La personne qui les faisait reculer n'était autre qu'Alix, le serpent toujours sur ses épaules. Pourquoi avaient-ils peur de lui ?
La pluie se calma, mais un sentiment d'insécurité me franchit voyant Eliénor dans les bras d'un homme qui semblait avoir la vingtaine. Les mèches ondulées de ce noble me cachaient le visage d'Eliénor. Il était imposant, avec un corps nous donnant l'impression qu'il descendait d'un Dieu. Les vêtements mouillés qui lui collaient à la peau laissaient transparaître ses muscles, mais son corps était à la fois fin. De loin, ses yeux bleus nous épiaient attentivement.
– Je me présente, monsieur Lulu.
Un sourire méprisant apparut sur son visage fin et ovale.
– Je suis le second de M. Dwarvos, Hannes Wilder.
Sa voix était sournoise et pleine de fierté.
Son attitude me donnait envie de le gifler, seulement je ne peux le faire à cause de sa proximité avec Élie.
– Que voulez-vous ?
Ma voix était tellement confiante, que ça me déstabilisa.
– Nous avons des cadeaux, et nous allons faire une escapade dans ce minable royaume sous le même toit.
– Minable, vous dites ? Savez-vous qu'ici les gens vous donnent une chance, que vous soyez de la basse société ou de la haute. Alors moi, je ne dirais pas qu'elle est minable, mais plutôt remarquable. C'est vous qui êtes minable, et votre roi en particulier, il n'est pas capable de bouger son cul.
Je sais que je risque ma vie pour avoir dit ça, mais je préfère mourir qu'être aussi minable qu'eux.
– Vous êtes très grossier.
Sa voix fourbe pourrait me donner des acouphènes tellement elle est horrible.
– Ma voix vous fait donc du mal ? Je suis satisfait de ce résultat.
Un ton hautain s'en parait de sa bouche.
Cette situation me confirme qu'ils lisent dans les pensées, ça ne nous arrange pas. Comment pourrons-nous planifier nos plans avec eux dans les parages ?
Il fit apporter les cadeaux par un garde, puis ils repartirent nous laissant seuls. Il m'a confié Eliénor, une servante l'a déposée dans sa chambre pour qu'elle se repose.
L'heure du dîner arriva, nous étions tous repartis dans notre chambre pour faire nos toilettes, comme ils le disaient. Va falloir que je change mon vocabulaire... En ai-je envie ? Non, absolument pas, après tout, pourquoi changer ? Personne ne m'a rien dit, à part monsieur Winter ou je ne sais quoi.
Je frémissais en sentant les goûts d'eau glisser de ma nuque à mes hanches, jusqu'à là où se trouvait ma serviette. Je sortais tout juste de mon bain, me dirigeant vers mon lit. Où étaient posées deux boîtes en bois, c'étaient les cadeaux de ce roi fourbe et capricieux. Il y en avait pour elle et moi, ce ne devait pas être des cadeaux qu'elle offrait à ses amis, mais plutôt des cadeaux empoisonnés. Il aurait pu mettre du poison sur le bois, je crois qu'il existe bien un poison qu'on ne peut manger ou avaler, mais qui se propage par le toucher... Mais existe-t-il ici ? Ou ils possèdent d'autres toxines ?
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine à m'en faire mal, le stress montait en moi. Que pouvait contenir ses boîtes ? Et cette façon que cet ingrat de roi me surnomme « Lulu » m'énerve au plus haut point. Je fis preuve de courage en effleurant la première boîte avec ma main. La douceur du bois réveilla ma main. Rien ne semblait être empli de toute toxine. Et pourtant ma vision se troubla, laissant la peur me prendre par les tripes. Ma perception de la pièce s'assombrit, me laissant seul dans un noir des plus totaux.
Une lumière me fit ouvrir les yeux, la luminosité du balcon étant en direction de mes yeux. Rien ne semblait avoir changé, pourtant cette pièce me faisait sentir comme un étranger. Comme si je l'avais déjà vu, mais que je n'avais jamais vécu ici. Une voix venant du couloir me fit me redresser. Le poignet s'abaissa doucement pour me laisser entrevoir Seiran dans l'entre-bâillement de la porte.
– Bonjour, il s'est passé quelque chose hier soir ?
Sa voix était inquiète.
Que s'était-il passé ? Moi-même, je ne le sais pas, ai-je dormi ? Où c'est-il passé autre chose ?
– Je ne me souviens de rien, à part qu'il y a quelque chose sur ses boîtes.
Ses sourcils se froncèrent, à mes paroles. Laissant un blanc dans la pièce, j'en profitais pour réfléchir.
Je cherchais au plus profond de moi le moindre souvenir de cette nuit. Quand un vertige me prit, une voix lointaine rigola et prit la parole. Je n'étais pas sûr de tout comprendre, mais ce devait être lui.
« Vous serez bientôt réduit en miette. Et pourtant, vous cherchez la confrontation, je la ferais mienne, que tu sois d'accord ou pas. »
Il a de l'audace, mais moi aussi, et si j'arrive à dire aux autres mon plan. Il se pourrait que « nous réduire en miette » soit impossible.
– Seiran ? Tu vas peut-être me prendre pour un fou, mais je sais comment gagner contre lui. J'ai juste besoin que tu m'aides à réunir les autres...
Je ne m'étais jamais senti aussi confiant et déterminé que pour ça. Je vais m'occuper de clouer le bec à ce vulgaire roi.
– Tu es déjà un fou depuis le début.
Il n'avait pas tort, j'étais encore un peu secoué par le poison mais sur une feuille je commença à lui expliquer mon plan de À à Z.
Tu as bu ou quoi 😂