Pierre avança de quelques pas et salua les cinq cardinaux assis au fond de la salle sur des sièges à hauts dossiers en ébène dont l’assise était recouverte de velours rouge.
Les fenêtres du conclave étaient recouvertes par des bannières rouges, avec l’emblème des différentes castes.
— Bonjour Père Giovanna. Il est inutile de nous présenter. Vous savez déjà qui nous sommes ?
— Oui. Je vous connais vos seigneuries.
— Parfait. Commençons... (il se racla la gorge) … Depuis que vous êtes un Clerc de Michaël, vous avez œuvré à la bénédiction de créatures du Malin, tâche que vous avez accomplie avec brio.
Le cardinal, qui était assis sur le siège du milieu, se leva et commença à marcher lentement autour de Pierre. Le jeune capitaine le suivit du regard.
— Comme vous devez le savoir, les sept castes archangéliques ont subi d’importantes pertes, dont une majorité de généraux. De ce fait, plusieurs changements au sein des castes seront apportés à compter de ce jour. En commençant par les tenues que portent les castiens.
— Vous voulez dire que les deux bandes horizontales ne seront plus ? demanda Pierre avec un mélange de moquerie et d’étonnement.
— Oui. Elles disparaissent effectivement et sont remplacées. De plus, nous prévoyons beaucoup de promotions ainsi que des mutations inter-castes. Tout cela permettra de retrouver une stabilité et une cohésion dans ce moment de crise.
— Suis-je muté dans une autre caste ?
— Seigneur, non ! Vous êtes promu, Pierre. Vous pouvez dire adieu au jaune du capitaine pour arborer le rouge du général. Félicitations, Piero Francesco Giovanna, général des Clercs de Michaël.
Un silence digne d’un cloître pesa dans le Conclave.
Pierre eut comme un choc à l’écoute de cette nouvelle. Une promotion, qui plus est au grade de général, était la dernière chose à laquelle il s’attendait.
— Il suffit je vous prie ! s’écria une voix mûre que tous reconnurent dans le Conclave.
Les portes du conclave s’ouvrirent. Le Pape François apparut.
— Ouah ! Là, ils misent haut les vieux en soutanes ! pensa Pierre en voyant arriver le Pape.
— Non mon fils, ils n’étaient pas au courant de ma venue, dit le Saint Père par télépathie au Clerc.
— Vous êtes télépathe, relança-t-il avec un sourire jusqu’aux oreilles.
Le Souverain Pontife s’avança vers les cardinaux, qui le saluèrent avec tout le respect qui lui était dû.
— Messieurs les cardinaux, vous êtes ici pour relancer le projet MESSIAH sans m’en avoir averti au préalable. Et rien que pour cela j’impose une condition.
— Mais Saint Père…. Pourquoi êtes-vous là en personne ?
— Excusez-moi, je peux partir si je vous dérange ! dit Pierre avec un brin d’agacement dans le ton de sa voix.
Un cardinal s’approcha de Pierre, pendant que le pape et les autres cardinaux s’asseyaient. Il réprimanda le jeune général, pour son insolence envers le souverain Pontife. Le Pape François stoppa net le cardinal.
— Laissez-le, cardinal, ordonna-t-il.
Le souverain pontife demanda aux cardinaux d’expliquer brièvement à Pierre le projet MESSIAH, qui se résumait en trois points : Réunir une équipe pour agir sur des missions spéciales – Retrouver des jumeaux – Et les protéger d’une prophétie.
— Pa… Pardon !? Je ne fais pas dans le babysitting, rétorqua Pierre avec agacement.
— Je vous en supplie mon fils, c’est très important pour le Vatican et pour moi, dit le pape comme une prière qu’il adressait à Dieu.
Pierre sut qu’il était en présence du pape lui-même. François 1er le regarda en souriant discrètement.
— Très bien. Mais ce sera à mes conditions. Et je pense en avoir le droit.
Les cardinaux grognèrent dans leurs soutanes rouges et voulurent pester de nouveau contre le jeune général. Cela était à leurs yeux un manque de respect impardonnable.
— Je t’écoute Piero Francesco Giovanna, dit le Saint Père en stoppant les grognements des cardinaux d’un geste de la main.
— Merci votre sainteté. Voilà ! Je souhaiterais que Damien Merrin, Sergent des Assassins d’Uriel et Erica Hämm, sergent des Paladins de Métatron… (Pierre marqua une petite pause et reprit). Enfin, bref. Je les veux dans mon équipe.
— Accordé ! dit le pape
La réponse du Pape n’était pas du goût des cardinaux, mais ils n’avaient aucun pouvoir pour contrer la décision du pape.
— De plus, je souhaiterais que mon équipe et moi soyons libres de toute décision. On n’aura de compte à rendre qu’au pape lui-même ou à son camerlingue. Et pour finir, je prendrai aussi des membres d’autres castes pour étoffer l’équipe, voire même des gens extérieurs.
— Accepté aussi ! A partir de ce moment, je déclare que Damien Merrin et Erica Hämm sont affectés au projet MESSIAH. Pierre, j’espère que vous avez noté sagement tout ce que vous avez demandé sur une de vos tablettes de pierre.
Pierre et les cardinaux écarquillèrent les yeux de stupeur. Mais le clerc fit apparaître les tablettes.
— Maintenant votre sainteté ! Dites-moi votre condition, s’il vous plaît ? demanda Pierre
— En fait, je souhaiterais que vous accordiez à un très vieil ami à moi de faire partie de votre équipe. Si vous le voulez bien, mon fils.
— Qui donc ?
— Ian Campbell, Exorciste de Saraquiel. Vous avez dû en entendre parler.
— Saint Père ! Non ! Pas lui ! supplièrent les cardinaux.
La porte du conclave s’ouvrit. Un homme entra.
Du haut de son mètre quatre-vingt-douze, il avait une énorme balafre sur le côté gauche de son visage. Sa tenue était rouge et le symbole des Exorcistes de Saraquiel sur son torse était doré. Les couleurs indiquaient qu’il était amiral.
Cet homme était Ian Campbell, le légendaire castien.
— Bonjour messieurs les cardinaux.
— Oh Ian ! Merci d’être venu.
— De rien Jorge, dit Ian avec sourire
VINGT MINUTES PLUS TARD.
Les portes du Conclave s’ouvrirent de nouveau. Pierre et Ian s’approchèrent de Lucas, qui lisait un livre – Le Codex Demonis : volume 1. Le jeune prêtre ferma son livre, regarda les castiens avec admiration.
— Vous semblez ailleurs, monsieur Pierre !?
— Non, non. Ça va bien…. Ah ! Au fait Lucas… A compter de maintenant. Tu m’appelleras Pierre et je te prends comme disciple.
— Bonjour Lucas ! Enchanté. Je m’appelle Ian Campbell, salua Ian.
Les yeux de Lucas laissèrent échapper des larmes de joie. Son plus grand rêve se réalisa à cet instant. Pierre devint son mentor. Le clerc lui tendit un mouchoir qu’il prit pour s’essuyer les yeux.
— Désolé monsieur… Euh…. Pierre.
— Très bien, Père Lucas ! Allons à l’administration pour officialiser tout ça et récupérer des documents !
Lucas marqua un bref arrêt et regarda Ian.
— Qu’y a-t-il Père Lucas ? demanda Pierre.
— Nous allons chez les Clercs et Monsieur Ian est un Exorciste donc je pense que ça risque de ne pas plaire.
— Il suffit juste de se téléporter au bureau du Père Benoît.
Pierre le regarda avec un sourire. Il pensa au fait que Lucas lui faisait penser à lui-même à son âge. Dans un craquement, ils se téléportèrent tous les trois et arrivèrent à l’administration.
Père Benoît sursauta sur sa chaise à leur apparition.
— Rebonjour à vous Père Giovanna et Père Lucas. Et mes salutations, Maître Campbell. Pas trop longue cette réunion avec les cardinaux !?
— Bof. Toujours aussi sadiques et vicieux pour des vieux hommes de foi.
La porte du bureau d’administration s’ouvrit. Un prêtre mesurant dans les un mètre quatre-vingt-cinq et ayant la carrure d’un rugbyman à la Sébastien Chabal, entra et poussa violemment Lucas, qui s’écrasa sur le mur à sa droite.
— Pierre. C’est quoi ce bordel ? Que fait un « Saraquiel » avec ? Tu veux une raclée de ton colonel de castes. Et depuis quand laisses-tu un apprenti te suivre ?
Pierre prit une lente inspiration. Puis expira. Il se retourna et leva la tête afin de voir le visage de la brute.
Ian aida Lucas à se relever. Le jeune disciple essuya sa tenue.
Le père Charles regarda Lucas, puis Pierre ainsi que Ian. Et sourit à pleines dents.
— Alors Pierre ! Tu t’adoucis pour laisser un moucheron te suivre comme si tu étais de la m…..
— Ecoute Charles ! Coupa Pierre. Primo : le moucheron se prénomme Lucas. Secundo : C’est mon disciple…
Tous les prêtres présents, restèrent sans voix.
Tous, chez les Clercs de Michaël savaient une chose importante : Pierre avait juré qu’il n’aurait jamais de disciple.
— Alors comme ça, tu as un disciple ! Tu te ramollis à ce que je vois. Ton œil blessé. Le moucheron comme disciple. Et je présume que le Saraquiel sera ta soubrette.
A cet instant, une lumière jaillit de la main de Pierre. Un sabre en bois apparut. Il embrassa le cou de Charles, qui commença à trembler.
— Tertio : Ne dis plus… jamais… du mal de mes amis… Que ce soit Ian ou Lucas. Sinon, je jure solennellement au nom du Seigneur que tu le rejoindras directement sans escale chez St Pierre.
— D’accord Pierre… Je… Je ne recommencerai plus.
— Et enfin : la soubrette comme tu l’appelles c’est Ian Campbell.
Le sabre disparut après une nouvelle illumination de sa main.
Il tourna le dos au Père Charles. Pierre souffla et retrouva son calme.
— Benoît. J’aimerais que tu me donnes le formulaire par rapport à Lucas. Et le dossier, sur la mission que m’ont confiée les cardinaux.
— Tout de suite Général Pierre
— Comment ça, général ? interrogèrent Charles et Lucas.
Le Père Benoît ouvrit le coffre se trouvant derrière son bureau et en sortit un dossier aussi épais qu’un parpaing de bâtiment.
Le dossier était en cuir vieilli et en avait l’odeur. Une lanière épaisse, scellée à la cire, le fermait.
— Oui ! Le Père Pierre Francesco est, à compter de ce jour Général des Clercs de Michaël.
Charles sentit de la colère et de la jalousie monter en lui. Il tourna les talons et sortit en claquant violemment la porte de l’administration. Lucas, quand à lui se sentit encore plus fier d’être disciple d’un GENERAL.
Pierre demanda à l’administrateur, pourquoi le Père Charles est-il en vie…. Le Père Benoit répondit simplement qu’il était en mission aux Etats-Unis et il en a profité pour aller voir sa famille proche.
Il donna les documents, les nouvelles tenues de Général pour Pierre et de Disciple pour Lucas, ainsi que le dossier de mission.
Pierre et son disciple prirent le tout. Lucas emboîta le pas de son mentor, suivi d’Ian. Benoît les salua. Puis ils refermèrent la porte, retournèrent dans le hall.
— Je pense qu’il faudrait que j’aille dans le Hall des Exorcistes récupérer ma nouvelle tenue. Et j’aurais une faveur à te demander.
— C’est la journée des faveurs. Qu’elle est donc cette faveur ?
— Acceptes-tu que deux de mes anciens disciples soient dans le Projet Messiah ?
— Ecoute, dis-leur de nous rejoindre à mon appartement dans Rome. Je t’enverrai par Sms l’adresse.
— Merci Pierre.
— Je te téléporte devant ta caste si tu le désires.
— Oui, ce serait cool de ta part.
Ian disparut dans la seconde.
Pierre remplaça, par magie, les tenues actuelles par les nouvelles avec le nouveau symbole des Clercs. Ils avancèrent jusqu’au Hall principal. Pierre arborait la tenue d’un Général des Clercs de Michaël. Noir et rouge en étaient les couleurs. Quand à Lucas, Il avait la tenue d’un Disciple des Clercs de Michaël. Noir et symbole violet, en étaient les couleurs.
Tous les clercs présents dans le Hall saluèrent solennellement Pierre.
Le général demanda à son disciple d’aller chez lui, afin de préparer l’arrivée d’Ian et ses anciens disciples. Lucas accepta et demanda à Pierre s’il allait chez Sven le forgeron des Castes. Pierre répondit que c’était là où il allait. Lucas lui demanda de récupérer sa commande, si cela ne le dérangeait pas.
Pierre sourit et se rendit à l’armurerie. Un grand homme blond, à l’allure d’un guerrier viking, qui donnait l’impression d’avoir été élevé dans les fjords, l’accueillit.
— Bonjour Père Giovanna.
— Bonjour Père Sven.
— Félicitation pour votre promotion.
— Merci.
Le père Sven se retourna et prit une longue boite, qui se trouvait sur une étagère. Il la déposa ensuite sur l’étal, qui séparait les deux prêtres. Sven ouvrit la boîte dans laquelle se trouvaient deux sabres en ébène. Comme l’avait demandé le jeune général. Le forgeron rappela que ce serait l’unique et dernière fois qu’il ferait de la menuiserie, car il était forgeron et non, ébéniste.
— Ne vous inquiétez pas, Père Sven. Ce sera juste pour cette fois…. Tant que j’y pense, avez-vous l’arme qu’a commandée Lucas ?
— Oui voici. J’ai utilisé le reste d’ébène pour confectionner une boîte de rangement pour ces petits bijoux.
Sven prit une boîte en bois noir sur laquelle il avait gravé Lucas. Il l’ouvrit pour montrer l’arme choisie par le jeune disciple.
— Des chakrams !? Intéressant, dit Pierre étonné
— Comme vous dites. Cette arme n’est plus trop utilisée de nos jours.
Père Sven referma la boîte et la donna au jeune général. Pierre la récupéra, ainsi que ses sabres, et sortit de l’armurerie.
Il quitta le Hall des Clercs de Michaël et prit l’ascenseur. Il arriva au Poste des Gardes Suisses.
Les gardes suisses présents s’écartèrent pour laisser le passage au général des clercs. L’un des gardes le regarda avec une telle intensité, que cela donnait l’impression qu’il voulait l’étriper sur place.
— Maledetti Chierici di Michael. Godetevi. Il vostro fine è iniziata.... (Maudits Clercs de Michaël. Profitez bien. Votre fin a commencé.... en italien) pensa le garde suisse.
Le Père Giovanna continua son chemin sans prêter la moindre importance à la menace du Garde Suisse. Il sortit son téléphone et envoya un SMS à Ian pour lui indiquer son adresse : « 6 Borgo Santo Spirito, Roma » puis se téléporta chez lui.
Il vivait dans un immense appartement en bordure du Vatican. La superficie prenait un étage entier de bâtiment. Le mobilier semblait être très ancien hormis le sublime canapé en U qui décorait le salon, sur lequel Lucas potassait le dossier sans avoir remarqué l’arrivée de son mentor.
L'atmosphère est dense, chargée de secrets et de tensions.
J'aime particulièrement la manière dont tu introduis les éléments fantastiques dans un cadre religieux. On ressent la puissance du Pape François à travers ses interactions avec les cardinaux et Pierre. L'arrivée d'Ian Campbell apporte une nouvelle dimension à l'intrigue.
J'espère que la suite sera aussi mystérieuse !