Un bain, une tresse, une robe un peu courte, mais qui lui plaisait quand même, et les petites chaussures plates qu'elle aimait tellement qu'elle ne voulait plus en porter d'autres. Ambre sortit de sa chambre en coup de vent et dévala l'escalier.
― À ce soir !
― Fais attention sur la falaise.
― Promis !
Et elle déposa, dans le creux de la joue du vieux, un baiser d'oiseau. En l'espace d'une seconde, elle avait refermé la porte, laissant son père rire seul avec son livre qu'il regardait sans lire.
En un rien de temps, elle était sur la place du village et s’engouffrait par la porte de la boutique du cordonnier.
L'intérieur était sombre. Il y avait des étagères couvertes de paires de chaussures neuves, et un comptoir où un homme d'un certain âge semblait occupé à remplir un cahier. Sa contenance était stricte, son visage fermé, il mit du temps à relever la tête pour saluer Ambre et quand il le fit, sa figure ne changea pas d'expression. Ambre se sentait toujours mal à l'aise avec les gens qui ne laissaient pas transparaitre leurs émotions.
― Bonjour... je pourrais voir Ilann, s'il vous plait ?
L'homme la toisa pendant des secondes qui lui parurent une éternité. Puis, d'une voix qui la fit sursauter, il éclata :
― Tu serais pas la gamine qui vient de ressusciter ?
― Euh...
― Qu'est-ce que tu lui veux, à Ilann ? Il a assez à faire comme ça.
― Juste, vous pourriez lui dire...
― Il va travailler tard, ce soir, il nous a fait perdre assez de temps à jouer l'intéressant avec son violon.
Ambre, inconsciemment, se mit à pianoter sur le comptoir du cordonnier. Elle sentit que l'homme en face d'elle s'impatientait aussi.
― Dites-lui que je l'attends dehors. S'il vous plait.
Elle eut un sourire éclair et crispé que le cordonnier ne lui rendit pas, préférant la suivre du regard derrière ses lunettes rectangulaires, alors qu’elle se dirigeait vers la porte.
― Attends.
Ilann était accouru, le père se mit à protester, mais il l'ignora, posa sa main sur celle d'Ambre, qui était déjà sur la poignée, la prit dans la sienne, ouvrit la porte et la tira hors de la boutique.
― Une heure. Je reviens dans une heure, je fais le plus vite possible.
― D'accord.
Il avait pris ses deux mains dans les siennes et détaillait les traits de son visage d'un oeil mobile et illuminé. Il ne dit rien, tout à la joie de savoir qu'elle était revenue pour demander à le voir. D'abord un peu gênée, elle se laissait regarder, puis elle prit conscience qu'elle pouvait tout autant que lui profiter de cet instant pour l'observer. C'est quelque chose qui se fait rarement, prendre le temps de considérer quelqu'un, en profondeur, et se laisser voir de la même manière. Ilann et Ambre avaient réappris à regarder, à écouter, à sentir. C'est grâce à cela qu'ils parvenaient à être à ce point présents l'un à l'autre, que leurs corps s'étaient serrés comme à l'approche de la grève, une vague se soulève, que leurs lèvres se posaient au hasard et maladroites là où elles voulaient, sans qu'ils ne fassent cas de ce qui tournait autour d'eux.
― Ton père va bien?
― Il va bien.
― Tant mieux. Attends-moi, d'accord.
Et puis il ajouta avec un sourire espiègle :
― Ne t'approche pas de la falaise entre temps.
Elle eut un rire qu'elle trouva bête et le réfréna du mieux qu'elle put. La main d'Ilann replaçait une mèche folle derrière son oreille et c'était comme si tout ce qu'il touchait prenait feu.
La porte s'ouvrit à la volée. Le cordonnier surgit et laissa éclater sa voix autoritaire. Ilann posa un baiser rapide, mais ferme, sur les deux mains d'Ambre et rentra dans la boutique, la laissant toute étourdie sur le pas de la porte.
Deux âmes qui se cherchaient se sont trouvées, avec beaucoup de douceur, de respect, de profondeur, de tendresse. Son fils vient de permettre à une fille de ressusciter et il l'oblige à travailler à la boutique ? Méchant !
Ambre est revenue à la vie, ça n'a pas l'air de surprendre grand monde xD Au vu du titre de ton histoire, j'ai tendance à penser que la musique du violon a réussi à la faire revenir à la vie...
La relation entre Ilann et elle qui s'amorce semble bien sympathique, la fin approche.
Je vais lire la dernière partie de ce pas !
Et je t'ai noté quelques détails sur ton texte :
- "dans le creux la joue du vieux" - il manque un mot, non ?
- "Il y avait des étagères couvertes de pairs de chaussures neuves" - une paire
- 5 fois le verbe "attendre" quand elle parle avec le père d'Ilann et après.
- Pas mal de répétition du verbe "regarder" dans ton dernier gros paragraphe.
Pas que ce soit très grave ces répétitions mais ça alourdit ton joli texte.