Vengeance

Les rues sont presque vides, la nuit est bien tombée. Quelques chérubins déguisés en fantôme, diablotin et autres mignonneries courent de porte en porte pour quémander les derniers bonbons, accompagnés de loin par quelques parents. Les habitants, comme chaque année, ont décoré les façades et les jardins. Fausses araignées géantes, citrouilles avec visages plus ou moins effrayants, mannequins pendus, projections de monstres, écriteaux aux messages sordides… S’ils savaient qu’un vrai démon se balade près de chez eux, Halloween prendrait une tournure différente.

Lorsque nous arrivons à la petite sauterie, j’aperçois plusieurs de mes camarades de classe dans le jardin de devant. Des cucurbitacées avec des découpes plus affreuses les unes que les autres décorent le péron. Ce dernier surplombe un faux cimetière : des mottes de terre ont été retournées et de fausses pierres tombales sont placées en tête des tas. Un sac poubelle, qui semble contenir un corps, est délaissé près d’elles. Un chaudron laisse échapper une brume verdâtre éclairée par un spot. Le rire des convives me parvient et me tord le cœur. Ils s’amusent, et je ne le supporte plus. Comment peuvent-ils rigoler impunément, être heureux, alors qu’ils me malmènent si souvent ?

— Calme-toi, Isobel. Ils vont moins se marrer dans quelques minutes.

Sourire ensorcelant aux lèvres, Eligol passe le bras par-dessus mes épaules et m’entraîne à ses côtés vers l’entrée. Je crois halluciner quand il se met à marcher en se dandinant presque, lançant des clins d’œil à la volée et braquant son index sur des personnes au hasard. Les élèves ont tous l’air effarés en nous découvrant. En même temps, ils ont souvent l’habitude de me voir seule, et ne pensaient sûrement pas que je me pointerais à la fête. Le démon se penche près de mon oreille pour murmurer :

— Souris, profite de leurs têtes d’ahuris. Allez, emmène-moi vers notre première victime.

Nous entrons dans la demeure où les enceintes crachent de la musique angoissante. De fausses toiles d’araignée tapissent les murs recouverts de draps blancs où des ombres qui bougent sont projetées. Il fait très sombre. Un feu de cheminée apporte un semblant de clarté, en plus des stroboscopes qui diffusent des lumières rouges.

Tous les regards se tournent vers nous et l’embarras me gagne. Je ne parviens pas à décrypter leurs émotions, entre dégoût de ma présence et envie d’être à ma place aux côtés du bellâtre. Mais je garde la tête haute et les dévisage. Des monstres en tout genre m’entourent : vampires, loups-garous, zombies, diables… Du moins pour les garçons. Pour ce qui est des filles, elles ont joué la carte de l’affriolant, déguisées en petites sorcières et démones sexy. Eligol fait un peu tache, habillé de manière tout à fait normale, toutefois, il attire l’attention rien que par l’aura qu’il dégage. Moi, j’ai revêtu avant de partir pour mon rituel une robe courte en fines mailles métalliques, faisant ressortir ma maigreur, et posé sur mon crâne une couronne de fleurs en aluminium. Jamais je n’avais autant forcé sur le maquillage, arborant un rouge à lèvres criard, des joues et des paupières orangées. Je me sens ridicule et pas moins affreuse que d’habitude.

— Honnêtement, c’est toi la plus jolie de toute cette assemblée. Je suis certain qu’en fait, ils sont juste jaloux de toi.

— Tu lis dans les pensées ?

Je ricane en lançant ma question, mais n’en mène pas large. Et si c’était vraiment le cas ?

— C’est un pouvoir intéressant, mais malheureusement, non. Par contre, je suis doué pour déchiffrer les comportements. Cesse donc de te tendre, relâche-moi tout ça.

Il presse ses doigts contre mon épaule dénudée et, après un tressaillement, je tente de respirer normalement. Mon souffle s’était tari sans mon consentement. Néanmoins, il se coupe de nouveau lorsque Zac, costumé en comte Dracula, s’approche de nous et s’exclame :

— Iso ! Bah alors, tu nous avais pas dit que tu venais et qu’en plus tu ramenais un… ton…

— Son petit-ami, Eligol. Et tu es ?

Alors que l’hôte décline son identité, quelque peu estomaqué par cette nouvelle, et que je ne pipe toujours pas mot, je sens ma magie s’animer. Un coup d’œil jeté à mon acolyte m’indique qu’il est en train de sonder son vis-à-vis. Une étrange chaleur s’insinue en moi. Mon petit-ami… Je sais qu’il a dit ça pour m’aider, mais ça me fait du bien. Je n’ai jamais eu de vraie relation et personne ne m’a jamais défendue. Je m’étonne de sourire.

— Dis-moi, Zac, ne serait-ce pas des cacahuètes enrobées de chocolats là-bas ? lance soudain Eligol en pointant du doigt un saladier rempli de ces confiseries. Tu les as comptés ? Tu sais s’il y a le même nombre pour chaque couleur ?

Le visage du vampire se décompose et il se précipite vers le bol en nous oubliant. Je constate la panique qui le gagne quand il l’empoigne et tourne la tête dans tous les sens, en proie à un grand désarroi. Il commence à fouiller dans les billes et à sortir les bleus une par une. Ses lèvres énoncent des chiffres en silence.

— Hey, mec ! Qu’est-ce que tu fous ?

Zac n’entend pas son pote et continue de compter frénétiquement chaque bonbon. Une sorcière percute la table où il est penché et les cacahuètes roulent par terre. Il se met à l'injurier et parcourt le sol à quatre pattes à la recherche des fugueuses. Il ressemble à un chat en plein quart d'heure de folie. J’interroge Eligol d’un regard appuyé.

— Tu auras compris que ce garçon a une obsession avec les chiffres. Il va tenter de conserver toujours le même nombre de boules de chaque couleur, mais pour ça il lui faut le chiffre de départ. Sachant que les invités piochent aléatoirement dans le saladier, il va passer sa soirée à compter et recompter chaque couleur. Il ne s’arrêtera que si je romps le maléfice.

— Ça va lui faire du mal ?

Le remords commence à poindre dans mon estomac qui se contracte. Je pince les lèvres, plus très sûre de mon envie de les voir souffrir.

— Tu aimerais ?

— Je… je ne sais plus.

— Ça va le rendre dingue, mais pas le tuer. Après, il est possible qu’il se mette à les manger pour faciliter la concordance des chiffres dans chaque couleur. Il risque une bonne indigestion et nous, on va s’poiler. Au suivant ?

L’enthousiasme d’Eligol devient contagieux. Après tout, ce n’est que le temps d’une soirée. Je scrute l’assemblée et remarque Margaux dans la cuisine ouverte avec sa meilleure amie Chloé. Elles lorgnent mon comparse avec de petits sourires en coin et bombent la poitrine. Je lève les yeux au ciel et souffle bruyamment. Le démon me donne un coup de coude en piaffant.

— Je parie que ces deux-là, elles te font la misère.

— T’as pas idée…

— Allons voir ça de plus près. Tu m’accompagnes ?

J'acquiesce et passe mon bras autour du sien, qu’il me propose. L’air de rien, nous nous faufilons jusqu’aux deux mégères. Le prétexte est tout trouvé, le punch nous attend sur le plan de travail. Eligol me sert un verre et m’embrasse sur la tempe.

— Lâche-toi ce soir, je veille sur toi. Et si jamais tu as des idées derrière la tête, on peut aussi s’éclipser.

Les filles sont abasourdies. Moi aussi, d’ailleurs. Vient-il de suggérer ce que je crois ? Il se penche vers mon oreille pour murmurer :

— Joue donc le jeu. Elles vont enrager. En plus, je pense savoir ce que peut être leur obsession.

Il dépose un baiser sur le coin de mes lèvres et un frisson me traverse de la tête aux pieds. Mes joues s’empourprent et un léger brasier se déclenche en moi. Je dois faire attention, je sens que mes pouvoirs n’attendent pas grand-chose pour échapper à mon contrôle. Si je ne me maîtrise pas, qui sait ce qui pourrait advenir de cette soirée…

— Iso, petite cachotière ! Je savais pas que tu avais un petit ami aussi mignon !

— Mesdemoiselles, enchanté. Eligol, pour vous servir.

J’écarquille les yeux quand il leur fait un baise-main. Le jeu du séducteur fonctionne à merveille sur ces pétasses. Elles se trémoussent en pouffant, ça me sidère.

— Dites, les filles, vous trouvez pas qu’il fait un peu chaud ?

Sa voix grave devient envoûtante et, même moi, j’en ressens les effets. Il commence à déboutonner sa chemise et nos victimes pâlissent. Elles ont l’air de suffoquer et portent une main sur leur ventre. Comme Zac, elles disparaissent aussitôt en courant. Une bouffée de chaleur s’empare du haut de mon corps quand le démon se tourne vers moi. Il me fait un signe de tête pour me proposer de les suivre. Nous nous frayons un chemin jusqu’à l’étage où nous les avons aperçus monter à toute vitesse. Une porte est close et nous y collons une oreille pour écouter. Alors qu’Eligol arbore un immense sourire ravi, moi, je rougis. Les gémissements qui me parviennent s’intensifient de seconde en seconde et, quand un cri de satisfaction s’échappe, ils reprennent aussitôt de plus belle.

— Qu’est-ce que…

— Eh bien, ces demoiselles sont en train de se donner du plaisir. Sauf qu’elles ne vont pas réussir à s’arrêter toutes seules. Des pensées obscènes les assaillent, sauf qu’elles ne supportent pas de les avoir. C’est le genre de nanas qui adorent allumer les garçons, mais qui n’osent pas aller plus loin. Ça se vante, mais ça ne fait rien. Alors si, elles se touchent, bien sûr, elles songent beaucoup au sexe, mais en privé, seules dans leurs lits. Chez elles, c’est quand même assez prononcé. Il n’a pas suffi d’un rien pour déclencher leur désir. Elles peuvent rester enfermées longtemps, par peur de sauter sur tous les mecs qu’elles croiseront et ainsi passer pour des… salopes ? Ce qu’elles ne veulent surtout pas. Le problème, c’est que là, il faut qu’elles assouvissent leur envie de…

— C’est bon, j’ai compris.

Je le coupe et préfère m'éloigner, gênée. Gênée et, en même temps, titillée. Certes, je n’ai jamais eu de rapports, mais ça ne m’a pas empêchée de découvrir mon intimité. Ce démon commence à me faire tourner la tête et à obscurcir mes pensées. Je jette un coup d’œil en arrière et l’aperçois toujours collé à la porte.

— T’as qu’à les rejoindre pour les aider, si t’as envie !

Il émet un léger rire et me rattrape d’un pas nonchalant. Sa paume trouve mon dos et il me raccompagne au rez-de-chaussée, tout en me glissant quelques mots.

— Elles sont mignonnes, mais inintéressantes. Je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Et cette nuit, je suis tout à toi, ne l’oublie pas. Bon, qui allons-nous martyriser, à présent ?

Nous effectuons le tour du salon. La majorité des élèves ne me portent jamais d’attention, ça ne change pas ce soir. Ils ne viennent jamais à mon secours quand je me fais harceler. L’évitement, l’ignorance, n’est-ce pas, finalement, une autre sorte de persécution ? Certains lorgnent quand même dans notre direction et murmurent entre eux. Je cherche Régis partout. En quoi a-t-il pu se déguiser ? J’en étais amoureuse lorsque je l’ai rencontré en sixième. Si au départ il était gentil avec moi, le revirement d’attitude qu’il a eu reste incompréhensible. Depuis, il n’arrête pas de me chambrer et m’affuble de surnoms stupides comme « Isobel la pas belle », avant de passer sur des phrases plus mesquines telles que « Fais attention avec ce vent, tu vas t’envoler », « Je plains ton futur mec, il risque de te briser en deux s’il y va un peu trop fort », ou encore, quand une fois j’ai fait croire en troisième que j’avais un petit copain : « Comment c’est possible, ça ? Delphine a personne et toi si ? En tout cas, fais gaffe à pas tomber en cloque, t’es déjà rachitique, le marmot pourrait te défoncer les entrailles en voulant sortir ! »

Je secoue la tête pour chasser les mots blessants qui refont surface et qui me serrent le cœur. Eligol doit sentir mon mal être, car il glisse son bras autour de ma taille.

— Alors, c’est qui l’enfoiré qui te met dans cet état ?

Je souris et me concentre pour le trouver. Je ferme les yeux et tente de faire abstraction du bruit ambiant. J’inspire profondément et souffle une formule de localisation. Ma vision devient floue. Je balaye l’assemblée du regard jusqu’à ce que je le repère, plus net que les autres. Le brouillard s’évapore et je le pointe du doigt. Nous nous dirigeons vers lui et Eligol le bouscule, le faisant renverser son verre.

— Hey, attention ! Tu peux pas regarder où tu mets les pieds ?

Le regard noir et enflammé que jette Eligol à Régis le fait taire instantanément. Il est impressionnant, en même temps, et surtout plus âgé. Bien plus âgé… Il recouvre néanmoins bien vite la parole.

— C’est un pote à toi, Iso ?

— C’est mon mec, en fait.

Sa mâchoire tombe. Il garde la bouche ouverte quelques secondes, puis retrouve ses esprits et reprend sa constance. Il passe la main dans ses cheveux blonds et claque sa langue sur le palais avant de lancer d’un ton mordant :

— Eh ben, tu lui as jeté un sort pour qu’il se mette avec toi ?

Alors que mes yeux commencent à brûler et que ma colère me picote jusqu’au bout des doigts, le démon empoigne le col du costume de pirate de mon attaquant.

— Dis donc, p’tit con, ta maman t’a pas appris à bien traiter les femmes ?

Régis le repousse et tente de lui tenir tête, mais il est trop tard.

— T’as remarqué à quel point c’est en désordre, ici ? Pas trop dur de résister à ce besoin incessant que tu as de tout remettre à sa place et de nettoyer ?

Mon bourreau blêmit, comme les autres avant lui. Il joue avec ses doigts et se mord la lèvre. Il piétine, puis finit par se ruer partout où il trouve du bazar. Et Dieu sait qu’il y en a, entre les chips étalées sur les tapis et les meubles, les gobelets renversés et les innombrables objets dont regorge la baraque.

— Bien, nous voilà débarrassés de ce mufle. Il est particulièrement détestable. Tu voudrais pas qu’on corse un peu les choses avec lui ?

— Non, non. Je pense qu’il en aura bien assez de devoir tout ranger toute la soirée.

— C’est vrai. Ça peut aller loin, la rue est dégoûtante… On ne risque pas de le revoir de si tôt.

Il porte son pouce et son index au menton et semble réfléchir. Cela ne me dit rien qui vaille. N’est-ce pas déjà assez ? Un petit attroupement s’est formé en haut des escaliers et on peut entendre des rumeurs circuler, accompagnées de rires moqueurs, sur deux lesbiennes en train de prendre leur pied depuis une heure. Les remarques vont bon train : « Si elles veulent, j’peux aller leur donner un coup d’bite ! », « Vous croyez qu’elles utilisent un gode ? », « Ça doit bien se bouffer la chatte ! » Des porcs. Je suis dégoûtée. Pourtant, une certaine satisfaction pointe le bout de son nez. Pour une fois, ce n’est pas de moi qu’on se fout.

Quant à Zac, il est en effet en train de se goinfrer de bonbons tout en poursuivant son comptage. Ses amis ont tenté de l’arrêter, mais il les a presque frappés, alors ils se tiennent non loin et le narguent en lui lançant quelques cacahuètes, afin qu’il recommence ses calculs. D’autres se divertissent en jetant volontairement des papiers par terre ou en déplaçant des choses pour que Régis repasse derrière eux.

Que vaut réellement l’amitié ? Je suis atterrée par tant de bêtise. Personne ne prend leur défense non plus, certains vont même jusqu’à quitter la fête sans un mot. Aucun ne mérite de considération. Ce sont des lâches. Je pensais que me venger me ferait plaisir, que de les voir aussi bas que terre me remplirait de joie. Pourtant, un profond dégoût pour la race humaine me submerge. Je sens le sol trembloter, signe annonciateur que mes pouvoirs se débrident. Je n’ai plus envie de me réfréner. Mon sang bouillonne et le feu de cheminée s’intensifie.

— C’est ça, déchaîne ta haine, ne lutte plus contre ce que tu es. Ils ne méritent même pas ta pitié, ce sont des êtres abjects.

Une rafale pénètre dans la maison et la met sens dessus dessous. J’entends Zachary et Régis hurler plus fort que les autres, mais n’y prête pas plus attention que ça. Leur trouble doit s’accentuer avec le bazar que j’engendre. La panique gagne les invités, le vent emporte tout et les flammes commencent à s’étendre sur le parquet en formant un cercle. D’un geste de la main, je ferme la porte d’entrée, empêchant quiconque de partir. Des fourmillements s’égrènent partout dans mon être qui frémit par la puissance qui m’envahit. Les cris d’effroi ne me parviennent plus, je deviens hermétique à toute émotion. J’avise du coin de l’œil Eligol, demi-sourire aux lèvres, les yeux rouges et le regard conspirateur. Il paraît plutôt satisfait de ce revirement de situation. Si une part de moi tente de calmer mon animosité, le démon à mes côtés attise ma fureur, comme si je m’imprégnais de sa perversion.

Un tourbillon de feu englobe les élèves terrifiés et je commence à perdre toute maîtrise. Ma tête me somme de mettre fin à ce carnage, toutefois, mon corps ne me répond plus, comme s’il était possédé par une force invisible. Tout un tas de signes me traverse l’esprit sans que j’en comprenne la signification. Mes lèvres bougent sans mon accord et prononcent des incantations qui me sont inconnues.

Soudain, tout se fige. Seuls le démon et moi-même pouvons encore nous mouvoir. Cependant, je me vide de toute énergie magique. Plusieurs adultes, hommes et femmes que je ne connais pas, entrent dans la maison. D’un claquement de leurs mains effectué de concert, les jeunes s'effondrent, inanimés, et le feu s'éteint. Aucun des nouveaux venus ne parle et je reste hébétée.

— Bon, je crois que nous sommes dans la merde.

Je porte mon attention sur Eligol, qui ne rigole plus. Un air sérieux assombrit son visage et il affiche un semblant de crainte. Alors que je veux lui demander ce qui se passe, une voix stridente, que je reconnais, se fait entendre.

— Isobel !

Je me raidis et du froid se répand partout à l’intérieur de moi. Mes oreilles bourdonnent  et mon regard se dirige vers la personne qui apparaît.

— Maman, qu’est-ce que…

Plus elle s’approche, plus je me sens perdue. Elle pointe un doigt accusateur sur mon complice et moi.

— Je peux savoir ce qui t’a pris d’utiliser tes pouvoirs devant ces gens ? Et toi, Eligol, dans quel merdier as-tu embarqué ma fille ?

Il roule des yeux et fait la moue, tel un enfant que l’on sermonne.

— Maria, je te signale que c’est ta fille qui m’a invoqué. J’ai juste répondu à son appel.

— Oui, bien sûr, ce n’est que pur hasard si tu te trouves ici. Je t’ai déjà interdit de t’approcher d’elle. Qu’est-ce que tu lui as raconté ?

Il lève les mains en signe de reddition et recule de quelques pas. J’en profite pour intervenir afin d’éclaircir un point :

— Maman, comment est-ce que… Tu… tu pratiques la magie ?

— Il va falloir que nous ayons une conversation, toi et moi. Mais avant ça, je dois m’occuper du démon. Va m’attendre dehors.

— Non !

— Isobel, ne discute pas !

Je tape du pied furieusement en grognant et me dirige vers la sortie. Eligol m’interpelle avant que je franchisse le seuil. Je me retourne et il me fait un signe de la main en guise d’au revoir.

— C'était un plaisir, princesse ! J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir pour…

— Hors de question que tu côtoies de nouveau ma fille, démon !

Il pince les lèvres et me lance un clin d’œil. Une fois dehors, la porte se referme brutalement derrière moi.

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arcadius
Posté le 03/12/2023
Salut,

J'ai bien aimé le développement de ce chapitre, notamment le moment où on réalise que le démon, comme on pouvait s'y attendre d'un démon, est en réalité mal intentionné. Je m'attendais à ce que cela finisse mal, mais Isobel a été interrompu. Visiblement, il y a beaucoup de choses qu'Isobel ignore, je verrais bien ce qu'on découvre au dernier chapitre.

à bientôt
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