Syllabus

Par Dédé

 

«Sagesse ne s'apprend pas toujours dans les livres, malice s'apprend tous les jours.»

Sans auteur particulier : tout le monde dit ça.

 

 

— Sérieusement, essaie de deviner ce que j'ai à t'annoncer aujourd'hui !

— Syllabus, ton poisson rouge est décédé d'un anévrisme ?

— Sais-tu ce qu'est un anévrisme ?

— Surtout pas, Luciole... Suis sûr que c'est quelque chose que je ne veux pas savoir, surtout à l'âge de douze ans...

— Si seulement je ne te connaissais pas aussi bien... Sûre, j'étais sûre que tu me dirais ça.

— Syllabus est vivant, ça veut dire ?

— Sain et sauf, Syllabus ! Simplement, j'espère simplement que ça va durer...

— Si tu as des craintes au sujet de Syllabus, dis-moi tout sur-le-champ, Luciole !

— Syllabus n'est pas malade, calme-toi, c'est juste que l'autre jour, ma grand-mère l'a confondu avec une sardine et elle a menacé de le dévorer lors de sa prochaine visite...

— Saints Dieux tout puissants ! S'il vous plaît, faites que Syllabus survive à cette vicieuse menace !

— Sandrine et Bertrand, mes parents, veillent au grain !

— Soulagement, quel soulagement, Luciole !

— Sache que je ne laisserais rien arriver à Syllabus, rien !

— Sadique, que c'est sadique de manger un poisson rouge vivant en le confondant avec une sardine...

— Sûrement.

— Sages de nos douze ans et quelques mois, à nous deux et avec l'aide de ta famille, on sauvera Syllabus, Luciole !

— Si tu le dis.

— Serais-tu pessimiste, Luciole ?

— Seulement des souvenirs qui me reviennent...

— Souvenirs, quels souvenirs ?

— Sardines de ma mamie le dimanche quelques fois... Sardines, je me demande maintenant si c'était vraiment des sardines...

— Stop ! Si tu remets en question ce qu'il y a dans ton assiette, Luciole, tu ne mangeras plus rien...

— Sérieusement ?

— Sérieusement, Luciole, une sardine est une sardine et non un poisson rouge.

— Souvent, je ne peux m'empêcher de me poser ce genre de questions. Souvent, c'est ta faute car tu me fais perdre le fil de mes pensées.

— Souvent ?

— Souvent ! Souviens-toi qu'au début, j'avais une nouvelle à t'annoncer et, au lieu de ça, on finit par planifier une protection rapprochée pour mon petit poisson rouge.

— Syllabus, je l'aime, que veux-tu !

— Seulement pour cette fois, tu es excusé.

— Serais-tu prête à m'annoncer ta grande nouvelle, Luciole ?

— Si tu es prêt, je suis prête !

— Si tu es prête, je suis prêt.

— Saliver, si tu veux que je te fasse saliver avec ce que j'ai à te dire, sache que tu vas en tomber de ta chaise, la bouche ouverte !

— Seulement me faire tomber de ma chaise, la bouche ouverte ?

— Seulement ? Selon moi, c'est déjà beaucoup...

— Samedi dernier, quand ma mère m'a fait croire qu'elle m'avait inscrit à un cours de samba, je suis tombé de ma chaise, la bouche ouverte, en hurlant en latin et en m'arrachant quelques mèches de cheveux.

— Salades, que des salades tout ça.

— Salades, comme tu dis, heureusement, ce n'était que des salades...

— Sinon, revenons-en à ce que j'avais à te dire...

— Syllabus n'a pas dansé la samba lorsqu'il m'a vu pour la première fois ?

— Sache que je ne fais pas tout le temps attention aux mouvements de danse de mon poisson rouge.

— Sévère, tu me parles d'un ton sévère, Luciole.

— Souviens-toi quand je te disais que tu me faisais perdre le fil de mes pensées...

— Satisfaite, tu n'as pas l'air satisfaite de mon comportement, je me trompe ?

— Satisfaite, insatisfaite, là n'est pas la question.

— Sérieusement, je ne me fiche pas de ce que tu me dis, Luciole.

— Sache que...

— Sabrina n'a pas un chat qu'elle a appelé Syllaba ?

— Syllaba ? Sûrement pas, même si elle adore copier sur moi...

— Si Sabrina pouvait perdre sa langue, tu en serais ravie, Luciole, tu la détestes, avoue-le !

— S'il arrivait la même chose à Xavier, tu sauterais au plafond, non ?

— Si seulement ça pouvait arriver, il m'énerve à parler tout le temps celui-là...

— Sinon, je voulais te dire que...

— Serais-tu en train d'essayer de me dire que Xavier a demandé à sortir avec toi, Luciole ?

— Souvent, tu me demandes souvent ça mais non, il ne m'a rien demandé.

— Soulagé, je suis soulagé !

— Si tu avais le choix entre me sauver des griffes de Xavier ou sauver Syllabus des griffes de ma grand-mère, que ferais-tu ?

— Syllabus, toujours Syllabus !

— Sympa pour moi...

— Syllabus, je choisis Syllabus pour lui demander en échange de dévorer Xavier.

— Syllabus ne dévore pas les gens, tu sais.

— Syllabus ne le fait pas car on ne lui a pas encore appris, voilà tout.

— Serais-tu en train d'envisager de transformer Syllabus en poisson carnivore ?

— Sérieusement, j'étudie la question, Luciole.

— Souffrir, je vais beaucoup souffrir si Syllabus se met à dévorer des gens...

— Sache que Syllabus ne mangerait que les méchants ! Sache que je ne veux pas te voir souffrir, Luciole. Souvent, je plaisante, voyons ! Syllabus restera dans son bocal, toutes dents bien sagement rangées.

— Soulagement !

— Si l'on en revenait à ce que tu voulais m'annoncer ?

— Si seulement je savais comment te dire ça...

— Subitement, tu me fais peur, Luciole !

— Sincères, mes sincères excuses.

— Simplement, dis-le, c'est tout.

— Samedi, ma tantine m'a dit qu'elle allait se marier avec Quentin.

 

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aranck
Posté le 06/04/2025
Je suis comme Luciole, je perds le fil. Ce môme est vraiment très doué pour embarquer les gens dans ses pensées.
J'aime bien le petit passage sur Xavier ou le petit avoue clairement son inimitié. D'ailleurs je m'attendais à ce que Luciole annonce que Xavier était malade depuis la poignée de main, mais non, surprise, c'est la tantine qui se marie et je suis très heureuse pour elle et Quentin ! Bref, je m'attache aux personnages, y compris à ce môme dont on ne connaît toujours pas le nom et qui parfois est désagréable au possible !
Dédé
Posté le 06/04/2025
Super de voir l'attachement des personnages ! La tantine et Quentin sont deux personnages que j'aime beaucoup. J'oubliais à quel point ils pouvaient me manquer.
Edouard PArle
Posté le 13/12/2024
Coucou Dédé !
Je retrouve encore ici ton amour pour les dialogues hihi Celui ci est prétexte à des répliques toutes plus absurdes les unes que les autres, c'est très amusant à lire.
J'ai beaucoup aimé la phrase de chute, je suis fan de Quentin depuis le chapitre P hihi C'est trop cool de voir les liens entre les personnages se nouer. Je suis de plus en plus curieux de voir comment tu vas conclure l'histoire...
Mes remarques :
"— Saints Dieux tout puissants ! S'il vous plaît, faites que Syllabus survive à cette vicieuse menace !" excellent xD
"— Syllabus n'a pas dansé la samba lorsqu'il m'a vu pour la première fois ? — Sache que je ne fais pas tout le temps attention aux mouvements de danse de mon poisson rouge. — Sévère, tu me parles d'un ton sévère, Luciole." mdr
"j'adore l'absurdité de ce passage Syllabus restera dans son bocal, toutes dents bien sagement rangées. — Soulagement !" mdrr
Je continue !
Dédé
Posté le 14/12/2024
J'étais fan, moi-même de Bébé/Luciole/Quentin/tantine. J'avais créé, sans le vouloir, un chouette truc.

Merci Edouard ! :)
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