Verset 05: Les jumeaux, partie 02 : Le caducée de l'ange d'ébène

20 MAI 2013 – 20H – NOUVELLE ORLEANS.

 

— D’après Wikipédia : La Nouvelle-Orléans (New Orléans en anglais, parfois surnommée NOLA) est la plus grande ville de l'État de Louisiane, aux États-Unis. Comptant 343 829 habitants et 1 167 764 dans son aire métropolitaine, selon le recensement fédéral de 2010, la ville est située sur les bords du Mississippi, non loin de son delta, sur les rives sud du lac Pontchartrain. Les limites de la paroisse d'Orléans, l'une des 64 paroisses subdivisant l'État de Louisiane, correspondent à celles de la ville. Sa vie culturelle riche, ancienne et vibrante lui vaut le surnom de Big Easy. Berceau du jazz, La Nouvelle-Orléans est marquée par l'héritage colonial français, que l'on retrouve aussi bien dans la toponymie que dans l'architecture ou les traditions locales….

— Et Wikipédia sait comment retrouver cette Fadoul Ngaro, Lucas !? demanda Kristof

 

Ils sortirent de l’avion, puis de l’aéroport. Quand Kristof fut brutalement percuté par une femme à la peau d’ébène, des tresses et un bandeau sur les yeux. Elle s’excusa et continua sa course car deux hommes aux oreilles pointues la poursuivaient. Lucas remarqua tout de suite que c’étaient des vetâlas. Sans comprendre comment il pouvait le savoir. Mais comprenait pas le pourquoi de cette course-poursuite.  Juan fit signe aux deux autres de monter dans le taxi qu’il venait d’appeler. Les deux sergents et le disciple de Pierre montèrent.

 

Le téléphone de Lucas sonna.

 

— I'm outta time and All I got is four minutes, eh ! I'm outta time and All I got is four minutes, eh ! I'm outta time and All I got is four minutes, eh ! I'm outta time and All I got is four minutes, eh…

 

Juan eut un sourire moqueur, en écoutant l’intro de 4 Minutes de Madonna résonner du téléphone du disciple. Kristof tapa derrière la tête de Juan pour le calmer. Lucas vit que c’était Pierre qui appelait.

 

— Oui Pierre.

— Vous êtes arrivés à la Nouvelle Orléans ? demanda le maître.

— On sort de l’aéroport. On s’apprêtait à prendre un taxi pour le vieux carré français.

— Je voulais vous dire que Fadoul avait deux signes bien particuliers : elle a un bandeau argenté sur ses yeux et elle a l’art de s’attirer des problèmes avec des créatures ou personnes soi-disant inoffensive.

— C’n’est pas vrai….

— Que se passe-t-il, Lucas ?

— On a croisé cette femme ou plutôt, elle a percuté Kristof et elle était poursuivie par deux vetâlas.

 

Lucas raccrocha et sortit du véhicule, pour voir s’il pouvait la pister.

 

Mais cela semblait impossible avec toute cette foule. Kristof sortit et expliqua à Lucas qu'il pouvait la pister. En effet l’un de ses « pouvoirs » était de retrouver toute personne avec laquelle il avait été en contact dans les trois dernières heures écoulées. Et par chance, cela ne faisait même pas une demi-heure qu’ils avaient croisé Fadoul.

 

Juan resta dans le taxi et partit.

 

— Où va-t-il ? demanda Lucas

— Manger un morceau. Il n’a pas encore digéré sa cuisante défaite contre Pierre, sourit Kristof. Allons retrouver cette Fadoul.

 

Kristof et Lucas suivirent la route qu’elle avait probablement empruntée dans sa fuite. Ils quittèrent Airport Road et prirent W Napoleon Avenue. Kristof s’arrêta devant le Lafreniere Park et dit à Lucas « elle est à l’intérieur et elle se bat ». Ils entrèrent et suivirent le Downs Boulevard.  Du jazz dansait dans leurs oreilles, qu’un son bien particulier parvenait à couvrir, celui d’un combat.

 

Coup de poing, croc en jambe, chute.

 

Kristof s’arrêta et demanda à Lucas ce qu’était un vétala.

— Le vetâla est une créature qui peuple les cimetières de la mythologie indienne. Le terme vetâla est généralement traduit par « vampire ». Toutefois, contrairement aux créatures décrites dans le folklore européen, le vetâla n'est pas un suceur de sang. Il s'agit d'un esprit qui prend possession d'un cadavre n'ayant pas reçu d'obsèques. Et il se nourrit de la psyché. De la volonté ou de la créativité, répondit Lucas

 

Les deux jeunes garçons arrivèrent au bord du petit étang et virent la femme qui était potentiellement Fadoul, se battre contre les deux vetâlas. Ils ne savaient pas quoi faire.

 

Lucas eut une idée.

 

— Fadoul NGaro ! cria-t-il comme un damné.

 

Les vetâlas se retournèrent, s’approchèrent des garçons et les soulevèrent comme s’ils étaient de vulgaires brindilles. Quant à la femme, elle resta figée et commença à bouger ses lèvres.

 

— How do you know my name? Pardon…. Comment connaissez-vous mon nom ?

 

Un troisième vetâla apparut, attrapa Fadoul et l’immobilisa. Et dans un amas de fumée violacée, ils disparurent comme si de rien était. Puis réapparurent dans un cimetière. Celui qui immobilisait la femme la lâcha et la plaqua au sol. Kristof et Lucas était encore maintenus par les deux autres. Ils n’arrivaient pas à s’en défaire.

 

L’exorciste attrapa la main de Lucas et lui fit un signe de la tête. Et en un instant, ils assenèrent un coup de pied aux créatures, qui les lâchèrent de surprise. Et dans un petit craquement sonore, les deux garçons disparurent. Kristof avait reproduit la technique que Pierre avait utilisée sur le toit contre Juan, à Rome.

 

— Where are they ? (Où sont-ils ? en anglais) demandèrent les deux vetâlas avec étonnement.

— Find them… Now! (Retrouvez-les… Maintenant! en anglais) ordonna le troisième avec autorité.

 

Les deux vetâlas se séparent pour les chercher. Le chef regarda Fadoul au sol et lui demanda, pourquoi elle avait tué son père, alors qu’elle devait le guérir. Elle répondit que c’était impossible de le sauver. De colère, il lui donna un coup de pied. Et lui ordonna de se relever.

 

Elle se redressa et lui fit face.

 

De leur côté les garçons étaient réapparus sur le toit d’un mausolée à quelques mètres du vetâla et Fadoul.  Ils cherchèrent un moyen de ne pas se faire remarquer tout en sauvant l’ancienne « Pèlerin ». Lucas sortit ses chakrams. Kristof ferma les yeux et essaya d’analyser la configuration du cimetière afin d’optimiser leur chance de réussite dans leur tâche ardue.

 

— Je n’arrive pas à comprendre pourquoi des pseudos vampires hindous s’attaquent à elle et surtout…. Que font-ils à la Nouvelle Orléans ? s’interrogea Lucas.

— Je ne sais pas mais notre mission est de la ramener coûte que coûte. Donc c’est ce que nous allons faire ?

— Bonjour les boys ! dit une voix avec un léger accent hindou.

 

Lucas et Kristof tournèrent la tête et virent un homme chauve à la peau couleur caramel, qui portait la tenue des Châtieurs ainsi que leurs couleurs noir et orange.

 

Un colonel.

 

L’homme pointa du doigt les deux vetâlas morts, décapités et qui commençaient à se dissoudre, dans une allée adjacente du mausolée sur lequel ils étaient postés.

 

— Pas le temps de vous expliquer en détail, je suis envoyé par le pape lui-même pour vous aider pour le projet Messiah. Allons sauver Fadoul de cet idiot de vetâla.

 

Il sauta du toit et s’approcha de Fadoul et de Fëanor.

 

Fëanor était le vetâla qui s’en prenait à Fadoul. D’après lui, elle aurait détruit l’esprit de son maître. Mais Fadoul nia catégoriquement cela. Elle l’avait juste aidé à s’en aller. De par sa qualité de médecin, elle avait écouté la dernière volonté de son patient, qui était de le laisser partir pour le royaume des cieux.

 

— Qui es-tu misérable humain ? demanda Fëanor.

— Atul Somesvar, ton juge et ton bourreau. Car tu as violé une des lois de neutralité qu’ont signée les vampires. Celle qui vous interdisait de poser les pieds dans un territoire d’un autre clan vampire.

— Oui mais cette femme a tué notre maître.

 

Fadoul expliqua que Maedhros vivait ses derniers instants sur Terre car son esprit avait enfin trouvé la paix, et par respect pour cet homme, elle l’avait laissé rejoindre les cieux. Elle ne l’avait pas tué. C’était à l’encontre de ses principes et de ses convictions.

 

Fëanor, fou de colère, attrapa la tête de Fadoul et commença à lui aspirer sa psyché. Fadoul hurla de douleur. Ses lèvres commencèrent à noircir. Fëanor lâcha la femme qui vacilla et perdit l’équilibre. Mais Atul la rattrapa à temps, pour qu’elle ne se blesse pas.

 

— Fëanor ! Au nom des Châtieur de Banaël. Je vais te condamner et exécuter la sentence ultime. La mort. Prépare- toi à périr de mes haches. Mais avant, il y a une chose qui m’intrigue. Où est ton gardien ? demanda Atul.

— Mon… gardien est déjà là.

 

Dans un grondement aussi puissant que le tonnerre, un rakshasa à tête de panthère apparut. C’était une créature humanoïde qui avait une autre particularité au niveau des mains : ses pouces étaient placés à côté de ses auriculaires.

 

Le démon attrapa Fadoul et l’envoya violemment contre le mausolée, sur lequel se trouvaient Lucas et Kristof. Le disciple et le sergent sautèrent pour récupérer Fadoul dans les gravats, après son choc contre le mur.

 

Le rakshasa se jeta en un éclair sur les deux jeunes garçons et les assomma avec brutalité. Il leur avait donné un coup de poing à chacun. On entendit des os craquer sous le choc de l’attaque. Atul trancha la tête de Fëanor et fonça sans réfléchir sur la bête.

 

— Péris sous mon courroux ! cria Atul.

 

La bête eut le temps de se retourner et tendit sa main pour faire apparaître un bouclier magique de la main gauche, sur lequel le châtieur rebondit, il tomba sur une tombe derrière lui. Atul cracha du sang et se mit à sourire en essuyant sa bouche. Le rakshasa semblait ravi de voir son adversaire se relever et se préparer à la suite du combat. Son bouclier était toujours actif. De la main droite, il fit jaillir des arcs électriques très puissants en direction d’Atul, qui les esquiva. Mais pas la pierre tombale qui explosa.

 

Atul assembla ses deux haches et allongea le manche, pour devenir un trident, puis fonça sur la bête. Le rakshasa augmenta le rayon de son bouclier magique, mais cela ne suffit pas car le trident traversa le bouclier et se planta dans sa main gauche.

 

— Maudit chrétien. Grooaarrr. Je vais dévorer ton cadavre ainsi que celui de tes compagnons !

— Euh, navré ! je ne suis pas chrétien mais hindouiste !

 

Atul retira violemment son trident de l’épaule du rakshasa, qui hurla de douleur. Le cri de la bête fit trembler les tombes avoisinantes. Le châtieur planta son arme au sol et se souleva à l’aide du manche pour donner un coup de pied au visage de la bête. Mais celui-ci attrapa la jambe d’Atul en lui enfonçant ses griffes dans les muscles du mollet.  Puis dans un mouvement violent, lui fit lâcher son trident et le fracassa brutalement au sol. Atul sombra dans l’inconscience avant même de ressentir une quelconque douleur.

 

Le rakshasa laissa Atul au sol. Et se retourna pour aller s’occuper de Fadoul et des deux jeunes. Cependant les deux castiens et la femme avaient disparu. Il regarda tout autour de lui.

 

Quand soudain, dans un petit craquement sonore, Kristof apparut et frappa violemment la bête au visage puis disparut. Lucas lança son chakram, qui alla se planter dans le dos du rakshasa.

 

— Maintenant les jeunes ! je vous conseille de quitter cette zone. Je vais entamer une procédure chirurgicale, dit Fadoul.

 

Elle avait dans sa main une épée qui avait la forme d’un bistouri. Fadoul annonça au rakshasa que l’intervention serait la dernière qu’il vivrait sur cette Terre avant de rejoindre les Enfers, qui l’attendaient. Elle fonça sur la bête, et commença à lui trancher les poignets, afin de lui ôter ses facultés manuelles. Puis s’accroupit pour trancher ses tendons d’Achille. Le rakshasa ne pouvait plus se tenir debout et s’agenouilla.

 

La bête ouvrit la bouche, dans laquelle une étincelle apparut. Fadoul comprit qu’il voulait lancer un souffle électrique. Alors elle réagit en lui tranchant la gorge.

 

Dans un crachat morbide et sanglant, la bête s’écrasa au sol et mourut.

 

Fadoul se retourna et regarda Kristof et Lucas. Elle leur demanda qui ils étaient et comment ils connaissaient son nom. Lucas lui expliqua qu’ils étaient là pour la recruter, pour une mission spéciale du Vatican. Et qu’elle devrait reprendre son statut de Pèlerin de Raphaël. Fadoul rigola à pleine gorge.

 

— J’ai été, je suis et je resterai une Pèlerin de Raphaël. J’ai juste pris un congé sabbatique.

— Alors pourquoi avez-vous disparu pendant près de deux ans ? demanda Kristof

— J’avais une affaire personnelle à résoudre. Et depuis hier, c’est réglé.

 

Elle s’agenouilla à côté d’Atul et posa ses mains sur le corps du châtieur. Lucas et Kristof lui demandèrent ce qu’elle faisait. Elle expliqua qu’elle le soignait car elle avait un pouvoir de guérison assez développé.

 

Atul ouvrit les yeux et s’étonna de ne ressentir aucune douleur, mais une immense fatigue. Il se releva et sentit que son corps était lourd. Fadoul lui expliqua qu’elle l’avait soigné mais que la contrepartie était une fatigue immense qui partirait après une bonne nuit de sommeil et un bon repas. Il la remercia chaleureusement.

 

DEUX HEURES PLUS TARD.

 

Ils étaient dans la Balcony Room du French Quarter Hôtel. Kristof appela Juan dans la chambre mais sans réponse. Il se dit qu’il a dû aller faire quelques courses.

 

Atul s’allongea sur l’un des lits et demanda qu’on le réveille pour le dîner, puis s’endormit, tout de suite, de fatigue. Lucas appela le room service pour réserver une table pour cinq personnes.

 

— Alors qui vous a envoyé pour me retrouver ? demanda Fadoul qui commençait à se déshabiller.

— Pierre Francesco Giovanna, général des Clercs de Michaël, qui est aussi mon maître, répondit Lucas.

— Et pourquoi moi ?

— C’est Monsieur Ian qui a proposé votre nom à Pierre. Et ensuite ils ont appelé Erica, qui a émis l’hypothèse que vous seriez ici, répondit Kristof.

 

Fadoul entra dans la salle de bain et tourna les robinets de la douche. Elle rouvrit la porte et dit au garçon qu’elle les accompagnerait auprès de Pierre et Ian. Et alla sous la douche.

 

Kristof et Lucas s’assirent à côté de la petite table ronde, qui se trouvait à côté d’une des grandes fenêtres. L’exorciste essaya à nouveau, d’appeler Juan au téléphone mais tomba sur son répondeur et lui laissa un message.  Lucas sortit un ordinateur portable et le posa sur la table. Il tapa : « PFG01 » dans la case mot de passe pour activer son PC.

 

Fadoul ressorti en T-shirt et jean. Car avant d’arriver à l’hôtel, ils avaient fait un petit détour par chez elle pour récupérer ses affaires. Elle ouvrit son sac de voyage et sortit sa tenue des Pèlerins de Raphaël.

 

— Allons manger. Et après on réservera les billets pour notre prochaine destination, ordonna Fadoul qui avait repris son statut de colonel en remettant sa tenue de Pèlerin.

 

Kristof réveilla Atul. Lucas finit de taper son mail, l’envoya à Pierre et arrêta son ordinateur. Puis ils sortirent tous les quatre de la chambre pour descendre diner.

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