Tête vs Coeur

Par Anzou

Alex et Marie semblaient avoir trouvé leur équilibre, chacun dans son domaine. Leur réussite paraissait évidente. Pourtant, derrière cette façade, se cachait bien plus. Issue d’une famille modeste, Marie avait l’impression d’avoir réussi à se frayer un chemin dans la vie. Mais elle vivait cela en partie comme une victoire fragile, un compromis où l'on oublie parfois les parts d’ombre.

Marie avait eu une enfance marquée par des épreuves, où sa lutte pour s’élever socialement était devenue son seul moteur. Forte, déterminée et ambitieuse, elle était devenue infirmière, une vocation qui lui permettait d’apporter aux autres tout ce qu'elle n’avait pas reçu. Mais en dépit de cette image de femme accomplie et indépendante, Marie était, au fond, une personne qui avait besoin de se sentir entourée, protégée et aimée. Dans cette quête de soutien, elle s’était consacrée aux autres, espérant que l’amour qu'elle donnait finirait par combler ce vide intérieur qui la pesait.

Elle s’était battue pour fuir un passé lourd, pour échapper à l’ombre d’un père qu’elle décrivait comme « cruel », « imprévisible » et « injuste ». Dès son diplôme en poche, elle avait quitté sa ville natale, s’éloignant de tout ce qu’elle connaissait, s'exilant à plus de 2000 km pour chercher un avenir différent, qu’elle espérait meilleur. 

Mais cette quête solitaire n’avait pas été sans obstacles. Chaque défi sur son chemin l’avait poussée à travailler plus dur, à donner toujours davantage pour construire un futur qu’elle croyait mériter. Pourtant, malgré ses efforts constants, une part d’elle continuait de se sentir exclue des grandes opportunités, comme si le destin lui avait réservé une place en marge, dans un rôle secondaire. Elle en venait à attribuer cette impression à une malchance, un fardeau qu’elle pensait être celui des générations précédentes, une transmission d’échecs et de luttes sans fin.

À chaque fois qu’elle se donnait entièrement, qu’elle offrait son énergie et ses espoirs, il lui semblait que la reconnaissance se dérobait toujours. Elle en venait à se demander si elle n’était pas simplement destinée à se contenter de ce qu’elle avait, sans jamais atteindre la pleine satisfaction. Pourtant, son optimisme tenait bon, aussi écorché fût-il. 

Une petite lueur persistait dans son cœur, celle d’une conviction secrète : quelque chose de meilleur finirait bien par arriver. 

Malgré sa douceur apparente, Marie portait en elle des blessures profondes, des cicatrices invisibles qui formaient un puzzle d’émotions contradictoires. Ces parts d’elle-même, qu’elle n’osait pas toujours affronter, l’empêchaient de se libérer pleinement, de regarder son passé en face et de comprendre ce qu’elle avait vraiment besoin de guérir.

Alex, quant à lui, était d’une discrétion remarquable, la tête sur les épaules et débrouillard. Il n’élevait jamais la voix, préférant rester calme et mesuré en toutes circonstances. Ce tempérament effacé pouvait parfois exaspérer Marie, qui, à certains moments, aurait souhaité une confrontation plus vive, un échange plus animé. La communication n’était pas une seconde nature pour Alex, et cela se percevait dans son comportement, héritage d’une famille où l’expression des émotions n’était pas spontanée. 

À l’inverse, Marie était un « livre ouvert » : elle exprimait tout ce qui lui passait par la tête, sans filtre. Bien sûr, elle gardait son jardin secret, celui de son amour pour David, soigneusement caché.

Alex, par son calme et sa réserve, semblait se fondre dans l’ombre, ne cherchant jamais à s’affirmer ou à se faire entendre. Parfois, Marie en avait assez de cette attitude et ressentait l'envie de le secouer, de l’amener à réagir, à se dévoiler. 

Mais elle se rattrapait en pensant à tout le bien qu’elle retirait de cette relation. Après tout, Alex était un homme attentionné, gentil, toujours là pour elle. Il ne lui manquait pas d’amour, ni de respect.

Elle savait que sa propre nature parfois impulsive et en quête de confrontations n’était pas toujours facile à vivre, et elle se faisait une raison : il fallait l’accepter tel qu’il était, avec ses qualités et ses petits défauts. Après tout, elle n’était pas sans défauts non plus. Et puis, aucune relation n’était parfaite.

La petite Marie avait une confiance aveugle en son conjoint et l’estimait sincèrement. Mais au fond d’elle, elle savait qu’elle s’était un peu piégée dans cette relation, par dépit. Alex était un homme trop bon, elle n’aurait jamais pu lui faire de mal intentionnellement. Et puis, aucun autre homme ne pourrait remplacer David dans son cœur. Alors, elle choisissait d’accepter son sort, de se contenter de cette relation, car après tout, elle était « bien tombée » avec Alex. De plus, fidèle à sa parole, elle avait dit "oui" à ce mariage, et elle s’y tiendrait.

 

Le mariage était prévu sur son île natale, et la date approchait à grands pas. Marie avait décidé de quitter son emploi juste avant de partir se marier, dans l’idée de chercher un nouveau défi professionnel et de voir un peu plus grand. Cela tombait bien : après deux mois de vacances, incluant les festivités du mariage, ils reviendraient en France, et elle pourrait enfin se lancer dans quelque chose de nouveau. La future mariée se sentait confiante, soutenue par son fiancé dans ses projets. De son côté, Alex avait investi son temps et son énergie dans un projet d'algorithmes destinés à générer des placements financiers. Il était doué et avait une grande confiance en ses compétences, ce qui rassurait immédiatement Marie concernant cette nouvelle activité. En effet, le côté « geek » d’Alex s’était épanoui dans la cryptomonnaie, et il passait des heures devant son écran pour gérer ses affaires, qui, selon lui, lui rapportaient déjà beaucoup.

Marie était complètement détachée de tout cela. Même si elle en avait envie, elle n’arrivait pas à s’intéresser au sujet. Elle laissait Alex gérer ses affaires sans y mettre son nez. De base, Alex gagnait bien sa vie, bien mieux qu'elle, mais il avait trouvé un moyen d'augmenter encore ses revenus grâce à ses investissements virtuels. Il avait décidé de quitter son emploi pour se consacrer entièrement à son nouveau projet. Il rassurait Marie, lui assurant que tout fonctionnait bien et qu'il en tirait un salaire correct. Les bénéfices serviraient à couvrir les dépenses du mariage. Inévitablement, ils avaient eu de grosses dépenses à gérer, entre l’achat de la maison et les frais du mariage. Marie n’avait aucune raison de douter des capacités d’Alex. Après tout, il était un homme responsable et réfléchi. C’est ainsi qu’elle choisit de lui apporter tout son soutien dans son nouveau projet, désormais professionnel.

 

Alex n'avait jamais l'habitude de dire "non" à Marie. Il l'encourageait toujours dans ses idées, peu importe leur nature. Cela se ressentait particulièrement lors des préparatifs du mariage. Quand un détail ne lui semblait pas nécessaire, il se contentait de dire : "Peut-être que ça fait un peu trop" ou qu'il préférait "quelque chose de plus simple". Jamais de réelle négation, et jamais une objection ferme face aux propositions de la wedding planner, dont le budget avait largement dépassé celui qu'ils avaient initialement fixé.

Marie, elle, se laissait facilement entraîner, pensant que tout était possible. Pourtant, même si elle prenait toutes les décisions en matière de mariage, toujours avec l'aval d'Alex, ce dernier restait étonnamment conciliant, ne voulant jamais contrarier sa compagne. Dans leur quotidien, c'était Marie qui gérait les factures du prêt immobilier et les courses, son salaire modeste ne lui permettant guère de bénéficier de grandes marges de manœuvre. Alex, pour sa part, s'occupait des grosses dépenses liées au mariage, tout en participant aussi aux courses. C'était ainsi qu'ils avaient décidé d'organiser leurs finances. Par ailleurs, Alex tranquilisait toujours Marie sur leurs capacités à payer ce mariage qu'ils organisaient et qui se voulait fabuleux.

Le moment était enfin venu de quitter leur chez-eux. Alex et Marie étaient rayonnants, heureux à l’idée que leur mariage, tant attendu, serait bientôt officiel. À peine arrivés à Madère,  les choses ont commencé à s’accélérer. Entre les derniers essayages de robe, de coiffure et de maquillage, Marie se retrouvait à courir partout. Elle remarquait qu'Alex semblait stressé. Lui qui, d’habitude, savait toujours rester implacable… C’était étrange. La future mariée préférait attribuer ce changement d’attitude à l’angoisse pré-mariage. Après tout, il était normal d’être un peu nerveux avant un tel événement. C’était un grand moment de leur vie, et ce n'était pas rien. Étonnamment, de son côté, Marie se sentait plutôt détendue.

Bien sûr, comme toujours, il y avait les petits imprévus de dernière minute pour ternir un peu les réjouissances. En effet, les formalités liées au mariage religieux avaient été gérées depuis leur paroisse en France, mais, à leur grande surprise, le dossier n’avait pas été transmis à temps à la paroisse chargée de la cérémonie. Envoyé par voie postale, il contenait des documents essentiels, apparemment indispensables à la célébration. Si le dossier n’arrivait pas dans les jours à venir, soit dans la semaine, cela risquait de poser un énorme problème, menaçant même de repousser ou d'annuler la cérémonie. Face à ce contretemps administratif, le couple se sentait totalement impuissant, et cette situation les agaçait au plus haut point.

Après deux jours de préoccupations, la secrétaire de la paroisse appela enfin Marie pour lui annoncer que le dossier était bien arrivé, mais qu’il avait probablement été mal classé, ce qui expliquait le malentendu. Ouf ! Cependant, le premier rendez-vous qui suivit avec le curé laissa Marie complètement désemparée, refroidie. 

L’ambiance était glaciale, oppressante, presque hostile. Un véritable coup de massue sur l’enthousiasme naturel qui accompagne normalement l’approche d’un mariage. Le prêtre ne semblait trouver que des défauts dans la préparation des fiancés, pourtant réalisée dans leur paroisse d’origine. À ses yeux, tout avait été fait dans la plus grande des négligences, et il ne se gênait pas pour discréditer sans la moindre réserve à la fois le parcours des futurs mariés et les personnes qui les avaient accompagnés dans cette préparation. Marie, profondément outrée, ne pouvait accepter qu’un homme censé incarner la bienveillance divine puisse se montrer aussi méprisant, aussi dur dans ses jugements.

Le poids de l'atmosphère était écrasant. L'air était chargé de tension, presque suffocant. Marie, visiblement nerveuse, tentait de masquer son malaise alors que le prêtre enchaînait les questions avec froideur. Il l'interrogea d'abord sur sa pratique religieuse. Après une longue hésitation, elle avoua, la voix tremblante, qu'elle ne fréquentait pas la messe chaque dimanche. Elle se sentit immédiatement vulnérable, mais tenta de se justifier, enchaînant les mots maladroits pour expliquer que cela ne remettait pas en question sa foi, qu'elle priait régulièrement, qu'elle aimait Dieu profondément. Le prêtre la coupa net, sans la moindre empathie et lui retorqua que : "L'enfer est pavé de bonnes intentions."

Ces mots frappèrent Marie comme un coup de tonnerre, brisant toute tentative de défense. Elle se sentit giflée ces paroles brutales. Elle baissa les yeux, incapable de répondre.

À son tour, Alex fut mis sous pression. Il ne croyait pas, au fond de lui, en ce mariage à l’Église, et encore moins en tout ce qui allait avec. Il se marierait à l’Église pour faire plaisir à Marie, mais il n’arrivait pas à partager ses convictions. Le curé, tel un prédateur, saisit ce point de vulnérabilité pour l’interroger. Même le silence était devenu accablant, puis d’une voix acerbe, il poursuivit : "Selon vous, qu'est-ce que le bonheur ultime ?" La question, lourde de sous-entendus, suspendit l’air. Marie se tendit, redoutant la réponse. Spoiler : la bonne réponse, ici, était évidente, ou du moins selon le prêtre : "Aller au ciel après la mort et retrouver Dieu." Mais Alex, mal à l’aise, hésita. Plutôt que de répondre selon les attentes religieuses, il formula une réponse pragmatique, loin des considérations spirituelles, fidèle à son état d’esprit rationnel et terre-à-terre.

Il n'en fallut pas plus pour faire exploser la colère du prêtre. Levant les mains vers le ciel, son visage se teinta d’un rouge écarlate dû au mécontentement. On aurait presque pu voir ses cheveux grisonnants et frisés se dresser sur sa tête, tant la tension était palpable. D’un ton sec et déterminé, il lança : "Si c’est comme ça, je refuse de vous marier !" Stupéfaite, Marie resta sans voix, incapable de réagir sur le moment. Elle tenta de défendre son fiancé, arguant qu'il avait sans doute mal compris le sens de la question. Mais cette situation absurde et injuste frappa la jeune femme de plein fouet, lui donnant un coup brutal aux nerfs. Une discrète larme d'amertume roula sur sa joue, témoignant de son désarroi. Elle n'arrivait toujours pas à croire à la sévérité, voire à la cruauté, dont le curé faisait preuve. C'était du grand n'importe quoi toute cette affaire.

Le prêtre semblait avoir retrouvé un peu de calme. Toujours affichant son air narquois, il brisa le silence glacial qui s'était installé en se tournant de nouveau vers Marie pour poser une nouvelle question. La jeune femme fit semblant de rien, tentant de ne pas envenimer la situation. 

Sans se relâcher, le prêtre questionna à nouveau Marie sur le sujet du "pardon". Serait-elle capable de tout pardonner à Alex dans le mariage ? "Tout", c'est-à-dire "tout". La réponse de Marie fut catégorique : "Non".

Le prêtre répondit sans attendre : "Pour vous marier, c'est la condition."

Marie expliqua alors que pour elle, la volonté de s'engager dans ce mariage consistait à être fidèle, qu'il s'agissait d'un contrat entre deux humains prêts à toujours se choisir, à se respecter et surtout à ne pas commettre quelque chose qui trahirait l'autre. Elle insista sur le sens du respect à ses yeux. La jeune femme prônait particulièrement cette valeur, car selon elle, par respect, on ne trompe pas son partenaire, on reste honnête et on agit de manière raisonnable pour l'autre mais aussi pour soi. Elle expliqua que si Alex la trompait, par exemple, il le ferait de manière délibérée, ce qui n'était pas pardonnable.

Cette réponse ne satisfit pas l'homme d'Église, qui persista sur le fait que le "pardon" était fondamental dans le mariage. La jeune femme comprit que, de toute façon, aucune discussion n'était possible avec ce monsieur entêté et finit par lui dire ce qu'il voulait entendre, à savoir : "Oui, je lui pardonnerai." Mais Marie n'en pensait pas un mot.

En sortant de cette audience, Marie était presque résolue à ne plus se marier à l'Église, tant ce rendez-vous l'avait dégoûtée. 

 

La jeune femme accordait une valeur spirituelle immense à ce sacrement qu'était le mariage. De plus, s'unir à Alex pour toujours signifiait effacer définitivement David de son esprit, de son cœur et de son âme. C’était comme une clé de bras imposée par sa propre volonté avec elle-même, une épreuve intérieure qui la forçait à guérir de son passé avec David.

Elle en avait plus qu'assez de ce sentiment d'amour unilatéral et indomptable qui se manifestait comme une rébellion dévastatrice, anéantissant chaque effort qu'elle faisait pour tourner la page et enfin arrêter de se mentir, de croire à un conte qui n’existait désormais que dans son esprit. Même lorsqu'elle pensait qu'elle allait mieux, que David commençait à enfin quitter son esprit, son spectre revenait plus fort que la fois précèdente. 

Elle se sentait véritablement ridicule, accablée par des émotions qu’elle ne parvenait plus à maîtriser. Elle se battait contre elle-même pour accepter la réalité, mais c'était une lutte épuisante et terriblement frustrante. À un point tel qu'elle se demandait si ce qu'elle ressentait n'était pas le signe d’un trouble psychologique, un trouble de l'attachement ou quelque chose de plus profond encore. Parallèlement, elle était convaincue, au fond d’elle-même, que si son amour pour David persistait, ce n’était peut-être pas le fruit du hasard. Malgré le mur que le temps, la distance et le silence avaient érigé entre eux, elle se demandait si David ressentait encore pour elle un amour aussi ardent ? Elle croyait encore à la magie de l'amour, oscillant entre l'illusion, portée par l'espoir de cette possibilité, et la résignation, noyée dans la dure réalité des faits. 

David lui avait dit, le jour où elle avait mis fin à leur relation, que "s'ils étaient faits pour être ensemble, ils se retrouveraient plus tard". Ces mots résonnaient sans cesse dans l’esprit de Marie, comme une mélodie douce-amère qu’elle ne pouvait effacer. Mais malgré tout, elle savait qu'elle avait pris la décision de rompre de son propre chef, et cette décision la rongeait encore aujourd’hui. Elle se sentait responsable de son propre malheur, consciente qu’elle avait été l’architecte de la douleur qui suivait.

Pendant leur relation, Marie s’était perdue dans l’intensité des regards de David, des regards emplis d’un amour profond et inébranlable. Ils s'aimaient intensément. En y repensant bien, Marie voyait là, que le retour de flamme de cette amour si ardent.  Aujourd'hui, elle se retrouvait prisonnière de sa propre décision, celle d'avoir rejeté cet amour, de l’avoir repoussé loin d’elle. Ce rejet, qu’elle s’était infligé, la poursuivait, la rongeait de l’intérieur, comme un poids qu’elle ne pouvait plus effacer.

Au fond, cette peur de l’amour, cette peur de se laisser totalement aller à lui, venait de ses blessures profondes, ancrées bien avant David. Enfant, elle avait appris à se protéger, à se fermer pour ne pas souffrir. Elle avait grandi dans l’idée que l’amour pouvait faire mal, qu'il pouvait briser, détruire, décevoir. Ces cicatrices invisibles, ces blessures d'âme laissées par son passé, la poussaient à repousser les autres avant même qu'ils ne puissent l'atteindre. Ce qu’elle avait ressenti pour David était trop pur, trop grand pour elle, et la peur qu’il puisse la faire souffrir, l'avait poussée à fuir. Elle n’avait jamais su, jusqu’à ce moment-là, qu’elle se sabordait elle-même, qu’elle se protégeait à tort d'un amour qui, au fond, n'était rien d'autre qu’une chance qu’elle n’avait jamais osé saisir. 

Elle pris conscience de l’ampleur de son erreur au fur et à mesure. Elle n’avait pas compris, au moment de la rupture, que tout ce qu’ils avaient vécu pouvait se terminer ainsi, de manière définitive. Elle avait cru, peut-être inconsciemment, que leur histoire pouvait être rattrapée, qu’il y aurait une possibilité de retour. Mais en voyant David s’installer dans une relation sérieuse, elle a compris qu’elle avait fermé cette porte et qu’elle l’avait scellée d’elle-même. C’était un choc pour elle. Elle avait été trop aveuglée par la peur et le doute au moment de la rupture, trop convaincue qu’elle faisait ce qui était mieux pour elle, pour réaliser qu’elle perdait vraiment David à jamais.

Alors, Marie tendait à aigrir ses sentiments envers David. Elle n'avait pas trouvé de meilleures solutions. 

Malgré tout l’amour profond et sincère que David avait pu éprouver pour Marie, il s’était, effectivement, lancé dans une nouvelle relation, rapidement, probablement pour se guérir de la blessure qu’elle lui avait infligée. Au début, Marie avait été convaincue que ce nouveau couple ne durerait pas, qu’il s’agissait simplement d’une échappatoire temporaire, une manière de panser ses plaies. Mais au fil du temps, elle l’avait vu s’épanouir, plus serein, comme si cette relation l’avait réellement aidé à tourner la page.

C'est ce qu'elle croyait en tout cas, en scrutant les photos qu’il publiait, il semblait véritablement heureux. Ces images de lui, ses sourires figés, sa vie apparente… C’était ainsi qu’elle interprétait son existence maintenant. Mais au fond, elle n’en savait rien. Elle n’était plus présente dans sa vie, ne recevait plus ses confidences, et pourtant, elle se surprenait encore à penser qu’il vivait une relation parfaite. Ces éclats de bonheur visibles sur les réseaux sociaux étaient devenus sa manière à elle de tenter de comprendre ce qu’il était devenu. Elle en était réduite à ça. Mais, en réalité, tout cela n’était que son interprétation, ses suppositions. La vérité, elle ne la connaissait plus, et peut-être qu'elle ne la connaîtrait jamais.

D’un côté, Marie était heureuse pour lui, voyant qu’il semblait avoir trouvé ce qu’il cherchait : une nouvelle stabilité, un amour qui semblait sincère. Mais d’un autre côté, cette vision de son bonheur la frappait. Elle, qui était désormais tombée dans une forme d'indifférence vis-à-vis de David, se sentait en même temps rongée par une mélancolie secrète, une tristesse inavouée. Elle se sentait insignifiante, oubliée, comme si elle n’avait plus de place dans sa vie, comme si son existence, tout ce qu’ils avaient partagé, avait été effacé en un clin d’œil.

C’était dur, trop dur pour elle, de le voir avancer alors qu’elle était coincée dans les échos de leur passé, se demandant sans cesse si elle avait bien fait de le laisser partir.

Ce mariage, en réalité, devenait le point final qu’elle n’avait jamais eu de David. Pendant longtemps, elle s’était accrochée à l’idée qu’un jour, elle aurait cette conversation avec lui, un moment où elle pourrait lui avouer ce qu’elle ressentait, où elle obtiendrait enfin une réponse à ses sentiments,

Elle espérait secrètement, sans jamais oser se l’avouer complètement, que, d’une manière ou d’une autre, il lui prouverait que ses sentiments avaient compté, que peut-être, quelque part, il avait ressenti la même chose. Mais tout cela n’était qu’une illusion. Elle n’aurait jamais cette réponse. Cette libération tant attendue semblait n’être qu’un mirage, toujours hors de sa portée.

Elle se résignait alors à la réalité : ses sentiments n’étaient plus partagés, car lui, sans regarder en arrière, avait construit sa vie dans les bras d’une autre, sans chercher à retrouver Marie.

Et cette vérité, aussi cruelle soit-elle, était celle qu’elle n’avait jamais su accepter entièrement. Faute d’avoir eu sa réponse de la bouche de David, elle se jeterait dans ce mariage, tel un exorcisme catégorique, pensant que c’était le seul moyen d’avancer et de tourner la page. 

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Reglisse000
Posté le 29/12/2024
Comme je m'y attendais, j'ai adoré ! Mise à part les quelques fautes d'écritures, il n'y a rien à redire sur ce chapitre !
J'ai hâte de savoir ce qui se passera dans les futurs chapitres !
Anzou
Posté le 02/01/2025
Merci Reglisse000!!!!!!
Je prendrai le temps de revenir dessus, à tête reposée car j'avoue ne plus voir mes erreurs tant je suis plongée à fond dans mon texte.
Reglisse000
Posté le 02/01/2025
Ne t'inquiètes pas, ce n'est absolument pas dérangeant ! J'avoue faire la même chose avec mes textes, donc je te comprends totalement
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