Le Marquis de Fleurys s'était délesté de sa perruque et de son jabot, de ses collants et mocassins, pour revêtir une tunique simple et des bottes robustes qui seyaient parfaitement à un Fil magouilleur. Une cape de laine aussi robuste que sombre recouvrait le tout, autant pour se protéger du frimas de la soirée que pour passer plus inaperçu. Bulle de Savon, dans son indécrottable salopette verte, lançait en l'air une pièce d'argent qu'il avait ponctionnée de la bourse de l'infortuné du jeu. Il la rattrapa d'un geste vif et la posa sur le dos de la main, la soustrayant aux yeux curieux de son ami parieur. Le petit bonhomme chuchota :
— Face du Parakoï, tu t'y colles.
— Savonnette, tu ne me prendrais pas pour un gobe-mouches né de la dernière pluie ? Tu n'me la feras pas ! Face du Parakoï, c'est toi qui t'y colles !
Dans la rue déserte, où des chats affamés s'aventuraient en quête de balayures comestibles, Bulle de Savon releva la main. Fil grommela et ne put retenir un juron que des oreilles chastes n’auraient imaginé. Le moustachu s'amusa de la malchance chronique, plus ou moins manipulée, de son ami et murmura :
— Pense au Gamin qui doit rester à demeure pour protéger notre Marquise. Le vent agite fortement les plumes bleues en ce moment. Ta chance ne t'a pas quitté et t'enveloppe de sa tendre...
— ...Savonnette, déjà que supporter ton arrogante veine est une épreuve, n'ajoute pas à mon supplice ta langue ricaneuse. La Dame nous avait présenté un muet, j'vais finir par arranger ce mensonge et en faire une réalité. Ce brave aubergiste n'a rien demandé. Pourquoi le molester ?
Bulle de Savon laissa échapper un rire devant la mauvaise foi manifeste de son partenaire. Il murmura dans un nuage de condensation :
— C'était ton idée avant que je ne lance la pièce. Rien ne t'oblige à le molester. Fais preuve de ta légendaire délicatesse.
Fil grogna un juron et frappa, pour la deuxième fois de la soirée, à la lourde porte de l'auberge qui donnait sur la rue. La façade, haute de trois étages, était ceinturée par deux autres bâtiments qui empêchaient une intrusion discrète par une autre entrée. Les volets, épais et refermés, gardaient prisonnières les lumières intérieures et plongeaient la bâtisse dans une ombre feutrée.
La porte s'entrouvrit sur l'imposant tenancier. Le personnage, laconique, s’étonna :
— Encore vous ? Je vous ai dit qu'il n'y avait plus de place. Le couvre-feu m'interdit de recevoir des clients pour la consommation. Au revoir.
Fil tenta une dernière approche amicale avant d'être contraint d'user d'arguments plus contraignants. Il plaqua sa main sur l'huis. Avec son air de conspirateur le plus travaillé, il susurra :
— Couvre-feu qui ne vous empêche pas d'ouvrir par deux fois à des inconnus.
— Je n'ai pas à me justifier, monsieur, au revoir.
Le tenancier exerça une pression pour fermer la porte devant ces clients insistants. Fil résista de sa main lourde, marmonna à nouveau un mot tendre et, l'âme en peine, invoqua son Don.
Le fil mental surgit en un éclair et s'engouffra à l'intérieur de l'auberge par un interstice. Le fil réapparut aussitôt pour retourner immédiatement dans la main libre de son propriétaire. D'un mouvement vif vers l'arrière, Fil fit chuter le tenancier à la renverse, fauché par l'invisible. L'arrière-crâne vint percuter les lattes du plancher en un choc sourd. L'inconscience envahit aussitôt le malheureux. Dans sa chute, les yeux globuleux de l'aubergiste avaient traduit l'incompréhension de cette perte d'équilibre soudaine.
Seuls les pas furtifs d'un chat aventureux répondirent au bruit de l'impact. Dans l'auberge comme dans toute la cité, la pièce commune soumise aux restrictions des autorités était vidée de sa clientèle habituelle.
Bulle de Savon s'engouffra d'un pas joyeux dans l'établissement, devant un Fil tétanisé par son Coût. Le petit bonhomme ironisa en enjambant d'un bond léger l'immense tenancier :
— Ne reste pas planté là Brindille, tu vas nous faire repérer par la milice.
Le temps de trois battements de cœur, Fil aperçut la petite silhouette de son ami se fondre puis se perdre dans la pénombre de la pièce. Son Coût payé, il entra à son tour. Avec effort et grosses gouttes de sueur, il tira sur une toise la lourde masse inerte pour fermer totalement l'huis et, enfin, respecter le couvre-feu.
— Dis-donc Savonnette, ça t'aurait démangé les asticots de me filer un coup de main ?
Seul le silence pour réponse, Fil pivota en direction de la pièce commune.
Fil fut pris d'un léger malaise devant cette salle, s'imaginait-il, habituée à l'animation joyeuse et aux débats enflammés à coups de poing et de pintes. Le feu du foyer, minuscule et presque mort, diluait une lumière et une chaleur fantomatiques qui ne permettaient pas à Fil d'apprécier les détails de son environnement. Les volets fermés finissaient de couper cet endroit de la lueur diaphane de la nuit.
Dans un recoin où les ombres viraient à l'obscurité la plus totale, Fil entendit le rire mélodieux de son ami et son murmure singulier :
— Par ici Brindille, je crois avoir trouvé ce que nous sommes venus chercher.
Un frottement léger et le grincement discret de lattes de bois indiquèrent à Fil que son partenaire grimpait un escalier dans le coin de la pièce. Il le suivit, fit craquer des marches sous ses pas lourds et rejoignit le petit homme sur le palier du premier étage. Bulle l'attendait, doigt tendu vers la première porte du couloir. Une lanterne posée sur une petite table diffusait une lumière délicate mais bienvenue dans le corridor obscur. Fil saisit le falot. Accompagné de son faible halo, il s'arrêta devant la porte indiquée par Bulle de Savon. Il murmura :
— Comment sais-tu que c'est le bon endroit ? Il y a encore deux étages au-dessus et d'autres chambres dans ce boyau. Ne me dis pas que tu as lancé les dés ou autres facéties du genre Savonnette.
Bulle de Savon étouffa un rire et s'approcha de Fil.
— Je ne vais pas te dévoiler tous mes secrets Brindillette. Un bon coup pour défoncer les gonds et la proie sera acculée par une entrée fracassante. À moins que tu ne préfères toquer simplement si la puissance te manque, à toi de voir.
— Savonnette, tu oses mettre en doute ma force légendaire !
Piqué dans son orgueil, Fil asséna un coup de botte retentissant dans la porte bien fragile. Son pied passa à travers le panneau. Après un effort pour se dégager du piège d'échardes, il put observer à travers le trou béant une vieille dame emmitouflée dans une couverture. Cette entrée brutale surprit la locataire de la chambre qui ne parvint à ouvrir qu'une bouche interloquée. Aucun son ne traduisait la peur qui brillait dans ses yeux gris.
L'excuse dans la parole et dans le geste, Fil balbutia des mots gênés. Il se retourna vivement vers un Bulle de Savon qui ne pouvait retenir une larme d'hilarité.
— Tu oses te gausser du roi des Ténèbres ! Quelle est cette tartuferie ? Tu mériterais que j'te découpe la moustache et que j'te force à te bâfrer avec ! Si tu crois que j'vais...
Bulle de Savon essuya son œil humide avec son doigt. D'un geste du menton, il indiqua le bout du couloir. Il coupa ainsi la remontrance de l'humilié :
— Comme attendu, ton entrée grandiose a fait sortir la tête de petits curieux. Regarde qui voilà.
Fil tourna prestement la lanterne qu'il tenait toujours dans la main. Il vit dans un éclat furtif les reflets roux de cheveux en bataille. Le visage d'Edwän lui apparut obscurément. Le jeune cocher s'empressa de refermer l'huis que la curiosité lui avait fait ouvrir.
Fil grogna son mécontentement. Il commenta l'audace de son binôme :
— Et si l'petit n'avait pas ouvert la porte ? Et s'il avait été à un autre étage ?
Amusé par l'agacement de son ami bourru, le plaisantin commenta ironiquement :
— N'es-tu pas Fil le Fortuné ? Heureux en chance et béni par les divinités du hasard ?
— J’devrais me servir de ton sourire frétillant comme bélier-humain à la prochaine porte Savonnette, pour répondre à ton arrogance. Le p’tit serait terrorisé pour de bon s'il voyait ta frimousse lui sauter au visage.
Devant la chambre, à la plus grande surprise de Bulle de Savon, Fil toqua délicatement et parla d'une voix douce :
— Ouvre-nous p'tit, nous ne te voulons aucun mal. J'comprends que c'que tu as vu a pu te terroriser. On vient parlementer, en toute amitié. Sans marquis, ni démon.
Fil posa une oreille alerte sur le montant. Il perçut le grincement familier du plancher. Un craquement, plus fort que les précédents, indiqua la présence du cocher juste derrière la porte. Sa voix douce, mais tremblante, parvînt en un souffle aux deux partenaires :
— Êtes... êtes-vous les démons dont tout le monde parle ?
— Nous ne sommes pas des démons, p’tit. Disons que nous sommes des prestidigitateurs qualifiés. Ouvre-nous, écoute ce que nous avons à te dire. Si tu le souhaites, nous te laisserons partir sans te causer le moindre tort. Parole de...
La porte s'ouvrit. Les taches de rousseur constellaient les joues rendues humides par la peur. Le jeune homme renifla et invita ses visiteurs à entrer. La chambre était simple. Un lit dans un coin, une table contre la fenêtre aux volets clos avec une cruche et une bassine en terre cuite posée dessus. Bulle de Savon, dans un petit saut guilleret, s'assit sur le coffre adossé au lit. Fil referma derrière lui et posa une main réconfortante sur l'épaule d'Edwän :
— Tu es mon cocher et j'te veux à mes côtés. Je n’suis pas un marquis, je n’suis pas un démon. Juste un homme qui espère l'avènement d'un monde plus juste.
Le jeune homme leva son regard vers les yeux souriants du marquis.
— J’suis un p'tit gars du peuple, comme toi.
Edwän répondit par de simples questions :
— J'ai vu vos deux domestiques apparaitre sur le toit de votre carrosse en même temps que l'éclair et haranguer les paysans. Comment est-ce possible ? Pourquoi me voulez-vous à votre service ?
Bulle de Savon, enveloppé par les ombres propices aux confidences, murmura :
— Oublie ton confort et tes privilèges, ta vie plan-plan et tous tes spicilèges ! Mets-toi à nu, goûte au frisson...
— ...Savonnette ! Tu es irrécupérable ! Comment oses-tu spolier mon éloquence et t'approprier, sans mon accord, les mots de mon Manifeste de l'aventure ?
Les deux compères échangèrent futiles répliques et passe d'armes artificielles devant Edwän, à la fois médusé et amusé par cet échange farfelu. À les voir se disputer, sur un ton indubitablement léger, les craintes et les perspectives noires du jeune cocher s’apaisèrent instantanément.
— ...veux-tu lancer les dés pour savoir à qui revient la paternité de cette réplique ?
— Sur-le-champ Savonnette ! Si tu crois que Fil l'Éloquent va se laisser dépouiller de sa verve et de son verbe, tu te trompes sur toute la ligne ! En un lancer, pas de pinailleries.
Devant le cocher, définitivement déconcerté par la scène qui se jouait sous ses yeux, Fil et Bulle de Savon lancèrent chacun, simultanément, un dé sculpté dans un os de mouton. Les deux amis se penchèrent sur les deux minuscules cubes et rirent à l'unisson. Une nouvelle larme s'écoula respectivement sur les joues qui scellaient à nouveau une amitié indéfectible.
— Et bien Savonnette, j'crois que les divinités du hasard veulent se payer notre poire, car nous voilà parents d'un même petit enfant.
Edwän, qui ne savait comment réagir, se contenta d'offrir son plus beau silence et sa mine la plus déconfite. Ce duo burlesque, partageant un rire communicatif et sincère était, à ses yeux, ce qu'il y avait de plus humain. Alors que plus rien ne l'attendait dans ce monde sinistre, une nouvelle voie s'offrait à lui. Pour la deuxième fois en quelques jours, c’était cet étrange énergumène qui lui soumettait.
Edwan fit un pas et questionna :
— Pourquoi me voulez-vous à vos côtés ?
Fil se retourna vers lui et, aussi sérieux qu'il eu été allègre juste avant, répondit :
— Pas à mes côtés p'tit, mais à ceux du Marquis de Fleurys. Il a besoin de constituer une suite pour s'infiltrer dans le beau monde de ces Grands. Sans un cocher digne de son rang, sa couverture s'envolerait à la moindre brise du vent.
— Ou au moindre souffle de suspicion.
— Merci Savonnette pour ta poésie.
Fil s'approcha du foyer. Il tendit ses mains fatiguées par les années et le froid. Il se laissa hypnotiser par la flamme qui dansait entre les deux bûches. L'odeur du bois brûlé le renvoya des années en arrière, dans une petite cabane, loin, en pays Lectois, blotti contre Maydine et son ventre arrondi, la chaleur du poêle léchant ses pieds transis, pensant alors à son futur chiche mais heureux.
Dans un murmure qui s'adressait autant à un fantôme enfoui qu'au jeune homme attentif derrière lui, Fil exprima sa volonté profonde :
— Faire payer tous ces puissants, les renverser et enfin pouvoir... vivre.
Ces réminiscences fugaces emportèrent dans leurs trainées volubiles le visage blanc de Maydine. Fil se retourna. Il sourit tendrement et s'approcha du cocher :
— J'sais que beaucoup de mystères nous entourent. Rien de démoniaque là-dedans. Juste une folle envie de Justice.
Bulle fit un léger bond. Il s'inclina devant le jeune cocher et se présenta à lui sous son véritable nom :
— Bulle de Savon, aussi doux que les rumeurs me disent sanguinaire.
Fil se remémora alors le supplice des deux bourreaux de Joyeuse. Il pouffa discrètement devant la relative douceur de la torture infligée. Tendant une main vers le cocher, il afficha son sourire le plus avenant :
— Fil. J't'offre notre amitié et toutes les bourses d'argent qui l’escortent.
Edwän regarda tour à tour les deux curieux personnages, se gratta le cuir chevelu. Après un dernier soupir, il saisit la main tendue pour une poigne vigoureuse. Bulle de Savon accompagna cet échange par un rire discret. Fil, sincèrement enjoué, commenta :
— Entre le sourire heureux de notre Savonnette et les cheveux de braise du p’tit, notre petite troupe de saltimbanques, avec le Marquis truculent à sa tête, ne manque pas de formes et de couleurs.
Sans avoir relâché sa poignée, Fil examina le cocher des pieds à la tête. Il questionna :
— Au fait, où es ta livrée mauve ? Ne comptes-tu pas revenir au service du Marquis dans cette simple tunique de lin délavée ? Il ne veut que du clinquant, du vibrant, du flamboyant à son service !
Edwän regarda le foyer et baissa les yeux, honteux d'avoir brûlé un ensemble qui valait des années de gages de son ancienne profession. Il avait quitté sa pension depuis quelques jours seulement, mais cette vie laborieuse lui semblait déjà loin et il ne la regrettait nullement. Le Marquis avait été plus généreux avec lui en une nuit que son ancien tuteur en une décennie. Il savait, ce soir-là, qu'en suivant le Marquis contre une bourse si généreuse, il devrait s'exposer à des événements dont un Petit comme lui ne pourrait saisir les aboutissants.
Malgré ses questionnements sur Fil, jamais il n'aurait imaginé se retrouver au cœur du tourbillon de la révolte et encore moins aux côtés des redoutables démons qui l'impulsaient.
Le rire gras de Fil ramena son attention dans la petite chambre. Définitivement rassuré, Edwän s'autorisa, pour la première fois, à adresser un sourire timide et soulagé à ses compagnons. Fil le lui rendit puis conclut cette incursion en retenant un rot.
— Retournons auprès du Gamin avant que la Marquise ne lui donne l'envie de se carapater loin de sa charmante compagnie.
— Et le couvre-feu ?
Fil, une nouvelle étincelle dans la pupille, plus vibrante que celle alimentée par la mélancolie, s'extasia :
— Tu dis couvre-feu, moi j'entends étouffe-vœu. Ce ne sont pas leurs mesures coercitives qui limiteront mes pas portés par le vent glorieux de la liberté. Notre plume bleue sera notre panache blanc. Sortons, ne leur en déplaise, grand bien m'en fasse.
Dans la salle commune, le feu expirait son dernier souffle. Le tenancier, toujours plongé dans l'inconscience bienveillante, respirait lentement. Falot en main, Edwän éclaira la voie jusqu'à la porte de sortie. En de petits bonds, Bulle de Savon entrouvrit l'huis. Presque comme un esprit errant, un doigt de brume blanchi par la lune s'engouffra par l'entrebâillement. Fil passa une tête dans la rue déserte à la recherche d'une éventuelle milice de passage.
Manidres, bercée par le silence inhabituel d'une cité accoutumée aux festivités tardives, dormait sur une oreille. Épargnée, pour l'instant, par les plumeries, elle n'en tremblait pas moins. Comme une pierre jetée au milieu d'une mare paisible, les exactions commises par les plumes bleues répandaient des ondes et des échos qui chamboulaient l'équilibre fragile de la Paix parakoïale. Les Grands de ce monde se calfeutraient dans leurs demeures cossues pendant que milices et Poignes étouffaient les cris qui appelaient à la révolte.
Sur des échoppes, des murs et des volets, un trait bleu de peinture était tracé, symbolisant la plume du ralliement au soulèvement. Un malheureux, surpris par les hommes du guet, pinceau à la main, avait été pendu à un chevron de la charpente d'une bicoque. Fil distinguait dans le brouillard la silhouette du pendu qui vrillait lentement sous la brise maritime qui se manifestait. En dehors de ce guetteur d'Outremonde, la voie était libre. Fil ouvrit largement la porte et, d'un pas certain, s'engagea dans la ruelle. Dans un murmure plein d'autorité, il apostropha le cocher :
— Éteins cette lanterne p’tit. Mieux, laisse-la ici.
La rue inclinée vers l'ouest et le port de la ville offrait une vue plongeante sur le débarcadère ensommeillé. Au loin, quelques torches brillaient et signalaient la présence de patrouilles attentives. La brume s'accrochait aux vergues et aux mâts tandis que les voiles affalées révélaient, grâce à la lune généreuse, l'entremêlement complexe des cordages. La mer calme berçait la dizaine de bateaux amarrés solidement au quai.
Suivi de ses deux compagnons, Fil descendit la rue jusqu'à un parapet de pierres qui dominait le rivage. Il s'engouffra dans l'ombre de marches taillées à même la roche. Devant un arbuste de lavande, il s'arrêta en constatant que Bulle de Savon ne l'avait pas suivi. Il fit demi-tour et retrouva le petit bonhomme en haut de l'escalier, portant son regard vers le port, en contrebas.
— Qu'est-ce que tu fiches Savonnette ? Ce n'est pas le moment de conter fleurette au clair de lune, nous devons retourner à la résidence.
Bulle de Savon pointa son index vers le noir de la nuit. D'une voix presque inaudible, il répondit :
— Regarde là-bas.
— Que veux-tu que j'remarque ? L'encre de la sorgue ou son voile de brume ?
Bulle de Savon abaissa son doigt. Fixant son regard dans le reflet blême de la lune sur la brume, il murmura :
— Ce navire, c'est celui de l'Émissaire de l'Empereur, Ydone de Legane de Antunes. C'est de sa cale putride que je me suis enfui.
L'Émissaire avait accosté les Trois pays, la perversité dans le souffle, le sang dans ses pas.
Un petit chapitre du soir pour une fois ^^
Chouette petit chapitre sous couvre-feu 🤣 je plains Krone qui doit probablement subir les lubies d'ombelyne pendant ce temps !
Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris pourquoi ils s'embêtent a retrouver le cocher alors qu'il semblerait qu'il y ait maintenant des gens qui se damneraient (lol) pour être les cochers des demons, mais bon, pourquoi pas, après tout ^^
Comment te portes-tu ? Je suis avec grand intérêt tes aventures et je suis bien heureux de te savoir aux côtés d'Ombelyne. Tu ne le sais pas encore, mais tu es gagnant au change. La Savonade qui se déroule actuellement entre l'homme de paille et Bulle ne peut que se mettre au service de ton bénéfice, prémice de ton émancipation et de ton bonheur. Réjouis-toi !
Mais dis-moi, est-ce bien grâce à toi et, plus précisément, grâce au fruit de ton enquête que tes amis ont su trouver l'auberge d'une facilité déconcertante ? Ne me dis pas que le cocher a été trouvé par hasard car tu sais comme moi que les dés sont pipés !
J'espère que par la suite tu auras tes grands moments à toi et que tu sauras être à la hauteur de mes espérances lorsque Velya refera parler d'elle. Ton amour fraternel risque de la rendre aveugle plus qu'elle ne s'infligera cette altération d'état.
Prends grand soin de toi. La Marquise, tu pourras en disposer selon ta convenance. Allez sois souriant, la paille finira par brûler dans le feu de votre Révolte !
Bien à toi,
Celui qui vit entre les lignes.
Notre trio ne dévoile pas tous ses secrets quant à leurs nombreuses filatures. Disons qu'ils ont beaucoup de talent que je laisse à l'imagination du lecteur ! ;)
Comment savaient-ils que le cocher était là, dans cette auberge ? Ca m'a un peu titillé tout le chapitre. J'avoue que quand Bulle a affirmé connaître la chambre précise, je me disais que j'avais vraiment dû louper quelque chose, mais l'explication ensuite du pourquoi du comment, j'ai éclaté de rire ='D Il manque pas de culot, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne ressemble plus vraiment à l'ombre souriante de l'auberge et qu'il s'est un peu (trop ?) inspiré de Fil ='D
Après des chapitres plus riches en tension, c'est un chapitre beaucoup plus calme où, au final, j'ai l'impression qu'il sert surtout à mettre en avant le duo Fil/Bulle. D'ailleurs, c'est moi qui ait encore une mauvaise mémoire, où le nom du cocher on ne l'a qu'à partir de ce chapitre ?
Et du coup, l'Emissaire de l'empereur, c'est pas la première fois qu'il vient dans les Trois Pays ? Je croyais que ça faisait depuis très longtemps que les relations étaient tendues et totalement coupées, mais je me trompe sûrement du coup ^^ (Tu l'auras remarqué, j'ai tendance à oublier assez vite d'un chapitre à l'autre x) )
Curieuse de voir ce que ça va donner dans la suite et ce que la présence de cet Emissaire va changer =D Il a l'air fort sympathique présenté comme ça ! Bon courage pour la suite !
Bulle apprend beaucoup au contact de Fil en effet ! D'ailleurs, c'est sujet à disputaille entre les deux, Fil va "repprocher" à Bulle de lui voler de son Genie !
Le Cocher s'appelle Edwan, je crois que je le mentionne déjà dans les chapitres précédents :) ta mémoire reste bonne quand meme ;)
Pour l'Émissaire, tu as encore raison ! Les relations sont coupées depuis très longtemps, mais il est déjà venu il y a très très longtemps (le moment où Bulle s'est échappé de la cale !) Mais depuis, on peut comprendre qu effectivement l'Émissaire n'est pas revenu dans les Trois pays... :)
J'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre, je crois que c'est celui qui m'a causé le plus de soucis... j'avais besoin de trouver un prétexte pour que Ombelyne et Krone soient seuls de leurs côtés, pour que je puisse lancer le prochain arc narratif. Cette escapade était un peu un prétexte à ça. J'en ai profité pour introduire l'Émissaire et la ville de Manidres, car il va s'y passer plein de choses. Le prochain chapitre sera un peu "lent" encore mais promis après, ça envoie du pâté !
Au plaisir de te relire
Fil et Bulle cherchent leur cocher qui a filé.
Je me demande ce que tu cherches à amener avec ce chapitre dans lequel il ne se passe pas grand chose. Ne serait-il pas plus simple que le cocher ne fuit pas, comme ça, ils n'ont pas besoin de le rechercher ? J'ai un drôle de sentiment à la fin de la lecture, car l''intrigue n'a pas progressé d'un iota et tu n'amenes pas non plus un aspect de worldbuilding qu'on ne connaissait pas. Niveau style, il se lit bien. On voit Fil et Bulle se chamailler mais bon, rien de nouveau au bataillon.
Mes notes de lecture :
"Le moustachu s'amusa de la malchance chronique, plus ou moins manipulée, de son ami et murmura"
> Les virgules m'ont hachée à la lecture, je te conseille de les enlever
"Les volets, épais et refermés, gardaient prisonnières les lumières intérieures et plongeaient la bâtisse dans une ombre feutrée."
> Ici, tu dis deux fois la même chose différemment
"L'inconscience envahit aussitôt le malheureux"
> Un peu maladroit. J'imagine mal être envahi d'inconscience
"Dans sa chute, les yeux globuleux de l'aubergiste avaient traduit l'incompréhension de cette perte d'équilibre soudaine."
> Je pense que cette phrase devrait venir avant, car à ce moment, l'aubergiste est inconscient et on l'imagine mal avec des yeux globuleux
"Stupéfaite, elle ne parvint ouvrir"
> "...à ouvrir..."
"Stupéfaite, elle ne parvint ouvrir qu'une bouche interloquée. Aucun son ne traduisait la peur qui brillait dans ses yeux gris."
> Dans la première phrase, tu te répètes avec stupéfaite/interloquée qui veut dire la même chose. Dans la 2e phrase, elle n'est plus interloquée mais elle a peur. Il faut savoir !
"Pas à mes côtés p'tit, mais à ceux du Marquis de Fleurys."
> Phrase maladroite
Exemple : "Pas à mes côtés p'tit, mais avec le Marquis..." ?
"le beau monde de ces Grands"
> "le beau monde des Grands" ?
En fait ce chapitre est transitoire et me permet de poser les futures intrigues importantes. Je voulais d'abord présenter la nouvelle ville Manidres, il va s'y passer plein de choses. Puis je voulais présenter l'Émissaire à la fin, personnage important à venir. Et surtout, j'avais besoin d'une "excuse" pour que Fil et Bulle sortent de leur côté, pour qu'Ombelyne et Krone soient seuls du leur... ce qui me permettra d'écrire le chapitre 24 qui lancera là encore plein de choses dans les futures relations entre les personnages. J'ai conscience qu'en soi, ici, il ne se passe pas grand-chose, mais c'était nécessaire pour poser la suite de mon roman. On peut dire que le prochain arc narratif commence ici. Désolé que ce chapitre t'ait moins plu , mais je pense qu'il permet de bien introduire la suite (le 24 notamment qui te plaira j'espère !) Si je posais pas le décor et la position de chaque personnage ici, la suite ne pourrait pas arriver :)
Merci en tout cas pour ta lecture attentive. J'ai vu que tu as posté de ton coté, je lis ça dans la journée !
Au plaisir de te lire
Après, je te dis mon ressenti et je te laisse faire le tri de mes remarques. Tu es seul maître à bord :-)