- Vous rentrez ? s'informe Nelcha en les voyant revenir et prendre leurs affaires.
- Youz' a eu une super longue journée, s'excuse Gabriel. Hein mon chéri ?
Il s'adresse à Uzu qui déjà enfile sa veste.
- Oui, là je crois que c'est un peu beaucoup pour un seul homme... murmure ce dernier.
L'ambiance de leur petit couple est loin d'être au beau fixe.
- Tu ne vas quand même pas conduire dans ton état ? s'inquiète aussitôt Liam.
- Non, j'ai filé les clefs d'la caisse à Steph pour qu'il récup' les instrus, qu'ils restent pas toute la nuit dans la voiture de Youz' et Jeff nous ramène, le rassure Gabriel.
- Rentrez bien, faites attention sur la route ! J'espère vous revoir et... Youzeu, attention à ta voix d'or, bois surtout du thé et des boissons chaudes demain d'accord ?
La gentillesse de l'androgyne et le compliment caché sur sa voix, touche Uzu.
- Ok, je prends note, merci Nelcha, bon retour à vous tous aussi, souffle-t-il.
- Surtout si v'z'avez une bonne nouvelle hésitez pas à prév'nir Liam ! lâche Gabriel intéressé, en tendant une main rapide au chanteur. Merci en tout cas, z'êtes super cool !
Ils partent et à peine ont-ils disparu dans la rue que Marie se lâche.
- Ho ! J'ai cru que j'allais vraiment craquer là, comment tu arrives à rester zen toi ? demande-t-elle à Liam. Moi j'ai des envies de meurtre !
- Gabriel est un peu paumé en ce moment, je crois, lâche Liam.
- Paumé ? Je t'en foutrais, putain je plains Youdzeu vraiment !
- Et Yann, pour lui la situation n'est pas mieux hein ! ajoute-t-il.
- Yann c'est sa faute aussi, il est conscient lui, de ce qu'il se passe ! Bref je vais me saouler pour la peine.
Elle se lève pour aller commander un autre verre.
*
Uzu gardera un silence glacial pendant tout le trajet. Arrivé à l'appartement, alors que le japonais agit mécaniquement en se détournant et en évitant sciemment de lui répondre, l'angoisse étreint davantage Gabriel. Il ne comprend qu'une chose, il va devoir percer l'abcès. Toutefois son copain est fin saoul, crevé et fortement ébranlé, le moment n'est sans doute pas le mieux choisi.
- Mon amour y s'passe quoi enfin ? insiste Gabriel, l'attrapant par une manche afin qu'il cesse l'évitement. J'croyais qu'on avait réglé ça ? Si t'as chanté c'est qu't'était ok non ?
- Ou c'est peut-être qu'on m'y a contraint ou que contrairement à toi qui rejette tes fautes sur d'autres, moi j'assume mes responsabilités !
- ...
- Lâche-moi, il est tard et j'aimerais prendre une douche avant de pouvoir enfin me coucher. Demain je dois récupérer Hugo à la première heure.
Gabriel laisse tomber pour l'instant, il sait déjà qu'il ne va pas réussir à passer une bonne nuit.
La douche de Uzu est expédiée, Gabriel par contre, va prendre tout son temps espérant sans doute que son copain dorme à poings fermés lorsqu'il viendra le rejoindre. Il préférerait ça que de sentir son animosité jusque sous la couette.
Mais lorsqu'il revient dans la chambre ce dernier est assis sur le lit et lui tourne le dos.
Gabriel soupire.
- Youz' j'vais pas réussir à dormir si...
- Tu es égoïstes, il n'y que tes actions et ce que tu ressens qui sont important, que ce soit tes réussites ou tes erreurs d'ailleurs. Le pire c'est que tu n'es même pas capable d'accepter tes défauts.
- Écoute pour c't'apre'm, c'est vraiment pas c'que tu crois.
- Ha ! Ne me bassine pas avec ton ex, je ne te parle pas de ce que tu as pu te permettre avec Yann aujourd'hui ! Encore une fois tout ne tourne pas autour de toi et de tes conneries ! Pour le reste, je ne te demanderais rien à ce sujet, je n'ai aucune envie que tu me mentes davantage. Je préfère ne rien savoir. Le mensonge par omission c'est vraiment le maximum que je puisse accepter venant de toi ce soir.
Estomaqué par la réplique, Gabriel reste un instant sans voix, avant de réagir.
- Moi non plus j'te parle pas d'ça. C'que j'allais dire c'est qu'quand j'pense à c'que t'as subit, j'ai un irrationnel désir très fort d'meurtre ! Qu'si j'me r'trouve un jour en face des deux gars avec qui t'as passé l'aprem' y'a des chances que j'me contrôle pas. Que quand j'te r'garde et que j'tente d'imaginer ton calvaire cette nuit là, j'ai envie d'chialer, d'tout défoncer. Qu'jai vraiment l'impression d'servir à rien, ça m'fout les boules et j'ai honte d'moi. J'aimerais être cool et savoir quoi t'dire, quoi faire, comment t'protéger mais ch'ais pas ! J'donne l'impression que j'm'en tape, c'est pas du tout ça. J'étais pas en train d'parler d'moi et d'mes erreurs qui n'ont rien arrangé, ça c'est sûr. Ni ma façon d'me comporter aujourd'hui. Ch'uis tout bonn'ment un idiot et j'ai rien...
- Baise-moi, on parlera demain, le coupe soudainement Uzu.
Le ton de sa voix vaut la plastique méconnaissable de son facies.
- Quoi ? s'étonne Gabriel d'une voix blanche.
- J'ai besoin de baiser, tu me dois bien ça non ?
Sitôt qu'il joint le geste à la parole en tentant d'enlever la serviette des hanches de son copain, Gabriel le repousse fortement.
- Ça va pas, qu'est-ce qui t'prend ? !
Une grimace sarcastique se dessine sur la bouche de son partenaire, où est passé le doux regard velours de Uzu ? Gabriel à devant lui un personnage à l'expression haineuse.
- Ok j'ai compris, c'est pas grave, toi ou un autre...aboie-t-il en se levant chancelant sur ses jambes.
Visiblement les effets de l'alcool ne sont pas tout à fait passés et alors qu'il tente d'atteindre la porte, le japonais s'affale, baillant sa bouche à deux mains.
- Je vais rendre, réussit-il à peine à marmonner.
Gabriel s'en veut, son petit ami termine de vomir dans la cuvette des toilettes, lui réalise que tout est de sa faute. C'est bien lui qui l'a délibérément saoulé, lui également qui est responsable de son état maussade. Être désolé n'est pas suffisant.
- J'fais vraiment qu'des conn'ries.
*
Un peu plus de deux ans avant, novembre se rafraichit.
Il a tapé le sms suivant : « on peut parler ? » il a eu droit à la réponse lapidaire : « Oui. » et depuis l'échange se poursuit pareillement. Ça n'aurait rien de bien pénible ni pour l'un, ni pour l'autre, si à l'exemple de Gabriel, Yann se trouvait bien tranquillement installé dans son lit pour régler cette dispute idiote et s'il n'était pas si tard.
Ses dents qui claquent et les fourmis douloureuses qui élancent ses orteils ne sont que des détails au côté du douloureux problème de ses doigts gelés, il a du mal à « écrire » les messages qu'il envoie à son petit ami. Il n'avait pas l'intention de rester ainsi bêtement en bas de chez Gabriel, la conversation ayant failli tournée court au tout début, il n'a pas osé avouer à son amant qu'il se trouvait juste en bas de chez lui. Pourquoi être venu jusqu'ici d'ailleurs ?
De son côté Gabriel fait des efforts pour passer au-dessus de la lassitude qu'il ressent. Il sait au fond de lui que tout ce que Yann lui a reproché n'était pas sans fondement. S'il n'excuse pas la « vengeance » de ce dernier, il comprend en partie sa réaction. Avec le recul, en rentrant chez lui, se mettant à la place de l'androgyne, il s'est senti un peu fautif effectivement. Pourtant à deux heures et demie du matin et après sa longue journée, il aimerait réussir à expliquer à Yann qu'il n'est plus temps de parlementer surtout que pour le moment la discussion tourne en rond d'une façon plutôt inextricable.
C'est une affirmation, totalement hors contexte, envoyée par le réunionnais, qui en plus de le surprendre va lui donner l'occasion d'annoncer la fin du débat.
- Il grêle !
Ce à quoi, crevé des longues heures de travail, suivies par cette querelle absurde, Gabriel répondra de manière un peu vive :
- C'est normal, on est quasi en hiver, va te coucher, il n'est plus l'heure de discourir sur la météo. On règlera tout ça demain, je suis nase et j'ai pu envie de blablater sur tes conneries, bonne nuit.
La réponse se fera un peu attendre, Yann mettra vingt minutes avant d'oser cracher le morceau. Rien d'étonnant à ce que Gabriel, déjà bien assoupi, ne sursaute lorsque de nouveau son portable vibre.
- Pour ça, il faudrait que je rentre et malheureusement pour moi, je crois qu'il y a longtemps qu'il n'y a plus de RER.
- P'tain c'pas vrai ! grogne-t-il tout haut en comprenant la situation.
Il se lève, jette rapidement un œil dans la cours intérieure, soupire et lâche un nouveau râle en apercevant cette silhouette familière. Il enfile à la va-vite son manteau par-dessus son duo teeshirt/caleçon et chausse ses pieds nus dans des veilles baskets. Il ne prend pas le temps d'envoyer un sms, il craint que Yann, de peur de sa réaction, n'ait tout-à-coup l'idée de quitter les lieux avant qu'il n'arrive. L'ascenseur en panne l'oblige à descendre quatre à quatre le vieil escalier, du quel il manque en outre de tomber.
La pluie drue et très fine qui a remplacé les grêlons, tourbillonne sous le spot de l'entrée. Yann est là, transi, inerte contre le mur du fond. La lumière illumine les gouttes verglaçantes qui tombent dans un silence presque absolu. Leur douceur piquante lui chatouille les narines, les épaules de son trench sont détrempées, les quelques mèches qui sortent de son bonnet se collent.
Lorsque Gabriel débarque au côté de l'androgyne à la frimousse d'albâtre et aux lèvres bleues gercées, il oublie un instant la raison qui l'a amenée ici. Le nez rouge en l'air, les yeux brillants, son ami à l'air si tendu, et Gabriel le trouve tellement désemparé, que toute aigreur quitte son esprit.
- De la grêle hein ?
- Ça ressemblait à des bonbons et ils ne fondaient même pas quand on soufflait dessus, lui jure Yann. Regarde ! J'ai même une marque tellement ils étaient gros ! s'extasie-t-il. Demain j'aurais certainement un bleu.
- On dirait qu'ça t'a amusé ? Y'en a pas sur ton île ?
- Évidement que si, une fois l'an m'enfin c'est énorme quand même !
- Et c'est moi l'gamin !
- ...
- Pourquoi t'as attendu que j'm'endorme pour m'dire qu't'étais là ?
- J'espérais...
Le reste de la phrase se perd dans un souffle de vent.
- Quoi ? Que j'te découvre mort d'froid, ici, d'main matin ?
- ...
Une bourrasque lui souffle son bonnet qu'il a à peine le temps de rattraper avant un atterrissage dans une flaque. Sous la lumière froide et mouillée, son visage
de rouquin est comme pailleté, ses yeux gris transparents étincèlent. Une folle envie de caresser ses joues veloutées étreint son Gabriel.
- Yann, on gèle, finit-il par ronchonner, après quelques minutes de silence à l'admirer. Vient, on monte.
Ce dernier le suit, se sentant tout-à-coup mal à l'aise, en grimpant l'escalier. Les voilà qui montent ensembles chez son petit ami.
- Plus par obligation que par choix, se dit-il, et sans même s'être entretenus sur la question en face à face.
Finalement ce soir ils n'auront rien réglé, se contentant d'échanger leurs avis en campant plus ou moins sur leurs positions.
Pour Gabriel le sentiment est tout autre, il a déjà pardonné et la naïveté de Yann le touche autant que sa fraîcheur l'attire. Ce côté enfantin, le pousse à laisser en marge tout le reste. Le jeune homme a beau être plus vieux que lui de plusieurs années, à cet instant Gabriel se sent bien plus adulte, que ce soit au sujet de ses réactions puis représailles idiotes, ou plus précisément dans sa façon d'aborder la vie et les problèmes de tous les jours.
La clef tourne dans la serrure.
- Heu, au sujet de ce qu'il s'est passé aujourd'hui... tente Yann.
- Yann c'est pu l'heure.
- Mais...
D'une main sur la bouche, le goth l'empêche de poursuivre et se penchant lentement à son oreille, il ajoute tout bas :
- J'veux qu'tu saches une chose, écoute-moi bien car j'le répèt'rais pas : peu-importe c'qui risquerait t'pousser à r'commencer un truc pareil, ta bouche, ton cul ou toutes autres parties d'ton corps, tant qu'tu sors officiellement avec moi, j'considère qu'ça m'appartient.
À ces mots et sous la pression de cette main sur sa bouche, Yann frémit.
- J't'inderdis d'me tromper d'nouveau d'quelques manières qu'ce soit, poursuit-il toujours dans un murmure. J'me sens plus que trahis, carrément dépossédé et c'est tell'ment cuisant que ch'rais plus capable d'être avec toi, si tu v'nais à r'mettre ça. Ch'uis sérieux !
Lorsque Gabriel le libère de sa paume et s'éloigne de son visage pour lui tourner le dos afin d'ouvrir la porte, Yann bien qu'un peu alarmé par le ton, ne peut s'empêcher de répondre.
- Très cher, déjà je ne suis pas ta chose, ensuite, quand on t'écoute, on croirait qu'il n'y a que toi qui souffre, comme ci tu n'étais en rien responsable. Toi, tu ne me martyrises jamais assurément ! Aujourd'hui tu es complètement innocent ! ironise-t-il.
La minuterie de l'éclairage du couloir s'éteint, ils sont presque dans le noir. Après un tâtonnement du bout de ses doigts, lorsque la lumière se rallume, Yann frissonne. Il ignore si le froid est vraiment responsable de ses tremblements. Il regrette de suite d'avoir répliqué. Le dos de l'autre n'a pas bougé d'un iota, le temps semble s'être un instant figé. Il ne sait pas s'il aimerait que Gabriel lui réponde, à vrai dire, il ne souhaite même pas qu'il se retourne. Il a peur de sa réaction autant que de son expression. Finalement un soupir siffle entre les lèvres de Gabriel quand la porte s'ouvre, suivi de suite par une réponse tranchante pour laquelle il oublie de parler à voix feutrée.
- Sauf qu'y a une différence entr' faire souffrir quelqu'un sans l'vouloir et l'faire sciemment.
- ...
Yann digère la réflexion, observant ce dos qui le précède, hésitant à le suivre.
- Vient et pas d'bruit, d'ja qu'ma sœur va sur'ment m'tuer d'main quand elle t'verra ici.
La main de Gabriel attrape la sienne et l'entraine jusqu'au bout du couloir, qu'ils traverseront sur la pointe des pieds ne faisant que légèrement craquer le planché.
- Je me sens minable, lâche Yann en pénétrant dans la chambre de son amant.
Son hôte se retourne enfin et contre toute attente le serre dans ses bras.
- Faut pas, lui glisse-il à l'oreille d'un ton nettement plus tolérant. J'ai été bien plus minable qu'toi ces derniers temps, ajoute-t-il. Et même si j'le fait pas exprès, j'me rends bien compte sans parv'nir à r'dresser la barre, que j'te néglige, alors qu'c'est pas ton cas. T'es t'jour là pour moi.
- ...
Le bout du nez de Gabriel frôle les fines mèches teintes, il apprécie l'odeur fraichement parfumée. Ses lèvres effleurent les paupières délicates avant d'embrasser ses douces pommettes. Si le front de son petit ami est chaud, ses joues et ses oreilles sont à l'opposé, gelées.
- Bordel, t'es glacé ! réalise-t-il en glissant également ses mains sous les vêtements mouillés de son visiteur du soir. D'puis combien d'temps qu't'es là dehors exactement ?
- C'est pas grave, tente de le rassurer Yann. À vrai dire je ne suis pas repassé par chez moi, avoue-t-il quand même et ce, devant l'expression effarée de son petit ami.
- T'es complètement con ! Dessape-toi, t'vas attraper la mort p'tain !
- ...
- Laisse-moi m'en occuper, lui intime-t-il d'autorité en le voyant grelotter sans réussir à déboutonner son vêtement. Ses doigts arrachent presque les boutons du manteau imbibé jusqu'à la doublure. La pluie est passée au travers du tissu des manches et du dos.
- T'as même pas d'écharpe ni d'pull, râle-t-il en dégrafant le devant de la petite chemise humide et froide qui lui colle à la peau.
- Je les ai oubliés au boulot, tente d'expliquer le rouquin aux cheveux noirs, pour qui les pieds et le bout des mains recommencent à être douloureux. Je ne me doutais pas qu'un tel froid était possible en Novembre.
- C'pas souvent et ça dur'ra sur'ment pas mais ça arrive.
Le pantalon à pinces un peu trop serré par la moiteur qui s'installe, a du mal à glisser.
Les doigts chauds de Gabriel effleurent la peau glacée et nue de son partenaire, l'obligeant à contre cœur à réagir au plus vite. Il a lui-même envoyé valser manteau et chaussures assez rapidement.
- Par contre, j'ai qu'mon lit, va falloir s'serrer c'coup-ci.
Étonnamment, l'androgyne ne relève pas, se contentant de glisser nu tel un vers sous une couette déjà bien refroidie. Il est vite rejoins par le propriétaire du matelas.
- WOoo p'tain t'es un vrai glaçon !
- Désolé.
- J'avais envie de t'sauter d'ssus mais là, j'crois qu'ma bite à fait d'mi tour à l'intérieur.
- C'est poétique.
- S'cuse-moi à c't'heure-ci j'réfléchi plus à la forme.
- ...
- J'peux mettre ma main là ?
- Nan.
- T'es pas marrant comme gars, maugréait le peloteur.
- Chéri, tu viens de me traiter de con, tu me secoues dans tout les sens, m'arrachant tout mes vêtements, me jettes dans ton lit sans fioritures et pour finir tu gueules en me comparant à un glaçon, j'avoue que je n'ai pas très envie d'autoriser un pareil rustre à me tripoter, laisse tes mains tranquilles, de toute façon je suis fatigué.
- J'ten foutrais, C'toi qui débarques ici à trois heures du mat' et j'ai même pas l'droit de t'toucher ? C't'inhumain.
- ...
- C'est d'la torture même dans les prisons chinoise, on autorise pas ça.
- J'ai froid.
- J'demande pas mieux que t'réchauffer, se moque-t-il. C'toi qui r'fuse.
À ses mots, sans attendre, Yann se retourne, passe une jambe entre celles de son petit ami et y glisse ses deux mains glacées.
Si Gabriel pousse un petit cri surpris, il ne fuit pas pour autant. En définitive sentir les doigts froids de l'autre contre ses parties, l'excite au plus haut point. Excitation assez vite suffisamment volumineuse pour que Yann ne puisse longtemps l'ignorer. Lentement et sans un mot, l'androgyne entreprend de fraiches caresses sur la peau fine et soyeuse de la bourse à portée de ses doigts. En dehors de la belle érection de Gabriel seul le souffle rapide et saccadé de ce dernier lui indique qu'il ne dort pas et qu'il apprécie l'attention. Il n'effectue aucun mouvement, jusqu'à ce que le majeur ne s'insinue dans ses chaires intimes. Son corps réagit alors aussitôt en se cambrant, son torse vient se plaquer contre celui de son amant quand ses fesses se reculent d'un même mouvement, cherchant sans doute à être sondées davantage. Son « enthousiasme » est communicatif, l'érection de Yann vient se joindre à la sienne.
Les doigts fouillent quelques temps avant que Gabriel ne cède.
- J'en peux plus, j'veux t'sentir en moi.
- ...
- J'ai envie d'toi, lâche-t-il dans un souffle.