V. Appartement

Président élu. Au bout de cinq ans de mandat d'Emmanuel Macron, on aura deux millions d'étrangers de plus, venus pour la plupart du Maghreb et d'Afrique noire. Dans les quartiers des banlieues parisiennes ou autres grandes métropoles, nous sommes arrivés en fait à la fin du grand remplacement. Il y a 80% des jeunes entre 0 et 18 ans qui sont issus de l'immigration extra-européenne. Contrairement à d'autres, je ne fais pas de distinction entre l'islam et l'islamisme. C'est une fausse distinction. Mais je fais la distinction entre l'islam et les musulmans. J'appelle tous les musulmans à s'assimiler et à renoncer à la pratique de l'islam qui impose un code juridique et politique. L’islam est une religion totalitaire. Le masculin est lié au pouvoir. Il peut y avoir des femmes qui exercent le pouvoir parce qu’elles ont des valeurs masculines. Les valeurs féminines sont incompatibles avec l’incarnation du pouvoir.

 

Salim. Vous n’avez jamais eu envie de le frapper ? En off, de vous à moi. Ça ne vous a jamais effleuré l’esprit ?

 

 Samira. De le frapper ? Qu’est-ce que tu entends par frapper ? 

 

Salim. Oui. De lui écraser mon poing sur la figure.

 

Anouar. Et après quoi ? Tu te fais embarquer pour lèse-majesté ? Je te rappelle qu’ils ont envoyé des flics intimider une gamine rien que pour avoir posé une question à sa majesté le président sortant et la fille était blanche alors je n’imagine même pas ce qu’ils feront d’un arabe qui aurait écrasé son poing sur la figure du président  élu.

 

Djamila. Je dois avouer que ça peut être satisfaisant.

 

Samira. Mais ne l’encourage pas !

 

Djamila. Je ne l’encourage pas, je dis simplement que ça peutêtre satisfaisant.

 

Salim. Imaginez la scène, m’dame Samira. Le soleil est haut dans le ciel, il doit être à peu près midi, la foule s’amasse sur le trottoire. La police est armée, l'œil vif, ils scrutent les visages, l’air menaçant prêt  à dégainer au moindre mouvement. Un geste de travers est tout peut basculer. M’sieur Anouar, habillée d’un long manteau noir, est assise sur un banc[MT5] , assez loin pour ne pas éveiller les soupçon mais assez près pour ne rien rater des déplacements. Un cortège de voitures tourne au coin de la rue. Votre téléphone se met à sonner. Vous vous êtes mêlé à la foule qui scande son nom, contre les barrières. Vous répondez. 

 

Anouar. Dans deux minutes les voitures seront là. Tiens toi prête.

 

Salim. Il raccroche. À quelques mètres de vous, un deuxième téléphone se met à sonner. Une femme coiffée d’un turban, portant un sac, décroche.

 

Anouar. À mon signal, tu sais ce qu’il te reste à faire.

 

Salim. La femme dissimule son téléphone sous son voile. Les voitures s’arrêtent près des barrières. Des hommes en costume soir sortent puis il apparaît enfin. Les voitures repartent. Samira donne le signal.

 

Anouar. Maintenant !

 

Salim. La femme fait exploser des feux d’artifices 

 

Djamila mime l’action

 

Salim. La foule, prise de panique, se met à hurler et à courir. Les gens trébuchent, tombent et se font piétiner. La police se retrouve bloquée alors qu’ils cherchent à retrouver le suspect. Des dizaines de personnes se dirigent vers les barrières qui finissent par céder. Il se retrouve encerclé, isolé de sa garde qu’il tente de retrouver en vain. Il est pris dans ce raz de marée humain qui le pousse loin de la route. Votre téléphone sonne.

 

Anouar. Maintenant !

 

Salim. Vous vous élancez à sa poursuite alors qu’il cherche à fuir. Vous lui saisissez le bras, il se retourne vers vous, son visage est déformé par la peur mais il réussit à sourire, pensant que vous êtes là pour le sauver. Vous le regardez droit dans les yeux, vous retirez vos lunettes et d’un ton sévère mais fière vous lui dites : 

 

Salim se place derrière Samira et prend un ton grave

 

Salim. Le féminin est peut-être incompatible avec le pouvoir pourtant c’est une femme immigrée et musulmane qui te le prendra” et bam. .

 

Samira. Ça suffit ! Arrêtez ! Vous êtes tous complètement fous ! Vous rendez-vous compte de la gravité de la chose ? Comment peux-tu cautionner ça ?   

 

Salim. On s’amusait, tout simplement.

 

Samira. Vous vous amusiez à simuler l’assassinat du président de la République ? Je dois t’avouer que j’ai une autre conception de l’amusement. Rien que d’y penser, cela me fait froid dans le dos. Je vois  notre pays sombrer dans ce barbarisme.

 

Djamila. Samira a raison, un assassinat ça va beaucoup trop loin. Salim, remplace le pistolet par une batte en bois.

 

Salim. Très bonne idée ! “Le féminin est peut-être incompatible avec le pouvoir pourtant c’est une femme immigrée et musulmane qui te le prendra” et là vous lui écraser votre batte sur la figure et vous continuez de frapper alors qu’il gémit au sol pour qu’il ressente ce que les manifestants ont vécu ces dernières années. Et surtout vous ne le lâchez pas, pas avant qu’il ait imploré le pardon à genou. 

 

Anouar. Ou jusqu’au moment où un CRS te traînera sur le trottoir, te fera manger sa matraque et t'étouffera avec son genoux sur ta poitrine.

 

Samira. Ce n’est pas la solution ! Nous devons combattre, oui ! Mais certainement pas de cette façon ! Et si nous décidons de partir, j’ai bien peur que la haine prenne le dessus. Salim vient de m’ouvrir les yeux. D’une certaine façon, cette vision d’horreur, celle d’un attentat m’encourage à rester pour éviter de voir notre pays basculer dans la barbarie.   

 

Salim. Vous avez sûrement raison. Votre génération est plus sage que la nôtre. La nôtre a tendance à se tourner vers la haine pour combattre la haine et j’ai bien peur qu’il n’ait pas d’autre solution. De continuer à croire que la fleur peut encore faire face au fusil, ce n’est pas simplement idéaliste c’est stupide. Ils sont prêts à en découdre, vous n’avez qu’à les regarder dans la rue, comme des chiens de gardes que l’on aurait pendant trop longtemps affamés. Et quand la laisse lâchera, je ne sais pas pour vous mais il est hors de question que je sois leur gibier.

 

Anouar. Tu vois Samira, il est là le problème. Si on reste, c’est vers ça que l’on va se diriger. Vers une foutue guerre civile et tu ne pourras pas l’arrêter ! Vers un bloc de haine qui s’écrasera contre un autre bloc de haine ! Parce qu’il ne reste plus que de la haine dans ce foutu pays. Tu veux d’une  guerre civile ? Eh bien pas moi. Vous voulez d’une guerre civile vous ? Et bien, vous n’aviez qu' à aller voter ! Si vous étiez allés voter, on ne serait peut-être pas là ! Vous comprenez maintenant l’importance de mettre un bout de papier dans une urne ! Le vote, oui le vote, on aurait pu éviter ce carnage, on aurait pu éviter tellement de choses ! Tout est politique, la façon dont vous parlez, la façon dont vous vous habillez, et ce qui est encore plus politique c’est le fait que vous êtes là à m’écouter ! Rendez-vous compte, vous n’avez plus le droit d’être inconscient, vous n’avez plus le droit d’être désintéressés. Même désavoués il faut continuer d’aller voter car si la politique ne change rien à vos vies de privilégiés, elle a encore un impact sur nos vies à nous.

 


Samira. Tu sais très bien que je ne cautionne pas et que je ne cautionnerai jamais la violence.

 

Anouar. Pourtant tu veux rester, tu veux te battre !

 

Samira. Ce n’est pas cette bataille là que je veux mener. Ce n'est pas une horde de haine, ni de violence que je veux mener mais plutôt une vague de pacifisme, d’ouverture et de tolérance que je souhaiterais voir s'abattre sur nous pour nous noyer chacun et nous obliger à renaître ! Tu ne comprends donc pas ? Une guerre civile, oui c’est peut-être vers ça que la France se dirige, des affrontements de rues, des explosions et le retour de la terreur mais ce n’est pas pour ça que je veux rester, c’est pour reconstruire ce qui a été détruit que je resterai. C’est pour faire en sorte de briser une bonne fois pour toute ce cycle de haine que je souhaite rester.

 

Anouar. Je ne comprends pas, je ne comprends plus rien. Ce pays est en train de couler et tu veux sombrer avec lui. 

 

On frappe à la porte 

 

Salim. Oh merde, ils sont là !

 

Anouar. Qui “ils” ?

 

Salim. La gesta … heu la police ! Ils ont surement dû nous mettre sur écoute.

 

Djamila. N’importe quoi. Pourquoi est-ce qu’ils nous mettraient sur écoute ?

 

Salim. Je n’en sais rien, moi. Pourquoi est-ce qu’ils tuent ? Ça n'a aucun sens non plus pourtant ils le font. 

 

Les coups sur la porte sont de plus en plus insistants.

 

Anouar. Taisez-vous et éteignez les lumières !

 

Voix derrière la porte. Mais c’est pas bientôt fini ce raffut ! Y’en a qui essayent de dormir !

 

Anouar. Qui est-ce ?

 

Voix derrière la porte. C’est Pierre, le voisin du dessous.

 

 

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