets, rirent à des bêtises puis Yann se mit à parler de Liam.
- Je crois qu'il est jaloux. J'espère qu'il me jettera pas dehors parce que je ne sors pas avec lui. Ce serait un comble, moi qui ne l'ai pas touché justement pour rester ! Si ma sagesse n'est pas récompensée, je n'y comprends plus rien du tout !
- Mort de rire l'autre, tu regrettes de pas avoir eu cette proie là ? On a l'impression d'un chasseur qui s'en veut d'avoir laissé partir l'animal qu'il avait au bout du fusil !
- Et quel fusil chérie !
- T'es con.
- Et quel animal hihihi !
- Quel couillon tu es ! T'as une fille maintenant !
- Pour être honnête avec toi, je bande moins pour elle que pour lui !
- 'spèce de salopard !
- Il me plaît... Mais il m'énerve tellement, avoue-t-il sérieusement.
- Yaaann !
- Quoi ?
- C'est hors de propos ok ? C'est ton logeur et tu sors avec une nana maintenant, pour une fois reste sage !
Liam l'observe quand il redescend de sa chambre, d'un pas sautillant. Il le trouve mignon avec son sourire malicieux aux lèvres et ses joues roses. Yann chantonne comme un enfant.
- De bonnes nouvelles ?
- Ma meilleure amie vient le mois prochain ! Haaa je suis exiiité, toute folle, toute folle ! Faudra que je te la présente absssolument !
*
- Il t'as dit qu'il te présenterait sa meilleure amie ? s'étonne Uzu. Donc il disait vrai, ils sont de nouveau en contacte, contrairement à ce que croit Gabriel.
C'est lundi après midi, l'endroit où l'a emmené Liam est intime et Uzu n'est pas très à l'aise d'y être avec son ex. Tous les regards sont tournés vers eux.
Le japonais s'est habillé à la va vite, d'un pauvre jeans/baskets. Liam par contre, sortant directement de son bureau d'étude, porte le costard italien dernier cri, des chaussures hors de prix et avec sa fâcheuse habitude de tellement s'asperger de « Kenzo sport " on pourrait le suivre à la trace les yeux fermés. Il ne risque pas de passer inaperçu. Dans le cas d'espèce, son odeur est si entêtante que la tête de Uzu en tournerait presque.
Pourquoi l'a-t-il amené ici, pour simplement lui parler de Yann ? Et une fois de plus on va le bassiner sur le sujet. Gabriel lui-même ne passe plus une journée sans l'aborder.
- Je n'ai pas envie de te gêner ou quoi que ce soit... en fait je... Tu me dis si ça te pose un problème...
- Je suis là, va y !
Quand est-ce que son ex va-t-il enfin réussir à débuter une conversation sans ses imbéciles petits bouts de phrases non terminés, laissant ainsi les choses en suspend ? Doit-ont deviner ?
- C'est quoi, un rébus ?
Uzu ignore la raison mais ce type le crispe. Il n'a rien à lui reprocher, c'est juste viscéral.
- Je ne savais pas à qui d'autre en parler, se défend Liam.
- Accouche ! pense Uzu très fort, tout en se contentant de poser son menton dans sa main en signe d'attente.
Les joues de son interlocuteur rosissent bêtement.
- Yann est une présence vraiment ... c'est compliqué, tu vois ?
- Si tu préfères, je pose les questions ?
- Non haha... je suis un peu... Bref, il est dur à suivre.
- Ouais, il est pas le seul. C'est quoi le problème ? La cohabitation se passe mal ?
- Non pas du tout. À vrai dire je crois que c'est moi le problème. En dehors du travail où je m'interdis toute relation... enfin tu comprends ?
- Non je ne comprends pas, tu m'énerves.
- Hé bien, je n'ai pas l'habitude de.... Pff je suis très timide.
- Liam si tu cherches à me dire que Yann te plaît et à avoir des conseils ou je ne sais quoi encore, arrête-toi de suite. D'abord par ce que le social en dehors du boulot, c'est pas du tout mon tripe, ensuite niveau sentimental, j'ai absolument tout à apprendre, tu le sais. Et pour terminer, parler de ça avec toi, je trouve ça carrément...
- Ok d'accord, je vois. Tu n'as pas changé hein ! Égoïste tu étais, centré sur toi-même tu resteras ! Désolé infiniment de t'avoir importuné avec mes petites histoires ! C'est vrai que toi, ce genre de choses ça ne te viendrait jamais à l'esprit ! C'est pas comme-ci j'avais dû t'écouter pendant une heure me raconter comment tu as trouvé l'amour. Le tout, en te fichant éperdument bien entendu, de ce que j'en ressens. Pas comme-ci, j'avais été là pour te soutenir pendant les coups durs ! Merci pour ton aide !
- Attends, excuse-moi. C'est juste que je ne vois pas où tu veux exactement en venir et ce que tu attends de moi.
Il est inhabituel que Liam s'emporte et plus encore que Uzu en soit témoin et les rares fois où cela est arrivé, la colère retombe généralement très rapidement, presque trop d'ailleurs. Liam qui s'était déjà levé se rassoit calmement et tente de reprendre en main son sujet.
- Je n'aurais pas cru ça de moi, surtout après toi. Être de nouveau obnubilé par quelqu'un. C'est assez agréable et je n'en demandais pas plus. Il vit sous le même toit que moi, nous nous voyons tout les jours, ça présence est vivifiante.
- C'est quoi le problème alors ?
- Il est très tourné sur la chose. C'est de l'humour un peu déplacé et...
- Ça te gène ?
- Non, pas vraiment. Je n'y ai pas fait très attention au début. Il me cherche sans que rien ne soit explicite non plus et du coup...
- Je pige très bien ! Il agit ainsi avec tout le monde ! Il ne faut pas te sentir visé. S'il va un peu trop loin, remets-le à sa place !
- Je vois... comprend Liam affichant une moue attristé. Je... Youzeu pourquoi tu me l'as présenté ? En dehors du fait qu'il avait besoin d'un logement, avais-tu une idée précise ?
- Yann est un mec amusant, un peu taquin, j'admets que son comportement est parfois un brin dérangé émotionnellement. Pour moi, tu restes sans doute la personne la plus sereine et la plus stable que je connaisse. Je me suis dit que sa folie douce égaillerait un peu ta vie de monsieur bien rangé et que toi, de ton côté, tu pourrais lui apporter un peu d'équilibre.
Liam attrape de ses mains molles, celles de Uzu.
- Tu me connais vraiment mal Youzeu, lui sort-il, révélant au japonais une triste mine. Je perds la raison dans l'alcool et les antidépresseurs tout les soirs. Je tente de régler ça à coup de psy une fois par semaine. Je n'ai aucun ami, aucune vie sociale, personne dans mon lit et voilà qu'à présent je m'entiche en fois de plus de la mauvaise personne.
*
Plus tard dans la soirée :
Cette journée l'a épuisée. Hugo vient enfin de s'endormir. Uzu avale un UPSA et se couche sur le clic clac du salon pour attendre Gabriel, quand la porte d'entrée claque. Le principal intéressé entre en fanfare et Hugo se remet à pleurer.
- Tu sais pas la dernière de Yann ? balance ce dernier sans préambule.
- Impossible est-ce que tout le monde ne va me parler que de ce mec aujourd'hui ? Qu'ont-ils tous ?
- Il sort avec une fille ! annonce le goth sans attendre de réponse. Au début, j'ai pas voulu l'croire mais si ! J'sais pas c'qu'il a dans la tête ou bien si c'est encore d'la manipulation. En tout cas, il s'est bien arrangé pour qu'je sois au courant. Il est venu au studio avec elle ! Faut la voir ! Tu te rends compte du toupet quand même ?! T'façon il m'a bien eu avec son histoire d'retourner à la Réunion. Ch'uis certain qu'depuis l'début c'tait du bidonnage ! Parce que là, il a plus l'air d'partir du tout hein !
Uzu se relève un peu découragé.
- Qu'est-ce que ça peut te faire qu'il sorte avec une fille ? Et je croyais qu'au final tu espérais qu'il reste ? Tu sais pas ce que tu veux à la fin.
- Moi j'voudrais qu'il arrête de s'foutre de ma gueule, grommelle Gabriel. Là tu crois qu'c'est quoi son intention ?
- Mais putain je m'en fous moi ! Qu'est-ce que vous avez tous à me bassiner avec Yann ?
Gabriel ouvre tout grand les yeux en signe d'incompréhension.
- Quoi ? Qui ça tous ?
Uzu en a trop dit, il n'a jamais eu l'intention de cacher son intervention à Gabriel, il pensait choisir le moment propice pour le tenir au courant de son rôle dans le changement de projet de déménagement de Yann. Il est vrai qu'en un mois, il aurait sans doute pu lui en toucher deux mots. Pour sa défense, choisir le bon moment avec un petit copain tout le temps pressé et un peu parano n'est pas simple.
- Accouche ! C'est qui ça, « tous » ?
- Toi et Liam, marmonne Uzu.
À présent, plus le choix, il doit se mettre à table ! Vu la direction que vient de prendre la discussion et l'humeur massacrante de son petit ami, les choses s'engagent vers une éventuelle prise de tête et pèsent de tout leur poids sur sa combativité déjà bien entamée par les plaintes de Liam et les pleurs du bébé.
- C'est pas mon jour ! Liam cherchait un colocataire, avoue-t-il. Je lui ai parlé de Yann, je croyais avoir compris que tu ne souhaitais plus qu'il parte.
Gabriel reste interloqué quelques secondes, puis dans sa tête les choses se bousculent.
- Pour moi ? D'puis quand ? Ou bien Yann l'a séduit ? Et qui est ce Liam d'abord ? C'était pas le prénom de son ex ? Je vois ! grimace-t-il en serrant les lèvres. Et tu comptais m'en parler à quel moment ?
- Ça commence mal, pense le japonais, se contentant de hausser les épaules.
- Et c'est qui ce Liam d'abord ?
Uzu se rassoit, la soirée promet d'être longue.
- Mon ex, souffle-t-il pour toute réponse.
Gabriel qui s'en doutait reste tout de même sans voix.
- C'était une hypothèse toute conne ! plaide Uzu, affichant son visage le plus doux afin de tenter de l'amadouer. Imagine, un gay célibataire légèrement en manque d'"action", bien sous tout rapport, avec un appartement trop grand pour lui, plutôt cool pour Yann qui se retrouve dehors. Je croyais avoir eu une bonne idée ! Enfin, je pensais aider tout le monde. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce retournement de situation. Liam est aussi dérouté que démoralisé, il m'a pris la tête avec toutes ses questions existentielles cet aprem' ! Yann reste insaisissable, je ne sais pas si je comprendrais le personnage un jour. Et toi tu es si incohérent !
- Alors ça c'est la meilleur !
- Qu'est-ce que tu veux, je suis déconcerté moi, vous êtes tous d'un compliqué ! C'est épuisant.
- Pourquoi tu cherches à c'que Yann reste ici au juste ? Enfin tu vois bien c'qui s'passe non ? Y t'tourne autour, Y m'tourne autour, sûrement il tourne autour de ton Liam là, c'est quoi ton intérêt dans cette histoire ? Précise-moi l'idée là, tu dois bien avoir une bonne raison hein ! Il t'a fait quoi ?
- Qu'est ce que tu vas imaginer ? Je pensais le présenter à Liam, c'est tout. On aurait été tranquille tout les deux et eux aussi. C'était un peu naïf mais bon...
- Naïf ? Ton ex avec mon ex, super réunion d'famille ! C'est complètement malsain ton truc ! Et puis c'est qui c'gars pour toi ? J'savais pas que t'étais encore en contact si proche avec un ex ! C'est quoi c't'histoire ?
- Tu es jaloux ma parole ? demande Uzu d'un air incrédule.
- Et après ? Évidement ! Et en colère aussi ! Comment j'peux t'faire confiance maint'nant !? Tu me caches ça d'puis combien de temps ?
Le visage de Uzu devient pâle, il est troublé, se pourrait-il que Gabriel le croit capable de lui mentir, voir pire ? Sidéré, il n'arrive pas à répondre. C'est une chose de se faire engueuler pour avoir été naïf, voir un peu idiot, s'en est une autre de se voir privé de la confiance de l'autre pour une simple erreur de jugement.
Devant son expression reflétant un mélange d'étonnement, de douleur et surtout d'innocence Gabriel réalise qu'il fait fausse route.
- Ça va tire pas c'te gueule, j'exagère un peu, c'est juste que...
- Mon amour, je me fiche de Yann et je me fiche de mon ex et de toutes ces histoires. Je voulais juste rendre service et que tu sois heureux.
- C'est bon, j'ai compris, ronchonne le goth pas très à l'aise.
- Perdre ton bassiste ça avait l'air de t'angoisser.
- C'est Yann tout entier qui m'angoisse ! Seulement t'avais pas b'soins d't'occuper d'ça sans rien m'dire.
- C'est que tu m'en parles presque tout les jours, rends-toi compte ! se défend Uzu.
- Par c'que maintenant ça va êtr' ma faute ! proteste Gabriel en s'enfonçant dans le canapé. Et c'est qui ce Liam ? Comment il est ? Vous vous voyez souvent ?
Uzu panique un peu devant la tournure des événements.
- Je te jure qu'il n'y a absolument plus rien entre Liam et moi, je...
- C'est pas s'que j'tai d'mandé, le coupe Gabriel.
- Tu me suspectes, je me défends ! Je t'ai déjà tout raconté, qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ? L'année de mon BAC en France, je suis sorti pour de vrai avec un camarade de classe. J'en avais marre de coucher à droite à gauche. J'en ai profité pour faire mon coming out, je l'ai présenté à mes parents. À cette époque là, je ne décolérais pas, mon père m'avait renvoyé en France une fois de plus sans me demander mon avis, ma mère me foutait une putain de pression pour que j'obtienne mon examen. Je n'avais qu'une envie c'était les envoyer se faire foutre. Tout leur dire c'était une façon de me rebeller, les mettre hors d'eux, comme eux me mettaient hors de moi.
- Ha alors c'est bien lui... j'pensais qu'tu l'trouvais lourd et con et qu'il avait pas eu d'importance ? Donc finalement tu lui parles encore.
- Je ne l'ai pas aimé. J'ai fait semblant. Il n'était qu'une excuse. J'aurais aimé que ça m'arrive, il était plutôt mignon et assez bête pour me faire tout ce que je voulais, le petit ami idéal. Rien ne s'est produit, je ne ressentais rien, ni pour lui, ni pour personne. Au final je me suis servi de Liam, il a souffert et je l'ai jeté. T'es content ?
Un silence pesant plane dans le salon.
Gabriel se racle la gorge.
- Moi, on m'fait ça, j'coupe les ponts.
- Et bha pas lui, il n'a pas voulu clore notre histoire, il m'a noyé sous toute sa générosité mielleuse. Je me suis longtemps senti très mal, mauvais. J'aurais dû m'éloigner, sûrement et pas que pour moi, pour lui aussi.
- Pourquoi tu l'as pas fait ?
Un tremblement parcourt l'échine de son dos, Uzu hésite un instant à répondre.
- Je... je n'avais que lui quand je me suis fait... Quand ils m'ont...
Sa gorge se serre et les mots restent coincés à l'intérieur. Gabriel n'a pas besoin qu'il parle des évènements tragiques dont il a été la victime pour comprendre de quoi il s'agit. Il se radoucit aussitôt, ses épaules s'affaissent. Il pose une main sur la nuque du japonais et l'attire dans ses bras.
-C'est bon j'ai compris.
- Je suis désolé, souffle l'asiatique.
-Si vous êtes resté lié, tu aurais pu m'le dire, ch'uis pas con au point d'pas comprendre.
- Tu dis ça mais regarde comment tu as réagis ce soir.
- C'est justement parce que tu m'as rien dit qu'j'me suis inquiété, l'mensonge par omission tu connais ? Moi quand on m'ment, d'puis Yann, j'imagine toujours l'pire.
Le souffle chaud de Uzu se perd dans la nuque de Gabriel, ses lèvres et son nez frôlent son cou, ses bras viennent finalement entourer le corps du goth à leur tour. Serrés l'un contre l'autre, ils se bercent doucement au rythme de leur respirations. Le japonais n'a pas envie de se battre, toutes ces histoires l'ont vidées, il aimerait juste s'endormir dans les bras de celui qu'il aime, là maintenant.
- Hugo hurle, j'devrais aller l'calmer, suggère Gabriel en le repoussant doucement.
- Ha... Oui, tu veux que j'y aille ?
- Nan, j'devrais m'en sortir seul, va t'coucher t'as l'air nase.
-...
La mine de Uzu est déconfite.
- Je te déçois ?
Gabriel lui sourit enfin, se penche et dépose un baisé rapide sur les lèvres entre-ouvertes de Uzu.
- Dis pas d'bêtise !
*
Uzu dort depuis une bonne heure, Hugo s'est finalement "éteint" lui aussi. Gabriel n'arrive pas à trouver le sommeil.
Il n'en doute pas, il parle trop de son ex, c'est vrai. Plusieurs fois il a eu l'impression de saoulé son amant et pas que lui d'ailleurs. Il s'en veut et cela explique sans doute en grande partie l'action de Uzu. Pourtant rien n'arrive à l'empêcher de croire que Yann n'est pas un simple innocent témoin de ce geste de bonne volonté.
- C'est un tel manipulateur !
Il s'évertue également à mettre à plat ses idées sur le fameux Liam, comme il ne le connait pas, seule de l'indifférence naît en lui pour l'instant. Il se tourne vers l'endormi près de lui, admire son visage doux, sa bouche entrouverte, ses mèches de cheveux éparses. Il écoute sa respiration rythmée et tranquille, caresse ses doigts fins, respire son odeur de fleur. Il n'arrive pas à être en colère après lui. C'est peut-être le destin que Yann reste.
Si Gabriel est soulagé de ne plus avoir à paniquer à l'idée de perdre son bassiste et devoir ainsi tirer un trait sur une partie de sa vie, ce changement de programme imprévu lui laisse tout de même un léger goût d'inquiétude amère dans la bouche. Se passer de Yann aurait été un déchirement, mais aussi un apaisement.
- Uzu a raison. Ch'ais pas c'que j'veux !
Il fiche son nez dans le creux de l'épaule de son amant et y dépose un léger baiser.
Uzu émet un petit gémissement avant d'entrouvrir les yeux.
- Qu'est ce qu'il y'a ?
- Rien, j't'aime... rendors-toi.
Le japonais se contente de sourire et se blottit contre lui. Qu'il est doux de vivre en ce moment. La rancœur ne servirait à rien, Gabriel décide de laisser une fois de plus le bénéfice du doute à son ancien partenaire. Lâcher prise, Uzu n'attend certainement que ça de lui. Il est temps de déposer les armes sans doute. De penser cela, il se sent un peu plus léger.
- Ch'uis heureux mon amour.