XVIII • La nourriture

L'ogre le plus craint des enfers n'était autre que Balthazar. Un géant ayant pactisé avec des démons pour obtenir des pouvoirs sulfureux, à la suite de sa chute dérisoire. 

Autrefois, il régnait en maître dans le royaume des géants, situé entre la terre et le firmament. Ayant perdu son château, son règne, ses concubines, et même sa couronne, il rejoignit les Enfers. Échangeant sa force phénoménale contre des dons pour réaliser ses vicieux caprices. Ainsi, il perdit sa nature divine de géant pour devenir ogre, et il bâtit de nombreux édifices pour les princes ténébreux les plus puissants qu'il servit en signe de reconnaissance. Il gagna ainsi leur confiance, et construisit son propre palais de gourmandises pour assouvir son appétit insatiable, où sa gloutonnerie ne connaît aucune limite.

Si Erya m'y conduit, c'est parce qu'il détient une carte. Jadis plein de fougue et déterminé, pour emprisonner de nouveau ses concubines, alors libérées de son emprise dévastatrice et de son avidité de perversions, il s'était mis en quête de trouver les présents des quatre saisons. Des siècles durant, il parcourut les mondes sans relâche. Une fois épuisé, il renonça à ces recherches vaines et incessantes. Toutefois, il conserve jalousement cette carte encore aujourd'hui, afin de s'assurer que personne ne puisse les retrouver à sa place. Si la parure de l'hiver avait été dérobée sans cet objet, c'est qu'il existe un autre moyen de se les procurer. Seulement, je n'en connais aucun, hors mis celui qu'Erya m'a confié. La peur me domine. Ma visite furtive peut mener à ma perte...

Dissimulant ma présence dans la fosse aux serpents, je rase les murs, mon corps couvert de fumée, harmonisant ainsi mes traits avec les surfaces obscures. Le corbeau poursuit sa route, fixant mes gestes. Après des heures de marche dans ces souterrains sinistres, j'entrevois au loin le somptueux palais. Sa dorure exacerbée, ses cascades de miel entourées d'une architecture obscène aux sculptures orgiaques.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
SinnaraAstaroth
Posté le 17/05/2024
J'aime beaucoup de chapitre sous forme de conte fantasy et l'histoire de Balthazar est très bien racontée.

Le mention "des mondes" au pluriel est intéressante, cela laisse entendre qu'il y aurait plusieurs univers entre lesquels les divinités peuvent voyager.

Ce récit me rappelle un peu les épopées grecques, comme les aventures d'Ulysse (je pense au cyclope notamment) ou d'Orphée aux Enfers.
lukyaspyndell
Posté le 23/05/2024
Merci beaucoup ! Plutôt Orphée aux Enfers oui, et j'aime aussi le fait qu'il y ait plein de mondes dans un même et un seul univers (vision très liée à ma vie spirituelle étant croyante)
Vous lisez