XXI • Soigner

Au milieu des bois gelés, une caverne enfouie dans les ténèbres. Je m'enfonce, et je découvre sans peine les piliers d'un lieu sacré. Les torches s'allument lorsque mes pas foulent le sol fissuré. En son centre, sur un sarcophage cendré, une épée en pierre. Je reconnais alors l'emblème de Rihan qu'Erya a dessiné. Gravé sur le tranchant. Je m'en approche, avec prudence. J'admire l'arme, dont l'élégance sans faille force le respect de celle ou celui qui l'a forgée. Un bruit effrayant résonne. Je me tourne.

Un griffon me fixe, prêt à m'attaquer.

— Que fais-tu ici, dryade ? Ne crains-tu point les tourments de la mort ?

— Si, je les redoute, car la mort, au moment où je te parle, sème la souffrance et le froid sur sa route.

— Que veux-tu dire ? Quiconque fait intrusion en ses lieux doit périr.

— Je viens pour prendre l'épée de l'automne. La parure de l'hiver a été dérobée, le printemps et toutes les autres saisons sont menacées. Avec l'aide d'Erya, je dois réparer le mal qui a été fait, en priant pour sauver mes pauvres sœurs qui ont risqué leur propre vie...

— Comment croire tes paroles ?

Je saisis le livre et le présente à la créature qui, stupéfaite, change d'expression.

— Tu es consciente qu'il faut faire un sacrifice pour se montrer digne d'elle ?

— Oui.

— Bien.

Elle s'avance devant le sarcophage, et souffle de sorte que la pierre se change en poussière.

— Recule, me dit-elle avec méfiance.

Un troisième œil apparaît sur son front. Sa pupille s'illumine, et l'épée flotte devant mes yeux ébahis.

— Verse ton sang sur sa lame. Si tu es digne, elle t'obéira. Si tu ne l'es point, je devrais te tuer immédiatement.

Suis-je vraiment digne ? Il n'y a qu'une façon de le découvrir. Je saisis la lame et tranche le creux de ma main. Sa couleur se transforme et devient lumineuse, comme l'or lorsque l'aurore illumine les cieux. Des bourrasques m'encerclent et me portent. La magie de la lame soigne ma blessure, par sa nature divine, douce et pure.

— C'était donc vrai. Erya n'aurait jamais confié une telle mission à un être qu'elle jugerait indigne. À présent dryade, tu as toute ma confiance, mon respect, ainsi que mon dévouement.

— Merci, griffon. Je dois me rendre en d'autres contrées pour trouver le présent du printemps. Seul lui pourra ramener la vie lorsque la parure retrouvera sa place. Conduis-moi là-bas, s'il te plaît. Ensemble, peut-être que nous pourrons faire cesser ce carnage.

 J'irai où tu iras, je volerai pour toi.

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SinnaraAstaroth
Posté le 18/05/2024
Me revoilà pour la suite de la lecture. Une épreuve assez rapide et bien moins risquée et éprouvante que celle de l'ogre, mais j'aime bien le fait qu'elle se trouve des compagnons de voyage pour l'accompagner au fil de son périple. Il y a un petit côté Dorothée dans Le magicien d'Oz un peu je trouve (voulu ou non ?).

Deux petites choses que j'ai relevées :

Je reconnais alors l'emblème de Rihan qu'Erya a dessiné. Gravé sur le tranchant. => je ne sais pas pourquoi ici les deux phrases sont séparées, ça me semble un peu étrange

Je saisis le livre et le présente à la créature qui, stupéfaite, changea d'expression. => petit souci de temps là avec un passé simple à la fin (changea) alors que le récit est au présent.
noorlayluna
Posté le 23/05/2024
Ce n'était pas voulu ! ^^
Pour les phrases séparées : juste pour porter notre attention sur un détail relatif à l'épée.

Je vais corriger ça. Merci encore !
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