Chapitre Quatrième,
Vaisseau Spatial Lycoris, Quelque part dans l'espace, 3125 ap.G.-T.
Vivant
Lake se réveilla. Allongé, il ne pouvait bouger ses membres engourdis par un froid à glacer les os. L’obscurité étouffante, presque enivrante, lui conseillait de redevenir dormeur insouciant.
Noir. Aucune lueur dans ce nouveau monde d’ombres. Lake n’avait pas peur. Ses souvenirs remontaient peu à peu à la surface comme des bulles d’air. Il se nommait Lake Ylias, il était l’héritier d’une puissante famille nobiliaire de la Terre. Son père se nommait Aldous, sa mère Hélène. Il était fils unique. Puis rien. Avez-vous déjà ressenti un vide intense à l’intérieur de vous ? Un vide si puissant qu’il devient espace au lieu de le remplir ? Si oui, alors vous avez déjà perdu la mémoire. Alors vous avez une idée du désarroi dans lequel Lake était plongé.
Rien. Lake s’illumina soudain, « rien ne naît de rien ma Petite Flaque ». Il ne savait pas d’où il connaissait cette phrase mais elle lui donna le courage de sortir définitivement de sa torpeur.
Il tenta de se redresser, sa tête heurta fortement quelque chose de dur qui se trouvait à trente centimètres de lui. La douleur lui soutira un gémissement rauque. Alors ça c’est ma voix ? Se demanda-t-il comme s’il l’entendait pour la première fois. Il tâtonna autour de lui avec plus de précaution cette fois. Il se trouvait dans une sorte de caisson, tout autour de lui était fermé. Un son suraiguë traversa son cerveau comme une aiguille. Puis tout changea.
Le son, tout commença par le son et Lake savait qu’il s’en rappellerait à jamais. Le son est une vibration de l’air. Et Lake dans l’innocence de son effacement percevait ces vibrations. Chaque onde d’air comme une ligne s’entrechoquant avec les autres. Les couleurs de ces lignes émergèrent alors et avec elles les émotions qu’elles transportaient. Un Mondrian de lumières éblouissantes composait le monde autour de lui. Il porta instinctivement ses doigts à ses joues pour en recueillir des larmes qu’il lécha.
Le goût, le goût revint et avec lui tout le reste : les odeurs dérangeantes et le fourmillement du toucher. Ses larmes n’étaient pas salées et bien qu’il ne sache pas comment, il sentait que c’était anormal. Anormal. Une image fugitive de son père apparu dans son esprit. Lake s’appuya de toute ces forces sur la plaque qui se trouvait au- dessus de sa tête. Le « couvercle » fut propulsé à une vitesse redoutable vers le plafond. Lake ne s’en souciait guère, il devait s’assurer que sa famille était en sécurité, c’était son devoir. Il prit une grande bouffée d’air. Le son s’acharna de nouveau sur lui comme un charognard affamé. Lake pris sa tête dans ses mains et poussa un hurlement de douleur.
Il ne voyait rien mais entendait incroyablement bien. Mieux que bien, il entendait tout ! Or tout émanait du son. Comment les Hommes avaient pu être aveugles pendant tant de siècles ? Des millénaires d’obscurantisme. Les émotions étaient du son à l’état pur et Lake les percevaient toutes. C’était une torture. Assailli par un flot d’informations continu qu’il ne pouvait contrôler, Lake entreprit alors de sortir du caisson. Il respirait mieux mais sa vision ne s’améliorait guère. Ses yeux s’ouvraient et se fermaient sans déceler la moindre trace de lumière ! Son cerveau, fonctionnant maintenant à plein régime, lui soufflait l’évidence que son corps tremblotant refusait d’accepter. Cherchant un quelconque point d’appui pour se maintenir sur ses deux jambes, Lake se raccrocha à quelque chose au ras du sol. Une chose de la même taille que le caisson duquel il venait de s’extraire. Il en fit le tour et réalisa avec horreur que c’était un cercueil cryogénique.
Lake était entouré de cercueils ! Il vomit violemment. Des pas se rapprochaient de la pièce où il se trouvait. Il avait dû déclencher un détecteur de mouvement en sortant du caisson. Ce n'était pas plus mal, il devait sortir rapidement de là où le froid aurait raison de lui. Des éclats de voix lui parvinrent de l’autre côté de la porte. Soudain méfiant, il recula.
Il sentit la pointe d’une aiguille s’approcher dangereusement de sa nuque. Un courant d’énergie traversa son corps et il leva instinctivement son bras gauche pour attraper la fléchette anesthésiante. Le geste fut rapide et précis, augmentant la tension de l’autre côté de la porte. Des gestes martiaux furent échangés. Chaque déplacement de l’air faisait bouger les lignes de lumières et donnaient à Lake autant d’indications que si ces paroles avaient été prononcés à haute voix. Il lisait l’air comme on lisait un livre. Il devait les calmer :
- Hé ho. Ne craignez rien. Mon nom est Lake Ylias, je suis l’héritier du Duc Aldous Lycoris. S’il vous plaît ne lancez pas cette bombe somnifère, je ne vous veux aucun mal.
Il ne savait pas pourquoi il avait utilisé le nom de sa mère mais il y avait plus urgent comme préoccupation. Lake avait levé ses mains en l’air en signe de paix. Il arrêta une seconde fléchette à dix centimètres de son front. Il soupira puis un léger sourire se dessina sur son visage.
- Vous visez plutôt bien ! Ecoutez je pense que nous sommes dans une impasse. Si vous rentrez vous êtes morts. Si je sors vous êtes morts. Et si je reste plus longtemps ici je vais mourir de froid. Vous êtes vingt-trois et vous savez que l’on vous a envoyé à l’abattage. Capitaine vous me connaissez, mettez vos hommes à l’abris. J’attendrai puis je sortirai.
L’escouade de brume se retira lentement. Lake les connaissait, il s’agissait des meilleurs hommes armées de son père. Ce qui était bon signe. Des hommes d'honneurs, surtout le Capitaine Nart. Les Lycoris devaient être en sécurité s’ils étaient toujours aux commandes. Une fois que leurs lignes sonores se furent suffisamment éloignées, Lake sortit. Un long couloir s’étendait devant lui. Alors même qu’il ne voyait rien, il le savait, c’était une sensation étrange mais pas déstabilisante.
Son cerveau dessina directement les contrastes, les objets, le moindre détail avec une réalité saisissante. Ses yeux ne servaient plus d’intermédiaire entre lui et le monde. Il lui semblait même qu’ils avaient toujours été de trop. Il se mit à courir à en perdre haleine dans un dédale de couloirs. L’escouade se mit à sa poursuite. Aucun soldat des Brumes de me rattrapera aujourd’hui, pensa-t-il avec résolution. Il se concentra sur les rafales d’informations qui en émanaient. Il y en avait tellement. Tellement qu’il manqua l’information la plus évidente. Celle qui se trouvait face à lui. Il venait de tomber nez à nez avec un inconnu au sourire débonnaire.
- Veuillez m’excuser jeune homme.
Lake jeta un regard anxieux en arrière. Il mesura l’homme du regard et il sentit du... soulagement ? Cet individu était soulagé de l’avoir retrouvé mais Lake ne le connaissait pas. Un silence qui parut interminable s’installa entre eux. Lake demanda finalement d’une voix rauque :
- Qui êtes-vous ?
- Bonne question.
Les hommes de son père se précipitèrent sur Lake avec célérité. Il n’avait pas le temps de discuter.
- Je dois passer.
- Grande Technique ! Ce ne sera pas nécessaire.
Les déplacements d’air s’étaient tus. La main droite de l’homme qui lui faisait face était levée, pomme ouverte vers l’escouade de brume. Le Capitaine Nart s’inclina légèrement tout en posant la main sur les armoiries ducales qui ornaient sa combinaison à l’emplacement de son cœur. L’escouade se dissipa aussi vite qu’elle était arrivée. Lake se demandait qui pouvait être assez haut placé dans la hiérarchie aristocratique pour arrêter le Capitaine de la plus puissante famille ducale des Terres connues. Il releva le menton, passablement agacé :
- Je vous demande votre identité.
- Len Clark, membre supérieur des Initiateurs de l’Ordre de Cristral. Et vous-même ?
- Lake Ylias.
Bon sang, j’ai encore utilisé le nom de ma mère, mais qu’est-ce qu’il me prend aujourd’hui ? Le jeune héritier se sentait perdu. Il se demanda si Len Clark pourrait l’aider mais derrière son ton rassurant Lake entendait la froideur de son cœur de glace.
- Votre surnom est connu par ici Maître Lycoris. Par une heureuse coïncidence j’étais justement à votre recherche. Mais il semblerait que vous ne soyez pas homme que l’on puisse facilement surprendre, à l’image de votre père bien entendu.
Mon surnom ? Ce type est sérieux ? Lake parlait peu aux étrangers. Mais il s’était toujours félicité de savoir cerner les gens. Il se demanda franchement où cet homme voulait réellement en venir avec ces flatteries pompeuses. Son jeu était tellement évident que Lake se demanda s’il était réelement Initiateur.
Il avait vaguement entendu parler de ces sortes de guides. Des précepteurs ne daignant enseigner leur savoir qu’à une infime partie de l’humanité. De toutes les manières, Lake n’avait aucune raison de lui faire confiance. Il décida donc qu’il n’en ferait rien. Il tenta de se dégager vers la droite. Une main puissante s’abattit sur sa tête. Lake se débâtit en vain. Il pensa alors à écraser les pieds de ce Len Clark qui, semblant lire dans son esprit, le renversa avec une facilité déconcertante. La colère familière des Lycoris montait lentement en lui. Une nouvelle fois, Len Clark sembla l’anticiper car il déclara calmement :
- Je ne cherche pas à t’effrayer mon garçon mais il va réellement falloir que j’obtienne ton assentiment. Tu dois me suivre, Aldous Lycoris t’attend.
Lorsque Lake entendit le nom de son père, son visage se transforma. Dans ce chaos d’incertitudes, une lumière vive, familière, rassurante se fit dans son esprit. Papa est donc ici ! Il se releva avec l’assurance présomptueuse si particulière aux héritiers des grandes familles. Lake inclina légèrement la tête, assurant ainsi Len de sa pleine coopération.
- Bien, menez-moi à lui.
Lake suivit donc Len Clark. Ils entrèrent tous deux dans une vaste salle circulaire auréolée de dorures au sombre éclat bordeaux. La pièce respirait ce luxe exubérant auquel Lake était habitué depuis l'enfance.
Son père se tenait là, au centre d’un salon style empire, un grand manteau pourpre couvrait ses larges épaules. Lake ne pouvait pas réellement voir toutes ces choses car ses yeux ne fonctionnaient toujours pas normalement. Mais il les sentait. Tous ses sens, hormis sa vue, l’accablaient d’informations que son cerveau traitait à une vitesse considérable ! L’imposant Aldous Lycoris jeta un regard absent sur son fils et prit la parole :
- Heureux de te voir sain et sauf parmi nous Lake.
- Père je…
Le mot resta suspendu un instant aux lèvres de Lake. Son père lui paraissait tellement imposant qu’il lui était tout simplement impossible de l’appeler « Papa » comme avant. Quelque chose clochait dans l’attitude de son père. Il déglutit puis continua prudemment :
- Père je voudrais comprendre ce qu’il m’est arrivé. Je ne me souviens que de très peu de chose avant mon réveil. C’est comme si ma mémoire me faisait défaut.
- C’est normal mon fils, ne t’inquiètes pas, je vais faire en sorte que tu sois en sécurité à présent. Len a ordre de veiller sur ton…
Aldous Lycoris fixa le vide un instant, cherchant le mot adéquat
- …éducation. En outre, tu ne me sembles pas si déboussolé que tu le prétends. Tu as déjà fait la connaissance de ce cher Len et mis en déroute mon escouade de Brume ce soir.
- Je cherchais simplement à me défendre. J’ai agi malgré moi, comme poussé par une force qui me dépassait. Je vous présente mes excuses.
- Il suffit Lake. J’ai déjà étouffé l’affaire. Et cesse de te comporter comme un jeune chiot apeuré. Il est temps que tu te montres digne de ta famille.
Il reporta immédiatement son attention sur Len.
- Monsieur Clark, quel sens ?
Le comportement de son père eu l’effet d’une claque sur Lake. Il ne reconnaissait plus l’homme qui se tenait en face de lui. Celui qu’il appelait autrefois papa avait perdu toute trace d’humanité. Il traite les informations une par une sans même se soucier de l’état de santé de son propre fils ! D’un côté cela le dépassait et d’un autre cela lui paraissait vaguement familier. La réponse de Len vint interrompre sa pensée :
- La vue Mon Rouage, c’est un cas extrêmement rare. A dire vrai, votre fils est le seul recensé à ce jour.
Lake s’exclama :
- Mon Rouage !?!
Son père lui répondit d’un ton presque méprisant :
- En effet Lake, comme tu peux t’en rendre compte, bien des choses ont changé durant ton sommeil.
- Mais enfin combien de temps ai-je dormi ?
Len Clark répondit tranquillement :
- Environ six mois.
Le mécanisme prodigieux qui habitait depuis quelques heures le cerveau de Lake se remit en marche. Deux entités distinctes se livraient bataille. L’une lui criait de fondre en larme, de hurler, de jeter à la face de son père toute sa rancœur. L’autre pourtant, l’incitait au calme le plus absolu. Guettant le moindre son, la moindre variation de sa réalité. Ce dernier étouffait peu à peu le premier, plongeant Lake dans une transe rationnelle, exempte de toute émotion. Il fut donc le premier surprit de s’entendre déclarer d’une voix parfaitement maîtrisée :
- Bien, qu’avez-vous d’autre à m’apprendre ?
- C’est à peu près tout. J’ai déjà réglé les modalités d’inscription avec Len. Monsieur Clark se chargera de t’expliquer les détails. Je suis attendu.
Monrouage Aldous Lycoris sortit de la pièce aussi froid et distant qu’une pierre tombale. Lake était conscient que la fortune et la renommée des Lycoris les obligeaient, son père et lui, à un certain respect des codes de politesse et des bonnes manières. Mais jamais quitte à sacrifier leur relation, jamais au mépris du bon sens. Len posa une main glaciale sur l’épaule de Lake. L’entité émotionnelle de Lake choisit ce moment pour refaire surface. Il se retira vivement :
- Vous. Ne me touchez pas !
- Je ne suis pas ton ennemi mon garçon. Je suis peut-être même ton seul ami ici.
Les yeux de Lake prirent une teinte sombre et menaçante qui trahissait tout le mépris qu’il éprouvait pour « ce cher Len ». Comme un animal sauvage il recula vers la porte à pas lents. Mais Len se détourna de lui pensivement. Il murmura quelque chose que Lake entendit comme si on le lui avait crié dans les oreilles. C’est étrange…il ne réagit pas comme les autres. On dirait qu’il a encore des émotions en lui. Son subconscient émotionnel s’accroche, même après l’effacement mémoriel et six mois de sommeil.
- Je t’en prie mon garçon, assied toi près de moi.
Lake détailla Len Clark alors qu’il s’asseyait le plus loin de lui possible. C’est-à-dire en face de l’Initiateur sur le canapé de damas rouge. Clark était grand, blond avec des yeux d’un gris profond. Il portait un uniforme noir et blanc arborant des armoiries étrangères à l’héritier Lycoris. Deux roses, l’une blanche et l’autre noire entremêlées. Sa figure était fine et bien dessinée mais une cicatrice blanchâtre striait la partie gauche de son visage. Elle s’étendait en un arc de cercle étrange de la tempe jusqu’au menton. On aurait dit un croissant de lune.
L’initiateur offrait à Lake un sourire bon enfant. Ce sourire qui avait visiblement pour but de le rassurer, arrosait au contraire l’arbre de sa méfiance avec un débit surprenant. L’Initiateur se décida enfin à briser le silence d’une voix douce :
- Pendant ton sommeil, ton père a été nommé Rouage de l’histoire. Il prendra ses fonctions dès notre arrivée sur Terre 33.
Len croisa ses jambes et se gratta le menton dans le but évident de laisser son interlocuteur encaisser la nouvelle mais Lake demanda avec pragmatisme :
- Quand arriverons-nous sur cette planète ?
- Demain matin si nous ne rencontrons pas une chaîne d’astéroïde capricieuse. Dès lors, il te sera très difficile d’aborder ton père. D’une part eu égards à ses fonctions et d’autre part à cause de ton apprentissage.
La bouche de Lake se tordit en un sourire ironique :
- Voyez-vous cela… « Ce cher Len » compte donc nous faire profiter de son savoir d’Initiateur.
Len Clark ne se départit pas de son masque pourtant un doute dérangeant s’insinuait dans son esprit. Cette fois Lake entendit la pensée de son interlocuteur. L’usage de l’ironie constitue une marque indubitable de son émotivité. Je ne comprends même pas comment une telle chose est possible. A l’heure qu’il est, il ne devrait plus rien ressentir.
- Hum, je n’ai pas la prétention d’être un maître en la manière, mais l’Ordre possède un cadre idéal à ton épanouissement et au développement de tes sens.
- Mes sens ? Je me permets à mon tour de faire étalage de mon humilité en vous rappelant qu’il ne m’en reste que quatre.
Le sourire de Len Clark se fendilla immédiatement, laissant entrevoir l’éclat menaçant de sa cicatrice lunaire :
- Laissons ici les civilités veux-tu. Depuis quelques heures tu as développé tes sens. Il y a bien longtemps ce phénomène se nommait l’éveil. On ne parlait pas encore de sens mais de magie. Aujourd’hui la plupart d’entre nous préfèrent nommer ces facultés les dons.
- La magie n’existe pas plus que les pseudos dons auxquels vous faites allusion. La seule chose en laquelle je crois c’est la technique et le Cristax.
- Tu apprendras à tes dépens jeune homme que la magie est une science que l’on n’a pas encore réussi à théoriser et que les dons sont également appelés propriétés du Cristax !
Lake ne répondit pas devant la véhémence de cet homme qui pensait tout savoir. On ne raisonne pas les fous. On joue simplement leur jeu pour qu’ils nous laissent tranquilles. Un plan d’évasion se formait peu à peu dans son esprit. C'était la seule chose qui comptait à présent. Seulement il nécessitait d’obtenir des informations qu’il ne détenait pas encore. Se forçant à adopter un air résigné il reprit donc par une nouvelle question :
- Pourquoi ai-je perdu la vue ?
- Le phénomène d’éveil se présente comme une deuxième naissance. L’ingestion de Cristax pur accroit considérablement les capacités intellectuelles et physiques d’un individu seulement le prix à payer n’en est pas moins égal. Le Cristax exige en échange la perte d’un des cinq sens. Dans ton cas : la vue.
- Vous êtes en train de me dire que ma vue a été sacrifiée pour faire de moi un surhomme ? Je ne suis pas sûr que l’échange se vaille…
- Ce n’est pas tout. Un don particulier à l’individu apparaît quelques temps après l’éveil.
- Combien de temps ?
- Ce n’est pas une question de temps, c’est une question de choix. Pour prendre la vraie mesure de ton pouvoir tu devras le partager avec quelqu’un. Les gens comme toi, les Porteurs, ont besoin d’une Lame pour libérer leur don. Un réceptacle si tu préfères, un autre individu qui canalise ton pouvoir.
- Je ne peux donc pas me servir du don sans ce réceptacle ?
- Réceptacle est un mot très familier, nous préférons le terme de Lame. Je te prierais de l’utiliser. Pour répondre à ta question, en théorie si mais le réceptacle te permet de décupler ton don à l’infini. Il te donne un accès illimité à ton pouvoir. Le choix d’un réceptacle se fait au bout d’un long processus. On mesure les aptitudes, les croyances, les envies, les affinités de milliers d’individus pour tenter de trouver celui qui correspondra le mieux à nos apprentis Porteurs. Plus le réceptacle et le contractant se ressemblent et plus leur don est grand. C’est pourquoi l’ordre constitue ta meilleure chance dans ta situation.
Lake se leva lentement de sa chaise. Il avait réuni assez d’éléments pour ne plus avoir à supporter la voix et les pensées de cet homme. Il se dirigea calmement vers la porte, l’ouvrit dans l’intention de se mettre à la recherche de sa chambre mais se retourna au dernier moment afin de donner le change. Il ne devait pas éveiller soupçons de cet homme :
- Je vous remercie Monsieur Clark pour ces...informations.
Et je prie pour que ce soit notre dernière rencontre ! Len n’eut rien le temps d’ajouter, la porte claqua bruyamment. Laissant l’Initiateur seul dans un lourd silence. Le Duc Rouge désactiva son bouclier d’invisibilité.
- Et bien ? Qu’en pensez-vous Monsieur Clark ?
- Ce jeune homme est un futur prodige Monrouage, cela ne fait aucun doute.
Et pendant que Aldous Lycoris affichait un sourire félin en ressassant ses nouvelles idées de grandeurs, Len déclara d’une voix inaudible :
- Reste à régler ce curieux problème d’émotivité…
Lake se retrouva aveugle et amnésique, impeccable XD
Je suis curieuse d'en apprendre plus sur cette histoire de dons, de Lame et de Porteur ! Ce mélange de fantaisie et de SF, on voit pas ça tous les jours, et en plus ici, c'est réussi et bien dosé !
Je ne dirai rien. Tu es libre de spéculer à loisir ;p