Chapitre 9.
Le retour en classe de Caleb fut saluée par des cris de joie de ses camarades. Le petit groupe ne cessait de lui demander s’il allait mieux, si son père n’était pas trop en colère contre eux, s’il pensait qu’ils pourraient venir chez lui après les cours. Le trop plein d’émotions et de bruits autour de lui avait de quoi donner le tournis au jeune adolescent mais il répondit avec le sourire. Pour ce qui était de son père, il ne savait dire si ce dernier était en colère contre eux mais dans l’ensemble, le fait qu’il se porte bien devait le rassurer et apaiser sa colère. Pour ce qui était de leur venue chez lui, contraint de refuser il réfléchit un petit moment avant de sourire.
- Bon écoutez, ce soir j’ai mes grands-parents qui viennent donc on oublie mais je vais négocier avec mon père pour que vous veniez mercredi. Il sera au boulot toute l'après-midi, ça nous laissera une bonne marge pour profiter.
- Dis lui qu’on restera chez vous, pas de virée en voiture, ni au lac, ni rien, on sera super sage! On fera des jeux vidéos et on boira du jus de pomme. Enfin, toi en tout cas! Se mit à rire Blaise surexcité.
- Oh on pourrait faire des cupcakes! Qu’est-ce qui te ferait plaisir? Glissa Camille.
- Woh woh woh! Calmez-vous! Déjà, il faut qu’il soit d’accord. Je vous envoie un message groupé ce soir dès qu’il m’aura donné une réponse. Tenta de les calmer Caleb alors que la sonnerie indiquait le début des cours.
Les adolescents courraient dans les couloirs, glissaient, se bousculaient jusqu’à parvenir jusqu’à leur salle de classe où le professeur d’Histoire les stoppa net.
- Vous, vous allez me faire le plaisir de vous séparer et oh tiens, Monsieur Trinyski vous êtes de retour.
- Bonjour Monsieur Hayes.
- Vous avez eu le temps de rattraper votre retard?
- Plus ou moins mais ça va aller, ne vous en faites pas.
- Vous autres je viens de vous dire que je ne vous voulez pas côte à côte! Hurla le professeur en voyant Ted et Blaise s’asseoir à côté.
- Mais m’sieur c’est pas cool, on a rien fait!
Au vu du regard que leur lança le professeur, les garçons grognèrent avant de changer de place et que Caleb ne vienne s’installer près de Camille en chuchotant.
- On passera à la bibliothèque après pour photocopier les cours, s’il te plaît.
- Ted ne te les as pas envoyé? Répondit-elle sur le même ton.
- T’as déjà vu les cours d’Histoire de Ted? J’y comprends rien!
La jeune fille se mit à rire avant de hocher doucement la tête. Elle ouvrit son manuel à la page demandée par le professeur et fit signe à Caleb de suivre avec elle. L’adolescent avait rapidement lâché prise. Sans avoir suivi pendant toute une semaine il se sentait complètement perdu et par habitude, sortit un crayon pour commencer à griffonner sur le bas de sa page. A plusieurs reprises, Camille lui infligea quelques coups de coude pour le pousser à écouter mais il se contenta d’hausser les épaules jusqu’au moment où le professeur Hayes se planta juste devant lui.
- Donc vous vous absentez une semaine et vous ne prenez même pas la peine de suivre. Ça ne vous intéresse pas ce que je raconte, monsieur Trinyski?
- C’est pas ça mais j’ai pas le début du cours, du coup je comprends rien et ça m’s..ça m’énerve un peu. Je vais rattraper tout ça ce soir et après ça va le faire.
- J’espère bien, il y a une interrogation écrite demain je vous rappelle.
- Demain? Oh c’est bon je vais être absent! Râla Caleb en posant finalement son crayon.
- Pardon? S’agaça le professeur en le fusillant du regard.
- Non mais c’est vrai, j’aurais pas le temps et j’ai pas envie de me payer une sale note, je serais pas là c’est tout! Le toisa Caleb.
- Bon et bien, sortez tous une feuille et un stylo, on va faire le devoir maintenant vu que monsieur Trinyski nous fait grâce de sa présence. Vous le remercierez dehors et vous. On se voit à midi dans le bureau de la proviseure. Trois heures de retenue devraient vous permettre de rattraper vos leçons en retard. Félicitations et bon retour parmis nous!
Caleb commençait à se lever une fois que le professeur lui eût tourné le dos. Rapidement rattrapé par sa camarade, il grimaça avant de s’asseoir.
- Non mais lui je vais le…ah merde! D’où il fait ça! Je ne faisais pas de bruit et il m’prend la tête.
- C’est rien, tu connais Monsieur Hayes. Laisse couler Caleb ça n’en vaut pas le coup. Tu expliqueras à ton père et je suis sûre qu’il ne dira rien pour ta note.
Monsieur Hayes écrivit les questions au tableau pendant que les élèves pestaient à voix haute. Si certains voyaient là une injustice envers leur camarade et eux-mêmes d’autres râlaient d’ores et déjà sur Caleb qui préfèra les ignorer royalement.
- Allez, prends une feuille, essaie au moins. Le supplia Camille avec un sourire encourageant.
- Laisse tomber j’étais pas là, comment veux-tu que je réponde. Grogna-t-il.
- Hey réfléchis, t’es pas idiot que je sache. Tu peux répondre, j’en suis certaine.
Bon gré mal gré il attrapa une feuille, recopia les questions avant de soupirer pour lui-même. Les coudes sur la table il se tenait la tête entre les mains et se répétait les questions mentalement encore et encore. Il tenta d’oublier tout le reste, se concentrant exclusivement sur les suites de mots et sentit un frisson le parcourir. La douleur dans sa jambe venait de se réveiller mais il luttait en commençant à écrire quelques réponses. Le sujet n’était peut-être pas si complexe, il faisait remonter en lui les cours de l’année passée et soufflait un peu. Il ne serait certainement pas dans le haut de la classe mais il relevait le regard vers son professeur, un brin provocateur.
La fin du cours sonna comme une libération pour toute la classe, chacun sortant le plus vite possible mais le professeur retint Caleb par l’épaule, jetant un œil à son devoir il sifflait entre ses dents.
- Pour quelqu’un qui n’a rien appris, ça aurait pu être pire. On se voit quand même dans le bureau de la proviseure tout à l’heure.
En guise de réponse, l'adolescent haussa légèrement les épaules et sortit d’un pas lent. Ses amis l’attendaient, l’interrogèrent du regard avant qu’il ne les pousse vers leur prochaine salle. Hors de question d’arriver une fois de plus en retard et de s’attirer les foudres de tout le corps enseignant.
Les heures se succédaient et avec elles, l’angoisse du rendez-vous fixé par Monsieur Hayes. Caleb prenait sur lui pour faire bonne figure mais alors qu’il fit signe à ses amis de partir devant pour aller manger Zoey le rattrapa.
- Attends, je t’accompagne! Ce serait injuste que tu sois puni pour ça.
- Non c’est bon t’inquiète pas, vas manger avec les autres. Y’en aura pas pour longtemps. Grinça-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches.
- Ne fais pas ta mauvaise tête, ça ne peut pas te faire de mal d’être soutenu! Répliqua la jeune fille du tac au tac.
Caleb se sentit pris au piège mais n’en dit rien. Une part de lui avait même envie de remercier Zoey de l’accompagner. Le professeur Hayes savait comment il réagissait, que son tempérament ne laissait aucune place à la diplomatie mais se confronter à la proviseur Grant était pire que tout.
Assis dans le bureau, il garda son attention fixé sur les babioles qui encombraient l’espace. Ne pas réagir, ne pas s’énerver. Il hocha légèrement la tête en sentant la main de Zoey sur le dossier de la chaise et n’écoutait que distraitement son professeur relater les évènements. L’insolence était pointée du doigt plus que son manque de travail et la proviseure le dévisagea longuement.
- Vous avez quelque chose à dire peut-être monsieur Trinyski?
- Pas vraiment non. J’étais malade, j’ai axé mon travail sur l’anglais et les maths plus que sur le reste et c’est tout. J’écoutais quand même le cours. Marmonna-t-il avant d’entendre Zoey le défendre.
- Tout le monde sait qu’il est féru d’art, ce n’est pas comme s’il avait dérangé la classe!
- Mademoiselle Collins, on ne vous a pas demandé votre avis il me semble. La gratifia d’un regard noir le professeur d’Histoire.
Zoey piqua un fard, esquissant un semblant de sourire à Caleb pour s’excuser, elle recula d’un pas et assista impuissante à la sanction qui tombait. En quittant le bureau, elle agrippa une fois de plus le bras de son ami et soupira.
- Je suis désolée, il a vraiment une dent contre toi Monsieur Hayes. Tu crois qu’ils vont téléphoner à ton père?
- J’en sais rien. Je devrais peut-être le prévenir avant. Ça m’énerve vraiment. En plus je suis sûr qu’il va me saquer.
Rapidement il se mura dans le silence, sa camarade continuait de lui parler mais il ignora chacun de ses mots. Là, juste devant les portes, se tenait le Maymaygwashi et son petit sourire carnassier. Caleb fronça les sourcils cherchant comment échapper à ses amis qui s’approchaient d’eux pour demander des nouvelles. Devant l’air absent de l’adolescent se fut son amie qui prit les devants pour leur expliquer qu’il devait se rendre en retenue et chacun poussa soit un soupir, soit un juron, ou même les deux.
- Cal’, on vous a attendu pour manger tu viens? Le secoua Ted en cherchant à capter son regard.
- Euh, allez y je vais juste chercher un truc dans mon casier j’arrive tout de suite. Répondit-il en le poussant gentiment.
Le petit groupe se trouva interdit, les œillades fusaient de l’un à l’autre mais déjà Caleb leur faussait compagnie, une fois de plus. Finalement, l’appel du ventre se fit bien plus fort et malgré l’incompréhension générale ils se dirigeaient tous vers la cafétéria en discutant.
Adossé dans un couloir perpendiculaire, le jeune homme avait suivi leur trajectoire du coin de l’œil et fonça, une fois le champ libre, en direction des portes et du Maymaygwashi qui n’avait pas manqué une miette du subterfuge.
Caleb lui accorda un bref regard avant d’ouvrir les portes pour retrouver l’extérieur, l’air frais et un moment de quasi solitude. La créature restée jusqu’alors sur ses talons le dépassa avant de lui indiquer le portail. Stupéfaction complète de l’adolescent qui ricana à mi-voix.
- T’as raison, j’ai qu’à sécher, j’ai pas assez d’ennuis comme ça!
L’ironie ne sembla pas convaincre le petit être aquatique qui vint lui donner un petit coup au niveau du genou et grinça des dents. Apparemment, il n’y avait aucune matière à négociation avec lui et on ne peut plus las de tout ce qui lui arrivait, Caleb abdiqua. Traînant des pieds, il arriva au portail, lança un regard par dessus son épaule avant de sortir de l’enceinte de l’école. Le bruit des véhicules au loin résonnait dans sa tête mais une voix le tira de sa torpeur.
- Waban? Waban c’est bien toi?
Les sourcils de l’adolescent se fronçaient largement, tournant la tête pour voir qui l’interpellait ainsi. Sa surprise fut sans appel. Sur sa droite se tenait une jeune femme, dans la vingtaine, qu’il n’avait jamais vu mais dont l’éthnicité éne laissait aucun doute. Cette dernière lui fit un petit signe de la main, tira sur sa cigarette avant de former quelques ronds de fumée qui montaient droit vers le ciel et se dirigea d’un pas plus que décidé vers lui.
- Par la terre de mes ancêtres, tu pourrais répondre quand on t’appelle.
- Je m’appelle Caleb. Soupira le jeune homme méfiant.
- Oui, ici peut-être mais je sais qui tu es et c’est toi qui m’a demandé de venir donc me voilà! Répondit-elle en se plantant juste devant lui.
Par réflexe il vint croiser les bras, la détailla de haut en bas une fraction de seconde avant d’interroger le Maymaygwashi du regard. Ce dernier semblait bien satisfait et marmonna quelques mots dans sa langue d’origine. L’adolescent n’en comprit pas un mot mais la jeune femme s’inclina en répondant.
- Tu peux y aller. Dis à Tadi Yahto que je l’ai trouvé et que je m’en occupe désormais.
La créature offrit ce qui ressemblait le plus à un véritable sourire et disparut dans la seconde pour laisser les deux jeunes gens face à face. Les yeux de Caleb s’étaient pour le moins écarquillés, depuis des années il cherchait à comprendre, il avait même souhaité pouvoir mettre des visages sur les voix qu’il entendait et maintenant, était-ce seulement possible?
Excellente surprise que cette fin de chapitre ! Impatient de voir où cela va emmener Caleb !
Quelques petits détails : je me suis demandé pourquoi en classe il était assis à côté de Camille et pas de Zoey ? Camille je ne voyais plus qui c'était. Je croyais que Zoey n'était pas en classe avec lui pendant l'incident puisque tu n'avais pas parlé d'elle. Puis elle vient le soutenir alors que c'est Camille qui tenait ce rôle quelques minutes avant. Et si ces deux personnages n'en faisait qu'un ?
Je m'étonne que Zoey puisse accompagner Caleb chez le proviseur. Cette école a l'air plutôt stricte et cette largesse me semble ne pas trop coller.
Est-ce que tu avais déjà mentionné le nom de famille de Caleb ? Le découvrir si tard pour moi, c'est un peu bizarre, comme s'il fallait que je m'habitue et que ce n'était plus le même personnage ! ;-)
Quand Caleb sort du lycée, il se dirige vers la porte et le Maymay. Puis soudain le Maymay est sur ses talons et lui désigne le portail. Visuellement je voyais le Maymay toujours devant lui et j'étais un peu déboussolé pour suivre la scène.
Bonne écriture à toi ! Et à bientôt pour la suite !
Je crois que nous voilà typiquement sur ces petits détails qui paraissent clairs pour nous qui écrivons mais qui ne le sont pas forcément pour les lecteurs. Je prendrais le temps de mettre tout cela au clair mais si Zoey et Camille sont deux personnages bien différents et toutes deux, sont dans la classe de Caleb!
Effectivement ce serait sûrement plus logique que ce ne soit Camille qui accompagne Caleb mais je voyais mieux Zoey puisqu'elle le connaît depuis plis longtemps.
Je n'avais pas mentionné le nom de famille de Caleb avant? C'est un peu fâcheux je dois l'admettre mais au lycée c'est plus courant d'utiliser les noms de famille des élèves qu'au primaire, mais je sais d'ores et déjà comment régler ce soucis! merci de l'avoir souligné!
Alors oui, Caleb se dirige vers la porte et le maymay mais il ne s'arrête pas, c'est pourquoi la créature se retrouve derrière lui et non devant!
En tout cas, je suis vraiment heureuse si ce nouveau chapitre (ou du moins sa fin) à pu te plaire et je te remercie une fois encore pour tes conseils!
Belle journée à toi
La fin de ce chapitre est excellente ! Plein de nouvelles possibilités qui s'ouvrent !
Voilà quelqu'un susceptible de lui apprendre ce qu'il doit savoir !
Dans ce chapitre la question de l'imparfait/passé simple m'a beaucoup moins posé question ;)
Caleb réagit très fort face aux prof. C'est intéressant. Tu avais dit plusieurs fois qu'il était un peu "colérique", mais jusque le cela n'avait pas été vraiment visible, même quand il fuit chez sez grands parents j'y avais surtout ressenti de la détresse d'ado.
J'essaie vraiment de faire plus attention au temps, et petit à petit je pense que j'arrive mieux à cerner où je dois utiliser l'un ou l'autre.
Ce cher professeur d'Histoire ahah, je crois que Caleb ne l'aime pas beaucoup et son petit côté effronté m'a bien fait rire.