La tournure prise par les événements était illogique aux yeux de la petite Saraï. Elle qui avait si rarement l'occasion de se rendre à l'enclave de Montis s'était réjouie d'avance de ce séjour, mais voilà que rien ne s'était déroulé comme prévu. Alors qu'elle avait assuré le contraire à Ayleen, la demoiselle ne s'était pas du tout entendue avec la maîtresse des lieux. Et à présent, elle assistait, impuissante, à un face-à-face tendu entre les deux femmes.
Fulminant de rage, la souveraine avait suivi Caecilia jusqu'au terrain de caillasse qui s'étendait à gauche de la cabane. Se postant à plusieurs pas de distance, elle l'affrontait du regard, prête à en découdre.
« Que diriez-vous de prendre une arme là-bas pour pouvoir vous défouler à votre guise ? proposa la blonde. »
Elle désignait un large fût, apposé contre le mur de sa demeure. La princesse n'hésita qu'un bref instant avant de se diriger dans cette direction, tirant de la tonne un bâton qui faisait bien les trois quarts de sa taille. Perplexe, elle observa sa trouvaille d'un œil sceptique, doutant qu'une simple tige de bois puisse se révéler dangereuse. Son attention fut toutefois détournée par Ferno, le grand chien noir, qui s'était lui-même emparé d'un outil similaire avant de l'apporter à sa maîtresse. Ayleen se décida donc à revenir à sa place, affichant un sourire méprisant.
« Vous craignez que je ne vous blesse trop sérieusement avec une véritable lame ? se moqua-t-elle, narquoise.
— Vous semblez si sûre de vous, Altesse. Cet instrument-là devrait être largement suffisant pour me battre. À moins que vous ne soyez incapable de vous en servir ? rétorqua Caecilia.
— Je n'ai rien à craindre d'une infirme ! »
L'aveugle ne répondit pas, mais renvoya un sourire éclatant à sa rivale. Ayleen se crispa un peu plus, incapable de supporter que quiconque lui tienne tête. Mais, lorsque son adversaire lui fit signe de venir l'affronter, nullement impressionnée, elle ne put se davantage.
Empoignant le bâton à deux mains, la souveraine se rua sur son ennemie, arrachant une exclamation de stupeur à Saraï. Apeurée, la petite ne savait pas si elle devait continuer à regarder. Jetant un coup d’œil à son aîné, elle remarqua qu'il avait croisé les bras et affichait un air détendu : pour lui, l'issue de ce duel ne faisait aucun doute.
Parvenue à la hauteur de son adversaire, Ayleen souleva son arme au-dessus de sa tête et l'abattit avec force, poussant un cri rageur. Un choc sourd répondit à sa colère : les bras tendus, Caecilia venait de bloquer le coup avec son propre bâton. Furieuse, la princesse se dégagea avant de balancer sa trique sur le côté, visant le flanc. Rapide comme l'éclair, son opposante évita le choc d'une simple parade puis bondit en avant. Le bois heurta la rousse au torse, l'envoyant à terre. Elle toussa et chercha à se relever, mais c'était sans compter le sceptre qui la clouait toujours au sol.
« Eh bien, persifla l'autre, c'est tout ? »
Son visage, qui affichait un masque dédaigneux, se tordit soudain un peu plus avant de se fondre dans un tourbillon de couleurs, emporté par le souvenir d'Ayleen.
« Tu ne peux pas faire mieux que ça, tu en es sûre ? »
La fillette grimaçait, cherchant vainement à se dégager de l'emprise qui la maintenait le nez dans la poussière. Elle savait qu'elle allait le décevoir si elle n'essayait pas. Depuis que ses jambes étaient suffisamment fortes pour la porter, elle devait subir un entraînement éreintant destiné à la préparer au fardeau du trône. Les exercices d'équilibre, de posture et d'attitude s'enchaînaient les uns après les autres, sous l’œil sévère du monarque. Dès qu'il percevait une faille, même la plus minuscule, il ordonnait à la petite de recommencer. Qu'il s'agisse de sa propre enfant n'adoucissait en rien le roi Erhel. En fait, cela ne le rendait que plus implacable.
« Décevant... »
Tandis que s'élevait ce murmure glacial, la main qui s'était agrippée aux cheveux roux se dégagea, permettant à la princesse de se redresser péniblement. Mais, à peine fut-elle debout que son géniteur l'envoyait à nouveau rouler au sol d'une gifle puissante.
« Tu ne comprendras donc jamais rien ? Les traîtres peuvent venir de n'importe où ! Tu te dois d'être constamment sur tes gardes sinon tu ne dépasseras jamais les huit premières années de ta misérable petite vie ! »
La gamine résista aussi longtemps qu'elle le put, allant jusqu'à s'écorcher les paumes de ses ongles, mais, comme à chaque fois, de grosses larmes se mirent à rouler sur ses joues.
« Encore des pleurs ? C'est pitoyable ! »
Le souverain haïssait ce genre de spectacle, signe d'une faiblesse bien trop évidente à son goût. Le bruit de ses pas qui s'éloignaient ne tarda pas à se faire entendre, accompagné d'une ultime sentence :
« Tu ne seras jamais prête. »
Ayleen revint péniblement à la réalité, sa vision brouillée lui signifiant que ses yeux étaient pleins d'eau. À travers la barrière liquide, elle finit par distinguer les traits de Caecilia prendre la place du visage de son père. L'aveugle affichait un sourire triomphant dont la vue insuffla à la jeune femme la volonté qui lui faisait défaut. Poussant un grognement rageur, elle repoussa violemment le bâton et balança ses jambes sous les pieds de son opposante, la faisant chuter. Puis, le souffle court, la princesse se releva et jeta un bref regard à son opposante avant de tourner les talons et de s'éloigner à grandes enjambées. Une seule envie guidait ses pas : quitter cet endroit maudit au plus vite.
Reprenant ses esprits, Saraï courut en direction de sa protégée pendant que son frère allait s'occuper de Caecilia. Elle avait du mal à croire ce à quoi elle venait d'assister mais s'efforça de mettre cette pensée de côté pour rattraper Ayleen. Heureusement, la princesse avait ralenti l'allure : effaçant rageusement la trace de ses pleurs, elle paraissait indécise. La petite fille la rejoignit et, craignant qu'elle ne lui échappe à nouveau, glissa sa main dans la sienne.
« Ne t'en va pas ! »
Si l'intéressée sursauta face à ce contact inattendu, elle ne chercha pas à s'en dégager pour autant. Son regard rougi s'abaissa, découvrant le visage suppliant de la gamine. Elle avala sa salive avant de se décider à prendre la parole :
« Je ne vois aucune raison de rester...
— Tu lui as tenu tête ! rétorqua l'autre. Tu t'es défendue et tu t'es relevée, il faut que tu suives son entraînement ! »
Ne sachant plus que penser, la jeune femme tourna la tête en direction du terrain qu'elle venait de quitter. Shan avait aidé Caecilia à se remettre debout et tous deux s'étaient déjà avancés de quelques pas.
« Première leçon, ne jamais sous-estimer son adversaire et ce, quelle que soit son apparence, exposa calmement la maîtresse des lieux.
— Inutile de continuer à me rabaisser ! siffla Ayleen en détournant la tête.
— Je t'ai délibérément provoquée pour voir ce que tu valais et j'ai senti une grande volonté en toi.
— Tss... qu'est-ce que ça peut bien changer ?
— Tout. Quels que soient les sentiments que mon attaque a pu réveiller, tu as su les affronter et te libérer de ma domination. »
Confuse, la princesse baissa les yeux. Elle ne s'était pas attendue à un tel plan et encore moins à des compliments. Sa tension s'abaissa d'un coup tandis que ses épaules s’affaissaient et qu'un soupir résigné se faufilait entre ses dents.
« Alors Altesse, allez-vous continuer à fuir pour sauver votre peau ou bien déciderez-vous de tenir parole et d'aider le peuple de Kaïs ? »
Cette fois-ci, elle n'avait décelé aucune trace d'ironie dans sa voix. Mais cette femme dont elle ne savait rien disait-elle pour autant la vérité ? Est-ce qu'elle-même possédait les capacités de mener une révolution contre son propre univers ?
Malheureusement, rien ne pouvait se lire sur le visage masqué de l'aveugle. Cherchant à puiser l'énergie qui saurait lui faire connaître la bonne réponse, la souveraine reporta son attention sur la fillette. Saraï ne l'avait pas lâchée et ses pupilles brillaient d'une flamme que rien ne semblait pouvoir éteindre. Non, la solution ne se trouvait pas ici : elle avait toujours su ce que pensait la petite car celle-ci ne le lui avait jamais caché. Tous ses espoirs se plaçaient en elle, c'était certain.
Les prunelles tourmentées de la souveraine se posèrent sur la silhouette du jeune homme, resté près de celle qui l'entraînait depuis tant d'années. Il lui rendit son regard, demeurant imperturbable durant une poignée de secondes. Puis ses lèvres s'étirèrent légèrement et il hocha la tête. Abasourdie, Ayleen laissa la surprise se peindre sur ses traits : Shan l'approuvait ! Non, mieux que ça. Par cette réponse silencieuse, il lui donnait son accord et lui prêtait un peu de sa confiance.
À cet instant, la jeune femme sentit une étrange sensation l'envahir : pour la toute première fois de son existence, des gens comptaient sur elle. Sincèrement. Bien sûr, il était impossible de savoir si ce projet serait couronné de succès ou si, au contraire, il était voué à l'échec dès le début. Mais Ayleen était certaine d'une chose : elle n'avait pas le droit de décevoir ceux qui croyaient en elle.
« Très bien, enseignez-moi ce que vous savez, capitula-t-elle. »
Saraï poussa un cri de joie tandis que son frère se contentait d'un nouveau signe de tête approbateur. Quant à Caecilia, elle prit la demoiselle au mot et lui enjoignit de la suivre afin de poursuivre l'exercice qui avait déjà débuté.
« Tu n'es pas sans ressources, commença-t-elle, et ton croc-en-jambe le prouve. Mais savoir se défendre dans une situation désespérée ne sera pas suffisant. Je vais t'apprendre utiliser des armes et à devenir capable de faire un premier pas décisif face à tes ennemis. »
Pour toute réponse, Ayleen se contenta d'incliner légèrement le buste, signifiant qu'elle était prête. En premier lieu, l'aveugle lui indiqua comment tenir correctement le bâton, en ajoutant que la main la plus proche de l'embout dirigeait l'arme et que l'autre devait servir de soutien et accompagner les mouvements de la tige de bois. Ensuite, elle lui expliqua de quelle façon se positionner, le pied gauche en avant puisque son élève manœuvrait de la main droite. Finalement, elle s'assura que la princesse avait bien retenu cette base indispensable en la lui faisant répéter autant de fois qu'elle le jugea nécessaire.
Durant toute cette partie, la jeune femme rousse dut recourir à toute la patience dont elle était capable car la théorie n'avait jamais été son fort. Dès que ses pensées vagabondaient un peu trop, elle se recentrait en songeant à quel point ces connaissances risquaient de lui être utiles pour ce qu'elle comptait accomplir.
Enfin, vint le moment des techniques à proprement parler. Caecilia se basa sur leur précédent affrontement pour décrire à la souveraine les différents déplacements qui l'avaient composé. Ainsi Ayleen apprit-elle que le premier assaut qu'elle avait donné s'apparentait à un coup dit "du marteau" et que son adversaire avait riposté par un blocage horizontal.
« Ce que tu as tenté après t'être dégagée ne correspond pas à un coup en soi. Tu as agi par impulsion. J'ai dévié ton attaque par une parade puis j'ai répondu avec un estoc qui t'a envoyée à terre. »
L'élève demeura un instant silencieuse, épatée par les capacités hors du commun de son interlocutrice. Par quel miracle était-elle donc capable de se battre avec autant d'aisance ?
« Comment faites-vous ? osa-t-elle demander, incapable de se contenir plus davantage. Vous ne voyez pas et pourtant, vous avez été capable de deviner mes coups et de vous en défaire très facilement. »
L'aveugle sourit, bien qu'un peu surprise par cette question personnelle et invita son élève à s'asseoir un instant, profitant pour faire une pause. Même si ce n'était pas l'instant le plus opportun, elle sentait que la curiosité de la princesse avait besoin d'être rassasiée. Shan et Saraï les rejoignirent presque aussitôt, ayant tout observé attentivement, et s'installèrent à leurs côtés pour écouter le récit qui débutait.
« Je n'ai pas toujours été infirme. En fait, pendant plusieurs années, j'ai vécu comme n'importe qui. Malheureusement, cela n'a pas duré. À cette époque, mes parents possédaient une écurie et j'allais souvent m'occuper des chevaux... »
Elle raconta qu'un soir, un incendie avait éclaté dans l'étable. Effrayée par cette lueur rougeoyante, elle s'était précipitée vers les animaux dans l'intention de les libérer. Mais, poussées par la peur, les bêtes s'étaient frayé elles-mêmes un chemin jusqu'à la sortie. Affolées, elles avaient foncé, sans prendre garde à ce qui se trouvait sur leur chemin, et piétiné l'adolescente.
« J'ai eu la chance de m'en tirer avec de nombreux bleus. J'aurais pu avoir les os brisés. Hélas, l'un des chocs que j'avais reçu au visage m'avait privé de la vue. De nombreuses cicatrices me sont restées de cette nuit-là mais le pire fut la réaction de mon entourage. »
Pensant que son sort funeste était un avertissement de quelque mystérieuse divinité, les habitants se mirent à l'éviter avant de la rejeter complètement. Ses parents avaient prié pour sa guérison des semaines durant mais, voyant que rien ne changeait et que leur fille était devenue inutile, ils la chassèrent à leur tour.
« À partir de cet instant, j'ai dû me débrouiller seule. J'avais pris soin de cacher mes blessures sous un masque mais, malgré cela, je recevais des brimades où que j'aille. Il devint vite évident que j'allais devoir apprendre à me défendre si je voulais survivre. Et puis, dans ma quête d'un lieu où je pourrais enfin vivre en paix, j'ai rencontré ce bon vieux Ferno qui aurait fini noyé si je n'étais pas intervenue. »
Tout en évoquant cet épisode, elle émit un sifflement qui fit aussitôt apparaître le chien à ses côtés. Caecilia entreprit de lui flatter les flancs et le cou de ses doigts, arrachant des jappements satisfaits au canidé.
« Je crois qu'il s'est senti redevable de mon geste mais, en tout cas, il ne m'a plus quittée. On se ressemble. Personne ne voulait de deux indésirables alors nous avons fui toute civilisation. Quand je suis tombée par hasard sur cette enclave, j'ai décidé de m'y établir. Au fil des années, j'ai appris à vivre de mieux en mieux avec mon handicap et j'ai perfectionné ma connaissance du combat. Je m'y suis accrochée de toutes mes forces : c'était devenu ma façon de prouver au monde que je n'étais pas une incapable. »
L'aveugle se tut, profitant du silence respectueux qui s'était installé. Elle ne pouvait les voir, mais elle imaginait sans peine les mines médusées des jeunes gens qui l'entouraient. Malgré les années, elle n'avait jamais évoqué son passé avec Shan ni sa petite sœur. Il faut dire qu'il ne lui avait pas posé la question, sans doute trop courtois qu'il était. Il avait suffi que cette arrogante princesse laisse tomber le masque durant quelques minutes pour qu'elle se laisse aller à la confidence. Toutefois, elle s'était contentée d'appliquer le principe du donnant donnant. Sa méfiance envers les gens du monde extérieur ne s'était guère atténuée, de même que son aversion pour le système monarchique et tous ceux qui le représentaient. Bien que la souveraine déchue possédât le caractère qu'elle lui avait imaginé, Caecilia s'était laissée surprendre par sa volonté : ce sentiment semblait inébranlable et la jeune femme prête à faire tout ce qui serait nécessaire pour parvenir à son but. Même à commencer au bas de l'échelle.
« Excusez-moi, reprit finalement Ayleen à la surprise générale, mais je ne suis pas certaine d'avoir très bien compris. Comment pouvez-vous vous battre alors que vous ne voyez pas ? »
L'intéressée secoua la tête : sa nouvelle élève n'était pas facile à satisfaire, bien que ce ne fût pas étonnant. En vérité, expliquer la manière dont elle percevait le monde depuis que ses yeux ne pouvaient plus l'y aider était loin d'être simple.
« Depuis que j'ai perdu la vue, mes autres sens se sont considérablement développés. Pour le combat, c'est mon ouïe qui me sert le plus : je suis attentive à ce qui se passe autour de moi et, au fil du temps, je suis devenue capable de deviner les coups rien qu'en écoutant les sons produits par mon adversaire. »
C'était loin d'être suffisant et pas du tout représentatif du nombre infini de sensations qui l'habitaient constamment mais, en l'occurrence, elle n'avait pas pu faire mieux. Malgré tout, cela parut suffire à la princesse qui se plongea à nouveau dans le silence, tentant d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler une telle vie.
« À présent, puisque la curiosité de Votre Majesté semble satisfaite, si nous reprenions ? »
§
§ §
Ayleen passa le reste de l'après-midi à mémoriser les techniques utilisées durant le premier affrontement et à les reproduire. Au début, elle dut se contenter d'effectuer ses gestes dans le vide, sous l'attention scrupuleuse de son professeur. Afin d'être certaine qu'elle s'y prenait correctement, Caecilia lui faisait nommer le moindre de ses gestes et lui ordonnait de recommencer aussitôt qu'elle hésitait ou se trompait. Enfin, lorsqu'elle la jugea prête, elles commencèrent à s'affronter. Cela n'avait plus rien du duel qui les avait opposées plus tôt car l'aveugle tenait à ce que son élève produise un enchaînement bien précis et lui prodiguait ses conseils au fur et à mesure que les différents coups étaient portés. Elle était capable de savoir si les mouvements étaient exécutés convenablement rien qu'en sentant la vibration du bâton de la souveraine contre le sien.
Le troisième assaut avait à peine débuté que Shan vint les interrompre. Commençant par s'excuser, il prit ensuite Caecilia à part pour lui annoncer qu'un rendez-vous urgent l'attendait en ville. Le garçon était extrêmement discret sur les affaires qu'il menait et cette fois-là ne fit pas exception. Cependant, une étrange émotion le trahit lors de sa confession : l'orage de ses yeux fuyait le contact avec son interlocutrice et sa voix basse paraissait dénoter une sorte de honte. Ayleen aurait pu faire semblant de ne pas s'y intéresser mais sa curiosité l'emporta. S'efforçant demeurer discrète, elle observa la suite du coin de l’œil : la maîtresse des lieux avait perçu le malaise du jeune homme. Son éternel sourire s'affaissa quelque peu tandis qu'elle posait une main réconfortante sur l'épaule masculine. À ce contact, le concerné releva les yeux et posa ses doigts sur ceux de la femme, murmurant quelques mots de réconfort. Les lèvres de Caecilia se pincèrent, signe de son inquiétude, avant qu'elle ne laisse partir son élève.
Troublée par cette étrange scène, la princesse demeura indécise. Jamais Shan ne lui était apparu comme quelqu'un de fragile mais elle ne parvenait à définir le sentiment qu'elle avait perçu dans ses pupilles. Et puis, que penser de la relation qui l'unissait à l'aveugle ? Elle semblait connaître un aspect de lui qu'il ne dévoilait pas et cette constatation la perturbait. Quant à Saraï, après avoir embrassé son aîné, elle était repartie jouer avec l'insouciance qui caractérisait son âge. L'état de son frère ne paraissait pas la gêner outre mesure.
Longtemps après le départ de Shan et malgré la reprise des affrontements, Ayleen ne parvint pas à retrouver la concentration qui était la sienne auparavant. Elle n'arrivait pas à comprendre l'origine de ce poids qui pesait sur les épaules du jeune homme.
Comme promis, j'ai continué ma lecture sous ma couette hier soir ! (Ah, et au passage, ne te sens pas obligée de répondre à tous mes commentaires, je sais que ça prend beaucoup de temps ;) )
Suggestions (bah oui) :
"Une seule envie guidait ses pas : quitter cet endroit maudit au plus vite." Maudit, le mot me semble un peu fort... à la limite, "maudit endroit", ça le ferait plus ^^
"Malgré les années, elle n'avait jamais évoqué son passé avec Shan et encore moins (avec) sa petite sœur"
Ok. J'adore Caecilia.
(D'ailleurs, tu devrais sûrement avoir des nouvelles de moi dans les jours / semaines à venir, sous une forme plus... graphique ^^)
Cette scène était très forte, là, quand Ayleen se relève... Tu sais très bien faire passer des émotions au lecteur ! Et ah, je déteste le père de ta demoiselle, j'ai l'impression qu'il ne l'a pas aidée à grandir...
Et oh, juste ce petit sourire de Shan... C'est rien mais tu as rendu ça tellement rare qu'on comprend la réaction d'Ayleen, et c'est vraiment plus touchant comme ça <3 Je sens que ça s'améliore entre eux en tous cas ! (Et cette fin de chapitre titille ma curiosité...)
Merci pour tes suggestions, toujours appréciées ! ^^
Merci pour tes compliments, ça me touche beaucoup et ça me fait vraiment super plaisir que tu partages avec moi tes ressentis et tes réactions ! <3
En tout cas, je suis super émue par rapport à ton retour sur le petit sourire de Shan parce que c'est juste exactement ce que je souhaitais faire passer ! Merci !
Effectivement, on ne peut pas dire que le roi ait vraiment joué son rôle de père. Je ne dirais pas qu'il ne l'a pas aidée à grandir mais plutôt que ses agissements l'ont menée sur une voie particulière et que cela aide à expliquer qui elle est aujourd'hui.
Alors ! La grande surprise de ce chapitre, c'est Ayleen. On dirait bien qu'elle est humaine au moins en partie ! Pour autant, ça ne tombe pas dans l'extrême inverse. Son "excusez-moi, mais j'ai pas trouvé votre réponse satisfaisante" c'était bien placé j'ai trouvé, pour casser la nouvelle image et nous ramener sur Terre. Bon même si Ayleen est capable de bien pire !
Je te l'ai certainement dit dans mon commentaire précédent mais Caecilia est un personnage fascinant. Comme elle l'explique les aveugles se fient à leurs autres sens mais la vue paraît tellement indispensable, on a juste énormément de mal à adopter leur point de vue et malgré ses explications, ça reste incroyable. Et puis, ai-je mal compris ou a-t-elle le pouvoir de faire revenir des souvenirs chez les autres ? O.o
J'ai aussi été choquée par son histoire et par la méchanceté avec laquelle on l'a traitée. A cause de sa cécité, les gens ont commencé à la détester et ses parents l'ont même rejetée ? Mais pourquoi ? (tu veux dire abandonnée parce qu'ils n'avaient pas les moyens d'élever une enfant qui ne produisait pas de travail ou autre-chose ?)
Un petit détail : c'est peut-être que j'y suis particulièrement sensible :p mais tu désignes assez souvent Ayleen et Caecilia par leur couleur de cheveux. Hormis ça, j'ai beaucoup aimé ma lecture, comme toujours mais ici le style lui-même semble un peu différent. Peut-être parce que les thèmes eux-mêmes sont différents (ou en tout cas je l'ai ressenti comme ça : le combat, la dureté de l'apprentissage, une certaine tristesse etc)
A bientôt j'espère ;)
(oh, PS : une petite répétition >> " elle semblait indécise quant à la décision à prendre " )
Effectivement, Ayleen commence gentiment à dévoiler d'autres facettes de sa personnalité mais je n'avais pas envie pour autant qu'elle change du tout au tout. Tant mieux donc si ce mélange te semble bien dosé.
Non, Caecilia n'a aucun pouvoir particulier si ce n'est son adresse exceptionnelle. C'est le contexte qui a fait remonter ce souvenir d'Ayleen à la surface. J'ai tenté de faire un parallèle entre sa position plaquée à terre par Caecilia et maintenue le nez dans la poussière par son père. J'espère que cela te semble un peu plus clair mais je peux essayer de relire ce passage pour voir s'il serait possible de le rendre plus compréhensible.
Sinon, c'est effectivement un personnage que je trouve moi-même fascinant et que j'essaie de présenter de la manière la plus crédible possible compte tenu de sa situation. Concernant son histoire, j'imaginais que son état pouvait faire peur, comme une sorte de malédiction (j'ai mentionné cet élément sauf erreur). Par rapport à ses parents, cela a pu jouer un rôle dans leur décision, en plus du fait qu'elle ne pouvait plus produire grand chose comme tu l'as justement relevé. D'ailleurs, tant que j'y suis, son histoire t'a-t-elle semblé crédible ? Et, surtout, est-ce que la situation en tant que telle te paraît crédible : qu'elle s'arrête comme ça pour raconter son histoire à Ayleen ?
Je me permets de te poser la question parce qu'un manque de crédibilité au sujet de cette scène m'a justement été reproché par d'autres lecteurs. Du coup, je profite de ton passage pour te demander ton avis et me donner du temps pour réfléchir à ce que je vais faire. Bien sûr, ne te sens pas obligée de me répondre hein ?
Leur couleur de cheveux ? Hm, oui c'est bien possible ! Je ne fais pas toujours attention et les synonymes sont parfois plus difficiles à trouver dans certaines situations. Je vais tâcher de relire ça et de voir ce que je peux faire ! ;)
Merci aussi pour la répétition que tu relèves.
Et merci surtout de ta lecture et de ton commentaire !