XX • L'alchimie

Quand on quitte les Enfers, on perd toujours une partie de nous-mêmes. 

C'est en remontant à la surface que je ne sentis plus mes membres. 

L'odeur de soufre et de lave couvre encore mon corps engourdi. 

J'ouvre la carte, prête à continuer mon long voyage. Mes mains, frêles, tremblent.

Chaque courbe tracée apparaissant sur le mystérieux parchemin est semblable à un fil d'aquarelle. Des écritures que je ne peux lire se forment.

Je décide de consulter le livre, en espérant trouver la solution. Un conte étrange se dévoile, et entre chaque ligne se dessinent de somptueuses raiponces.

Lorsque la Terre était encore jeune et prospère, Haryn, esprit du temps, eut une vision. Le temps des guerres allait bientôt plonger tous les peuples dans le chaos. Craignant que les conflits entre les créatures de la terre ne détruisent tout sur leur passage, il fit appel à Rihan, déesse de l'automne. Autrefois, elle avait offert l'épée des vents aux êtres mortels. Une arme capable de repousser les ennemis et de détruire des armées entières. Afin qu'elle ne puisse tomber entre de mauvaises mains, elle dissimula l'épée, comme tous les autres présents qui furent cachés pour protéger l'équilibre des saisons. Seulement, Rihan redoutait le pire. Alors, pour s'assurer que personne ne puisse user de son pouvoir prodigieux, elle transforma l'or de la lame en bronze. Sans son fer d'origine, l'épée devint inoffensive. Quiconque veut détenir sa puissance doit en payer le prix. Pour user de sa force, il doit y avoir un sacrifice. Seul le sang peut libérer ses dons, puisés alors dans les émotions de celle ou celui qui la possède, à condition de ne point avoir de mauvaises intentions.

Autrefois, il n'existait qu'un seul gardien pour veiller sur cette carte, seule et unique clé permettant de trouver tous les présents divins. Mais des créatures de la terre firent appel à des pouvoirs occultes pour le vaincre et récupérer le précieux objet. Ce n'est qu'avec la bénédiction des divinités que l'on peut l'utiliser. Se méfiant des sorcelleries et autres félonies, les divinités invoquèrent un esprit pour veiller sur chaque présent. Malheur à l'être égoïste qui volera ce parchemin, bonheur à l'être qui en fera bon usage. Sur la carte, un chemin montre l'endroit où l'épée est précieusement conservée. Je poursuis ainsi ma route sans plus tarder.

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