— Je suis arrivé Lucas. Et je vois que tu as pris tes marques. C’est une bonne chose.
— Oui Pierre. Et vous savez quand arrive Ian et ses deux anciens disciples ?
La sonnette retentit. Lucas enjamba le canapé et s’approcha de la porte. Pierre ouvrit.
L'amiral des Exorcistes de Saraquiel était accompagné de deux jeunes sergents, Juan et Kristof, qui étaient ses deux anciens disciples.
— Qui est qui ? demanda Lucas
Ian les présenta.
Juan était un jeune hispanique aux cheveux d’ébène. Quand à Kristof, il avait les cheveux blancs avec deux mèches châtains, à chaque tempe.
Pierre se présenta, à son tour, suivi de Lucas. Juan et Kristof finirent les salutations et les présentations. Ils prirent tous place sur le canapé.
Lucas commença les explications des données du dossier « PROJET MESSIAH », qui lui semblaient importantes.
— Nous devons retrouver des jumeaux, Cyril et Daniella qui ont été séparés à la naissance, pour les protéger d’une prophétie. Car ils seraient des « Archémons », le fruit de l’union d’un archange et d’un démon. En gros, l’Enfer et le Paradis veulent s’en servir pour détruire l’autre clan. Mais vu leur esprit étriqué, je pense aussi qu’il souhaiterait les détruire.
Pierre regarda Kristof qui semblait plus préoccupé par sa tablette que par la mission.
— Dis Kristof, si tu préfères jouer sur ta tablette au lieu d’écouter, tu peux te lever et sortir, gronda Pierre.
— Laisse-le, Pierre. Il fait déjà des recherches sur les données qu’il écoute. Il est comme ça, rétorqua Ian.
Lucas poursuivit.
— D’après nos données, Daniella serait à New-York. Elle aurait été adoptée par une famille de Pasteur. Quand à Cyril, il semblerait qu’il soit au Tibet.
— Ont-ils des signes particuliers ? Quelque chose qui pourrait nous aider à les retrouver ? demanda Juan avec un petit accent espagnol.
Lucas sorti une photo sur laquelle on voyait deux bébés aux yeux vairons, bleu et rouge.
L’un des bambins avait une mèche noire et pour l’autre, elle était blanche.
— Je cherche des images sur New-York ou casier judiciaire voire autre, si l’on voit une fille correspondant à ce signalement, dit Kristof.
18H24 – ROME – APPARTEMENT DE PIERRE
Pierre regarda l’heure sur la pendule du salon. Il demanda à son disciple et les deux sergents de continuer l’analyse du dossier. Le général se leva et demanda à Ian de le suivre dans la cuisine.
Ils entrèrent dans la cuisine, se trouvant en face du salon.
Elle était équipée, comme sur une photo de cuisine moderne avec une touche d’ancien, que l’on trouve dans les catalogues de décoration.
— Tu sais cuisiner, Ian ?
— Bien sûr, je connais quelques trucs.
— C’est parfait ! Tu vas m’aider à préparer le diner de ce soir. Et en même temps, on va parler de l’équipe que nous allons former.
Pierre appréciait l’idée d’avoir quelqu’un comme Ian dans son équipe. Son avis, ses connaissances et son expérience étaient des atouts importants pour la formation de leur équipe.
Pierre expliqua à l’amiral, que c’était par pur orgueil, qu’il avait demandé que Damien et Erica rejoignent l’équipe. Ian comprit très bien le jeune général, car le pape l’avait indirectement imposé pour des raisons similaires.
Ian raconta à Pierre que le souverain pontife était un ancien Exorciste de Saraquiel et de plus, un de ses anciens disciples. Ce qui ne manqua pas de surprendre le père Giovanna.
Pierre sortit deux planches à découper et deux couteaux en céramiques à lame noire. Il donna un de chaque à Ian. Le Michaël donna des oignons, et des herbes à son partenaire.
— Peux-tu émincer les oignons et les herbes aromatiques, s’il te plaît ? demanda Pierre.
— Bien sûr.
— Dis-moi, Ian. Quel âge as-tu ?
— Laisse-moi compter…. Mmmmm…. 2610 ans si je ne me trompe pas.
Pierre lâcha un MI SCUSI (PARDON en italien), qui résonna dans la cuisine et dans le salon. Lucas demanda s’il y avait un souci en cuisine. Son maître le rassura.
Pierre alluma le brûleur de sa gazinière FRATELLI. Il sortit une marmite d’un placard, la remplit d’eau puis la mit sur le feu. Il n’arrêtait pas de répéter l’âge d’Ian dans sa tête. Il essayait de s’en remettre. L’amiral souriait en voyant la tête de Pierre.
Pierre alla au frigo pour sortir un morceau de viande de bœuf. Il l’attendrit puis la coupa en petits morceaux.
Pierre demanda à Ian qui il lui conseillerait en tant que « Pèlerin de Raphaël », de la caste des soigneurs. Ian pensa à une femme qui avait quitté les « Pèlerins » il y a plus de deux ans, mais personne ne savait où elle se trouvait actuellement.
— Elle est douée ? demanda Pierre
— Oh que oui. A ma souvenance, elle ne détient pas moins de sept diplômes de médecine. De plus, elle se bat comme une diablesse. D’après certaines rumeurs, elle considère le champ de bataille comme sa « salle d’opérations » et que ses armes seraient des instruments médicaux modifiés pour le combat.
— Elle est parfaite. Tu penses qu’elle reprendrait du service ?
— Je ne sais pas. Il faudrait une certaine motivation et surtout la retrouver.
— Bah demandons aux jeunes. Faut qu’ils fassent leurs armes car je présume qu’ils ont leur promotion de sergent aujourd’hui ?
— Tu es doué Pierre.
Ils finirent de préparer le repas tout en discutant des différences, en rapport avec de potentiels futurs membres du projet MESSIAH. Ils retournèrent dans le salon, se mirent à table et demandèrent aux jeunes de les rejoindre.
Une fois tous assis, Pierre et Ian commencèrent par expliquer leur programme pour le projet MESSIAH.
— Alors, verdict ? demanda Juan.
— Il nous faut recruter trois castiens en urgence. Et nous avons les noms.
— Lesquels ? interrogea Kristof.
— Qui est le troisième ? S’extasia Lucas tout en dégustant ses pastas.
Pierre se racla la gorge. Ian essuya la sauce de sa barbiche.
Ils expliquèrent qu’il faudra persuader Damien Merrin, ensuite retrouver Fadoul NGaro pour la faire revenir chez les Pèlerins de Raphaël…
— Et si on demandait à sa partenaire sur plusieurs missions ? Elle pourra peut-être nous aider, dit Kristof en montrant une photo de la femme en question sur la tablette.
Pierre éclata de rire à la vue de cette photo. Les larmes coulèrent sur ses joues.
— Que t’arrive-t-il Pierre ? demanda Ian qui semblait dérouté de voir le Père Giovanna dans cet état.
— C’est…. C’est elle…, dit Pierre entre deux fous rires.
— Qui ça, elle ? demandèrent Lucas, Juan et Kristof en chœur.
— Ah d’accord. J’ai compris, dit Ian après un déclic dans sa tête.
L’amiral des « Exorcistes de Saraquiel » se mit à rire lui aussi devant l’incompréhension commune de Juan, Kristof et Lucas.
— Et vous avez compris quoi ? C’est qui cette fille, Maître Campbell ? demanda Juan sur un ton d’agacement.
Kristof éclaircit ses camarades en disant que cette femme se nomme Erica Hämm. Elle est sergent des « Paladins de Métatron ». Pierre ajouta que c’était l’une des trois personnes à recruter.
— Ah d’accord. Je comprends mieux. Et elle est où, cette demoiselle en détresse ? demanda Juan en regardant intensément la photo d’Erica après avoir arraché la tablette des mains de son partenaire.
Pierre se leva et s’approcha de Juan. Il descendit sa tête sur l’épaule du jeune exorciste. Il lui dit quelque chose à l’oreille, tout en prenant la tablette et la rendant à Kristof.
— Pour pouvoir la conquérir ce sera par la force. C’est une viking. Donc passe ton tour Dom-juan.
— Je n’ai pas besoin de force pour la vaincre. Il me suffira de la toucher une seule fois, rétorqua Juan d’un ton assuré.
— En es-tu sûr ? Prouve–le ! Suis-moi.
Pierre sortit de l’appartement et monta les escaliers. Arrivé au dernier étage il emprunta l’escalier qui menait au toit. Juan le suivit de près. Arrivé en haut, Pierre fit craquer son cou et ses doigts.
— Si tu es si sûr de toi, oblige-moi à poser un genou au sol avant que le soleil ne se couche. Et tu auras peut-être une chance de battre Erica.
— Ce sera tout Général ? Alors sortez votre arme. Et allons- y.
Ian, Lucas et Kristof arrivèrent sur le toit. On sentit de l’électricité dans l’air. Le disciple de Michaël voulut s’approcher. Mais Ian l’en empêcha. Juan se sentit bête car il n’avait pas son arme sur lui. Pierre lui lança l’un des sabres en ébène que lui avait fabriqué le Père Sven.
Pierre disparut dans un petit craquement, laissant à sa place une petite étincelle. Juan le chercha partout sur le toit mais ne le vit nulle part. Ian sourit et dit le nom de son ancien disciple.
Mais c’était trop tard.
— Bonne nuit Juan.
A ce moment-là, Pierre réapparut derrière Juan et l’électrisa jusqu’à l’évanouissement. Avant qu’il ne tombe, le clerc rattrapa le jeune homme. Puis le porta.
Il rejoignit les trois autres mais Kristof disparut de la même manière que Pierre. Il se retrouva derrière le général et tenta de l’électriser. Mais Pierre eut le réflexe de recouvrir son corps d’une couche de Terre afin d’amortir l’électrisation.
— Kristof, arrête tout de suite, ordonna Ian avec un ton sévère.
— Pardon Père Giovanna, dit le jeune sergent en faisant la moue.
— Pas de soucis, mon grand. C’était malin quand même de ta part.
Ils retournèrent dans l’appartement. Pierre déposa Juan sur le canapé.
Pierre prit son téléphone fixe et rechercha dans son répertoire : ERICA HÄMM. Il appuya sur l’icône d’appel. Au bout de quatre sonneries, quelqu’un décrocha de l’autre côté de l’appel.
Pierre commença la conversation en norvégien et reprit en français.
— Erica Hamm enhet (Erica Hämm à l’appareil en norvégien)
— God kveld Erica, er at Peter. Jeg har ikke noe imot ?
— Bonsoir Pierre. Non tu me gènes pas. Je viens de sortir prendre l’air.
— J’ai appris pour la perte tragique qui frappe ta famille.
— Merci. Que me vaut cet appel ? Tu as des soucis ?
— Non pas des soucis. J’ai besoin de tes services de manière permanente.
— Comment ça ? De manière permanente ?
— Voilà : les vieux en soutane m’ont chargé d’une mission importante. Pour cela, je dois composer une équipe pour retrouver des jumeaux pour les protéger d’une prophétie. Et de plus je voudrais savoir si tu sais où se trouve Fadoul N’Garo ?
— Rien que ça. Et tu as pensé à moi. C’est cool de ta part. Et tu as pensé à Damien, aussi je présume.
— Tout à fait. Et pour Fadoul ?
— D’après ce que je sais. Elle serait à La Nouvelle Orléans. Elle est fan de Jazz. Il faut que je te rejoigne où ? Sachant que les cérémonies pour le décès de ma mère auront lieu demain. Je serai disponible après, genre, le lendemain.
— On se rejoint à New-York. Je t’enverrai l’adresse de notre hôtel si tu veux.
— Bonsoir Erica, c'est Pierre. Je ne te dérange pas ?
— Oui ce serait bien si tu veux qu’on se retrouve.
— Je te remercie Erica. Pierre raccrocha.
Ian s’était posé sur le canapé pour lire. Kristof continua ses recherches sur l’ordinateur de Pierre, dont il avait piraté le mot de passe. Juan commença à émerger en ayant le corps engourdi. Quand à Lucas, il fit la vaisselle. Pierre prit une forte inspiration.
— Lucas, Kristof et Juan, allez à la Nouvelle Orléans pour chercher Fadoul. Quand à Ian et moi, Nous allons en France, chercher Damien Merrin. Ensuite on se retrouve à New- York. Erica nous rejoindra là-bas.
Ian ferma son bouquin et aida Juan à se relever. Lucas sortit de la cuisine à l’écoute des consignes.
— Je réserve deux avions privés. Un pour Paris et l’autre pour la Nouvelle Orléans, dit Kristof.