L’écriture est pour moi
Un chaos harmonieux
Pas un besoin, Dieu m’en préserve !
Mais un lieu, pour ressources et réserves
De la multitude informe qui m’informe de son mieux
De ce que je ne sais pas sur moi,
Ce que je saurais plus tard
Mon mariage avec le Néant
Et son sabre saillant
Vainqueur de mille et un instant
Où advient le Céleste Jugement
Scribe et poète au premier rang
Je m’y trouve jeune César
Une responsabilité à la main
Une plume d’oie aussi, un destin
Qui pèse sur ces million de grains
Dans le sablier de sable
Fin.
Ou plutôt… très fin
Comme les paillettes d’aurore
Grises secouées par les aigrettes dont les corps
Se meuvent, étirés par l’espace, languis par le temps
Et surtout marqué par l’impasse du lent gîte charlatan
Promettant la gloire ; lucide ostensoir
Transformé en déboire, terne reposoire
Semblable à une fable recluse
Que personne n’arrive à croire
Chose dont on s’excuse…
Pas.
Et pourtant, sur mon papier bleu
Le charbon est taillé
Pape à Fontainebleau
Ou Seigneur de ma Comté
Je ne suis qu’écrivain le soir
Pour honorer l’aurore de mon sommeil
Tandis que mon écarlate robe noire
Attise son envie et l’émerveille
Divine pierre rare
M’éblouit de son sylvestre phare
De cent différentes couleurs
En forme de cent miraculeuses fleurs
Elle, divine pierre rare
Moi, écrivain le soir
Cherchant désespérement
Un peu de lumière en ce champ d’ossement
Pour atteindre le plein air, pour toucher l’osmose
Ecrivain et écrit
Ma main et mon cri
S’unissent enfin
Pour l’infini
Sans début ni fin.
L’écriture est pour moi
Un impérieux requin
Dieu me préserve si ce fut un besoin
Mais au contraire une rage de satin
Pour happer ce fruit défendu
Par ce maigre défunt dieu romain
Semblable au visage de Satan
Qui doucereux, pointe un vil chemin
Quel perfide taquin !