I . VIII
Le matin se levait à peine. Murano était encore enveloppée de brumes lorsque le « gong » fatidique et cuivré poussa sa plainte, fondant depuis ses hauteurs perchées dans le ciel nuageux.
Les souffleurs prirent sans y penser le chemin de l'église, qu'ils dépassèrent, puis de l'entrepôt où ils commenceraient leur travail de la journée. Le trajet effectué à l'aveuglette n'avait pas été très long, mais le soleil avait eu le temps de se lever. La troupe de souffleurs dépassa la tour basse où devait déjà se trouver le directeur - il était presque toujours sur place avant tout le monde, à l'exception de ces jours où il disparaissait sans laisser de traces et ne refaisait surface qu'au lendemain.
Ils entrèrent dans l'entrepôt et trouvèrent les fours déjà chauds. Les braises ne dormaient que d'un œil et chantaient un petit air crépitant pour se tenir éveillées entre voisines. Ils ne furent pas surpris. Aussi loin que remontaient leurs souvenirs de jeunes employés, ils avaient toujours trouvé les fours prêts le matin, n'attendant qu'une minuscule étincelle pour regagner toute leur ardeur. Ils se disaient que c'était un effet de la bonté du directeur. Mais c'était plus une plaisanterie, qui passait de bouche en bouche, qu'une véritable certitude. Non, il était plus probable que M. Galladun ait d'autres réseaux de travailleurs chargés de faciliter l'entrée en scène des souffleurs. Ranimer un feu de cette ampleur n'était pas une mince affaire. Il fallait s'y mettre au beau milieu de la nuit si l'on voulait qu'il soit efficace à l'aube. Ou alors on ne l'éteignait pas, dans ce cas la tâche était moins ardue mais il fallait le veiller toute la nuit, l'alimenter en bois, le contrôler. Oui, quelqu'un devait être payé pour s'en charger à leur place et leur épargner cette fatigue supplémentaire. Cette solution leur plaisait.
En fait elle flattait surtout leur ego, mais ils en avaient bien besoin.
Une fois arrivés dans l'atelier, les souffleurs les plus aguerris se dirigèrent droit vers les fours à pot pour y créer leurs paraisons, masses de verre destinées à brûler dans la chaleur démentielle. Les plus jeunes, ceux qui n'étaient encore que des adolescents, s'empressèrent d'aller chercher les divers outils dont les artisans auraient ensuite besoin. Il y avait la cuiller de bois, qu'ils humidifièrent légèrement, et où l'on tournerait plusieurs fois la boule de verre incandescente pour lui faire prendre une forme bien lisse et propre. Puis les fers, utilisés pour manier plus en finesse les contours du futur objet. Deux jeunes garçons avaient déployé une grande toile rectangulaire au fond de l'atelier et la laissèrent mollement retomber sur une planche. Ils y saupoudrèrent ensuite du métal de couleur : le cobalt, le fer, l'argent et le manganèse qui se mélangeaient en teintes de bleu, de vert ou de pourpre dont les orbes s'étalaient peu à peu, livrés à l'air qui les portait dans leur voltige multicolore et les reposait avec douceur sur la surface du voile. Quelques grains d'arc-en-ciel s'échappèrent pour venir se perdre dans les cheveux déjà humides des apprentis.
À présent, mailloche en main, ceux-ci attendaient que le verre soit fin prêt pour venir se plonger dans la poudre de métal et s'habiller de lumière.
Galladun, depuis sa tour, entendait très clairement les voix paresseuses et les cliquetis d'instruments provenant de l'atelier, et il s'en délectait. Comme chaque matin il avait tendu l'oreille, prostré sur son bureau, et ses tympans avaient suivi ce même schéma répétitif : le silence matinal, puis la cloche, et enfin l'arrivée de ses employés. Cela lui faisait presque l'effet d'une berceuse. Une berceuse qui préparerait l'entrée du dormeur dans la réalité, qui démolirait les songes un à un et y substituerait le vrai monde. C'était une succession de bruits qui avaient rythmé ses jours depuis sa plus jeune enfance. Il songeait qu'il était semblable à ses souffleurs, sur ce point au moins ; eux aussi devaient s'être confectionné un balancier interne basé uniquement sur ces trois sons. Le silence. La cloche. Et puis soudain le grondement de l'atelier, les voix, le feu et et le métal. Le brouhaha du travail, en somme.
Il pensait, en fait, connaître assez bien ses employés dans l'ensemble. Il avait tout de suite su par exemple que ce petit détail des fours entretenus pendant la nuit leur plairait. Il s'était amusé à garder le mystère. Parfois il en laissait glisser un ou deux mots, à première vue irréfléchis, mais en fait soigneusement triés sur le volet et choisis pour faire pleinement mouche. Puisqu'il n'avait pas l'intention de faire revenir les salaires à leur taux plein – ou plutôt, comme il se plaisait à le penser, au taux-et-demi dont avait profité cette bande de fainéants pinailleurs pendant trop longtemps - il les laissait bien volontiers se gorger d'orgueil mal placé et contribuait de temps en temps à l'entretenir. Pour l'instant cela marchait plutôt bien.
Il songea qu'il devrait se mettre à la recherche d'un jeune homme pour combler l'absence de Luca. Il pensa tout à coup qu'il l'avait eu à son service pendant presque cinq ans. Une longue période. Le garçon s'était toujours montré froid et muet comme une carpe envers ses collègues. Très travailleur, cependant. Mais Galladun ne l'avait jamais apprécié. C'était peut-être bête à dire, mais c'étaient ses yeux, plus que tout autre chose, qui l'emplissaient d'ennui et de mépris. De petits yeux perçants qui avaient toujours respiré l'insubordination. Non, Luca ne s'était jamais montré désobéissant dans ses actes. Il aurait été le dernier des imbéciles. Mais ce regard fuyant et les éclairs de colère qu'il lançait parfois, lorsque sa cible faisait mine de tourner le dos, avaient toujours souverainement déplu à Galladun. Et à bon nombre de souffleurs : de manière générale, Luca n'était pas quelqu'un d'apprécié.
Galladun se frotta les paupières. Au début ça n'avait été qu'une vague image et une toute aussi vague idée, mais à présent le fil de ses réflexions le menait bien trop loin et s'étirait en longueur. Cela ne lui plaisait pas. Maintenant, il devait au moins se dire qu'il était libéré de ce souci. Luca était parti. Il devait être en route pour Milan, comme l'avait exigé le duc Visconti… et ensuite…
Galladun savait, bien sûr, que Venise et Milan n'étaient plus officiellement des alliées. L'une et l'autre, sous l'emprise de nouveaux dirigeants aux aspirations trop semblables, avaient à présent rompu tout contact diplomatique connu et se faisaient la guerre à l'intérieur des terres italiennes. Ce serait à qui remporterait le plus de victoires militaires et gagnerait le plus de territoires. Les choses ne se présentaient pas bien pour Venise, qui venait tout juste de décapiter un de ses généraux. Le comte de Carmagnola. On l'avait accusé de s'être rangé aux côtés de Milan en échange d'une promesse, celle de récupérer le duché à la mort de son actuel dirigeant - car la lignée directe des Visconti n'avait hérité que d'une fille illégitime. On avait finalement exécuté Carmagnola le cinq mai au petit matin.
Malgré tout cela l’Établissement fonctionnait encore et des enfants y étaient régulièrement envoyés. Un peu moins, peut-être, depuis que la guerre battait son plein. Le passeur, Ronan, était mort. Quelqu'un d'autre s'en chargeait maintenant. Là-bas, les enfants apprenaient leur futur métier. Une fois leur formation terminée, au terme d'un travail plus ou moins acharné selon les prédispositions naturelles de chacun, ils revenaient à Murano et étaient payés pour mettre en pratique tout ce qu'ils avaient appris. Galladun se disait qu'ils leur offraient une chance inestimable. Ils les trouvaient dans la rue, gamins misérables, sans aucune promesse d'avenir, et leur permettaient de devenir l'un des piliers essentiels de la société. Sans eux le ghetto se serait déjà enfoncé dans la contamination, la maladie, et la mort. Il ne resterait plus un chat.
Galladun esquissait tout juste un sourire lorsqu'il entendit un coup frappé à la porte de son bureau. Dans l'ombre des pierres il se releva brusquement, s'étirant de toute sa hauteur. Puis il attendit car il n'était plus vraiment certain d'avoir rien entendu.
Il fut bientôt forcé de se rendre à l'évidence : quelque chose se déroulait au dehors. Il percevait des cris épars et des martèlements. Non plus de métal : de bottes. Les coups revinrent avec plus de force et d'insistance. Puis on appela :
— Au nom de la Sérénissime, ouvrez !
Galladun se raidit. Au nom de la Sérénissime… ce n'était pas n'importe quelle phrase, et il le savait. C'était la sommation des mercenaires du Conseil.
Tous les souffleurs sans exception avaient quitté leurs fourneaux dans l'urgence pour voir leur directeur se faire traîner hors de son domaine au bras des mercenaires. Galladun avait poliment ouvert la porte menant à son antre. Ils avaient voulu l'empoigner, il s'était défendu, à l'aide de paroles plus que de gestes car il tenait à sa dignité. À quoi le Coneil s'était-il attendu en lui envoyant son bras armé ? En tout cas, c'était bien mal le connaître. Le directeur n'était pas un guerrier. Physiquement, il était même plutôt faible. Les mercenaires avaient tout naturellement gagné la bataille et l'avaient gratifié au passage d'une petite estafilade sur la joue droite, causée par un de leurs poignards au manche frappé d'un soleil rayonnant.
Galladun résolut de se laisser faire. Il était conscient de la présence de ses employés mais ne leur adressa pas la moindre attention. Il ne leva même pas les yeux, les gardant résolument fixé sur ses pieds, qui avaient du mal à s'accorder à la vitesse de ses ravisseurs et traînaient parfois lamentablement derrière-lui, comme s'il était déjà réduit à l'état de cadavre.
« Violation du Code », avaient-ils dit, lorsqu'il avait voulu savoir de quoi on l'accusait. Il ne mit pas longtemps à comprendre. Violation du Code. Quelqu'un de mal intentionné devait savoir qu'il avait fait sortir un souffleur du ghetto… quelqu'un qui lui voulait beaucoup de mal. Un nom s'imprima de lui-même contre ses paupières.
Danila Deontan.
Il s'était fait avoir.
Les mercenaires le firent entrer à Venise. Leur mission était terminée, à présent. Pour Galladun, c'était autre chose. On l'avait laissé à la merci de deux gardes de la République et son calvaire ne faisait que commencer. On le traîna jusqu'au palais des Doges en le forçant à emprunter de minuscules ruelles, aussi tortueuses que désertes et bien choisies : personne ou presque n'eut le loisir de le voir passer. Son emprisonnement restait donc secret. Combien de nobles et de politiciens n'étaient pas tenus au courant de sa disgrâce ? Venise était la pire des comploteuses : pire que lui, pire que tous ceux dont elle avait pris la vie pour trahison.
Les gardes le firent entrer par une porte dérobée à l'arrière du palais, débouchant directement sur un couloir humide uniquement éclairé par une rangée de soupiraux à hauteur de leur tête. Ils marchèrent longtemps. À mesure de leur progression, des portes de plus en plus décorées et fastueuses les invitaient à franchir leur palier pour rejoindre la promesse d'une salle vaste et accueillante, croulant sous le luxe. Mais ils ne s'arrêtèrent pas et bifurquèrent dans un couloir plus étroit, perdant de vue la surface dorée de la vie ducale. Ils regagnèrent la naissance d'un escalier plongé dans l'ombre. Une ambiance irréelle habitait l'endroit, troublée par les lointains échos du quotidien qui remuaient l'immense bâtisse tout autour d'eux, et leur parvenaient encore : boutades entre serviteurs, bribes de discussions échangées à voix basse entre politiciens pressés, bruits de déambulations rapides. Tout ceci en était presque rassurant. Seulement Galladun, face à l'escalier dont une volée montait dans les étages et l'autre descendait jusqu'aux entrailles du palais, savait qu'une atmosphère de mort régnait en maîtresse dans les cellules du bas. Son cœur bondissait dans sa poitrine, ses pensées se teintaient d'une panique grandissante. Il avait un mal fou à se contrôler. Une larme de nervosité coula jusqu'à son menton et il ricana bêtement, levant une main secouée de tremblements pour l'essuyer.
Le moment était venu de savoir quel poids cette atmosphère aurait sur lui et quelle chance il avait encore de survivre. Il voulait se faire des illusions malgré les chefs d'accusation qui pesaient sur ses épaules : oui, tout pouvait basculer, à cet instant précis. Les gardes durent percevoir son impatience effrayée car ils firent mine de se concerter.
— Qu'est-ce que t'en penses, toi ? En haut ?
— Sais pas. Me souviens plus trop de ce qu'on nous a dit. C'était pas plutôt en bas ?
— Non... oh non, un homme si respectable !
Ils éclatèrent de rire et l'un d'eux le gratifia d'une accolade, avant de le tirer vers l'escalier du bas. Galladun, horrifié et furieux, s'entendit les supplier de ne pas le faire descendre. Il eut peine à se reconnaître dans ces accents ; il avait l'impression d'assister à l'arrestation de quelqu'un d'autre, en témoin distant. Il s'était perdu lui-même.
Bien sûr, les gardes avaient emprunté la pire des options possibles. Même terré sur Murano, Galladun avait toujours mis un point d'honneur à se tenir informé du fonctionnement de Venise. Il n'avait jamais considéré cette éventualité avec sérieux mais s'était toujours dit que s'il devait être arrêté un jour, pour affront à l'autorité, pour délits ennuyeux, il serait certainement conduit vers la prison des Plombs, sous le toit du palais des Doges. L'air y était étouffant et insupportable en tout temps. Mais aux yeux de la République, les prisonniers que l'on y enfermait n'avaient pas commis d'entorse aux règles assez grave pour mériter la mort. La vie n'y était pas facile mais encore teintée d'espoir.
De toutes autres cellules avaient été aménagées sous le palais, coupées de lumière. Tout se voyait livré à l'eau croupissante de la marée qui s'immisçait parfois entre les barreaux des maigres soupiraux, ouverts à à ras de terre. Les pieds engloutis sous la moisissure des vagues, les prisonniers étaient privés de tout. On les oubliait. On les mettait là dans l'attente du jour où Venise aurait le bon plaisir de se souvenir d'eux et de les conduire à la salle de torture, plus par jeu que par réel nécessité, dans bien des cas.
— Salut, geôlier, lança un garde à l'attention de la silhouette étirée devant la porte des prisons. Comment ça va aujourd'hui ?
— Oh, pas trop mal.
La voix était si détachée, si tranquille que Galladun en eut le tournis. Il ne pouvait pas se trouver devant la porte des prisons, c'était impossible ; et cet homme n'était certainement pas le geôlier. Non, tout ceci n'était qu'une hallucination. Un cauchemar sans réalité aucune.
Un sourire se dessina dans le noir et l'imposant geôlier déverrouilla la porte, puis il s'effaça pour les laisser s'engouffrer par la mince ouverture. Une odeur immonde prit aussitôt Galladun à la gorge et lui imprima un mouvement de recul. Il gémit de dégoût, pris d'un haut-le-corps. La puanteur était telle qu'elle semblait insuffler dans l'air immobile une vaste tapisserie de brume, qui lui piquait les yeux et les narines.
Derrière, un garde et le geôlier parlaient à voix basse. Ce n'était guère plus qu'un murmure, dont il ne put rien comprendre mais qui le plongea dans une peur-panique extraordinaire. Il fallait sortir d'ici, il ne pouvait pas rester. Le décor basculait, sans qu'il sache s'il tombait dans l'inconscience ou si le monde extérieur se désagrégeait en vagues de sensations incompréhensibles. Son cœur tambourinait dans sa gorge et l'étouffait un peu plus à chaque contraction. Il suffoqua, battit l'air de ses bras comme un pantin pris de folie. L'angoisse lui recouvrit les yeux et, durant une poignée de secondes, il ne vit plus que le noir.
Il sentit tout à coup la main d'un garde se refermer sur ses doigts et les serrer, si fort qu'il poussa un hurlement.
— Ça te tiendra éveillé au moins. Avance, maintenant. Pas que ça à faire.
Au fin fond des prisons, le calme était impressionnant. Les trappes menant aux cellules arrivaient à hauteur de hanche, plaques de bois solides et renforcées au fer, dotées de lourdes serrures. Les vagues murmuraient leur litanie étouffée, de temps en temps accompagnées d'un ou deux soupirs qui traversaient l'épaisse couche des murs pour se glisser dans le couloir. On conduisit Galladun à la toute dernière cellule. Il dut s'agenouiller et y pénétrer la tête la première, les deux paumes plaquées au sol. Les restes de la marée dernière l'inondèrent jusqu'au poignet. On lui administra un coup de pied pour le faire entrer plus vite. Il s'affala sur le ventre et avala une pleine gorgée d'eau croupie. Les gardes lui jetèrent des phrases dont il ne voulut pas comprendre le sens et refermèrent la trappe, le laissant parfaitement seul.
Il s'était finalement allongé sur un tas de paille et avait fermé les yeux. Il avait pensé à son vieux père mort, cet homme si sévère qu'il n'avait jamais vraiment apprécié mais qui lui avait tout légué et presque tout appris. Cet accès de faiblesse ne lui ressemblait pas, il le chassa d'ailleurs bien vite de son esprit. Ni vu, ni connu. La souffrance peignait un ballet de rouge et d'orange sous ses paupières, une marée qui dansait et évoluait en balancements insupportables. N'y tenant plus, il se releva. La paille sur laquelle il s'était couché était d'ailleurs imbibée d'eau pourrie.
Au fil des heures il avait tout de même sombré dans le sommeil, assis à même le sol contre une des parois et le visage levé vers le plafond. Il évoluait dans une succession de rêves, qu'il franchissait comme une série de portes le menant sur toujours plus de pièces vides, d'où suintaient de tous côtés une odeur de chair calcinée et un crépitement avide. Plus il courait, plus le goût âcre de l'ignition lui emplissait la gorge.
Un bruit de fer le tira de son rêve. Malgré la fatigue, il comprit très vite qu'il était revenu dans le monde réel ; il lui fallut en revanche un certain temps pour saisir plus en détail ce qu'il se passait. Sa cellule était ouverte. Quatre hommes se tenaient dans le couloir dont un devait être le geôlier qui rangeait le trousseau de clefs à sa ceinture dans un léger tintement. Galladun rampa en chancelant près de l'ouverture pour mieux apercevoir le visage des visiteurs. Il y avait un garde. Les deux autres étaient engoncés dans leur toge lumineuse et le premier tournait le dos à Galladun. Il ne put voir que la couleur de leurs cheveux : grisonnante pour l'un, celui qu'il voyait de dos ; et blond vénitien, à la limite du roux pour le deuxième.
— … laissez m'en charger !
— Et pourquoi ferais-je une chose pareille ?
— Il suffit !
— Mais enfin, vous ne…
— Je ne veux plus rien entendre. Souvenez-vous de qui je suis, Sori, et de qui vous n'êtes pas encore. Garde, raccompagnez le seigneur Sori au Palais des Dix.
La chevelure rousse se recula d'un pas et ricana. Son propriétaire ne partit pas avant d'avoir lancé quelques menaces et autres indignations, d'un ton plus narquois qu'offensé. Puis il suivit le garde hors de la prison. Entendre le bruit de leurs pas acheva de réveiller Galladun tout à fait. Il se redressa avec peine et tenta de se relever. L'homme en toge pénétra difficilement dans la cellule, une main devant la bouche. Galladun ne vit pas bien son visage. Il prit conscience de cette lueur bleutée provenant du dehors et indiquant qu'on était très proche de la nuit. Le nouveau venu ne fut longtemps qu'une silhouette sans visage, courbée et impassible au centre du cachot, et sur laquelle le prisonnier n'arrivait pas à apposer de nom. Pourtant il sentait qu'il aurait dû le reconnaître. Cela lui semblait tellement évident mais lui échappait, de très peu.
— C'est odieux, ici... Galladun ? dit enfin l'homme d'un ton incertain. Galladun, c'est moi, vous me reconnaissez ?
À cette voix, l'intéressé n'hésita plus. Il leva les yeux vers le seigneur Sanfari, du Conseil.
— Bien sûr que je vous reconnais, réussit-il à claironner de son sempiternel ton moqueur.
— Asseyez-vous, répliqua l'autre. Vous avez l'air d'un démon tout juste sorti des enfers et vous ne tenez pas correctement debout.
À sa plus grande surprise, Galladun obéit sans discuter. Il fut cependant dégoûté d'avance et préféra s'adosser au mur plutôt que de nager dans les dernières bribes de la marée. L'instant d'après Sanfari s'était penché vers lui, l’œil inquisiteur, une main toujours repliée autour du nez.
— Vito, les choses ne se sont pas arrangées pour vous. Ce jeune homme que vous avez fait sortir de Murano était un… un souffleur de verre.
Il avait murmuré ces derniers mots après s'être bien assuré que personne ne les épiait. Ni le geôlier, ni aucun garde, ou même son confrère Sori qui devait avoir regagné le Palais, à présent. Galladun hocha la tête et les yeux du seigneur s'écarquillèrent de surprise.
— Vous le saviez ?
Nouveau signe affirmatif.
— Un de mes employés.
— Mais vous avez perdu la tête… un tel acte est passible de mort. De mort, vous comprenez ?
Le prisonnier esquissa un sourire las et haussa les épaules, les yeux levés au plafond. Un plafond si bas qu'il ne laissait pas le loisir à Sanfari de se tenir pleinement debout.
— J'ai joué, marmonna Galladun d'une voix sèche. Et j'ai perdu. Cela m'apprendra à sous-estimer mes adversaires.
Cette dernière remarque plongea Sanfari dans un silence pensif.
— En effet, je ne donne plus très cher de votre peau, soupira-t-il enfin. Pourquoi diable vous êtes vous mis dans une telle situation ?
— Il le fallait.
— Mais au nom de quoi ? Pourquoi ne voulez-vous rien me dire ?
— Navré.
Sanfari se gratta une joue et en essuya la sueur du plat de la main.
— Navré, répéta t-il. Vous ne me direz rien. Pourtant vous savez comme moi qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps. Si vous venez à mourir, je dois être au courant : qu'allez-vous vraiment faire de cet homme ? Rachel m'a dit que vous… mais ça n'a aucun sens, n'est-ce pas ? Il est bien trop âgé pour intéresser l’Établissement. Il n'y a que des enfants là-bas. Je vous le dis, ça ne marchera pas, la transformation n’opérera pas sur lui.
À ces mots, un picotement se répandait dans la poitrine de Galladun, comme une lame ouvrant une blessure béante et profonde. Un rictus nerveux s'imprima sur ses lèvres, contractant tous les muscles de sa mâchoire et creusant une myriade de rides enchevêtrées sur son front. L'instant d'après, son visage était à nouveau de marbre et simplement alourdi de fatigue.
— Vous ne savez pas grand-chose, mon cher, dit-il dans un murmure.
0 ~ * ~ 0
Luca avait vite compris que le fer fixé à son poignet servait à le maintenir prisonnier la nuit ; Leo le défaisait généralement la journée.
Lorsqu'il se réveilla ce soir-là, il se rendit compte qu'il n'était pas enchaîné. Il resta à scruter la chaîne qui était lovée à ses côtés, perplexe. Il la souleva même d'un doigt comme pour vérifier qu'elle était bien détachée.
Pourquoi cette soudaine liberté ? Soit Leo et Achille manigançaient quelque chose... soit ils avaient omis de le faire prisonnier. Et dans ce cas pourquoi ? S'était-il produit un événement particulier, avaient-ils dû partir précipitamment ? Embrouillé de toutes ces questions sans réponses, il tourna la tête de tous côtés, s'assurant qu'il n'y avait véritablement personne dans la pièce. Un vent assez fort agitait la forêt. Le bois du moulin, plus que les pierres, se plaignait et poussait des gémissements zigzaguant entre les aigus et les graves, d'une manière qui donnait presque le tournis.
Cela faisait maintenant quatre jours qu'il était ici. Il avait scrupuleusement compté les fois où le soleil était tombé de l'autre côté du monde, et les matins où il refaisait péniblement surface et se hissait jusqu'au ciel dégagé pour y reprendre sa place. Bien que Luca n'apprécie guère la nuit en règle générale, il la remerciait du repère temporel qu'elle lui apportait.
Ainsi désœuvré, il se prenait à garder ses yeux fixés sur le ciel dès qu'il le pouvait. Plus qu'une véritable nécessité, c'était devenu une habitude qui lui revenait de son enfance, maintenant que les tracas de la survie avaient disparu au profit d'un ennui interminable.
Il s'en rappelait : enfant, il se postait souvent dans un coin pour observer la marée changeante des nuages et se prenait à penser que le corps des fossoyeurs avaient eux aussi cet aspect si éphémère et immatériel. Pour lui, le ciel n'était pas plaisant à voir. Il le scrutait pourtant, se disait qu'il fallait être stupide ou aveugle pour ne pas se rendre compte du danger muet qui planait au-dessus des têtes, et menaçait de fondre à tout moment. Parfois, sa garde durait si longtemps qu'il finissait par s'endormir, et se maudissait à chaque réveil de ne pas avoir été plus prudent. Généralement, lorsqu'il rentrait ou la rejoignait dans le coin qu'elle s'était aménagé pour dormir, sa mère ne manquait pas de le punir sévèrement pour sa paresse. Aux yeux des autres, jusqu'au jour où le directeur l'avait engagé et où il s'était mué en travailleur hors-pair, il avait été un enfant apathique et rêveur.
Il se souvenait parfaitement de ces moments où il se réveillait, en sueur, les genoux repliés contre le menton. Parfois au contact de la pluie, ou bien au son d'un oiseau piaillant haut sur les toits. Il faisait d'innombrables cauchemars où les tracas habituels de la pauvreté, de la mort et de la violence humaine faisaient pâle figure. Ce n'était pas un couteau qui lui tranchait la gorge ou la peau du ventre, il n'y avait pas de mains pour le frapper directement ou à l'aide d'un bâton. Il y avait juste l'attente de la mort, quelque part au-delà des barrières du rêve. Il y avait la certitude de ne rien voir venir et de se réveiller, un beau matin, pour sentir la main décharnée des fossoyeurs se poser sur son épaule. Luca leur avait toujours imaginé des mains décharnées, comme celles des vieillards.
Repenser à son enfance eut le curieux effet de lui faire regretter Murano. Il haïssait la fraîcheur qui régnait ici, entre les branches et leur fourrure de vert, il haïssait ces quatre murs qui le retenaient avec bien plus de force qu'aucune chaîne n'aurait jamais pu le faire, le retenaient parce qu'il n'aurait jamais su où se diriger, où aller, s'il avait décidé de s'enfuir. Ici, il était sûr de recevoir suffisamment d'eau et de nourriture. Pas beaucoup, mais le peu qu'il lui fallait pour subsister, le peu que Leo et Achille lui donnaient. Il s'était souvent débrouillé seul sur Murano, oui, mais c'était bien différent. Murano était un univers dont il connaissait les coins et recoins comme sa poche, un monde qu'il manipulait du bout des doigts.
Le vent s'était calmé. Luca s'étira, bâilla à s'en décrocher la mâchoire et posa le pied sur une surface dure. Il ramassa l'objet responsable : une branche morte. Il l'avait trouvée devant le moulin. Il l'avait vue sur le sentier, charriée par les bourrasques de vent, et l'avait prise en se disant qu'elle ferait une bonne arme en cas de danger immédiat. Leo, terré dans l'ombre de la bâtisse, s'était ouvertement moqué en le voyant revenir avec sa branche et la trimbaler partout avec lui au fil de la journée. Luca n'en avait pas tenu compte. Il évitait le plus possible tout contact, physique ou verbal d'ailleurs, avec les deux autres qu'il considérait de toute façon comme ses agresseurs. Ni plus, ni moins.
Il avouerait cependant que Leo avait un air plus avenant et civilisé qu'Achille. De temps en temps, même si c'était plutôt rare, il ressentait une envie irrépressible d'échanger avec lui quelques phrases, ou même ne serait-ce que quelques mots. Une aura presque féline se dégageait de lui. Fascinante et tellement familière à la fois. Luca avait d'abord été effrayé, frappé par l'effet de malaise que pouvait avoir sur lui un simple geste, un seul regard de Leo.
Il n'avait cependant jamais cédé à la tentation de lui parler vraiment. Il attendait que Leo le sollicite et répondait alors par monosyllabes, brûlant d'en dire plus au fond de lui-même. Il estimait devoir se montrer prudent, devoir s'attendre au pire encore maintenant, alors même qu'il était en vie et à première vue écarté de tout danger mortel. Il y avait forcément une raison précise pour laquelle ils restaient ici, jour après jour. À tout moment, Luca se préparait à ouvrir les yeux sur un matin de départ. Selon toute logique, ils ne pouvaient tout de même pas rester ici indéfiniment. Il les avait bien entendus, le premier soir, affirmer qu'un « guide » devait venir les chercher pour les emmener… où, déjà ?
Luca avait véritablement vu rouge à cet instant. Il avait voulu s'échapper, sans réfléchir au fait que les profondeurs de la forêt le terrifiaient, qu'il n'aurait nulle part où aller. Il s'était honorablement débattu mais Achille avait eu le dessus.
Maintenant, outre le mystère toujours inextricable de son enlèvement, il restait à découvrir pourquoi, toutes les nuits, il se retrouvait seul dans le moulin. Parfaitement seul : Achille et Leo disparaissaient. Il avait déjà voulu rester éveillé pour le crépuscule, assister à leur départ et ensuite rester conscient jusqu'à leur retour. Il n'avait jamais réussi. Il tombait toujours endormi au bout de quelques heures de garde, et Leo et Achille n'avaient jamais daigné s'éloigner tant qu'il ne dormait pas.
Il en avait à présent la certitude, il était seul. Et il allait attendre leur retour, cette fois-ci. Il sentait confusément que s'il parvenait à comprendre le but de leurs escapades, il en apprendrait beaucoup sur leur compte, et sur la raison de sa présence auprès d'eux. Mais peut-être se trompait-il.
Malgré ses doutes, il résolut de s'asseoir dans un coin pour les attendre, les bras croisés devant ses genoux et la branche posée sous ses cuisses, à la fois cachée et directement accessible. Il laissa aller sa tête contre la pierre et attendit. Il restait immobile, osant à peine respirer pour ne pas troubler sa toute nouvelle quiétude.
Puis les bruits extérieurs, les arbres qui échangeaient des paroles bruissantes, les harmonies dissonantes des animaux et du vent finirent par percer sa bulle. Puisqu'il n'y avait pas moyen de rester tranquille en présence d'un tel vacarme, Luca se prit à confectionner dans sa tête des êtres tous plus étranges et improbables, associant chacun d'eux à un son, un cri émanant de la forêt. Au début, cet exercice eut le mérite de le garder solidement ancré à l'éveil. Mais il s'en lassa, tout comme du reste. Son menton buta contre sa poitrine et il faillit s'endormir.
Mais il ne le fit pas. Il redressa la tête, aux abois, comme brûlé par un détail qui ne s'accordait pas à l'ensemble. Quelque chose grattait sous la surface des apparences. Quelque chose, car il ne savait pas exactement quoi. Il prêta une oreille plus attentive mais ne décela rien de suspect.
Mis à part peut-être…
Les grognements étaient proches. Pas très proches, pas beaucoup plus qu'à l'accoutumée. Non. Ce détail ne l'aurait pas dérangé si seulement le bruit n'était pas en train de se rapprocher. Oui, c'était bien ça. Il se rapprochait. Il fendait la distance comme on déchire négligemment un voile de mauvais tissu.
Luca empoigna la branche et bondit sur ses pieds. À l'extérieur, il entendit bientôt une masse toute en gargouillements humides s'écraser sur un des murs. Le cri animal se transforma en plainte de douleur. Une voix étouffée, bien humaine, se mit à scander une farandole de supplications dont Luca ne comprenait pas le tiers.
— Non… s'il te-plaît… calme-toi…
Des ongles ou bien des griffes raclaient maintenant le bois de la porte. Le jeune homme serra ses doigts autour de son arme improvisée, au point de se blesser les paumes. Son estomac s'enroulait sur lui-même et une panique rampante en remontait progressivement. Un goût acide lui barbouilla la langue, juste avant que la porte ne cède sur un hurlement invisible et ne lui fasse tout ravaler dans un sursaut.
Il prit conscience du tableau par à-coups troubles et irréguliers. C'était comme évoluer dans un cauchemar où tous les mouvements, toutes les réflexions se trouvent entravés par le poids de l'air. Il vit d'abord ces lambeaux de vêtements déchirés, ce visage et ces mains couvertes de sang frais. Les griffures et les morsures sur les avant-bras, et puis cette gueule grande ouverte, ces lèvres ensanglantées d'où sortirent un deuxième hurlement. Luca y répondit par un cri d'horreur. Aussitôt, les deux yeux flamboyants de la bête se dirigèrent droit vers lui. L'ombre mouvante se précipita, découpant des formes fugaces dans le carré lumineux de la porte ouverte.
— Non ! Arrête, je t'en prie ! retentit alors la même voix humaine.
Sans réfléchir, Luca fit volte-face et s'enfuit dans l'escalier. Il courut au bas des marches et se plaqua dans l'obscurité, le souffle court.
Il entendit les pas du monstre creuser un chemin sur le plancher du dessus. La porte au sommet de l'escalier vola en éclats et une forme méconnaissable bondit jusqu'à lui, s'élançant dans les airs en mugissant. Il n'eut pas le temps de réagir. Il ne voyait rien dans le noir, mais sentit des ongles se refermer sur son cou. On le secoua d'avant en arrière avec une violence inouïe. Une odeur de fer rouillé, piquante, lui emplit les narines. Ce fut à ce moment qu'il se remémora la branche. Il la tenait toujours. Elle était là, et il allait s'en servir. La bouche béante de la créature s'était collée à la peau de son cou. Elle lui donnait la nausée, elle le dégoûtait ; de la bave chaude et gluante coulait dans sa tunique, une marée poisseuse laminée par le raclement puissant de deux rangées de dents, deux mâchoires de carnassier. La douleur s'imprima profondément dans ses muscles.
On l'avait mordu. Il poussa alors un hurlement de fureur. Il se débattit difficilement, brandit son bâton et frappa. Les crocs ne lâchèrent pas prise, alors il recommença. Il leva la branche et l'abattit contre la masse crasseuse, qui s'ouvrit, saigna, et se recula dans un claquement acéré. Il était aveuglé par la rage. Il rouait de coups dans l'obscurité, dirigeant la branche à l'aveuglette, se délectant des gémissements qu'il entendait maintenant.
Et puis, on cria. Un son bien distinct des grognements, ou de la propre voix de Luca. Quelqu'un, un être humain courait vers lui. Une main s'abattit derrière sa nuque. Il sentit ses pieds quitter la terre ferme et fit un écart. Un grognement furieux et des bruits de lutte retentirent ensuite.
L'inconnu était aux prises avec la bête.
On sent que tu t'es bien documentée. Il y a du vocabulaire, des gestes, un décor adapté. L'ambiance y est, le son, les bruits, la chaleur. D'ailleurs, même après, on sent que les sons ont une grande importance pour toi. Souvent, les événements se déroulent dans la pénombre, voire carrément dans le noir. Tu guides ton lecteur par le son et ça fiche carrément des angoisses à ne rien voir comme ça.
Dans la deuxième partie du chapitre on retrouve Galladun dans sa tour. Chez lui, je suppose. Mais en fait, je n'ai pas très bien compris la manière dont il s'investi dans cette matinée de reprise de travail. Visiblement, il y a des travailleurs de l'ombre, des inconnus qui maintiennent les fours à température. Bon, j'ai bien ma petite idée sur la question, mais le rôle du directeur est ambigu. C'est peut-être volontaire de ta part. Le voilà qui se fait prendre bêtement par la milice des Dix et il sait comment, pourquoi et par qui. Il ne fallait pas chercher bien loin, en fait, vu qu'll ne pouvait s'agir que de la famille rivale sur Murano. Toute la description dans les geoles est intéressante. Tout est détaillé sur son fonctionnement et où on l'emmène selon son statut. Ensuite, il y a la rencontre avec Sanfari qui ne donne pas cher de sa peau et qui visiblement est au courant de ce qui se trame sur Murano. Enfin pas tout puisqu'il ne dit rien sur le pourquoi de l'évasion. L'Etablissement... les enfants... mmhhh... ça sent pas bon, ça hein ! C'est la première fois, me semble-t-il, que tu parles d'un certain Etablissement. Un truc très étrange pour l'instant.
Et puis la dernière partie où là, Luca est aux prises avec ses peurs les plus profondes. Difficile de débrouiller le cauchemar de la réalité. Une créature, animale semble-t-il, se jette sur lui et tente de le tuer. Bon, certes, y avait de quoi se filer les foies dans ce moulin, mais Luca a l'esprit qui travaille à cent à l'heure, ça c'est sûr. Description encore une fois bien glauque et sonore. L'ombre envahi tout, que ce soit l'environnement ou dans la tête de Lucas. J'ai l'impression que même Achille et Léo sont débordés. Omniprésents, mais je devine qu'ils sont par là.
Enfin, tout ça est sinistre à souhait. On lit ça sous vigilence constante, des fois qu'autre chose vous saute au visage. Pour ça c'est très réussi. Parfois un peu confus, mais en même temps, pour créer un malaise, hein...
Donc à bientôt pour la suite !
Biz Vef"
Les sons et l'obscurité. Arf, tu m'apprends quelque-chose - enfin oui c'est clair que les sons ont beaucoup d'importance, et j'ai souvent tendance à tout mélanger. Si ça devient trop "aveugle" faut pas hésiter à me faire la remarque.
Je vois que ça reste quand même un peu confus pour toi ^^' c'est sûr que le rôle de Galladun n'est pas franchement explicite. Pour le moment, parce que beaucoup de choses sont laissées en suspens, obligatoirement. A chaque chapitre je me retrouve avec des trucs qui demandent à être éclaircis en absolue priorité, au risque que ça s'écroule de nouveau. Donc les réponses sont retardées pour un certain nombre de "détails". Ensuite pour l'Etablissement, ce n'est pas la première fois (il faut remonter au chapitre III) mais bon ça fait quelques temps que tu l'avais croisé. Je note que ça reste encore bizarre :P il reviendra en force ensuite, j'espère que ça dissipera la confusion.
Là, l'ombre prend beaucoup de place c'est vrai (déjà parce qu'il fait nuit :P ) et cauchemar et réalité ont peut-être tendance à se mêler. Je me suis trop embourbée dans le gothique il faut croire :P enfin les trucs sombres, un peu cauchemardesques et brouillés sour les bords ça m'a toujours fascinée. Je suppose que j'ai quand même été beaucoup influencée pour ce passage-là. Leo et Achille sont dépassés? Par les événements? peut-être bien.... :P en tout cas ils ne sont pas très loin, tu as raison.
J'avoue que créer le malaise, c'était le but. Oui j'avoue :P du coup si c'est pas trop raté je suis contente! Après... ca mériterait peut-être de revoir si certains passages sont décidément encore un peu trop flous.
Merci beaucoup de ta lecture éclairée (sans jeux de mots ^^) en tout cas Vef! =)
Tu sais, j'ai l'impression de beaucoup mieux comprendre les choses et d'arriver à suivre le cours de l'histoire plus facilement grâce à cette réécriture, c'est super !
D'abord avec cette histoire de fours qui semblent toujours prêts à être utilisés : en lisant cela, je me suis demandée si, du coup, ce n'était pas les fossoyeurs qui s'appropriaient ce lieu de nuit afin de vaquer à leurs, hem... "occupations" dirons-nous. Du coup, les braises sont entretenues.
C'était aussi très bien vu de ta part de nous faire participer à l'arrestation de Galladun. Malgré le caractère assez sinistre de la situation, ça m'a fait vraiment plaisir de pouvoir lire ça.
Et puis, nous retrouvons Luca. Dont l'état paisible de départ tranche fortement avec la façon dont se termine ce chapitre. C'est fou comme les événements se sont déchaînés tout à coup !
Enfin... tu ne me laisses pas trop le choix : il va falloir que je me jette sur la suite maintenant ! ;)
Si au moins jusqu'ici ça s'est éclairci pour toi c'est super! Merci de m'en avoir fait part (c'était quand même le point le plus dérangeant/énervant au départ et ce qui me faisait, hm disons-le plus ou moins détester la première version). Pour les fours tu es sur une très bonne piste, et c'est vraiment pour ne pas dire plus :P
Les événements se déchaînent particulièrement par rapport aux chapitres précédents tu trouves? hm, j'y avais pas trop réfléchi. La passivité de Luca fait peut-être que c'est le reste qui se met en mouvement (il faudra qu'il se bouge un peu plus celui-là)
Je réponds à tes autres commentaires dès que possible. Encore merci! :)