Uzu est réglé comme un métronome, il passe les portes du bureau toujours à neuf heures moins le quart, dépose sa veste dans son casier, se fait un café, retourne dans le hall, récupère ses clefs dans le local compta et va ouvrir l'accueil. Il y a déjà du monde, il y a toujours du monde, Uzu se demande si les gens d'ici dorment des fois. Il en doute.
- Toujours à l'heure, impeccable, rien à redire, comme c'est agréable d'avoir des employés tel que vous mon cher Obata, lui jette son supérieur en traversant la rotonde.
- Monsieur ! le salut-il d'un signe de tête.
En règle générale celui-ci a pour habitude de ne venir lui adresser la parole qu'uniquement lorsqu'il a un problème dans son planning : manque de personnel, besoin d'un maître de stage au pied levé, surplus de travail en attente, courrier en retard. Une chance qu'il soit souvent pressé le matin, Uzu se contente très bien de ce simple bonjour.
La cireuse finit son ballet glissant sur le balatum, la libraire ouvre le rideau de fer, trois infirmières néonat' bavardent à côté du distributeur, c'est relativement calme à cette heure. Dans ce service, il est un peu chez lui maintenant. Il met en route le standard, voit passer sa mère qui part (fin du service de nuit).
- Quand tu auras le temps tu passeras à l'appartement, j'ai du courrier pour toi !
La regarde croiser Françoise qui arrive (début de la journée).
- Youz' il faut qu'on parle, on se voit à la pause de dix heures.
- Ok ! répond-t-il au deux sans distinction.
Et la routine reprend, les urgentistes qui perdent de vue un brancard dans le couloir du parking sous terrain, ce qui n'aurait en soit aucune importance si celui-ci n'avait pas été occupé par un malade qui aurait dû être en dégrisement. L'anesthésiste qui se retrouve coincé dans l'ascenseur avec un pigeon hargneux, mais d'où pouvait bien venir le volatil ? La grand-mère et sa valise "oubliée" par son gendre aux urgences, c'est toujours mieux que sur le bord de l'autoroute, rien que du bonheur.
À la pause, il rejoint Françoise en pédiatrie, elle est un peu en retard, en l'attendant en salle de repos, il écoute les histoires du service, toutes plus horribles les unes que les autres et se dit qu'il est bien heureux de n'être qu'à l'accueil.
- Ha Youzeu te voilà, tu peux passer dans mon bureau ?
- T'es pas en pause ?
- Si si.
Uzu entre, dans cette petite pièce sombre se trouvant au bout d'un couloir dont l'entrée fait face aux toilettes publiques. La décoration est minimale, les murs, certainement blancs à l'origine sont devenus, à la longue, crème sale. Le bureau croule sous les dossiers en instance, un gilet traine sur le siège. L'armoire de fer qui contient les dossiers des patients ne semble plus fermer à clef. Le téléphone se perd sous la paperasse.
- Assieds-toi, un café ?
- Je suis déjà à mon troisième, je pense que ce ne serait pas raisonnable.
- Comme tu veux.
Le regard du japonais se perd, lecture automatique des quelques affiches de prévention se trouvant sur les murs. Une publicité, digne d'un musée datant certainement des années cinquante, annonce : "Les assistantes sociales apportent aux familles joie et santé. "
- Les infirmières font de la pub pour les assistantes sociales maintenant ?
Des cartons à archives trainent sur le sol, des cartes postales et des faires-parts colorés empiètent sur le panneau d'affichage. Un nombre hallucinant de post-it* envahissent le cadre de l'écran du PC. Une bombe désodorisante s'est égarée sur une étagère entre une peluche poussiéreuse et la plante en plastique.
- Tu vis toujours chez le jeune Carbonnel, le papa du bébé ?
- Oui, Uzu.
Revient sur terre, à l'instant il était parti loin.
- Gabriel et moi sommes ensemble. Je pense que ma mère t'en a déjà parlé, non ?
- J'ai eu ta lettre dans mon casier au début de toute cette histoire, c'est la seule version que j'avais de toi et même si ta maman me tient au courant de tes "frasques" comme elle dit, je ne prends pas forcément tout ce qu'elle raconte pour argent comptant.
- Je vois.
- J'aime beaucoup ta mère, mais je ne suis pas certaine qu'elle soit très objective.
- Ouais.
- Si je te pose cette question c'est parce que j'ai le dossier d'enquête pour le placement du petit Hugo Carbonel sous les yeux. Et il y a certaines informations qui posent problème.
Pour quelles raisons a-t-elle ce dossier, Uzu se le demande. Le fait qu'elle sache pour lui et Gabriel lui fait peur, il n'avait pas réalisé.
- Mais moi je n'ai rien à voir avec ça, c'est Gabriel qui...
- Tu viens de me dire que tu vivais avec lui, aux dernières nouvelles de ta part, tu tenais le rôle de nounou et là d'un seul coup, tu n'as rien à voir avec ça ? Il n'y a effectivement aucune mention de toi dans ce dossier ou presque. Par contre le planning de l'oncle d'Hugo est très flou, le nombre de baby-sitters non professionnelles un peu trop important, cet enfant semble passer de bras en bras. L'infirmière PMI en charge de l'affaire a été visiblement extrêmement mal reçu. Les explications quand à la véritable situation familiale ou professionnelle du tuteur se contredisent.
- Faut quoi, prendre un avocat ?
- Ne soit pas agressif avec moi, je suis de votre côté. Gabriel Carbonel doit cesser de mentir, ça n'est pas très malin, que cherche-t-il a cacher ?
- Tu nous l'as dit toi-même qu'être gay pour adopter c'est mort, qu'il vaut mieux passer pour célibataire. Si tu crois que ça m'a plu de devoir disparaitre !
- Là, mon petit Youzeu, on parle de dossier d'agrément. L'adoption, ton copain n'en est pas là, déjà il n'a pas l'âge. Cette enquête n'a rien de vraiment officielle pour le moment. La PMI l'effectue en vue de protéger ses arrières, au cas ou il y aurait un jour maltraitance avérée, négligences ou carence. Elle pourra ainsi prouver qu'elle a bien fait son travail et que rien ne laissait présager que cela pouvait arriver. Elle se doit de veiller à ce que l'enfant ne soit pas en danger avec vous, que se soit affectif ou autre.
- D'après Gabriel l'infimière qui est venue est une veille bourrique agressive qui n'a pas l'air d'être ouverte d'esprit, je suppose qu'il a pris peur.
- Dans la situation actuelle, je pense qu'il vaut mieux dire la vérité.
- Ok, on fait comment alors maintenant ?
- Voilà les différentes fiches qui ont été remplies lors du premier passage et voici les mêmes vierges. Je garde celles-là, tu prends les vierges et vous allez les remplir correctement cette fois. Les horaires de travails réels, vos différentes présences et emplois du temps, les noms, adresses et téléphones des éventuels babys sitter, l'assistante maternelle, le pédiatre, en bref vous me refaites tout ça. Tu me rends le tout accompagné d'une déclaration sur l'honneur de toi et d'une de Gabriel. Comme quoi les informations sont vraies. Et il te fait un certificat d'hébergement. Il va y avoir deux autres passages chez ton copain, le premier aura lieu sans prévenir en fonction des horaires indiqués, y'a intérêt que ça colle. Le second demandera la présence des acteurs de la vie de l'enfant, si la baby sitter ou l'assistante maternelle ne peuvent pas être là, il faudra trouver avec elle un moment pour se voir.
- Tu as le droit de me filler ça ?
Pour toute réponse, il reçoit un clin d'œil malicieux.
- Aller file maintenant j'ai du travail.
*
Vingt minutes qu'il est arrivé chez Steph, la femme de celui-ci le regarde encore avec ses yeux humides et sa condescendance à deux balles. Gabriel avait oublié l'impression désagréable que l'on peut ressentir face à l'apitoiement de quelqu'un. Sa compassion a beau n'être qu'une forme de sympathie, des plus aimable et ordinaire au vu de sa situation familiale, il a malgré tout, du mal à s'y faire. Le malaise, présent dès l'entrée dans la demeure, le poussera à refuser l'invitation à déjeuner et ne le quittera qu'une fois descendu au sous-sol avec le maître de maison.
Le studio d'enregistrement de Steph est loin à présent de ce qu'il était lors de la première visite du leader de Ten'shi, il y a maintenant presque quatre ans. Â douce époque que celle où Gabriel subissait au conservatoire les cours de musique contemporaine, Steph y était alors professeur de MAO et de production musicale. L'intérêt de son cours dans lequel Gabriel se planquait littéralement surpassait de loin celui de solfège que le jeune goth fuyait alors. Gabriel n'y entendait pourtant rien à la technologie du son et pour lui, composer se faisait et se fait toujours de façon traditionnel, à la faveur de son piano. Mais il avait trouvé en cet homme, une oreille attentive. Il ne se passa, en effet, pas beaucoup de temps avant que cet adulte passionné ne se penche sur le cas de ce jeune prodige récalcitrant à la technique. Que d'heures passées ensuite dans ce petit studio qui n'était alors qu'amateur, où Steph bricolait pendant son temps libre, s'accommodant sans soucis de ce squatteur curieux et ambitieux. Devenu véritable local professionnel, il n'y manque aujourd'hui plus rien.
Le lieu est calme, exigu et emprunt d'une aura vertueuse. Ici on interprète, on crée, on compose et finalement on enregistre, on laisse une trace, on se prend au sérieux.
Si, entre Gabriel et son aîné, la conversation va bon train sur des sujets aussi variés que philosophes concernant la musique, leur peut-être future célébrité, le travail de création et de composition musicale ou les aléas d'une entente précaire entre membres d'un même groupe ayant subis les ravages de la proximité sentimentale et intime, elle n'en ignore pas moins d'autres questions d'ordre plus matériel.
- Si on économise pendant deux mois, on pourra se prendre un transmetteur sans fil avec six récepteurs directement pris sur la table.
Flanqué de son paquet de fiches techniques, publicités alléchantes triées par ordre d'intérêt et de prix, ainsi que d'autres prospectus, tout aussi attractifs, pour des passionnés tel que les spécimens se trouvant là, Steph n'hésite pas à faire l'apologie de certains équipements ô combien indispensables à tout musicien qui se respecte. Et il a de la chance, il trouve sans soucis en Gabriel l'oreille attentive et avide qu'il espérait. Mais alors qu'un dilettante y perdrait certainement son latin, le pro en Gabriel parle, ses yeux brillent mais ne se laissent pas pour autant entrainer sans discuter.
- Ouais, à conditions qu'tous les instrus soient eux aussi r'pris sur la table.
- Évidement, à ce prix là hein ! Chacun aura enfin un récepteur et un casque hyper bien isolé.
Gabriel est impressionné par la trouvaille.
- Carrément, directe tu t'retrouves avec vingt neuf DB en moins dans les oreilles quand même ! Ça va nous changer des bouchons à la con.
- Et comme ça on est libre de pouvoir se déplacer tranquille, on entend toujours la même chose, qu'on ait la tête devant l'ampli basse ou à côté des cymbales ! affirme Steph fier de sa découverte au moindre prix.
- Ça va aider Youz' ! Et terminé les réglages pendant des heures, on va gagner un putain d'temps ! déclare, content, son leader séduit par l'objet.
- Les seuls trucs chiants c'est que le casque tient chaud, qu'il peut glisser parfois et y'a le câble qui passe dans le dos.
- Y'a qu'le batteur que ça va vraiment emmerder.
- À ce propos, tu as des nouvelles des recherches de Jeff ?
- Non, mais ch'uis pas pressé, et puis l'concert nous permettra surement d'rencontrer du monde.
- En parlant de ça, tu as réfléchis à la possibilité d'avoir un site ?
- ...
- Gab' je sais que ça te fait chier mais il va nous en falloir un et en quatrième vitesse. La page internet qu'a montée Yann est bien sympa mais c'est pas suffisant. On a besoin d'avoir un truc à montrer, voir à entendre.
- Ch'ais, j'vais y réfléchir, avec ça faudra un webmaster. Pour être honnête, j'aimerais trouver quelqu'un d'mon entourage en qui j'pourrais avoir confiance, pas trop cher et pourquoi pas qui pourrait s'investir vraiment.
- Là, je crois que tu rêves et me regarde pas, j'ai pas le temps pour ça et je n'y connais rien.
- J'm'en doute. J'vais chercher ok ?
- Pas de soucis, tu avais d'autres questions ?
- Ouais sur l'enregistrement.
- On va terminer de coller la voix de Youzeu sur les pistes. Pour le moment je garde la batterie de Yo', déclare de clavier.
- Ça t'pose pas d'problème ? J'veux parler du temps qu'tu passes là-d'ssus alors qu'on te paie pas.
- Regarde autour de toi mec, j'ai pas investi autant pour laisser des mogolos nous prendre du fric et faire de la merde avec notre musique. Je peux nous enregistrer autant de fois qu'on veut, comme ça, on fait les choses à notre manière.
- Au moins t'es impliqué !
- Au moins je suis pas un fonctionnaire qui va te prendre mille balles en passant plus de temps à mater l'horloge qu'à faire son job sérieusement.
*
Du côté de Liam et Yann, la vie est douce.
Ils sont couché l'un contre l'autre depuis des heures, le câlin "platonique" et sans parole arrive à sa fin. La main de Liam s'arrête sur la poitrine de Yann par-dessus le tissu de son teeshirt, les doigts s'attardent quelques instants en une caresse hésitante sur le contour de cette bien étrange protubérance. Après plusieurs passages, il hésite toujours à entamer la conversation là-dessus. Son index s'éternise un peu plus longtemps cette fois.
Yann se doute de la raison de cette attention particulière de Liam, pour cet endroit de sa personne, il se raidit légèrement et, lorsque son regard croise celui du blond, il se croit obligé de répondre à la question muette que les yeux de celui-ci semblent lui poser.
- Hé oui, tu découvriras que j'ai un corps ludique recouvert de petits boutons que l'on peut tripatouiller à souhait ! lance-t-il simplement en le repoussant gentiment.
- Ce sont des ganglions hormonaux ?
- Des quoi ?
- Des heu... ganglions, non ?
- Qu'est-ce que tu vas inventer ? ! Bon, je vais me changer, je suis habillé comme une pouilleuse.
Fuir ce genre de discussion, c'est à tout prie ce que cherche toujours à faire Yann. Mais visiblement Liam n'est pas tout à fait d'accord avec ça.
- Attend, tu as remarqué non ? C'est gonflé. Ça ne t'inquiète pas ?
- ...
- Yann, je te demande ça car on ne sait jamais, un kyste ou autre ça peut être...
- Ce n'est rien de tout ça.
- Ha, donc tu sais ce que c'est ?
- Écoute si ça te dérange, je ne t'oblige pas à me toucher.
Il quitte la pièce. Le blond reste un moment déconcerté. Yann est remonté dans sa chambre, s'y enfermant. Liam décide de l'y suivre, il se plante derrière de la porte. Il a un peu peur de poser des questions, son colocataire prend souvent tout tellement mal. Cependant la chose a attisé sa curiosité, ou son inquiétude, ou alors peut-être bien les deux à la fois.
- Ne te fâche pas, ma question va sans doute te sembler idiote mais ce ne sont pas des implants quand même ?
- ...
Il ne reçoit pour seule réponse que le claquement d'un tiroir de commode.
- Enfin si c'est le cas je n'ai pas à te juger, tu fais ce que tu veux.
- Nan mais il est pas net celui là ! Est-ce que ça ressemble à ça ? réagit finalement Yann la voix étouffée par l'enfilage d'un pull.
- J'ai vu un jour un gars avec des boulles de métal sous la peau de ses poignets pour faire joli soi-disant, plus rien ne m'étonne.
- Vraiment ?
- C'est vrai qu'ils seraient bien petits pour des implants mammaire mais bon...
- Comment il ose critiquer ma poitrine ! Si tu veux tout savoir se sont des vrais, na !
- Ok, j'ai compris le message, je ne poserais plus de question. J'ai trouvé la forme et surtout le touché un peu inquiétant, c'est tout. Si tu ne veux rien m'en dire, tu as surement une bonne raison.
La porte s'entre-ouvre, Yann en pull/boxer lui fait signe qu'il peut entrer tout en attrapant un pantalon dans l'armoire.
- Très cher, ce n'était pas une boutade.
- Quoi ?
- Ne fais donc pas cette tête là, tu voulais savoir et bien maintenant c'est chose faite. J'ai deux petits seins tout durs. La belle affaire !
- Mais...
- Hum ?
- C'est une malformation ?
- Tout de suite les grands mots ! Malformation, c'est si péjoratif. Alors pour une fille c'est joli, mignon excitant, attirant et pour moi c'est une malformation. Disons que c'est une "formation", c'est tout. Aller, on va pas parler de mes petits seins improbables pendant trois heures si ? Cela te dérange tant que ça ?
- Je ne voulais pas te vexer, excuse-moi mais ça n'a rien de très normal.
- Ho lala chéri qu'est-ce donc que la normalité ? Être un mec un vrai ! Si on va chercher un peu plus loin mon chou, tu es pédé, tu couches avec des mecs, l'ouverture d'esprit devrait faire partie de toi. Visiblement c'était en option avec la fonction gay et tu n'as pas voulu te l'offrir !
- Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Je ne vois pas le rapport !
- Bon ok, je suis anormal, ça te va ?
- Mais je n'ai jamais dit ça enfin !
- Non c'est moi qui le dis.
- ...
Il sort, le pantalon ouvert tombant sur les hanches et les pieds nus, à la recherche d'une paire de chaussures.
- Chéri, j'ai une réunion pré-concert avec les membres de mon groupe, tu m'emmènes ou tu préfères continuer de disserter sur mes chromosomes sexuels variables ?
- Chromosomes sexuels variables ?
La stupéfaction qui se dessine sur le visage de Liam contrarie déjà Yann qui espérait bien ne plus jamais avoir ce genre de conversation.
- J'ajouterais si tu le veux bien, que je n'ai pas envie de causer de ça maintenant.
- Juste une question.
- Pfff Va-y.
- Ne te fâche pas mais... Tu es...
- Une erreur de la nature, coupe-t-il avant que l'autre n'ait réussi à terminer sa phrase. C'est bon ? On peut y aller ?
Liam le suit des yeux un peu hébété descendre puis remonter.
- Je te parle et voilà que j'oublie d'enfiler des chaussettes, tu me perturbes ! annonce le rouquin passant devant lui en refermant de nouveau la porte au raz de son nez.
- Je change aussi de pull tout compte fait, c'est trop moche, tu attendras un peu pour voir la "chose" torse poil, si tu permets, ironise-t-il.
Le cœur de Liam bat suffisamment fort pour que les pulsations résonnent le long de ses tempes. Un mélange entre ébahissement et stupeur le gagne.
- C'est la vérité n'est-ce pas ? demande-t-il finalement d'une voix blanche.
La porte s'ouvre alors sur un Yann tout de même torse nu, slim toujours sur les hanches et mains sur le haut du montant de la porte.
Liam l'a déjà vu maintes fois si peu habillé, il ne les compte plus, jamais jusqu'alors il ne LES avait remarqué. Les pectoraux musclés mis en avant, souvent tendus ne laissent apparaitre qu'une vague proéminence. Un peu arrondi certes, mais rien d'alertant, pas suffisamment en tout cas pour que l'on se pose une pareille question. Il fallait toucher pour s'en apercevoir. Maintenant qu'il sait, il est vrai que les tétons sont peut-être un peu plus gros, l'arrondi sans doute plus pointu que la normal.
Pendant qu'il assimile l'information tout en détaillant ouvertement, le corps de cet éphèbe, Yann le scrute, de marbre. Ce calme apparent n'est qu'un leurre, l'appréhension s'insinue en lui aussi rapide qu'une flèche en plein cœur.
- Est-ce que ça change quelque chose ? parvint-il a sortir, d'une voix sans timbre.
- Tu es... tellement magnifique. J'aurais dû deviner que tu sortais vraiment du commun.
C'est au tour de Yann de ne plus trouver ses mots, le fameux sentiment étrange d'apaisement l'envahit de nouveau quand Liam referme ses bras sur lui.