Vol à haut risque

Julian n’osait pas regarder Deidre dans les yeux (dans son for intérieur, il avait décidé qu’il continuerait de l’appeler par son prénom). Il avait peur qu’elle prenne ça pour une insulte et ne lui en colle une en pleine figure. Elle en était bien capable et semblait mourir d’envie de le faire. Elle ne le lâchait pas du regard, attendant qu’il finisse sa salade de fruits pour le ramener en vitesse dans son monde. Elle le fusillait de ses yeux gris et tranchants comme des poignards, le mettant affreusement mal à l’aise. Il se dépêchait à contrecœur de manger juste pour échapper à ce regard furieux et meurtrier.

Une fois qu’il eut englouti son dernier morceau de kiwi, elle hocha sèchement la tête, décroisa les bras et quitta la pièce en disant simplement :

- Je dois aller chercher quelques affaires. Ne bouge pas, attends-moi sagement et ne touche à rien.

Elle claqua la porte bleu électrique qui menait à sa chambre et Julian n’osa pas remuer. Il réfléchissait, son cerveau tournant à plein régime pour trouver le moyen de convaincre la fille de revenir le voir pour lui donner plus d’informations. Qu’ils puissent discuter calmement de la situation. Il voulait en savoir plus sur ce monde des Créatures de l’Ombre comme elle les avait appelé. Il voulait en faire partie. Il avait peur de voir la magie disparaître de sa vie après qu’elle y soit entrée de manière aussi fulgurante.

Il se prit la tête dans les mains en ayant l’impression d’entendre un compte à rebours résonner dans les airs, rythmé par les tic-tac des horloges. Depuis son tabouret, il pouvait entendre Deidre fouiller dans ses affaires et pester contre le désordre. Dans quelques secondes, elle allait ressortir pour l’emmener loin de la magie et du mystère, l’abandonnant à nouveau à sa vie routinière et bien rangée de petit écolier qui le rendait fou.

C’est en relevant les yeux qu’il vit le chat qui l’observait dans son sommeil le fixer depuis le mur à sa droite. Julian lui rendit son regard et lui demanda sans trop y croire :

- Tu aurais une idée toi, pour la persuader de me donner une chance ?

A sa grande surprise, le chat eut l’air de comprendre et hocha même sa petite tête poilu de haut en bas. De sa démarche élégante, il se fondit dans le sol comme une ombre et Julian le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue entre les livres et le tapis. Curieux, il se leva, suivit sa trace et le rejoignit jusqu’à un petit secrétaire en bois clair délicatement ouvragé, poussé dans un coin de la pièce et dissimulé derrière les piles de livres. Le chat s'était assis sur la tête d’un gigantesque géant endormi et désignait de sa patte un petit coffret laqué de noir posé au milieu d’un tas d’autres babioles. Des vieilles boites à musique ; des figurines de porcelaines ; des stylo-plumes ; des montres à goussets en or, en argent et en bronze et des petits vases remplis de fleurs séchées. Julian croisa le regard encourageant du chat et se saisit du coffret. Avec d’infinis précautions, il l’ouvrit et resta bouche bée.

Une magnifique bague se trouvait là, posée sur un coussin de velours pourpre. Elle était composé d’un large anneau en argent terni, gravé de symboles sûrement magiques et ornée d’une pierre sombre, taillée en ovale et parfaitement lisse. Elle brillait doucement d’un éclat effrayant à la lumière des chandelier. De la fumée rouge sang semblait être enfermée à l’intérieur et évoluait gracieusement dans le morceau d’obscurité que semblait renfermer la pierre. Julian était bouleversé devant la beauté lugubre et la brutalité du bijou. Il regarda le chat qui le fixait d’un air complice.

- Que veux-tu que j’en fasse ?

Le félin lui adressa un coup d’œil navré et agita ses moustaches. Julian était bluffé par le réalisme de cette peinture vivante. Il chercha à comprendre :

- Tu veux que… je la vole ?

Nouveau hochement du museau. Julian le regardait, incrédule. Était-il sur le point de commettre un crime sous les encouragements d’un matou en 2D ? C'était une peinture ! Magique ou ensorcelée peu importe, il n'aurait pas dû être capable de penser par lui-même ! N'est-ce pas ? 

En même temps, qui était-il pour juger de ce qui était possible ou non, lui qui avait toujours voulu que le monde soit plus surprenant ?

- C'est sûrement une mauvaise idée, affirma-t-il en chuchotant pour ne pas que Deidre l'entende parler tout seul depuis la chambre.

Le chat ne répondit rien mais ses yeux étincelèrent de malice. Il sembla sourire discrètement sous ses moustaches frémissantes. Julian lui jeta un regard méfiant. Cet animal avait un petit quelque chose de sournois et l'air de préparer un mauvais coup. Le jeune homme regarda à nouveau la bague et les lueurs inquiétantes qui dansaient son la surface de la pierre. Elle ressemblait un peu à un œil  démoniaque, le fixant intensément. Peut-être n'était-ce qu'un effet de son imagination mais il avait l'étrange et dérangeante impression que l'anneau palpitait sous ses doigts comme un coeur. Pendant une terrible seconde, il envisagea la possibilité que le bijou puisse être vivant et manqua de peu de le lâcher. Se parlant à lui-même, il continua :

- Si ça se trouve cette bague est dangereuse, en plus.

Le chat pencha la tête sur le côté comme pour dire "peut-être".

- Mais en même temps, ce qui est dangereux est quand même beaucoup plus intéressant que ce qui ne l'est pas, continua Julian qui sentait sa curiosité s'enflammer et l'excitation se répandre dans ses veines.

Le chat remua sa longue queue touffu en le fixant sans ciller. "Et donc ?"

Julian sursauta en entendant les pas de Deidre dans la chambre se rapprocher dangereusement de la porte. Après un dernier coup d’œil au chat qui signifiait clairement « si ça foire, tout est ta faute », il empocha prestement la bague et laissa l’écrin ouvert sur le secrétaire pour que Deidre ne mette pas trop longtemps à remarquer le vol. Puis il se retourna, s’éloignant d’un pas nonchalant du secrétaire en prenant un air innocent et fit mine de s’intéresser à une carte jaunie accrochée au mur. Il songea à siffloter ingénuement mais se rappela qu'il ne savait pas siffler. Au même moment, la porte de la chambre s’ouvrit à la volée juste derrière lui, le faisant sursauter. Il n’eut pas besoin de se retourner pour deviner l’air mécontent de Deidre dans son dos :

- Quand on te demande de faire quelque chose, tu ne pourrais pas simplement obéir ?

Julian se retourna, les mains derrière le dos et un sourire espiègle sur les lèvres. Dans sa poche de pantalon, la bague semblait lui brûler la peau. Le regard pénétrant de la Passeur aurait pu faire cracher tous ses secrets au plus endurci des criminels. Mais Julian avait toujours été doué pour dissimuler les choses en les masquant avec de l’humour. Il déclara donc d’un air désinvolte mais d’un ton théâtrale :

- Certes, mais ça ne serait pas aussi intéressant.

Si Deidre n’avait pas encore été furibonde contre lui, il était sûr qu’elle l’aurait trouvé amusant. Mais soudainement, il se demanda si lui dérober quelque chose – qui en plus avait l’air précieux – était vraiment une bonne idée. Elle s’était mise en rogne pour seulement quelques questions intimes, qui sait à quel point un vol pouvait la faire sortie de ses gonds ? Julian ne tenait pas particulièrement à le découvrir en en faisant les frais. Cependant, son instinct lui soufflait que lui révéler maintenant qu’il avait voulu la voler n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Et surtout, c’était le seul moyen pour la faire revenir vers lui et tenter d’avoir une vraie conversation avec elle. La seule chose qui pouvait ramener la magie dans sa vie.

Comme achever de le convaincre, il croisa le regard du chat qu’il s’était installé au-dessus de la porte de la chambre et le fixait d’un air complice en agitant lentement la queue. Deidre n’eut pas l’air de remarquer leur échange car elle attrapa une sacoche en cuir sombre et élimé ainsi que l’impressionnant trousseau de clés qu’il avait vu pendre à sa ceinture le matin même.

- Tu es prêt ?

- Oui mais…et ma chemise ? demanda Julian en montrant son affreux pull orange.

Deidre lui tendit la sacoche qu’il reconnut un peu tard comme étant la sienne. L’adolescent en examina rapidement le contenu et retrouva ses affaires de cours, sa veste d’uniforme soigneusement pliée, son portable et ses clés. Il la remercia d’un hochement de tête et elle répondit :

- Désolée pour ta chemise mais elle était imprégné de venin de gobelin, j’ai dû la brûler. Mais tu peux garder le pull, il est trop grand pour moi.

Il passa la lanière autour de son cou et inclina la tête pour montrer qu’il était prêt à partir. La question était maintenant par où fallait-il passer ? En examinant un peu mieux la pièce, Julian réalisa qu’il n’y avait aucune autre porte que celle qui menait à la chambre de son hôte. Mais cette dernière n’eut absolument pas l’air de s’en formaliser. Elle sortit ses clés de sa poche avec tout le naturle du monde et s’approcha d'un mur bleu recouvert de créatures marines qui la regardèrent approcher avec un air intéressé. Julian réalisa que les poissons, les tritons et les sirènes tournaient tous dans le même sens, formant un tourbillon lent de créatures ondoyantes et gracieuses.

En s’approchant un peu, il remarqua au centre de ce tourbillon hypnotisant, une petite serrure en bronze, située à un mètre du sol, directement encastrée dans le mur sans être raccordée à aucune porte. Sans marquer la moindre hésitation, Deidre enfonça l’une de ses clés - celle-ci était argenté et ternie par le temps - dans la serrure et la tourna vers la droite dans un clic sonore. Aussitôt, le mur devant elle ondoya doucement comme s’il avait la chair de poule et une porte en bois d’un beau vert bouteille se matérialisa là où auparavant il n’y avait rien d’autre qu’une cloison. La pièce entière sembla frémir et se stabiliser à cette apparition. Comme si tout le loft tanguait auparavant comme un bâteau sans qu'il ne s'en rende compte et qu'il venait tout juste de s'arrêter.

Deidre grogna d’un air insatisfait comme si le miracle de l’apparition d’une porte ne lui suffisait pas. Elle tourna à nouveau la clé mais de deux crans à gauche. La porte sembla se liquéfier avant de se reformer en un instant pour laisser la place à une grille en fer aux pointes acérées mais un peu rouillée. Julian voulut jeter un coup d’œil entre les barreaux mais ne vit que l’obscurité et les ténèbres. Nouveau grognement de la part de Deidre.

Trois coups à gauche. Un petit portail métallique peint en rouge qui leur arrivait aux genoux replaça la grille dans un léger crissement de métal et une odeur de peinture fraiche.

Six coups vers la droite. La porte d’un placard. Deidre poussa un horrible juron en s’acharnant contre la serrure magique tandis qu’autour d’elle les créatures du mur riaient silencieusement en feignant d’être discrètes.

Encore un coup à droite. Une fenêtre qui ne laissait voir que de la brume blanche.

Dix-sept coups vers la gauche (Julian les avait compté). Une simple porte en bois de chêne sans autre décoration que sa poignée en forme de feuille de chêne, se matérialisa devant eux. Deidre eut enfin l’air satisfaite. De son côté, Julian était maintenant persuadé qu’il était hors de question qu’ils en restent là. Il voulait en voir plus. Assister à d’autres miracles. Observer plus de merveilles.

Deidre poussa la porte et aussitôt la brume froide et humide d’un soir londonien leur sauta au visage, les glaçant jusqu’aux os. Elle passa la tête dans l’embrasure, regarda furtivement à droite et à gauche l’air, guettant un mouvement suspect :

- C’est bon tu peux y aller. La voie est libre.

Essayant de ne pas trop réfléchir à cette impossibilité dimensionnelle, Julian passa la porte et atterrit directement dans Kensington High Street. Il se retourna juste avant que Deidre ne lui claque la porte au nez et lui adressa un sourire incertain.

- Merci.

Elle ne répondit pas mais hocha la tête d’un air entendu avant de refermer le battant dans un grincement définitif. La porte en chêne qui s’était matérialisée au milieu du mur gris humide s’effaça progressivement comme de la peinture parmi les pierres anciennes sous les yeux incrédules de Julian. En quelques secondes, il se retrouva seul dans la rue, sous la pluie et entouré d’un brouillard glacial.

Son cerveau était à deux doigts de la surchauffe. C’était sûrement comme ça qu’elle avait disparu ce matin, en passant par une de ces portes fantômes. En observant le mur avec attention pour essayer de découvrir une trace du passage de cette porte voyageuse, il remarqua une minuscule serrure de bronze recouvert de vert-de-gris, bien cachée entre deux pierres. S’il n’avait pas su où chercher, il ne l’aurait jamais trouvé.

Il commença à s’éloigner d’un pas un peu hésitant, jetant de temps à autre un regard par-dessus son épaule, s’attendant à voir Deidre surgir du mur d’un instant à l’autre en hurlant et avec peut-être un couteau à la main pour récupérer sa bague. Celle-ci se trouvait toujours dans la poche de son pantalon et semblait lui brûler désagréablement la peau à travers le tissu.

Après seulement quelques seconde de marche tremblante, son téléphone se mit à vibrer sans discontinuer. Julian sursauta et le sortit de son sac. Plusieurs dizaines d’appels et de messages patientaient sur son répondeur. De Lewis et quelques autres amis qui lui demandaient où il était passé, mais également de sa mère, de son père et de sa sœur qui s’interrogeaient sur son retard. Le seul texto que son grand-frère lui avait envoyé était pour lui demander s’il avait enfin décidé de fuguer pour fuir leur mère. Nageant en pleine incompréhension, Julian regarda l’heure affichée en haut de l’écran et manqua de s’étouffer. 19h45. Il n’était jamais rentré si tard en semaine ! Sa mère allait le tuer. Et le ressusciter pour le tuer une seconde fois si elle apprenait qu’il avait séché les cours. Il ne pouvait même pas lui sortir la vraie raison comme quoi il s’était fait mordre par un gobelin enragé.

Il se mit à courir en direction de chez lui en réfléchissant à toute vitesse pour trouver une excuse potable à offrir à ses parents, oubliant momentanément la Passeur et la bague qu’il lui avait volé.

 

 

Deidre tournait en rond depuis que le gamin était parti.

Aussi étrange que cela puisse paraître, elle lui en voulait atrocement. Ses questions innocentes et son air ingénu avaient réussi à faire remonter en elle des souvenirs douloureux qui pesaient maintenant comme un poids sur sa poitrine. Des visages heureux et familiers auxquels elle n’avait pensé depuis plus de cinquante ans tourbillonnaient dans son esprit et dans son cœur qui venait à peine de cicatriser. Pendant un demi-siècle, elle s’était employé à les maintenir à distance en s’absorbant dans son travail, traquant les gobelins fuyards, menant des missions diplomatiques lors des conflits entre les loups-garous et gérant difficilement les dissensions entre les Seraphims et le reste du Monde de l’Ombre. Elle était trop faible actuellement pour repenser aussi violement à son passé. Et dire qu’il n’avait fallu que quelques minutes avec un gamin de dix-sept ans pour ficher en l’air plusieurs décennies de thérapie par l’amnésie.

Les larmes menaçaient de franchir la barrière de ses yeux et elle se mordait furieusement la langue pour les retenir. Elle était si surexcitée qu’elle avait même entrepris de faire du rangement dans son repaire pour tenter de se calmer. Cela faisait bien quarante ans qu’elle ne s’était plus attelé à cette tâche harassante qui devenait pourtant de plus en plus urgente au fil des années.

Après avoir ramassé et plié les affaires qui trainaient par terre, passé un coup de balais, ordonné sa cuisine, fait la vaisselle, aiguisé ses couteaux, arrosé ses plantes et rétabli l’équilibre des tours de livres qui se dressaient dans tous les coins de la pièce, elle s’approcha d’un petit secrétaire en bois clair, seul vestige de son ancienne vie qu’elle s’était autorisée à conserver, et qu’elle entreprit d’ordonner un peu. Elle ressembla ses cahiers à dessin et ses grimoires de langues démoniques qu’elle rangea dans les tiroirs correspondant. Elle remit les stylos et les crayons dans les petits pots en céramique, les montres à goussets dans leurs boites et arrangea ses quelques figurines de porcelaine peintes, ses fioles et herbes aromatiques et ses boites à musique sur les étagères dépoussiérées.

C’est seulement à ce moment-là qu’elle remarqua la boîte en émail noire tapissée de rouge, posée bien en évidence sur le coin du plateau, largement ouverte telle la gueule béante d’un gnome.

Et vide.

Deidre sentit son cœur sombrer dans sa poitrine. Elle se saisit brusquement de l’écrin, le tournant entre ses doigts fébriles, le secoua, l’examina sous toutes ses coutures, regarda par terre, sur les étagères, entre les pages des cahiers et les piles de lettres bien ordonnées. Mais elle dut rapidement se rendre à l’évidence. Sa bague démonique avait disparue.

Et ce n’était absolument pas une bonne nouvelle.

Au bord de la panique, Deidre redressa la tête et croisa le regard malicieux du chat peint sur le mur qui semblait assis sur l’étagère au-dessus du secrétaire. Il se grattait paresseusement les moustaches avec l’air d’en savoir plus que le reste du monde.

- Phileas ? interrogea-t-elle en levant un sourcil. Où est ma bague ? Tu le sais n’est-ce pas ?

Ledit félin lui adressa à peine un regard et commença à se lécher le dos et se lustrer le poil avec application. Comme si sa toilette était plus importante que le fait qu’un objet démoniaque ait disparu dans la nature.

- Phileas... Où. Est. Ma. Bague ?

La voix de Deidre s’était faite menaçante. La situation était grave. Car en plus d’émettre une puissante énergie démoniaque qui attirait les démons – et donc par extension les catastrophes – cette bague était connue. Si quiconque du Monde de l’Ombre sentait sa signature dans les rues, les rumeurs les plus folles commenceraient à courir et se répandraient comme une traînée de poudre. La paix venait à peine de s’installer, elle ne supporterait pas qu’elle soit rompue par une maladresse de sa part.

Voyant que le chat ne répondrait pas aux menaces, elle changea de tactique :

- Phileas, s’il-te-plait…tu sais que c’est important.

Le concerné cessa enfin de se lécher le ventre pour lui adresser un regard presque navré qui semblait lui dire : « tu sais très bien qui sait ».

Elle n’eut effectivement pas à réfléchir très longtemps, tellement c’était évident. Personne ne pouvait entrer ici sans son accord et le dernier visiteur en titre était…

- Le gamin ? demanda-t-elle incrédule.

Hochement des moustaches puis Phileas sauta d’une étagère à l’autre jusqu’à aller se percher sur le mur du haut d’une armoire sans plus de cérémonie. De son côté, le cerveau de Deidre tournait à plein régime. Bien qu’elle paraisse parfaitement calme, intérieurement elle écumait de rage et tentait d’évaluer sa punition par le Conseil de la Guilde si elle décidait de stranguler discrètement un Mortel pour vol d’objet démoniaque.

À deux doigts d’exploser de colère, elle prit ses clés dimensionnelle, enfila son manteau et sa bague de charmes et fit réapparaitre la Porte de Londres en quelques tours de clé dans la serrure. Après un dernier coup d’œil au chat qui la regardait fulminer du haut de son armoire d’un air goguenard en secouant les oreilles, elle sortit en claquant la porte faisant sursauter les dragons et s’envoler les phénix.

Elle déboula comme une furie dans la rue où elle avait déposé Julian quelques instants plus tôt. Par chance, elle était déserte, car elle avait oublié d’activer un charme pour se dissimuler aux yeux des Mortels. L’avenue était toujours noyée dans un brouillard humide qui pendant un bref instant, la ramena deux cent ans en arrière à l’époque victorienne, au milieu des becs à gaz et des calèches tirées par des chevaux. Elle se laissa porter par ses souvenirs pendant quelques secondes, à mi-chemin entre rêve et réalité, essayant de se remémorer les sensations de cette époque. Puis, le bruit assourdissant d’une voiture résonna, brisant net l’illusion. La mélancolie lui serra le cœur comme un étau et elle se souvint pourquoi elle détestait revenir dans le Monde Terrestre.

Trop de mauvais souvenirs.

Elle secoua furieusement la tête pour chasser cette impression désagréable et se mit en chasse de ce Julian Clever qui allait lui payer très cher le déplacement.

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Zoju
Posté le 16/05/2020
Salut ! Bon chapitre que j'ai pris plaisir à lire. Ton style d'écriture est assez dynamique à lire. Les événements s’enchaînent et c'est très clair. Je n'aimerais pas être à la place de Julian. Deidre semble vouloir lui faire passer un mauvais quart d'heure. On commence à se poser de plus en plus de questions sur Deidre alors que l'on en apprend de plus en plus. Mine de rien, on s'attache à tes deux personnages et leurs échanges sont souvent comiques. Si je devais faire une petite remarque, j'ai un peu décrocher avec le passage de la porte. Je crois que comme Julian j'ai un peu perdu les comptes de tours de clé. :-) Pour le reste, hâte de lire la suite. Courage ;-)
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