— Surprise party —

Par Flo_M

 

L’agent Tupping n’avait jamais apprécié Alicia Cara. Une petite prétentieuse arriviste selon son avis. Bien sûr, son avis, on le lui demandait rarement dans un boulot comme le sien et ça ne le dérangeait pas plus que cela. Lui, son truc c’était d’obéir aux ordres, ce qui tombait plutôt bien parce que les derniers qu’il avait reçus allaient exactement dans son sens. Le colonel Dirk l’avait mis à la tête d’une petite escouade pour intercepter la « traitresse » Cara. « Traitresse » était un bien grand mot, il le savait. Techniquement, c’était plutôt lui qui se trouvait du côté des traitres. Lui, ses hommes et le colonel Dirk bien entendu. Mais ça, le reste de l’Agence ne le savait pas. Et quand ils le découvriraient, si tant est qu’ils le découvrent un jour, il serait trop tard. L’agent Tupping émit un petit ricanement lugubre et dirigea son équipe à la rencontre de Cara et de sa petite troupe. Outre Cara, elle était composée d’un bleu, une blouse blanche et une civile. Du gâteau, pensa Tupping. Ils allaient envoyer tout ce petit monde ad patres, illico presto et ils seraient rentrés pour l’heure du diner. Tupping adorait les locutions latines, elles le rendaient plus intelligent par rapport aux autres. Bien qu’il ne soit pas sûr qu’illico presto soit vraiment du latin. Mais peu importait, aujourd’hui, il serait bien plus intelligent que tous ceux qui se retrouveraient au fond du trou.

Il leva un poing serré pour faire signe à ses hommes de s’arrêter.

— Abrams, Johnson, ouvrez cette porte ! chuchota-t-il.

Il savait que si Cara et ses acolytes étaient dans le coin il ne fallait pas les effaroucher. Il n’était pas arrivé à ce niveau de responsabilité en jouant les idiots.

Ses hommes s’exécutèrent, chacun d’un côté de la porte. L’un l’ouvrant, le second entrant en couvrant la zone de son fusil.

— R.A.S, lui souffla Johnson dans l’oreillette.

— Bien, les gars, allons-y. Nous allons leur tendre une petite embuscade, ici.

La pièce était effectivement parfaite pour un guet-apens. D’une taille raisonnable, il s’agissait d’un dépôt pour du matériel plus ou moins sophistiqué. Tupping ne s’était jamais intéressé à la science et à ses gadgets. La pièce était un de ces dépôts où fouinaient ces espèces de rats à lunettes de scientifiques. Heureusement, plus aucun d’entre eux n’était dans les parages. Ils avaient fui, comme les rats qu’ils étaient, dès que l’alarme avait retenti.

Tupping fit signe à ses hommes de se mettre en place. Manifestement, ils étaient seuls. Il s’autorisa alors une petite bravade à l’encontre de ces adversaires qui ne tarderaient pas à pointer le bout de leur nez. Il savait se montrer spirituel pour motiver ses troupes, et c’était bien là le plus important. Il lâcha alors dans son micro :

— Les gars, cette petite pétasse ne va pas tarder à se pointer. Notre objectif est de l’intercepter pour l’empêcher de parler. Elle s’est toujours crue plus maligne que nous autres, mais elle va bien vite comprendre qu’elle ne vaut pas grand-chose, tout comme son précieux DEDALS !

   Devant le manque d’enthousiasme de ses hommes, et ce parce qu’il savait motiver une équipe, il rajouta :

— Pas vrai, les gars ?

Toujours rien. Ce qui était étrange, parce qu’un discours comme celui-ci était à même de motiver des gars comme les siens.

Il sentit un mouvement sur sa gauche et se retourna brusquement. Il entendit alors une voix familière, bien qu’un peu plus agacée qu’à l’accoutumée.

— Tu as le bonjour de la pétasse, crétin.

Et ce fut l’obscurité la plus totale.

 

Claire n’en revenait pas de la facilité avec laquelle ils avaient éliminé l’escouade lancée à leurs trousses. Jusqu’ici, ils n’étaient pas sûrs de l’allégeance de ces hommes, c’est pourquoi Alicia les avait invités à s’en débarrasser sans les tuer. Claire était restée à l’écart pendant que les professionnels se mettaient en place, et leurs adversaires n’avaient pas tardé à entrer en jeu. Leur chef, qui semblait être un crétin arrogant avait très vite révélé à quel camp il appartenait lui et ses hommes. Elle avait alors compris que cette histoire de trahison était réelle, et qu’Alicia allait se faire un plaisir de mettre hors-jeu son antipathique ex-collègue. Tout s’était passé très vite. Les hommes de Tupping furent les premiers à être éliminés. Persuadés de leur supériorité, ils ne s’étaient pas attendus à ce que soient leurs proies qui leur tendent une embuscade et ils étaient tombés dans le piège sans même s’en rendre compte. Puis, vint le tour de leur chef qui n’eut même pas le temps de pousser un juron avant qu’Alicia lui tombe dessus. Elle l’avait fait taire avec peut-être un peu plus de violence que nécessaire. Mais bon, se dit Claire, il l’avait bien mérité ce sale type.

— Et maintenant, lança Alicia, on se tire d’ici.

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