Le tourisme dans les rues de Saint-Pierre n'est déjà pas sa tasse thé, si en plus ça doit se passer comme ça... Deux jours qu'Erwan ne lui adresse plus la parole.
Gabriel est incapable d'expliquer pourquoi il lui est impossible d'envisager de passer ne serait-ce que deux jours seul dans la villa. Même si dans sa tête c'est clair, cette angoisse, il n'arrive pas à la en comprendre l'origine. « Seul », rien que le mot lui hérisse les rares poils de son dos. Il admet qu'il n'a aucune raison d'imposer sa présence au sein de leur couple. Il a bien conscience que celle-ci est devenue, pour sa sœur et son petit ami, un vrai problème.
« Il faudra bien qu'un jour tu voles de tes propres ailes, tu ne vas pas rester avec ta sœur toute ta vie ! Je ne te demande pas la lune juste la possibilité de rejoindre ta sœur ce weekend. Tu as tout ce dont tu as besoin à la maison ! »
Il a été jusqu'à appeler Laurianne et la supplier, elle qui n'était même pas au courant de la "surprise" que son copain préparait. La rejoindre à l'aquarium ce weekend, paraissait être une bonne idée pour Erwan. Résultats, elle s'est fâchée avec lui, par la faute de Gabriel. À présent, bien sûr, il n'en est plus question et pour l'heure, Erwan, sombre, marche devant lui à plusieurs mètres. Gabriel aimerait se faire pardonner.
Depuis quand cette angoisse lui bouffe-t-elle la vie ? A quoi est-elle due ? Une accumulation et le temps a fait le reste. Gabriel se trouvait avec lui au moment où son grand père est mort d'une crise cardiaque. Il était si jeune alors. Il n'a pas très bien compris. Il est resté assis au côté du mort pendant presque deux jours. Il aura fallu voir arriver une voisine pour que les secours et les parents soient prévenus et qu'ils le découvrent en état de choc, seul sur le carrelage froid de la cuisine. Quelques années plus tard c'est aussi lui qui a décroché le téléphone, pour apprendre la nouvelle ce fameux soir où leurs parents ont eu cet accident mortel qui les a rendus orphelins. Cette fois là également, il était seul au bout du fil. C'est du passé tout cela, il le sait pertinemment, pourtant, l'angoisse l'emporte chaque fois sur sa raison. Il s'excuse souvent d'être un tel poids pour eux, cependant il se rend compte que ça n'est plus suffisant.
Bien qu'il ait accepté de l'accompagner en ville, Erwan ne lui parle pas. Ils traversent le marché et la rue principale, toutes les boutiques de souvenirs, sans un mot. Gabriel déteste ça, se cogner dans les gens, les caddys, les cabas, être à la queue dans les relents de poissons, hélé de tout les côtés pour accepter d'acheter un melon. La tête lui tourne. Les odeurs de fruits pourris, fraises blettes, pamplemousses gros comme la tête, mangues molles, ananas et avocats géants, le tout stagnant là sous la chaleur depuis le matin, mélangés à celles de la friture des samoussas.
- Tu as envie de manger quoi ?
La phrase sort de la bouche d'Erwan lorsqu'ils passent le long des épices, Gabriel a plus envie de vomir que d'y réfléchir. La vanille, la noix de muscade et le curry marié à l'odeur de guano des poules, une horreur.
- Le restaurant dont tu nous as parlé, il est où ?
Erwan fait forcément référence au Pueblo et Gabriel en est quelque peu surpris.
*
Il profite que Gabriel est en train de terminer son dessert en discutant avec la jeune Marie pour aller trouver le serveur effronté, au bar. Yann semble alors fort occupé à ranger et lui tourne le dos. Erwan toussote deux ou trois fois afin qu'il le remarque. L'autre se retourne, Erwan prend une grande inspiration et croise les doigts pour qu'il ne le prenne pas pour un dingue.
- Dis-moi, j'aurais une proposition pour toi, tu vas certainement trouver ça assez bizarre.
Yann lui coupe la parole, avec son air culoté.
- Si c'est une proposition indécente, en d'autres circonstances j'aurais dit : -" Pourquoi ne pas tenter l'hétéro en couple ? " Cela dit, en ce moment, je chasse votre presque "beau frère" !
Il plisse les yeux et d'un air mutin regarde vaguement en direction de la terrasse.
- Et je ne voudrais pas qu'il y ait de rivalité entre de vous ! reprend-t-il en gloussant, fier de lui.
Erwan se demande s'il s'agit vraiment d'une bonne idée. Ce garçon est impudent, impossible de connaître à l'avance sa réaction.
- Écoute, tu as un humour très particulier et bien que ça ne me fasse pas vraiment rire, je ne peux que le reconnaître. J'ignore si tu travailles ici tout les jours ni combien tu es payé...
Yann inspecte ce grand type en train de gesticuler, le gars visiblement gêné par la situation, tente de s'expliquer. Il le trouve fort intéressant et assez amusant en fin de compte.
- Voilà je suis prêt à te payer le même salaire qu'ici, si tu acceptes de tenir compagnie à Gabriel pendant deux jours.
Yann fronce les sourcils, perplexe. Il était loin d'imaginer pareille proposition venant de ce mec plutôt "vieille France".
- Excuse' mec, j'ai peut-être un humour spécial, mais est-ce là une raison pour aller t'imaginer des choses ? Si c'est pour que ton jeune beau frère jette sa gourme, y'a des prostitués pour ça, hein ! Moi, je suis gay, pas escorte boy !
Erwan le considère, l'air effaré.
- Ce gamin comprend tout de travers ! Hooo la ! Non, non, non ! Pas du tout ! Arf ! Il ne s'agit pas de ça. Je... Gabriel souffre d'une sorte d'appréhension à rester seul, et... Enfin pour être clair, j'aurais aimé passer ce week-end à Saint-Gilles avec sa sœur. Nous avons peu l'occasion d'être tous les deux. J'ai cru... j'ai pensé... Puisque vous avez l'air de bien vous entendre. Enfin, bref... Oublies ça ! N'en parle pas à Gabriel, il serait furieux après moi, la cohabitation est déjà assez difficile, ajoute-t-il.
- Une sorte d'appréhension, c'est à dire ? l'interroge Yann que la révélation rend curieux.
- Des crises d'angoisses, à vrai dire rien de très grave, mais sa sœur prend la chose très au sérieux.
- C'est dû à quoi ? Il y a une raison ?
Bien sûr, toutes informations sur son chouchou sont bonnes à prendre, seulement Erwan n'a pas tellement envie de déballer la vie personnelle du frère de sa copine, pour qu'on le lui reproche ensuite. C'est un peu trop demandé. Il estime en avoir déjà bien assez dit.
- C'est assez compliqué, long et personnel, de toute façon ça ne t'intéresse pas, si ?
- Ce que vous me demandez risque aussi d'être assez compliqué, personnel et looong ! Ha haha !
Erwan le trouve décidément fort dérangeant. Ce petit air sadique, cette expression pleine d'insolence, quel âge a-t-il donc ?
- Écoutez, ici ça n'est pas un job d'étudiant, reprend Yann d'un ton grave. Je suis serveur et quelques heures par semaine cuisinier. J'apprends les cocktails dans un autre bar et je souhaite enrichir mon CV par une formation de pâtissier. Je ne suis pas là pour m'amuser. Je ne suis pas en vacances scolaire. Je travaille.
Il patiente quelque instant afin qu'Erwan le prenne un peu au sérieux puis repart vers ce qu'il réussi le mieux, l'ironie.
- Je serais ravi de me retrouver seul avec votre "presque" beau frère, mais je ne pourrais être présent qu'en dehors de mes heures de boulot. Or, votre demande est des plus curieuse, je ne trouve pas qu'il soit trop demandé que d'avoir des détails !
- C'est vrai, je suis désolé, je n'aurais pas dû vous proposer ça.
(Flottement)
- Heu, salut !
Erwan sursaute, il n'avait pas vu arriver Gabriel dans son dos. Yann, lui, un coude sur le bar, le menton dans la main, ne bouge pas d'un centimètre et sourit en coin comme à son habitude.
- Gabriel ? Tu as terminé ? Je demande la note ! bredouille honteusement Erwan.
- Oui. Tu n'as pas fini ton café...
Pour Gabriel, la scène est assez suspecte.
- C'est qu'on cause de toi, mon chou, déclare moqueur le serveur.
Erwan affolé, le fixe.
- Ce petit con ne va quand même pas vendre la mèche ?
- Ha, oui ? Et qu'est-ce qui c'dit ?
- Que j'aimerais avoir la note pour pouvoir rentrer ! s'impatiente Erwan.
Yann pianote sur le clavier de la caisse enregistreuse du bout des doigts, son célèbre rictus étirant ses lèvres, le tout en se dandinant.
-Vous réglerez par chèque, carte bleu ou... en liquide ?
Y a-t-il un sous-entendu ? Erwan tousse fortement puis sort son portefeuille. Gabriel n'y comprend rien, vu l'air goguenard qu'affiche Yann, il est évident qu'il se passe quelque chose.
- Nan, c'est quoi l'histoire là ? se soucie-t-il un peu alarmé.
-Ton beauf' veut passer du temps avec ta sœur, d'après ce que j'ai compris. Ça aurait été sympa pour Marie et moi car nous aurions pu passer te voir ce weekend. Il se plaint que tu refuses de rester seul la journée. Je lui proposais que tu viennes m'aider samedi après-midi, je suis certain que le boss sera ok !
Gabriel blanchit et dévisage Erwan, la colère monte de suite en lui, cependant ils ne se parlent déjà quasi plus, il hésite donc à relancer la querelle. Erwan, quant à lui, les yeux exorbités, toise ce serveur insolent et si plein d'aplomb qui poursuit, l'air de rien :
- Ça te dit ? Tout le monde sera content ! Marie, toi, moi, ton beauf', ta sœur et même le vieux !
Le vieux Paolo, directeur du restaurant, passe justement à ce moment là en le regardant de travers.
*
Le weekend arrive vite, Gabriel n'a pas revu Yann. Marie est passée à la villa deux fois pour dire "bonjour". Il sait que chaque fois elle revient de chez lui. Il trouve que ces deux là passent vraiment beaucoup de temps ensemble. Il a lui aussi quelques bons potes à Paris mais rien de comparable. Il ignore ce que signifie une telle amitié et les envie probablement un peu. Il craint qu'il y ait anguille sous roche et, s'il apprécie la jeune fille et ne souhaite nullement foutre la merde entre eux ou même simplement se fâcher avec elle, cela l'inquiète tout de même.
Nous sommes vendredi soir et Erwan prépare son sac, ne cachant pas sa joie d'être enfin libéré de la contrainte "nounou pour ado sur le retour ". Depuis que Gabriel a accepté la proposition de Yann, la cohabitation est des plus détendue. Ce soir les deux réunionnais viennent voir un film avec lui. C'est Marie qui ramène le DVD, et Yann qui fera le dîner. Mais il faut attendre que le service au restaurant soit terminé et malheureusement, le weekend, celui-ci se finit tard.
- Et ils arrivent à quelle heure ?
- Pas avant vingt trois heures et encore.
- Tu vois, c'est pour ça que je t'avais dit de manger quelque chose tout à l'heure.
Erwan se doute que la faim n'est pas le problème majeur qui chiffonne Gabriel, ça n'est qu'une excuse mais il ne tient pas à revenir là-dessus. Après tout, Gabriel est capable de partir trainer seul dehors pendant des heures !
C'est d'ailleurs ce que décide le jeune goth quand son beau-frère s'en va. Il descend à Saint-Pierre pour admirer la mer depuis le port. Ce soir, il n'y a guère que des touristes, surtout des couples, qui vadrouillent le long des jardins. Gabriel s'assoit quelques minutes sur un pont enjambant une sorte de canal, où quelques petits bateaux de plaisances mouillent là, clapotant, tranquilles, dans les eaux bleu marine du soir. Puis il se pause sur les planches de bois de la promenade.
Il se sent seul. Il aurait bien aimé partager ce moment avec quelqu'un. Après tout, l'île est belle, il aurait apprécié s'y construire de beaux souvenirs comme le font sa sœur et Erwan. Ce soir il matera un DVD avec des potes de passage, rien n'est plus ressemblant à sa vie parisienne. Finalement, il trouve ça bien triste.
S'il avait rencontré Yann à Paris, à l'heure qu'il est, il serait au resto, aurait pris la peine de risquer d'avoir l'air d'un imbécile en le suivant partout, c'est certain. Mais ici, il n'ose rien. Dans l'absolu, une simple histoire de vacance ne lui déplairait pas, mais prendre le risque de s'exposer à une histoire sans lendemains et également de faire souffrir l'autre, très peu pour lui. Tant que les deux restent maître de leur corps et de leurs émotions, mieux vaut ne pas répondre au " jeu " amoureux que lui lance cet hybride mi-homme, mi-démon. De plus, il ne comprend pas bien ce que cherche cet autre.
Il n'est pas plus de vingt deux heures trente, quand, de retour à la villa, il se glisse sous la douche. Sous l'eau bouillante et caressante, il se prend à rêvasser. Il imagine Yann nu. Il le désire.
- Qu'elle idée ! Mais après tout pourquoi pas ? Personne ne saura quelles images me traversent la tête et... ailleurs, ça ne fait pas de mal. Yann...
Yann et son sourire en coin, Yann et son petit air malin et si sûr de lui, Yann et ce côté efféminé qui lui va si bien, Yann est ses manières, ses poses, sa petite langue tirée, son petit cul.
- Il me plaît vraiment ! se dit Gabriel. Et il se voit l'embrasser, le caresser, le prendre même. Est-il déjà trop tard pour respecter la bonne résolution prise sur le port ?
*
- Et si tu devais mourir demain, genre écrasé par une voiture en sortant de chez toi ? Tu crois pas que ça aurait été bien de connaître au moins une fois dans ta vie le bonheur, même si c'est de courte durée ? Le dernier tu lui as couru après, il a pas voulu de toi, Gabriel, je suis sûre, il est open !
- Open, ha haha, attends, chérie, je viens d'avoir une vision trash, là !
- Je suis sérieuse, tu attends une histoire parfaite dès le début, la perfection ça n'existe pas !
Yann prend soudain un air très sérieux.
- J'ai peur d'avoir si mal au point que je n'arrive plus à me relever ensuite. Tu me connais.
Ils sont presque arrivés, ne reste plus qu'une petite côte à monter, Marie doit réussir à pousser son ami à réagir !
- À force d'avoir peur et de te protéger de tout, tu ne vis rien de bien.
Moment suspendu entre tous : un vent léger vient leur soulever les cheveux et la délicate odeur du jasmin leur chatouille les narines. Yann pèse le pour et le contre avant de reprendre la parole.
- Ça va te paraître idiot mais n'avoir pour le moment rien vécu de vraiment beau, ça me donne l'illusion que ce que je dois connaître de bien est devant moi et pas derrière.
- Ok ! Et si rien n'arrivait jamais ?
- Au moins je ne souffre pas !
- Vraiment ?
- Pas autant, disons.
- Haaa gogoz, lé ga pi lé ga kwé* ! Tu souffres chaque jour ! Et de ce manque, et de ne pas connaître une vraie relation. Arrête de croire le contraire. RE-LA-TION ! Cet échange t'est complètement étranger ! Tu passes ton temps à l'imaginer ET tu en souffres, réagis !
Il sait combien elle a raison. Il reste avec la même expression ironique, une sorte de tristesse déguisée en sourire, tout en la laissant poursuivre.
- C'est toi le maître de ta vie, ça tombe pas tout cru dans le bec, l'amour va falloir te battre pour l'obtenir et ça suppose de la sueur et des larmes. Arrête d'attendre et arrête d'avoir peur !
- ...
- Et cesse de coucher avec des inconnus d'un soir rencontrés sur le Net. Tu vaux mieux que ça et c'est dangereux !
- Oui, "maman" !
*
En sortant de la salle de bain entouré d'un nuage de vapeur et d'une simple serviette de toilette autour des hanches, Gabriel pousse un cri en sursautant. Persuadé d'être seul dans la maison, il ne s'attendait certes pas à être accueilli par un obsédé maniéré de vingt quatre ans, complètement hilare.
Son premier reflexe est de vérifier la bonne tenue de sa serviette, le second de reculer de deux pas. En face de lui, assis sur le lit dans la chambre que partage sa sœur et Erwan, Yann l'admire, les yeux brillants, les bras grands ouverts.
- Le pluuus beau ! Viens me faire un câlin ! Tu as raison restons nu, nous nous apprécierons mieux dans le plus simple appareil !
Gabriel, les yeux ronds, le dévisage, halluciné, avant de revenir sur ses pas et s'enfermer de nouveau dans la vapeur de la salle d'eau.
Il entend l'autre répliquer derrière la porte :
- Ha, mais nan, c'est pas juste ! Une occaz' pareil, me faire croire et tout ! Méchaaante va !
Gabriel ne peut s'empêcher de pouffer de rire, ou débute la plaisanterie et où se cache l'envie véritable de cet hurluberlu ? Il admet qu'il le trouve marrant. Marie déboule dans le couloir un couteau à la main.
- Tu fous quoi ? Je croyais que c'était toi qui étais de corvée de bouffe, ce soir ? Ne me dis pas que... ROoo tu es pas croyable toi, c'est tout l'un ou tout l'autre hein !
- Quoi ? Je mate ma biche, j'ai pas le droit ?
- Laisse-le tranquille ! Tu vas lui faire peur, gogoz ! - Elle dit cette dernière phrase plus bas. - Tu peux sortir, cet imbécile m'accompagne à la cuisine, ajoute-t-elle en criant à l'intention de Gabriel.
Il est "rassuré" que Marie soit présente également. Lui et Yann ne vont pas se retrouver en tête à tête.
- Tu me terrifies, ma louloute, avec ce couteau !
- Si seulement ça pouvait être vrai !
Gabriel, habillé cette fois, pénètre enfin dans la cuisine. Il a ainsi la possibilité d'admirer Yann aux fourneaux. Celui-ci fait sauter des crevettes dans une poêle avec la dextérité d'un pro, le déhanchement en plus.
- Tu pouvais rester à poil, chéri, ça met en appétit ! dit-il en sortant un bout de langue, avant que Marie ne lui mette un coup de torchon derrière les oreilles. Que tu es violente ce soir ! Tout à l'heure le couteau maintenant le fouet, hooouu ! Attention à toi, c'est une mégère qui ne supporte pas les homos !
- Arrête de dire des conneries ! Et bosse un peu, j'ai faim !
Gabriel aime cette gaieté qui grâce à eux deux, envahit ce soir, cette maison. C'est bon cette chaleur.
*
Ils mangent sur des plateaux devant l'écran de TV fraichement réparé par Erwan pour l'occasion, se chamaillent beaucoup, ne matent le premier film que d'un œil, puis finissent par parler de leurs vies respectives, enfin c'est surtout Marie et Gabriel qui parlent beaucoup. Ce que ce dernier apprend de Yann ne sort que de la bouche de la belle. Yann ne raconte pas grand-chose, ni sur lui, ni sur eux. S'il est très fort pour ironiser, se mettre en scène, le chercher en une sorte de drague sous couvert d'un humour gras, pour le reste, il n'y a plus personne. Non qu'il cache quoi que ce soit, car il n'empêche pas sa meilleure amie de déballer même les détails les plus gênants de leur adolescence remuante et décalée, mais se raconter ça n'a pas l'air d'être son truc. Est-ce là que se place sa pudeur ? Une certaine fragilité à parler sérieusement de lui-même ?
Quant à Yann, il a tout du chieur dans ses plus grandes largeurs. Non qu'il m'agace souverainement, mais disons plutôt qu'il me fascine tant il joue dans l'effronterie permanente. A chaque situation, on ne sait pas comment il va encore nous surprendre à jouer dans la cour de la provoc'.
C'est plutôt Gabriel que je trouve navrant. Et en même temps, je comprend qu'il ne puisse faire autrement car tout tourne autour de son let-motiv principal : éviter la solitude. Même son désir pour Yann s'en trouve influensé et je me demande si son attirance est si sincère que ça. Il n'a pas tellement le choix en même temps. Il n'y a pas foule de garçons susceptibles de l'intéresser. Donc, bon. Au moins, avec Yann, c'est cash, trash et sans détour.
Attention toujours aux incises manquantes, surtout quand tu changes de point de vue et de lieux en cours du chapitre.
Haaa là y'a une réflexion que j'aime ^^ : "je me demande si son attirance est si sincère que ça."
On pourrait même aller plus loin et plonger deux ans plus tard avec Uzu qui arrive, on va dire, à point nommé ;)
On pourrait se souvenir de la crise d'angoisse de Gabriel lorsque celui-ci n'a pas répondu à son portable de suite…
Gabriel, celui qu'on aime parce qu'il est si naïf et gentil etc… Ne serait-il pas aussi un tantinet égoïste ?
Je suis contente, même si mes retours en arrière ont visiblement des problèmes d'accroches du lecteur (il faut que je trouve une solution d'ailleurs), y'a quand même un bon point que je trouve important, celui de faire comprendre les réactions et les actions de certain personnage (dont Yann) aujourd'hui par rapport a ce qui s'est passé hier. Ça ne fait que commencer.
Aucun de mes persos n'est totalement bon ou mauvais et j'essais autant que possible de faire en sorte que toute réaction ait une raison d'être.
Pour les incises je vais bosser dessus davantage alors, faut que je relise tout ça, la semaine prochaine, c'est pire que d'habitude là sans doute vu que ces passages là, ne sont plus du tout courrigé par la correctrice,on va forcément voir la différence T_T