La tradition raconte qu'il en est de même chaque année, que lorsque vient la première nuit neigeuse de l'hiver, les habitants du village sortent suspendre des lanternes à leur proche et dans les rues. Ils mettent des bougies aux fenêtres, des lampions sur les marches, chacun va de lieu sombre en lieu sombre, de porte à porte, pour allumer un peu de lumière, discuter avec le voisin, manger, se promener sans la neige ; mais jamais seul. Toujours accompagné.
La légende explique qu'il y a une raison derrière tout ça. Que cette fête des lumières, toute en douceur et en sourires, du même calme que les flocons, remonte à des temps plus troubles, où la lanterne à la porte, les bougies dans l'allée, les lampions à la fenêtre, étaient le seul moyen de retrouver le chemin de la maison dans la nuit. Que les musiques apaisantes que l'on diffuse, toujours les mêmes depuis de nombreuses années, ne sont pas là uniquement pour servir de fond sonore, mais pour calmer ce qui rode dans l'ombre épaisse des ruelles, des endroits où la lumière est oubliée. Que si l'on boit un certain type de tisane ce soir là, et uniquement ce soir là, ça n'est pas tant qu'on aime ça (elle n'est même pas bonne) mais parce qu'elle protège, que les plantes à l'intérieur empêchent l'emprise du mal, l'épanouissement des regrets.
Mais ce que la légende ne dit pas, ce que ceux qui savent cachent à ceux qui ne savent pas, c'est que la tradition, les lumières, la musique, la tisane, si puissantes qu'elles soient, n'empêchent pas que quelques uns se perdent, à chaque fois. Qu'ils sortent des sentiers battus, qu'ils sortent de la lumière... et que rien ne peut être fait pour ceux là. Au matin on le retrouvent, ou ils rentrent, l'air hagards ou un peu pensifs, la fleur de la mélancolie épanouie dans leur cœur, imperméables au bonheur, et alors on sait, on sait qu'on les as perdus...
Merci beaucoup de ton commentaire !
èwé/ je vais essayer de faire en sorte que les autres histoires soient aussi bonnes !