Un homme

Un homme accepte la mort

 

comme

 

un navire accepte l’océan

 

Il y trempe sa poitrine et son visage

 

pour que ses côtes et son front

 

ne soient pas la carène et la proue

 

d’un bateau sans âme

 

* * *

 

Un homme est un souffle de bois

 

qui n’existe pas sans la quille, sans les couples et les bordés

 

mais qui les travaille sans cesse, les écarte et les fait craquer

 

comme s’il voulait en sortir

 

comme s’il voulait qu’ils éclatent

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Baladine
Posté le 04/09/2024
J'aime bien l'image de l'homme-bateau, et l'idée de la filer dans deux sens différents (d'un côté, la mort, de l'autre la vie (intérieure?) qui travaille et repousse sans cesse nos propres limites).
Je comprends moins la deuxième partie de la première strophe : "Il y trempe sa poitrine et son visage
pour que ses côtes et son front
ne soient pas la carène et la proue
d’un bateau sans âme"
j'ai un peu de mal à me l'expliquer, mais il y a une image fugace de vaisseau fantôme qui me plait bien :)
A bientôt
Paul Genêt
Posté le 04/09/2024
Ce que j'ai voulu dire à travers ces vers, c'est que l'idée de la mort baigne nos existences et que, par elle, nous gagnons notre humanité. Sans la souffrance et la mort, il n'y a pas de compassion possible, pas de douleur pour autrui, pas de pitié. Ce sont notre condition humaine précaire et le fait que nous ayons conscience de cette précarité qui nous rendent sensibles au sort des autres, que nous regardons comme autant de miroirs de notre propre condition. J'ai également voulu exprimer le fait que cette condition n'est pas un choix mais qu'il faut, en quelque sorte, l'embrasser : on accepte la mort comme un navire accepte l'océan. Cela signifie qu'on vit avec elle et par elle. Ces explications ne valent que pour la première strophe. Je voulais une forme très concise, presque comme un aphorisme. A bientôt Baladine, et merci pour ton commentaire !
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