Parfois, elle les voyait ensemble. Elle faisait tout pour les éviter. Pour ne pas se rappeler la vérité. Pour ne pas voir comment le désordre appelait au désordre. Comment les paumés appelaient aux paumées. Mais parfois, elle les voyait ensemble. Elle tombait sur leur amour au détour d’une photo. Elle le voyait, sa toxine dans les bras. Elle la voyait, portant ses vêtements, ses bijoux, son cœur.
Elle détestait ces photos. Et pourtant, elle les regardait toujours. Longtemps. Elle comptait les démonstrations d’amour. S’imaginait leurs mots doux. Leurs sentiments. Elle s’en rendait malade.
Elle le voyait, le visage au creux de son cou. Elle voyait ses lèvres sur la peau d’une autre. L’image prenait toute la place dans son esprit. Elle ne pensait qu’à ça. À eux. À leur prétendu bonheur. Leurs lèvres. Elle en tremblait la nuit. Elle en suffoquait la journée. Pour ses lèvres. Pour sa peau.
Et puis il revenait. Ouvrait ses bras. Et elle, ne lui demandait qu’une chose :
« Embrasse-moi dans le cou s’il te plaît ».
Alors il laissait glisser ses lèvres le long de sa peau. Au creux de son cou.
Et silencieusement, elle pleurait.