Tomber dans les étoiles

Une artiste s’entraîne à danser sur un fil,

A l'abri des regards et des comparaisons.

Elle ignore pourtant qu'un danger se profile :

Une plaie insidieuse assombrit sa raison.

 

Elle évolue toujours au-dessus de la norme,

Et rêve de tracer dans le ciel étoilé

Une constellation qui évoque ses formes,

Épitaphe éternel d'un esprit dévoilé.

 

Quand la gravitation l'attire vers le sol,

Et lui rappelle alors sa prison quotidienne;

La danseuse se perd, sans compas ni boussole,

Et espère en secret que quelqu'un la retienne.

 

Mais les cris du public couvrent ceux de détresse

Prononcés doucement par la jeune architecte.

Nul ne peut pénétrer dans cette forteresse,

Nul ne détient la clé de son bel intellect.

 

Abîmée par le temps, l'armature chancelle

Et révèle soudain ses fractures intimes.

La tourmente funèbre en un son ensorcelle

L'artiste qui sera sa prochaine victime.

 

Un second funambule apparaît sur la corde

Pour enfin s'approcher de celle qui l’admire;

Il envisage alors que leurs peines s'accordent

Et lui promet aussi la rencontre à venir.

 

Il empoigne sa main juste avant le désastre

Et maintient les deux corps en équilibre instable;

Puis admet lui aussi qu'il convoite les astres

Et son âme oubliée, citadelle insondable.

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Fy_
Posté le 02/10/2025
Ton poème retranscrit parfaitement cette instabilité qu'on peut parfois ressentir lorsqu'on quitte notre point d'équilibre de vue. C'est fou comme tout peut basculer en un fragment d'instant, mais aussi connaître une main qui se tend au dernier moment lorsque l'on frôle le vide.
La métaphore du funambule est très parlante, et j'aime particulièrement le sens que tu lui donnes en parlant des rêves : ce sont eux, notre boussole.
Ta plume est très agréable à lire, je poursuis ma lecture :)
Fy
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