20. La mort rouge

Par Slyth
Notes de l’auteur : Comment dit-on déjà ? On n'est jamais trop prudents.

Le prochain entraînement se fera à l'épée, tiens-toi prête.

Les derniers mots de Caecilia tournaient en boucle dans l'esprit de la princesse depuis qu'ils avaient quitté l'enclave de Montis. Bon sang, si elle s'était attendue à ça ! Ses progrès des dernières semaines devaient avoir été importants pour que l'aveugle décide de lui mettre une lame entre les mains. Mais elle l'avait prévenue dès le début : chaque initiation commençait avec un bâton. L'acier, il fallait en être digne.

 

« Honnêtement, je ne pensais pas que tu en arriverais aussi vite à ce stade. C'est plutôt impressionnant, avoua Shan. »

 

Souriante, la jeune femme tourna la tête dans sa direction. Son compagnon étant du genre avare en compliments d'habitude, ses mots faisaient plaisir à entendre. Et, une nouvelle fois, Ayleen se surprit à noter combien leur relation avait changé. Elle n'était pas certaine de pouvoir considérer cela comme de l'amitié mais tous deux parvenaient maintenant à communiquer d'une manière que l'on pouvait qualifier de courtoise, sinon naturelle. Ils agissaient en adultes, tout bêtement. Et la souveraine devait avouer que c'était bien plus agréable ainsi. Éviter de s'épuiser en disputes inutiles leur ferait gagner un temps précieux à l'avenir.

 

« Tu m'as toujours trop sous-estimée, finit-elle par lui répondre.

— Bah tiens, tu peux parler ! répliqua-t-il sur le même ton moqueur. »

 

Elle esquissa un nouveau sourire, amusée, et ils poursuivirent leur chemin en direction de Kaïs. Cela faisait plusieurs jours qu'ils ne ressentaient pas l'envie de combler le vide environnant par la parole. Le silence qui les entourait n'était plus aussi tendu qu'auparavant, et de loin. Au contraire, il leur paraissait apaisé désormais. Ils savaient qu'ils pouvaient parler mais tout aussi bien se contenter de marcher. Et cela leur suffisait amplement.

 

§

§    §

 

Les abords de la cité se dessinaient de plus en plus nettement, éclairés par la lueur orangée du crépuscule. Au loin, plusieurs silhouettes étaient visibles, semblant vouloir profiter du spectacle offert par le soleil couchant. Si certaines d'entre elles présentaient un profil plutôt rabougri, les jeunes gens ne s'en inquiétèrent guère. Du moins, pas jusqu'à ce que les deux individus en question ne commencent à se jeter sur les autres. À cette vue, ils tressaillirent et le rythme de leurs pas s'accéléra aussitôt. Shan conservait toujours son poignard à portée de main et, aujourd'hui, Ayleen avait gagné le droit d'emporter son bâton avec elle. Bien qu'ils fussent en train de courir au-devant du danger, ils n'étaient donc pas sans défense. Et la perspective d'affronter à nouveau des sbires de la "Terreur Noire" était aussi inquiétante qu'exaltante.

En dépit de leur empressement, ils arrivèrent trop tard pour espérer sauver les deux nouvelles victimes. Et les goules s'intéressèrent rapidement à ces nouvelles proies dynamiques. Elles se détournèrent des cadavres, des filets de sang s’écoulant entre leurs lèvres desséchées. L'odorat particulièrement développé dont elles disposaient leur avait permis de percevoir la présence d'adversaires. Shan et Ayleen n’eurent pas le temps de faire un pas de plus que, déjà, la première créature bondissait sur eux. Dans un sursaut salvateur, la princesse éleva son bâton dans les airs et la repoussa. Le second monstre apparut alors, brandissant ses griffes tranchantes. Ayleen fléchit le buste, esquivant de justesse.

L’autre avait prolongé son saut en direction de Shan. Ce dernier parvint à se dérober au dernier moment. Son adversaire atterrit souplement et le repoussa avec violence. Surpris, le garçon fut forcé de poser un genou à terre.

La souveraine para un second coup de griffes. Sous le choc, son ennemi recula d’un pas. Saisissant l’occasion, la rousse projeta son arme devant elle, fauchant les membres inférieurs. Mais l’autre sauta, évitant l’attaque. Entraînée par son élan, Ayleen perdit l’équilibre. La goule en profita aussitôt pour lui envoyer un coup de genou dans le ventre. Le corps de sa victime se plia en deux, le souffle coupé. Un second heurt l’envoya à terre, à la merci du monstre.

Shan ramassa une poignée de terre et la balança droit au visage de la créature qu'il affrontait. Celle-ci recula, poussant des gémissements plaintifs. Ses membres supérieurs s’agitaient pitoyablement. Le garçon se redressa et, vif comme l’éclair, entailla le flanc ainsi exposé. Le sang jaillit de la plaie et un hurlement retentit. La goule s’éloigna, cherchant à échapper à son agresseur.

Ayleen cria en voyant la première abomination se pencher au-dessus d’elle, prête à la déchiqueter. Un sifflement retentit. Le poignard de son acolyte vint se planter dans la gorge offerte. Le monstre s’écroula sans un bruit. La princesse se releva, vacillante.

Les griffes fendirent l’air. Le jeune homme poussa un cri de douleur en sentant l’impact sur son dos. Sa mâchoire se crispa. Il se retourna, envoyant une droite fulgurante dans la joue osseuse du second adversaire. Ce dernier se retrouva à terre, sonné.

 

« Envoie ma dague ! »

 

La souveraine cilla en entendant cet ordre et tourna la tête : la garde de l’arme était bien visible, là, au milieu de la plaie sanguinolente. Mais cette vue la paralysa, elle était incapable de bouger.

 

« Mais qu’est-ce qui te prend ? »

 

Pas de réponse. Malgré son agacement, Shan n’hésita pas une seconde de plus : allongeant ses pas, il s’approcha et vint retirer le poignard prisonnier.

 

« Attention ! s’écria Ayleen. »

 

Ses yeux fixaient un point derrière lui. Vision cauchemardesque de la goule s’apprêtant à déchirer les chairs. Le garçon tourna sur lui-même, lame tendue, et décapita son opposant. L’affreuse tête roula au sol tandis qu'une gerbe rouge s’envolait dans les airs. Puis le reste du corps s’affaissa.

 

Le jeune homme ferma les paupières, dégoûté, avant de s’autoriser à reprendre haleine. De là où elle se trouvait, la princesse pouvait voir les estafilades rougeâtres qui sillonnaient son dos. Une fois de plus, il venait de lui sauver la vie. Bien qu'elle ne soit pas demeurée en reste, elle se sentait bien inutile face à quelqu’un capable d’un tel sang-froid. Sa phobie l’avait rattrapée et avait bien failli la trahir cette fois-ci. Toutefois, elle réalisa qu’il lui était soudain beaucoup plus facile de détourner le regard et de ne plus se sentir aussi incommodée par les corps inertes. Était-elle en train de s’habituer à la violence ? Mieux valait espérer que non.

 

Shan se figea sitôt qu’il perçut le son inhabituel : un grondement sourd, comme s’il provenait du fond d’un puits. Instinctivement, il brandit sa dague devant lui et se rapprocha de la demoiselle. Les yeux de cette dernière s’étaient agrandis de peur.

Très vite, le sol se mit à vibrer à une cadence régulière, secoué par de puissants pas. Et soudain, elle apparut dans toute son horreur : une manticore. Les muscles roulaient sous le pelage ocre et son regard mordoré restait obstinément braqué sur ses proies. Le monstre avançait et, pour chaque pas qu’il faisait dans leur direction, Shan reculait d’autant. Le bras tendu devant Ayleen, il la guidait dans leur prudente retraite.

Brusquement, la bête se ramassa sur elle-même et bondit. Le garçon hurla et ses réflexes le propulsèrent à terre, entraînant la souveraine dans sa chute. L’ombre menaçante passa au-dessus d’eux. Un choc sourd signala l’atterrissage. Face contre terre, les jeunes gens roulèrent sur le dos. Mais, déjà, la manticore les surplombait. Affolée, Ayleen leva son bâton. Un coup de patte monstrueux l’envoya valser au loin. Puis, la bouche s’ouvrit, dévoilant l’effroyable triple rangée de dents. Un souffle chaud les balaya. Il exhalait une terrible odeur de pourriture qui leur souleva le cœur. La mort se rapprochait, inexorable. Ils allaient disparaître tout entiers à l'intérieur.

Un craquement terrifiant éclata soudain, brisant le silence. Tout à coup, la manticore fut violemment projetée sur le côté. L’oxygène alimenta à nouveau les poumons des deux combattants. Dans leur champ de vision, ils eurent à peine le temps de distinguer le crâne chauve d’Algonn. Le colosse poussa un cri rageur en se précipitant sur la bête. Son bras droit se leva. Il brandissait un formidable marteau. Blessée, la créature était demeurée au sol. L’arme s’abattit brutalement sur l’énorme tête, qui explosa sous l’impact.

 

L'ivresse due au combat s'envola avec les dernières gerbes de fluide vital, fauchant les survivants sur son passage. Comme elle tentait de se redresser, Ayleen se sentit submergée par une vague d'épuisement : ses jambes flageolèrent et elle se laissa glisser à terre, emportée par le poids de son corps devenu insupportable. À ses côtés, Shan avait fermé les paupières et expira un grand coup, les deux mains plaquées contre ses genoux.

Tandis que les jeunes gens s'efforçaient de recouvrer leurs esprits, leur sauveur s'occupait de nettoyer son arme. Il la traîna sans ménagement dans la poussière jusqu'à ce que la plus grande partie du sang se soit incrustée dans le sol. Puis il se saisit de l'un des pans du tablier qu'il portait pour achever le travail. Après avoir jeté un dernier regard au cadavre du monstre, il se dirigea vers ses compères, l'acier de son marteau de forgeron resplendissant désormais au soleil.

 

« Vous n'aviez pas menti, cette charmante demoiselle sait faire preuve d'une sacrée audace ! lança-t-il comme s'il entamait une conversation banale. »

 

En entendant le compliment d'Algonn, la princesse releva la tête et constata que le géant lui souriait. La gorge trop serrée pour répondre, elle se contenta d'étirer les lèvres avant de glisser ses doigts dans la large paume qui lui était tendue. Une fois debout, elle prit quelques secondes pour s'assurer de son équilibre.

 

« Nous vous devons une fière chandelle, le remercia Shan.

— Oh c'est pas grand-chose, voilà longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de me défouler comme ça ! »

 

Intriguée, Ayleen porta à nouveau son attention sur lui. Le ton espiègle qu'il avait employé tranchait fortement avec la fureur insondable qu'elle avait eu le temps de voir briller dans ses yeux durant le combat. Comment un homme si calme pouvait-il se montrer capable d'une telle rage ? La plupart des personnes normalement constituées auraient fui face à ces créatures cauchemardesques. Qu'est-ce qui pouvait bien expliquer un courage aussi inébranlable ? À moins qu'il ne s'agisse que de pure inconscience.

 

« Qu'est-ce que vous faites ici ? demanda-t-elle, incapable de se retenir plus davantage. »

 

Cette question, loin de prendre le concerné au dépourvu comme elle s'y attendait, le vit répondre aussitôt.

 

« Oh vous savez, j'aime bien me dégourdir un peu les jambes pendant que mes outils refroidissent, raconta-t-il tout en tapotant le manche de son marteau. Je passais dans le coin quand j'ai reconnu le grondement d'une manticore. Mon sang n'a fait qu'un tour et me voici.

— Vous voulez dire que vous avez déjà eu l'occasion de rencontrer un de ces monstres ? s'étonna Shan. »

 

Cette fois-ci, leur interlocuteur ne répondit pas tout de suite. Son regard s'égara quelques instants, comme s'il cherchait quels mots utiliser.

 

« Je ne l'ai pas souhaité mais j'ai effectivement eu le malheur d'en voir une il y a des années, finit-il par avouer sur un ton plus sombre que d'ordinaire avant de retrouver le sourire. Mais je l'avais aperçue de loin et croyez bien que je ne suis pas allé chercher les ennuis !

— Vraiment ? fit Ayleen, intriguée.

— La vie d'un forgeron est parfois plus aventureuse que ce qu'on peut croire ! »

 

Ce faisant, il lui adressa un clin d’œil complice puis il éclata de rire. La jeune femme se vit bien obligée de présenter un sourire pour répondre à cette bonne humeur communicative. Son compagnon, lui, demeurait beaucoup plus sceptique : ses sourcils froncés indiquaient sa méfiance face à cette situation.

 

« Je crois que... commença-t-il.

— Qu'il serait préférable de rentrer, non ? compléta Algonn. »

 

Devant le regard stupéfait du jeune homme, il poursuivit en expliquant qu'il avait des blessures à soigner et qu'Ayleen devait avoir besoin de se reposer.

 

« Ce n'est pas un spectacle pour les dames, termina-t-il tout en lui jetant un regard soucieux. »

 

Shan tourna la tête et remarqua à cet instant que l'attention de la princesse était retournée aux affreuses dépouilles qu'ils avaient laissées derrière eux. La pâleur de son visage indiquait à quel point son malaise venait de se raviver à la vue de cet écœurant spectacle. Contrarié de ne pas l'avoir noté plus tôt, il s'approcha et posa une main sur son épaule.

 

« Ça va ? murmura-t-il. »

 

La souveraine sursauta, revenant à la réalité. Elle marqua lentement son assentiment mais les prunelles vitreuses qui se présentèrent à lui démontraient l'inverse. D'une légère pression, il l'invita à se détourner de la macabre scène.

 

« On rentre. »

 

§

§    §

 

Bien que la nuit fût tombée depuis plusieurs heures, Saraï ne parvenait pas à trouver le sommeil. En fait, elle était bien trop inquiète pour s'y abandonner. Une manticore... ils avaient dû affronter une manticore, bon sang ! Quand elle avait mentionné le nom de ce monstre pour la première fois, cela n'avait été qu'une simple suggestion. Jamais elle n'aurait osé imaginer qu'une prédiction de ce genre puisse se réaliser. Ça paraissait bien trop improbable. Et pourtant...

La petite ne se rendait pas vraiment compte de ce à quoi Shan et Ayleen avaient échappé. Même si elle n'avait pas assisté à une séance d'exercices depuis plusieurs semaines, c'était un peu comme s'il ne pouvait rien arriver à ces deux-là. Son aîné était la seule famille qui lui restait et il avait toujours été là pour prendre soin d'elle. Il était donc impensable qu'il puisse disparaître à son tour. Quant à Ayleen, elle n'était rien de moins que la souveraine de ce royaume. Une personne d'une telle importance devait naître protégée du malheur.

 

Toutefois, apprendre qu'un forgeron était venu à leur secours lui avait fait l'effet d'un électrochoc. Ses deux héros, avoir besoin d'aide ? Impossible. Cela reviendrait à admettre qu'ils se soient retrouvés dans une mauvaise posture et cette idée était exclue. Paradoxalement, une autre partie de son être se sentait éperdument reconnaissante envers ce mystérieux sauveur qui lui avait permis de retrouver sa famille.

Famille... C'était justement sous l'impulsion de cette constatation que Saraï avait décidé de se lever en plein milieu de la nuit. Le tourbillon de pensées qui la hantait l'avait contrainte à capituler : elle avait besoin de parler à quelqu'un. Shan ? Ça aurait été son premier réflexe si seulement il n'était pas revenu blessé. En entraînement, c'était rare, à tel point que ça ne lui était plus arrivé depuis plusieurs années. La gamine avait fini par s'habituer à cette rassurante routine. Une tranquillité brisée sitôt qu'elle avait posé les yeux sur les entailles rougeâtres qui sillonnaient désormais le dos de son frère. Une blessure sans la moindre gravité, lui avait-il assuré. Mais il ne comprenait pas. Non, il ne comprenait pas que l'invincibilité dont elle le pensait doté s'en était retrouvée sérieusement ébranlée. De toute façon, il était bien trop frustré pour le remarquer : la défaite, sous quelque forme qu'elle soit, n'avait jamais été une option envisageable pour lui. La meilleure solution était de le laisser ruminer dans son coin, le malaise finirait par passer de lui-même.

Ainsi, il ne restait à présent qu'une échappatoire possible. Saraï appréhendait l'idée de se confronter à la princesse mais son besoin d'extérioriser ses sentiments était plus fort. Elle avait pesé ses options : Ayleen tenait beaucoup à sa sphère d'intimité et elle s'apprêtait ni plus ni moins à faire irruption dans sa chambre à une heure bien trop tardive pour être ignorée. Néanmoins, les récents événements faisaient pencher la balance dans l'autre sens : la jeune femme commençait à faire preuve d'une ouverture sans commune mesure avec son attitude méprisante des premiers temps. Et, comme toujours, l'espoir se devait de l'emporter sur tout le reste.

 

De toute façon c'est trop tard pour reculer, se dit la fillette alors qu'elle frappait timidement à la porte.

Comme aucune réponse ne venait, elle craignit un instant que son audacieuse escapade ne s'interrompe aussi soudainement qu'elle avait commencé. Toutefois, un léger murmure finit par troubler le silence de la nuit, l'invitant à entrer. Mais, une fois le battant poussé, elle n'osa pas dépasser le seuil.

 

« Je... je n'arrive pas à dormir, avoua-t-elle. »

 

Malgré la pénombre, elle distingua le sourire compréhensif de la princesse qui semblait signifier qu'elle se trouvait dans la même situation. Et quelle ne fut pas sa surprise de voir la main de la jeune femme venir tapoter le matelas, l'invitant à s'approcher. Trop étonnée pour réagir, Saraï laissa ses pas la porter à côté du lit. À nouveau elle s'arrêta, hésitante.

 

« Je ne vais pas te manger tu sais, chuchota la souveraine. »

 

Un grand sourire vint aussitôt éclairer le visage de la gamine. Comment avait-elle pu douter un seul instant de sa bonté ? Pour sûr, son attitude contrastait fortement avec ce qu'il avait été à son arrivée mais n'était-ce pas là la preuve que sa patience avait fini par être récompensée ?

En constatant qu'Ayleen repliait ses jambes, lui offrant un accès plus privilégié que jamais, ses craintes s'envolèrent et elle vint s'installer sous les couvertures.

 

« Qu'est-ce qui te tracasse ?

— Ce monsieur... ce forgeron, il vous a vraiment sauvé la vie ? finit-elle par demander après avoir cherché ses mots.

— Tu poses cette question comme si c'était une mauvaise chose.

— Mais Caecilia vous entraîne, je croyais que rien ne pourrait vous arrêter ! »

 

Ces derniers mots étaient sortis avec plus de vivacité que d'ordinaire. Les lèvres d'Ayleen s'étirèrent légèrement. Puis, elle inspira et se mit à lui raconter leur affrontement contre les sbires du "Seigneur Sombre". Si son vocabulaire demeurait adapté, elle n'omit aucun détail. C'était plus que ce que Saraï aurait jamais pu espérer : son frère aurait refusé tout net d'aborder le sujet. Même si elle savait qu'il cherchait uniquement à la préserver, la petite avait parfois la désagréable impression d'être mise à l'écart.

Ce soir, la princesse ne lui cachait rien, sans pour autant vouloir l'effrayer. Une marque de confiance précieuse.

 

« Tu vois, finalement, je suis plutôt contente qu'il soit venu à notre secours, termina-t-elle.

— Il a l'air bizarre quand même ! »

 

La jeune femme se tut quelques instants, l'air de réfléchir.

 

« On dirait qu'il en sait plus qu'il ne veut bien le dire... »

 

La gamine ne sut comment réagir à cette affirmation. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? À priori, cet étranger pouvait apparaître comme un allié potentiel mais peut-être valait-il mieux rester prudents ?

Un bâillement l'arracha soudain à ses pensées : sans prévenir, voilà que la fatigue se rappelait à elle. Instinctivement, son corps se pelotonna contre les draps.

 

« En tout cas, marmonna-t-elle d'une voix ensommeillée, il faudra que je le remercie. C'est lui qui m'a permis de vous retrouver aujourd'hui. »

 

Longtemps après que la fillette se fut endormie, Ayleen continuait de repenser à ses dernières paroles. La sincérité qui en émanait l'avait troublée. Elle-même ne parvenait pas à s'expliquer la raison qui l'avait poussée à accepter sa présence ni à lui raconter tout cela. Étrangement, elle ne le regrettait pas mais... c'était comme si elle n'avait pas tout à fait agi de son propre chef.

Ou alors, elle était bel et bien en train de changer.

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Rimeko
Posté le 06/09/2016
Suggestions :
"Ses progrès des dernières semaines devaient avoir été importants pour que l'aveugle décide de lui confier une lame entre les mains" J'aurai plutôt mis : 'de lui confier une lame' ou 'de lui placer une lame entre les mains' :P
"Et soudain, elle apparut dans toute son horreur : une manticore." Ma question là, c'est où se planquait-elle avant pour qu'ils ne l'aient pas vue ? Surtout que ça a l'air d'être une grosse bête.
"L'ivresse due au combat s'envola avec les dernières gerbes de fluide vital, fauchant les survivants sur son passage." Euh... quoi ?
"Devant le regard stupéfait du jeune homme, il poursuivit en expliquant qu'il avait des blessures à soigner" Ce deuxième "il" se rapporte à Shan, non ? C'est pas très clair...
 
Par rapport au combat, il me semble moins fluide que le premier... Déjà, l'alternance entre les paragraphes d'Ayleen et de Shan m'a un peu perdue, surtout à ce moment-là : "Shan ramassa une poignée de terre et la balança droit au visage de la créature.", où j'ai pensé qu'il était déjà venu aider ta demoiselle alors que non, il continue à se battre contre son propre adversaire. Du coup je comprenais pas la suite... Peut-être est-ce que ce serait plus clair si on avait que le point de vue de l'un ou de l'autre.
Et aussi, je pense que ce petit manque de fluidité peut être dû aux très nombreux points (peut-être que certaines phrases y gagneraient à être liées entre elles) et aux nombreuses reprises nominales pour désigner les goules et tes deux personnages. Alors ouais, y'a pas de répétitions et on ne se perd pas dans les pronoms, mais en même teps ça alourdit légèrement le texte.
Enfin bref, ce n'était pas si gênant que ça et puis c'est mon avis personnel, donc pas forcément une vérité, toussa toussa ^^
En tous cas, j'ai bien aimé ce chapitre ! Et ah, j'en étais sûre, on revoit Algonn ! (Et j'ai comme l'impression qu'il l'a croisée de plus près, la première manticore dont il parle... Ah, au passage, j'aime bien comment tu t'appropries ce bestiaire.)
Et ce fin, mow, je fonds...
Combat : "et", beaucoup de reprises, alternance des paragraphe Shan/Ayleen peu claire
Slyth
Posté le 06/09/2016
Me revoici pour une nouvelle tournée de réponses ! ^^
Oui, je vois que plusieurs choses ne sont pas claires. Il faudra que je voie comment y remédier.
Concernant le combat, ça n'en a peut-être pas l'air mais j'ai beaucoup travaillé dessus ! ^^''  Notamment parce qu'Ayleen et Shan doivent chacun combattre un adversaire et, comme cela se déroule en temps réel, c'était important pour moi que vous puissiez suivre toute l'action. D'où l'idée des paragraphes en alternance : il m'a semblé important que vous puissiez avoir un point de vue d'ensemble, surtout que les deux "visions" finissent par se rejoindre à un moment donné. Le truc très délicat ce sont les deux goules. Forcément, elles sont moins facilement dissociables qu'Ayleen et Shan (et ça passait moyen de jouer le coup de goule n°1 et goule n°2)... donc c'est vrai que j'ai essayé de faire super attention d'éviter les répétitions et de faire en sorte qu'on puisse chaque fois savoir de qui on parlait mais.. je suis consciente que ça n'a pas totalement aidé non plus. Il faudra que je tâche de fluidifier tout ça.
Oui, comme tu l'as vu, Algonn n'était pas destiné à n'apparaître qu'une seule fois dans cette histoire  =)
Jamreo
Posté le 14/05/2014
Je crois me trouver dans le même état d'incrédulité qu'Ayleen et Saraï dans ce chapitre ! C'est peut-être que c'est récent dans l'histoire, mais je n'arrive pas totalement à me faire au changement d'attitude de la princesse. Avec l'habitude ça ira sans doute ^^'
Donc les choses commencent à bouger aux alentours de la cité, peut-être est-ce le signe que le seigneur sombre se rapproche et prépare un mauvais coup. Ou peut-être pas, après tout, le mystère plane encore sur lui et les créatures qu'il utilise. La manticore fait froid dans le dos, particulièrement avec ses trois rangées de dents. Concernant le combat avec les goules, quand Shan se fait griffer le dos, en fait je n'avais compris qu'il y avait une autre goule derrière lui, mais c'est peut-être une faute d'inattention. En tout cas les bestioles ont l'air... tout à fait charmantes.
Et je suis contente de retrouver Algonn aussi : un forgeron donc, mais quand même pas très ordinaire comme forgeron. Pour le coup je partage les doutes d'Ayleen.
Sur ces nouvelles pistes, à bientôt donc :) 
Slyth
Posté le 14/05/2014
Bonjour Jam', c'est toujours un vrai plaisir de te retrouver fidèle au poste ! ^^
Je suis consciente que ce changement de comportement de la part d'Ayleen n'est pas anodin. Ce n'est pas faute de souvent reprendre le texte du début pour essayer de m'assurer que ça ne paraisse pas trop radical pour autant. Et puis, j'avoue avoir choisi la solution de facilité en faisant un bond dans le temps qui permettrait à un certain nombre de choses de se mettre en place, notamment par rapport à son lien avec Shan. Pour pouvoir avancer, cette chère princesse ne pouvait décemment pas rester la même et c'est vrai que les derniers événements marquent un tournant assez radical à ce niveau-là.
Malgré tout, je pense que c'est normal que tu en sois étonnée (Ayleen en est elle-même surprise) mais, du moment que cela ne te semble pas incohérent ou inapproprié, c'est l'essentiel. Le temps fera le reste, du moins je l'espère ! ;)
Ce combat était un gros défi pour moi. J'ai effectué pas mal de recherches pour sa mise en place et j'ai passé beaucoup de temps à le rédiger. Je comprends qu'il puisse être difficile à suivre mais un rythme à la fois rapide et saccadé me semblait important à mettre en place. D'autant qu'Ayleen et Shan affrontent chacun un adversaire en même temps. La goule qui se trouvait derrière Shan à ce moment-là était la même qu'il venait de blesser au flanc et qui s'était éloignée : il s'en est détourné pour pouvoir venir au secours de la princesse, sans penser que son adversaire allait revenir à la charge en constant qu'il était distrait. 
Oh, le moins qu'on puisse dire c'est qu'Algonn est effectivement loin d'être ordinaire ! xD 
Vous devriez prochainement en apprendre un peu plus à son sujet ! ;)
Quoi qu'il en soit, je te remercie du fond du coeur pour ta lecture attentive ainsi que ce commentaire ! J'espère être parvenue à répondre à tes questionnements et que la suite continuera de te plaire ! 
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