Winter

Par Tuabed

Luktir aidait les autres à emballer les tentes. En me voyant, il me donna silencieusement un lourd paquet.

« J'le met où ?

-Sur le tas, là-bas. »

Il pointait du doigt un monolithe de meubles et de tente, destinés à être chargés sur des chariots. Je le suivais.

« Je dois partir. On va tendre une embuscade à cet « Ami ». T'es partant ? »

-Bien sûr. Toujours.

-T'aurais pas un copain pour nous accompagner ?

-Si, un ancien conseiller du duc de Frijord. Pas costaud, mais magicien... enfin, d'après ce qu'il m'a dit.

-Bien. J'ai déjà dans l'idée de prendre le gars, là-bas.

-Le noir ?

-Ouais, il est costaud et manie bien la hache.

-Si tu veux, c'est toi le chef. »

Je jetais les lourds plots de fer sur le reste du tas avant de donner une claque dans le dos de mon camarade. Je me dirigeais vers le grand combattant, qui tenait un cheval par la bride. Dans le camp, personne ne restait oisif bien longtemps, à part avec une bonne raison.

« Salut, vieux frère. »

Ici, on avait tous bravés la mort ensemble, on faisait tous partie de la même famille.

« Salut, qu'y-a t'il ?

-J'ai vu que tu savais te battre. Vrai ou faux ?

-Vrai. Trop vrai.

-Bien. On part en repérage demain, à l'aube. Prépare une arme et des provisions, tu as carte blanche pour te servir dans la réserve de nourriture.

-Où est-ce qu'on va ?

-Tu verras. »

Il n'ajouta rien. Sans un mot, je pris la bride qu'il tenait encore et partis pour atteler le cheval à un des chariots en provenance de Volngard.

Le soir, au dîner, Luktir me présenta son ami. Nous avions mis le feu à quelques tables pour faire cuire le repas. C'est donc dans la lumière du feu, un bol de ragoût à la main, que je fis la connaissance de Winter, ancien mage de la cour ducale. Il me dit avoir officié dix ans comme soldat avant de rejoindre les hautes académies de magie puis avoir rejoint le duc et être resté jusqu'à maintenant à son service. Il avait essayé de se mêler d'une politique qui ne le regardait pas, pour finir dans les froides cellules de la grotte. Vers dix heures, j'avais fini mon paquetage et je me couchais dans une des rares tentes restées debout.

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