Le chevalier Kerian d'Aenor était un homme aussi brave que talentueux. À tout juste vingt-six ans, il était considéré comme le meilleur combattant du royaume. Sa nomination en tant que capitaine de la garde royale n'avait guère tardé, accentuant sensiblement son influence à la cour et en particulier auprès du roi Erhel dont il se plaisait lui-même à affirmer qu'il avait été le plus proche confident. Bien qu'ayant été chargé de la protection de la princesse, Kerian s'était plutôt contenté d'entretiens informels avec elle. La jeune femme n'avait pas pour habitude de chercher à se mettre en danger, ce qui excluait donc une éventuelle intervention de sa part. Du moins pas jusqu'à ce jour funeste...
Les cris des nombreux blessés avaient constitué un réveil des plus brutaux. L'ennemi avait opté pour une frappe éclair : rapide, organisée et mortellement efficace. Le capitaine avait vite compris que la fuite était la seule solution possible. La plupart des hommes qui lui restaient avaient déjà fait leur choix. Mais toute retraite précipitée lui était impossible tant que son devoir l'appelait.
Même s'il ne croyait guère en ses chances, il était malgré tout parvenu à retrouver la princesse. La superbe jeune femme était en état de choc mais il avait pu la délivrer des griffes de sa peur. Au vu de son rang, il faisait partie des rares personnes qui avaient été mises dans la confidence au sujet de la phobie de leur souveraine.
Par la suite, Kerian s'était préoccupé de gagner la sortie au plus vite. Il savait qu'il aurait dû être plus attentif à assurer la sécurité de la princesse mais l'attaque de la goule l'avait déstabilisé. Suite à cela, son instinct de survie avait pris le dessus et il s'était précipité vers les portes du palais, ne songeant qu'à sauver sa peau. En son for intérieur, il tentait de se persuader qu'Ayleen le suivait. Une erreur qui avait bien failli lui être fatale lorsque le cri de désespoir de la jeune femme avait retenti, brisant net sa détermination. En se retournant, il avait évité de justesse que la flèche ne lui transperce le cœur. Le choc avait néanmoins été suffisant pour le maintenir à terre.
Juste avant qu'il ne sombre dans l'inconscience, une vision cauchemardesque s'était imposée à lui : celle d'une ombre gigantesque dont la noirceur insondable vous faisait perdre l'esprit à sa simple vue. Et ce monstre intangible était en train de faire du mal à sa princesse. Une princesse qu'il avait bien crue morte. Jusqu'à aujourd'hui
« Vous avez manqué à votre devoir, lui reprocha Ayleen.
― L'erreur est mienne, j'en conviens. J'ai préjugé que vous étiez juste derrière moi et, quand j'ai entendu votre appel, mon sang s'est glacé. J'ai voulu vous secourir mais le coup que j'ai reçu a eu raison de moi. Quand je suis revenu à moi, vous aviez disparu. J'ai cru... Si vous saviez comme je m'en suis voulu ! Je vous demande humblement de me pardonner.
― Eh bien, je... hésita la jeune femme, déstabilisée par les manières théâtrales du capitaine.
― Soyez louée car je vous ai retrouvée ! Votre présence emplit mon cœur de soulagement et de joie ! s'exclama-t-il aussitôt. »
Ce faisant, il s'arrêta pour prendre ses mains dans les siennes. Si Ayleen en fut surprise, le sourire de l'homme était si chaleureux qu'elle ne put s'empêcher de se sentir touchée et ses lèvres s'étirèrent à leur tour. Comment continuer à lui en vouloir ?
Kerian n'éternisa pas le contact plus longtemps que ce la bienséance lui permettait et offrit son bras à son interlocutrice afin de poursuivre leur promenade. Cela faisait plusieurs minutes que leurs retrouvailles avaient eu lieu devant l'entrée de la cité. Ils y avaient pénétré ensemble, devisant comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Petit à petit, tous deux s'étaient détachés du reste du groupe, laissant Shan et sa petite sœur en compagnie des autres soldats. Une troupe plutôt silencieuse et aux mines renfrognées à laquelle ni l'un ni l'autre ne prêta attention.
Ayleen était tellement heureuse de renouer avec quelqu'un issu de son univers que c'était comme si plus rien d'autre ne comptait. Elle avait l'impression de retrouver sa vie d'avant et cela lui faisait un bien fou. Après s'être sentie aussi délaissée, apprendre qu'elle n'était plus seule avait été une révélation lumineuse. Tout avait l'air beaucoup plus simple. Et son objectif final paraissait moins inatteignable depuis qu'elle avait appris la bonne nouvelle : après avoir quitté le palais tant bien que mal et reçu des soins de la part des quelques soldats rescapés qui n'avaient pas encore quitté la ville, Kerian s'était mis en tête de retrouver les autres membres de sa garde. L'esprit de vengeance l'avait submergé et il savait que rien ne pourrait l'empêcher de reprendre le château et, surtout, d'en déloger l'infâme créature qui y avait élu domicile. Néanmoins, demeurer au sein du royaume était trop risqué : il lui faudrait trouver un endroit plus sûr pour recouvrer ses forces et se constituer une armée digne de ce nom. Et il avait réussi. Du moins, c'est ce qu'il avait fini par lui avouer une fois passée la surprise de la revoir en vie.
« Est-ce vrai ? s'était-elle enquise, fébrile à l'idée que ses problèmes puissent trouver une solution.
— Une centaine d'hommes sont sous mes ordres, votre Altesse, avait-il confirmé avant de s'empresser de rectifier, mais maintenant que vous êtes là, nul doute qu'il s'agit de votre armée.
— Certes, la question ne se pose même pas. Toutefois, vu vos compétences, il me semble naturel que vous en conserviez le commandement. »
Ses propos avaient tiré au capitaine un sourire soulagé qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer : craignait-il qu'elle ne prenne personnellement les opérations en main ? Il devait savoir que ce n'était pas là sa place.
« Qu'est-ce qui vous amène ici ? finit-elle par lui demander.
— Nous sommes à la recherche d'effectifs supplémentaires, Princesse. L'opération préparée est de grande envergure, nous n'avons pas droit à l'erreur.
— Et vous trouvez vos hommes ici, parmi les Demis ? s'étonna-t-elle.
— Ces pouilleux peuvent faire preuve d'un certain talent si nous savons nous montrer persuasifs. Et puis, ajouta-t-il sur le ton de la confidence, il faut bien placer certains éléments en première ligne. »
Plus que le souffle du chevalier contre son oreille, ses paroles firent pouffer Ayleen. Ce faisant, elle jeta un coup d’œil au groupe qui les talonnait. Au vu de sa proximité, Shan ne pouvait avoir manqué d'entendre leur conversation et ses yeux plissés marquaient sa rancune. Mais la jeune femme s'en fichait et elle se détourna pour reporter son attention sur Kerian. Quand quelqu'un lui tenait le genre de discours qu'elle était en mesure de comprendre et d'approuver, pourquoi se prendre la tête avec des choses futiles ?
Ce fut à cet instant qu'ils débouchèrent dans la rue qui regroupait les artisans. Leur escorte attirait des regards à la fois curieux et prudents : les mauvais souvenirs du passé avaient laissé leur marque et nul ne tenait à avoir affaire à des soldats. Mais, plus que cette attention teintée de crainte, il était surtout impossible d'échapper au brouhaha incessant qui régnait en ce lieu. Le plus pénible était sans doute le choc métallique dû au forgeron qui résonnait de toutes parts sans que l'on puisse en déterminer la source avec exactitude.
« Attendez ! s'écria une petite voix. »
Il fallut quelques secondes à la souveraine pour se souvenir que Saraï les accompagnait. Elle se retourna, un peu agacée par cette interruption. Une fois n'est pas coutume, la gamine arborait un sourire rayonnant.
« C'est sûrement lui non ? s'exclama-t-elle, tout excitée. Le forgeron qui vous a sauvés. Il faut que je lui dise merci ! »
Avant qu'elle n'ait pu formuler un semblant de réponse, Kerian la devança, les yeux fulminant de colère :
« Comment ? Sauvés de qui ? Êtes-vous blessée, Princesse ?
— Rien de grave Kerian, ne vous en faites pas. Je vais bien, l'apaisa Ayleen en levant les mains. »
Son geste dévoila le bandage récent sur son avant-bras que le chevalier n'avait pas remarqué. Loin de le calmer, cette vision relança son interrogatoire.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? Qui a osé s'en prendre à vous ?
— C'était un accident, lâcha une voix agacée. »
Les manies du capitaine de la garde exaspéraient Shan : bon sang, il n'allait pas faire un scandale pour une simple égratignure quand même ! Pourtant, en entendant son aveu, l'homme s'était brusquement retourné. S'avançant vers lui, il le fusillait désormais du regard.
« Un accident ? répéta-t-il avec hargne. Ignores-tu donc à qui tu as affaire, Demi !
— Je croyais le savoir, marmonna le garçon en tournant des yeux chargés de reproche en direction d'Ayleen qui l'évita soigneusement.
— Espèce d'insolent, tu vas...
— Il suffit capitaine !
— Votre Altesse ? s'étonna le concerné en écarquillant les yeux.
— Cette affaire est réglée et ce n'est pas le propos. Il y a quelqu'un à qui nous devons rendre visite. »
Ce disant, la jeune femme désigna Saraï qui avait observé toute la scène avec inquiétude. Kerian la dévisagea puis, jetant un dernier regard venimeux à son opposant (qui le lui rendit bien), il relâcha la garde de l'épée qu'il avait empoignée et retrouva une expression aimable.
« Pardonnez-moi de vous avoir effrayée jeune demoiselle, murmura-t-il en se plaçant à la hauteur de la fillette. Si nous allions voir votre ami à présent, comme vous en avez si gentiment fait la requête ? »
Son sourire chaleureux et communicatif eut bien vite raison de la petite. Retrouvant son enthousiasme habituel, elle s'empressa d'agripper la main d'Ayleen et de l'entraîner dans la direction voulue. Le chevalier haussa les sourcils à la vue de ce comportement si étranger à l'étiquette, mais il finit par se résigner. Il ordonna à ses deux hommes de poursuivre les recherches sans lui avant d'emboîter le pas aux filles. Relégué à l'arrière, Shan mit quelques secondes avant de se décider à suivre le mouvement d'un pas raide.
§
§ §
En se levant ce matin-là, Algonn ne s'était certainement pas attendu à une visite aussi étrange que celle qu'il allait recevoir. Mais, lorsqu'il vit arriver une gamine radieuse qui tenait l'audacieuse jeune femme par la main, il sut tout de suite que c'était pour lui qu'elles venaient. Son dernier contact avec cette Ayleen datait du combat qu'ils avaient mené contre la manticore. Les circonstances dangereuses paraissaient prendre un malin plaisir à les réunir mais, malgré tout, le forgeron s'expliquait difficilement le sentiment qui l'avait envahi depuis leur première rencontre : une envie de la protéger envers et contre tout. Elle semblait avoir une propension naturelle à s'attirer des ennuis. Au fond de lui pourtant, un souvenir bien réel persistait à s'accrocher : celui d'une enfant aux cheveux roux dont peu de personnes pouvaient se targuer de porter le même prénom. Mais c'était absurde. Que ferait-elle ici ?
En voyant approcher ses visiteuses, il s'efforça de chasser cette étrange idée de son esprit et afficha une mine détendue.
« Tiens, que me vaut le plaisir ?
— C'est vous, n'est-ce pas ? C'est vous qui avez sauvé Ayleen et mon frère ? s'exclama aussitôt Saraï. »
Surpris, l'homme tourna son regard en direction de la fillette vivace qui paraissait attendre sa réponse avec une impatience toute particulière.
« Oh, ils avaient déjà fait le plus gros du travail tu sais, blagua-t-il en lui faisant un clin d’œil. »
Malgré le sourire qu'elle affichait, cela ne parut pas suffire à la petite qui n'hésita qu'une fraction de secondes avant d'aller agripper sa taille.
« Merci. Merci parce que c'est grâce à vous qu'ils ont pu rentrer à la maison. »
Pris au dépourvu par cet élan d'affection, Algonn finit cependant par tapoter le dos de la gamine. Elle se retira ensuite, radieuse, et retourna aux côtés de la jeune femme.
« Je suis contente d'avoir pu le voir, lui murmura-t-elle et toutes deux échangèrent un regard complice.
— Si je peux faire autre chose, n'hésitez pas ! plaisanta l'artisan.
— En voilà une surprise, intervint Kerian. Le vieux Algonn reconverti en forgeron, je n'osais croire les rumeurs ! »
Le concerné perdit instantanément son air jovial, fixant le capitaine avec froideur. Tous deux s'étaient déjà côtoyés, cela ne faisait aucun doute.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? siffla Algonn.
— Bien que cela ne te concerne plus, sache que je suis en mission de recrutement d'une armée en l'honneur de Son Altesse Ayleen Elouen. »
Ce disant, il désigna la princesse tout en affichant un petit sourire satisfait. Celle-ci, qui ne s'était pas attendue à cette révélation, demeura interdite. Puis, sous le regard intrigué du forgeron et celui, plus pressant, de Kerian, elle souleva son foulard pour dévoiler une mèche rousse. À cette vue, le visage de l'artisan s'adoucit.
« Ah, je savais bien que je n'avais pas encore perdu toute ma raison, murmura-t-il. »
Ces paroles perturbèrent Ayleen : on aurait dit qu'il la connaissait mais... c'était impossible. Quelle histoire cet homme mystérieux pouvait-il bien cacher ?
« Impressionné ? se vanta Kerian.
— A moitié, à dire vrai. Cette charmante jeune femme ne laisse pas indifférent.
— Pauvre fou, je mets une armée entière à sa disposition pour qu'elle puisse reconquérir son trône, son entrée dans le palais sera triomphale ! Toi qu'as-tu à lui offrir ?
— Le soutien du peuple et mes conseils si elle m'en laisse l'occasion. »
En parlant, Algonn s'était tourné vers la souveraine, démontrant par là qu'il s'adressait à elle. Son interlocutrice ne sut que répondre, mais son regard élargi témoignait de sa surprise. Ce qu'il lui proposait là... le soutien du peuple, vraiment ? Une chose qu'elle n'avait jamais osé ne serait-ce qu'imaginer, surtout au vu de sa cote de popularité au sein du royaume. Mais des armes ne seraient-elles pas plus efficaces pour abattre le monstre tapi à l'intérieur du château ? Ayleen ne savait plus que penser désormais. Tout s'enchaînait si vite.
« Ridicule ! se moqua le capitaine. Ça n'a aucun sens, tu vas la mener droit à sa perte !
— Et si nous la laissions décider ?
— En ce cas, je sais qu'elle fera le choix qui s'impose, affirma-t-il en bombant le torse. Tu n'es qu'un incapable !
— Un incapable qui t'a autrefois infligé la correction que tu méritais, répliqua calmement Algonn. »
Kerian pâlit et, dans un geste presque involontaire, sa main se leva en direction de la cicatrice qui bordait son œil droit. Juste avant d'arriver à destination, son poing se ferma et, de rage, il cracha à terre.
« Je n'ai pas une minute de plus à perdre ici ! s'écria-t-il. »
Sans plus prêter garde au forgeron, il adressa un léger signe de tête à la fillette et accorda un ultime baisemain à Ayleen.
« Je vous fais confiance pour venir me rendre visite sur l'île de Lumen, Princesse. »
Puis, après un dernier regard insistant, il se détourna et partit à grandes enjambées. Son départ laissa l'assemblée perplexe, en particulier la souveraine : elle ne se souvenait pas d'avoir noté un caractère si irritable au capitaine de la garde. Et si une partie d'elle-même était déçue de le voir s'en aller, l'autre ne pouvait s'empêcher d'être intriguée par cet Algonn et ce qu'il pourrait avoir à lui dire.
« Bon débarras, grogna Shan.
— Quoi ? Pour qui tu te prends ? l'attaqua aussitôt la jeune femme.
— Et toi, tu t'es entendue parler ? Depuis qu'il est là, tu te comportes comme une vraie peste ! Tu n'as pas vraiment changé finalement, lâcha-t-il.
— Et toi tu n'es qu'un sale...
— Vas-y, dis-le ! la provoqua-t-il en la voyant hésiter.
— Qu'un sale Demi !
— Ça suffit, arrêtez s'il vous plaît ! »
D'une voix tremblante qui trahissait son émotion, Saraï venait de les interrompre en s'interposant entre eux. Ses prunelles embuées montraient qu'elle avait anticipé les événements et ne souhaitait pas laisser la situation s'envenimer. Si son intervention permit à la tension de s'abaisser, le mal était fait. Les deux antagonistes se fusillaient du regard comme au premier jour de leur rencontre.
« Moi aussi j'ai mieux à faire que de rester ici, affirma le jeune homme avec rage.
— Tiens donc, encore ton mystérieux boulot auquel tu ne prends aucun plaisir, j'imagine ? railla Ayleen. »
Malgré la fureur qui tordit ses traits, Shan s'efforça de prendre sur lui et ne répondit pas. Il marmonna à l'encontre de sa sœur qu'il la retrouverait à la maison et quitta les lieux.
« Mince, c'est toujours comme ça entre vous deux ? s'étonna Algonn d'un ton goguenard en s'attirant un regard noir de la part de la princesse.
— Ça allait pourtant mieux... murmura Saraï. »
Quelque chose dans ses yeux, comme un défaitisme à peine croyable, fit regretter ses paroles à Ayleen. Elle savait qu'elle s'était laissée emporter, mais c'était si compliqué de rester calme face à un aussi mauvais caractère ! Une personnalité pas si différente de la sienne d'ailleurs... Mais il était trop tard pour revenir en arrière à présent, trop tard pour déplorer ce qu'elle avait dit. Trop tard pour le rattraper aussi ? Ça, c'était moins probable. Et puis, n'était-ce pas également l'occasion rêvée pour découvrir ce qu'il tenait tant à cacher ? Ce n'était que justice : après toutes les révélations qu'elle avait accordées à ses hôtes, elle était en droit de réclamer sa propre part.
Reprenant contact avec la réalité, Ayleen remarqua que le forgeron tentait tant bien que mal de réconforter la fillette et elle se souvint qu'un autre mystère restait à résoudre au sujet de cet homme : qui était-il au juste et que pouvait-il réellement lui apporter ? Un dilemme important se dessinait : suivre Shan et tenter de réparer ce qui avait été cassé ou en apprendre enfin plus sur cet étrange Algonn qui voulait leur venir en aide ?
« Tu sais, je ne vais pas bouger d'ici, moi, lui lança l'artisan comme s'il avait deviné ses pensées. Rien ne t'empêche de revenir une autre fois, on aura tout le temps pour discuter. »
La jeune femme l'observa durant une poignée de secondes et conclut qu'il était sincère. Sa décision était donc prise. Elle s'apprêtait à tourner les talons lorsque ses yeux croisèrent ceux de Saraï. Une petite lueur d'espoir semblait s'y être ravivée.
« Ne t'en fais pas, murmura la souveraine. »
Puis elle s'en alla à son tour. Il était temps qu'elle mette un terme à tous ces secrets. Il était temps que les choses changent.
Coucou,
Pour le moment, je tiens le rythme malgré la longueur de mes commentaires.
Dans le chapitre 20, la description du combat n'est pas toujours très claire. Par exemple, quand Shan jette une poignée de terre contre une créature, on dirait qu'il défend Ayleen, puis on se rend compte que chacun se bat de son côté.<br />On commence à s'habituer au changement d'attitude d'Ayleen et on commence aussi à croire à sa sincérité. J'espère que ça se vérifiera. Algonn semble être du côté de nos héros, comme je l'avais espéré. Mais je ne comprends pas d'où il vient, ni comment il a su qu'il y avait un combat et qu'on avait besoin de son aide.<br />J'aime bien la scène entre Ayleen et Saraï à la fin du chapitre. Elles semblent avoir une relation de confiance.
Dans le combat d'entraînement avec Shan, Ayleen semble avoir à peu près le même niveau que lui, alors qu'elle s'entraîne depuis peu tandis que lui le fait depuis longtemps. Ou elle est exceptionnellement douée, ou c'est lui qui ne l'est pas.<br />"Et, pour autant que Saraï puisse en juger, son regard était toujours porté dans la bonne direction." Je doute que cette remarque soit vraiment pertinente. On a le réflexe de porter le regard dans la direction d'un bruit pour voir ce qu'on a entendu. Une personne aveugle (qui observe en étant extérieure à l'action) n'a aucune raison de porter son regard dans la bonne direction. Au contraire, elle tournera la tête de manière à entendre le mieux possible ; ça devrait plutôt dépendre de l'acoustique ou du sens du vent. (Par exemple, pour une personne aveugle de naissance, le fait de "regarder" son interlocuteur n'est pas une attitude spontanée, mais apprise. C'est par égard qu'elle le fait et pas parce qu'elle l'entend mieux en lui faisant face.)<br />Avec sa phobie, Ayleen risque d'être mal barrée quand elle devra se battre pour récupérer son trône. À moins qu'elle arrive à la surmonter miraculeusement. Mais cette scène est intéressante. Shan arrive instinctivement à faire ce qu'il faut et il ne la juge pas, ce qui est tout à son honneur.<br />Quant au père d'Ayleen, non seulement il est insupportable, mais il est également névrosé. C'est probablement une bonne chose qu'il ait disparu de la circulation.
L'explication que Kerian donne du moment où il a abandonné la princesse pour sauver sa peau est un peu légère. Il me semble qu'il s'est comporté comme un couard ou un égoïste et que c'est un grave manquement à l'honneur d'un chevalier. Ce n'est pas logique que la princesse accepte ses explications et qu'elle ne lui fasse aucun reproche. Comment faire à nouveau confiance à quelqu'un qui s'est comporté de cette manière ? Qu'est-ce qui nous dit que dans les futurs combats, il ne va pas de nouveau se dérober ? À ta place, je lui chercherais une meilleure excuse si le but est qu’il soit crédible.<br />Le petit dialogue entre Ayleen et le chevalier suggère qu'elle n'est pas digne de confiance non plus, malgré le fait qu'elle a changé de comportement. On dirait que dès qu'elle se retrouve avec des gens de son milieu, elle recommence à prendre Shan et Saraï de haut.<br />Quand Saraï a un élan d'affection, Algonn se montre maladroit. (Je me suis demandé s'il n'avait jamais eu d'enfant). Plus tard, il réconforte spontanément Saraï, ce qui laisse supposer qu'il n'est pas si gauche que ça. Je ne trouve pas ça très logique.<br />D'ailleurs, d'autres plumes t'ont fait remarquer que tu n'es pas très cohérente par rapport à l'âge de Saraï. Je suis assez d'accord avec elles. Il faut décider si c'est une fillette ou si elle est au début de l'adolescence et t'y tenir, tant au niveau de son comportement que dans ta façon de la désigner.<br />Heureusement qu'Ayleen regrette d'être retombée dans ses disputes avec Shan. Ça laisse l'espoir que ses changements positifs de comportement sont finalement sincères...<br />Ayleen est intriguée par Algonn ? Moi aussi. C'est un personnage prometteur. J'espère qu'il sera à la hauteur.
<br />Ses progrès des dernières semaines devaient avoir été importants pour que l'aveugle décide de lui confier une lame entre les mains. [L'expression "lui confier une lame entre les mains" est bizarre. On confie qqch à qqn, pas entre ses mains. Mettre une lame entre ses mains passerait mieux.]<br />Du moins, pas jusqu'à ce que les deux individus en question ne commencent à se jeter sur ceux restant. ["ceux restant" est bizarre et pas clair]<br />Bien qu'ils soient en train de courir au-devant du danger [Bien qu'ils fussent (subjonctif imparfait)]<br />L'odorat inhumain dont elles disposaient [curieux emploi de l'adjectif "inhumain" ; on parle plutôt d'odorat très, particulièrement, extrêmement développé.]<br />pour chaque pas qu’il faisait dans leur direction, Shan en reculait d’autant [il me semble que le "en" est de trop]<br />Sans prévenir, la manticore fut violemment projetée sur le côté. [Tout à coup conviendrait mieux, il me semble.]<br />A ses côtés, Shan avait fermé les paupières et expirait un grand coup [expira]<br />Puis, il se saisit de l'un des pans du tablier qu'il portait [la virgule après "Puis" est de trop]<br />A l'entente du compliment d'Algonn, la princesse releva la tête [En entendant, lorsqu'elle entendit]<br />Oh c'est pas grand chose, voilà longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de me défouler comme ça ! » [grand-chose]<br />Bien que la nuit soit tombée depuis plusieurs heures [Bien que la nuit fût tombée]<br />ils avaient dû affronter une manticore bon sang ! [Il faudrait ajouter une virgule avant "bon sang"]<br />Ainsi, il ne restait à présent qu'un seul échappatoire possible [échappatoire est féminin ; "qu'une seule échappatoire possible" est redondant : "il ne restait à présent qu'une échappatoire possible" suffit.]<br />Et quelle ne fut pas sa surprise de voir la main de la jeune femme venir tapoter le matelas, lui signifiant de s'approcher ["signifier" en convient pas ici ; en plus, tu l'as déjà employé juste avant. Je propose : "l'invitant à s'approcher"]<br />« Qu'est-ce qui te tracasses ? [tracasse]<br />Longtemps après que la fillette se soit endormie, Ayleen repensait encore à ses dernières paroles. ["Après que" doit être suivi de l'indicatif, pas du subjonctif : "Longtemps après que la fillette se fut endormie" (passé antérieur)]
<br />I l lui semblait logique qu'Ayleen doive ressentir la même émotion mais son visage tendu trahissait plutôt une certaine inquiétude [Il / j'ajouterais une virgule avant "mais"]<br />Avançant avec lenteur et hésitation, il semblaient se jauger du regard [ils]<br />Cette demi-seconde d'inattention lui valu un estoc qu'il parvint tout juste à bloquer [valut]<br />Mais cette fois-ci, la poigne tînt bon [tint ; tînt est le subjonctif imparfait]<br />Il resta également attentif à lui parler durant toute la durée du processus, bien qu'il ne soit pas sûr qu'elle l'écoute vraiment [bien qu'il ne fût]<br />La petite princesse l'avait appris à ses dépends [à ses dépens]<br />par crainte de recevoir sa quatrième gifle de la journée si jamais elle osait insister insister, Ayleen choisit soigneusement de se taire. [Il y a deux fois "insister"]<br />Une crainte qui l'avait toujours tenu à l'écart des affrontement contre les Demis [affrontements]<br />Il ne lui fallu pas longtemps pour transmettre cette aversion [fallut]<br />il s'assura qu'elle lui devienne en tous points semblable [en tout point]<br />Elle avait donc consacré la majeur partie du trajet [la majeure partie]<br />La princesse se doutait que Saraï avait certainement dû se retenir mais elle leur en était reconnaissante [j'ajouterais une virgule avant "mais"]<br />d'autant qu'elle ne l'utilisait plus depuis quelques temps [quelque temps]<br />Shan l'observa d'un air méfiant mais finit par rengainer sa lame et accepta de lui serrer la main. [J'ajouterais une virgule avant "mais"]
<br />Les cris des nombreux blessés avaient constitué un réveil des plus brutal [des plus brutaux]<br />Est-ce vrai ? s'était-elle enquis, fébrile [enquise ; c'est un verbe essentiellement pronominal, il s'accorde donc avec le sujet]<br />Une centaine d'hommes sont actuellement sous mes ordres votre Altesse [il faudrait ajouter une virgule avant "votre Altesse"]<br />Nous sommes à la recherche d'effectifs supplémentaires, princesse. [Princesse]<br />« Comment ? Sauvés de qui ? Êtes-vous blessée princesse ? [Princesse / il faudrait une virgule avant "Princesse"]<br /> Un accident ? répéta-t-il avec hargne. Ignores-tu donc à qui tu as affaire Demi ! [il faudrait ajouter une virgule avant "Demi"]<br />« Pardonnez-moi de vous avoir effrayée jeune demoiselle, murmura-t-il en se plaçant à hauteur de la fillette [à la hauteur]<br />Le chevalier haussa les sourcils à la vue de ce comportement si étranger à l'étiquette mais il finit par se résigner [j'ajouterais une virgule avant "mais"]<br />C'est vous n'est-ce pas ? C'est vous qui avez sauvé Ayleen et mon frère ? s'exclama aussitôt Saraï. » [Il faudrait ajouter une virgule avant "n'est-ce pas "]<br />Seulement à moitié à dire vrai. Cette charmante jeune femme ne laisse pas indifférent. [Il faudrait ajouter une virgule avant "à dire vrai"]<br />Le soutien du peuple et mes conseils si elle m'en laisse l'opportunité. [Dans cette acception, "opportunité" est un anglicisme condamné par l'Académie française : il faudrait mettre "si elle m'en laisse l'occasion"]<br />Son interlocutrice ne sut que répondre mais ses yeux écarquillés témoignaient de sa surprise. [J'ajouterais une virgule avant "mais"]<br />Une chose qu'elle n'avait jamais osé ne serait-ce qu'imaginer, surtout au vu de sa côte de popularité au sein du royaume [sa cote de popularité]<br />il adressa un léger signe de tête à la fillette et accorda un ultime baise-main à Ayleen [baisemain ; on le trouve déjà en un mot dans la 4e édition du dictionnaire de l'Académie française (1762)]<br />« Je vous fait confiance pour venir me rendre rapidement visite sur l'île de Lumen, princesse. » [Je vous fais / Princesse]<br />Les deux protagonistes se fusillaient du regard comme au premier jour de leur rencontre. [Les protagonistes sont les personnages principaux ; là, ils s'affrontent : il faut donc dire "Les deux antagonistes"]<br />Tiens donc, encore ton mystérieux boulot auquel tu ne prends aucun plaisir j'imagine ? railla Ayleen. » [il faudrait ajouter une virgule avant "j'imagine"]<br />Elle savait qu'elle s'était laissée emporter mais c'était si difficile de rester calme face à un aussi mauvais caractère ! [j'ajouterais une virgule avant "mais"]<br />« Tu sais, je ne vais pas bouger d'ici moi, lui lança l'artisan comme s'il avait deviné ses pensées. [Il faudrait ajouter une virgule avant "moi"]<br />La jeune femme l'observa durant une poignée de secondes et décréta qu'il était sincère. [Si elle le décrète, c'est qu'elle le dit à haute voix ; autrement, je propose : "conclut"]
À demain.
Les scènes de combat ne sont de loin pas mon point fort, même si j'ai pris beaucoup de temps pour travailler celles de ce texte. Dès que plusieurs adversaires s'affrontent simultanément, ça devient vite compliqué pour moi. Je trouve que c'est difficile de retranscrire la rapidité de l'action tout en essayant de ne pas perdre les lecteurs. Je ne doute pas que j'ai encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine.
Pour le combat d'entraînement, j'ai précisé que Shan avait adapté son niveau à celui de son adversaire. Malgré tout, après un entraînement intensif de plusieurs mois, je pense qu'elle n'est pas complètement sans ressources pour autant.
J'ai également ajouté quelques lignes à l'explication de Kerian. Le problème d'Ayleen, c'est qu'elle retrouve très vite ses anciennes (et mauvaises) habitudes une fois en contact avec le chevalier. Cela la ramène à l'époque de son règne (pas si lointaine d'ailleurs) lorsqu'elle était toute-puissante et parfaitement à l'aise. Retrouver ses marques de cette façon est une forme de réconfort et de sécurité pour elle. Je voulais montrer par là que le changement n'est jamais évident.
En ce qui concerne Saraï, j'ai décidé de la maintenir un peu plus du "côté fillette" et j'ai effectué les changements qui s'imposaient (notamment par rapport à son âge) dans le texte. Cela n'empêche pas que les événements aient une influence sur elle au fil de l'histoire.
Me revoilà, même si je sais pas si je pourrais rédiger mes cinq commentaires aujourd'hui. (J'ai essayé des lentilles pour la toute première fois de ma vie et... disons que ça a mis plus de temps que prévu xD)
Suggestion :
"Une erreur qui avait bien failli lui être fatale [...] En se retournant, il avait évité de justesse que la flèche ne lui transperce le cœur" Euh... j'aurai plutôt l'impression que ça lui a sauvé la vie, cette erreur, puisque c'est en se retournant qu'il a vu la flèche et pu plus ou moins l'éviter... Non ?
Je sais pas pourquoi, mais il m'est tout de suite antipathique ce Kerian... Juste la façon dont il traite les "Demis", déjà ! >.<
Et voir qu'Ayleen retombe un peu dans ses anciens travers... Rah. Cependant c'était bien amené, cela semble logique surtout qu'elle a des remords vers la fin... Je suis à la fois impatiente et inquiète à l'idée qu'on va enfin savoir des choses pour Shan. (Et le titre du chapitre suivant ne laisse présager rien de bon, en plus...) J'epsère en tous cas qu'ils vont se réconcilier ! (En même temps, deux mauvais caractères comme ça, ça ne peut que faire des étincelles !)
Ah bon ? Kerian, antipathique ? Noooooooooooon ! XD
Oui, retrouver quelque chose de familier fait reprendre à Ayleen ses mauvaises habitudes. Heureusement, elle a quand même commencé à changer entre temps donc ça ne pouvait pas être définitif. Juste de quoi agacer suffisamment.
Ahlala ces deux-là, aussi stupides et bornés l'un que l'autre je te jure ! Ca ne peut que faire des étincelles, c'est clair !
Merci encore pour ta lecture et tes suggestions !