Ce matin-là, Shan se réveilla avec un mal de tête assez douloureux pour lui faire regretter sa consommation excessive du soir précédent. Et cela le ramena aussitôt à ce qui avait provoqué cette attitude. Sans compter tous les événements qui avaient suivi. Il se rappelait donc parfaitement son comportement immature face à Ayleen, de leur retour laborieux jusqu'à cette chambre... et, surtout, de la façon dont s'était terminé ce rendez-vous impromptu.
Bon sang, mais qu'est-ce qui m'a pris ? se sermonna mentalement le garçon tout en se massant le crâne.
Il aurait été tellement plus facile de mettre tout ça sur le compte de l'alcool ! Mais, même si la boisson avait eu son rôle à jouer, il savait aussi qu'une partie de lui avait voulu ce qui était arrivé. Sans véritable raison, lui semblait-il. Simple curiosité ? Intérêt ? Il l'ignorait. Ou plutôt... il n'avait pas envie de s'en préoccuper pour l'instant. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Ayleen. Difficile de faire autrement après avoir vu sa réaction : tant d'incompréhension et de douleur dans son regard ! Il l'avait blessée, c'était certain. Le genre de chose qu'il s'était justement promis d'éviter. Malgré sa culpabilité, il était conscient de pouvoir encore réparer son erreur. Il lui suffisait de se lever, de prendre son courage à deux mains et d'aller parler à la princesse. Face à face.
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Il était tôt lorsqu'Ayleen se réveilla. Mais elle avait l'impression que la nuit avait duré une éternité : elle avait à peine pu fermer l’œil. Elle aurait dû s'en douter. Comment réagir autrement après pareil affront ? Il l'avait embrassée, bon sang ! Certes, cela n'avait duré qu'une seconde et il n'avait pas non plus paru très conscient de ce qu'il faisait, mais un baiser restait un baiser. Et il lui avait volé son tout premier, celui qu'elle destinait à un être spécial ! Bien sûr qu'elle lui en voulait et c'était légitime, non ? Cela n'avait rien d'anodin, mais est-ce que ce crétin s'en était seulement rendu compte ? Il n'avait pensé qu'à lui et à sa volonté de l'humilier. Oui, il avait forcément cherché à la faire se sentir honteuse. Coupable. Car, sinon, pourquoi donc aurait-il fait ça ?
Le cours de ses pensées fut brusquement interrompu par de faibles coups frappés à la porte. Elle sauta sur ses pieds, inquiète : c'était sûrement Kerian qui venait réclamer des explications. La jeune femme était consciente de s'être montrée injuste envers lui, même si elle ne regrettait pas d'avoir refusé ses avances. Imaginer la possibilité que Shan puisse... Cela l'avait chamboulée.
Malgré son appréhension, elle s'avança et tourna la poignée. Le masque d'assurance qu'elle était parvenue à composer s'effrita sitôt qu'elle se retrouva nez à nez avec son compagnon de route. Elle fit un pas en arrière. Geste que le garçon sembla à peine remarquer : le regard fuyant, on pouvait percevoir son malaise. Si elle ne s'était pas sentie aussi tendue, Ayleen aurait certainement ri devant l'ironie de la situation : dire qu'ils s'étaient retrouvés dans une position identique quelques mois auparavant. Sauf que les rôles étaient inversés. À moins...
« Je suis désolé, avoua finalement Shan. »
Incapable de répondre quoi que ce soit, la demoiselle s'efforça d'afficher un air à la fois surpris et intéressé.
« J'ai agi comme un crétin hier soir et je me suis pas montré très correct, donc je voulais m'excuser.
— Euh... merci, balbutia-t-elle, pas certaine de l'attitude à adopter.
— Mais je ne regrette pas.
— Q... Quoi ? »
Ses yeux s'étaient écarquillés, elle n'était pas sûre de comprendre où il voulait en venir.
« Je sais que j'étais pas dans mon état normal et que tu dois m'en vouloir. Je peux te répéter que je suis désolé autant de fois que tu veux mais... ça ne change rien au fait que je ne regrette pas ce qui s'est passé. »
Au fil de sa déclaration, le ton de sa voix était devenu plus assuré et il la fixait à présent d'un air confiant, comme s'il la défiait de le démentir. Mais Ayleen était abasourdie : si elle s'était attendue à ça ! Il l'avait embrassée parce qu'il en avait envie, réellement et sincèrement. C'était à peine croyable !
« Je... je n'avais jamais laissé personne... murmura-t-elle.
— C'était une façon de te préserver, je comprends. Je faisais pareil. J'avais l'impression que ça me permettrait de conserver une part de moi-même, qui m'appartiendrait vraiment et que personne ne pourrait jamais m'enlever sans que je l'aie décidé. »
L'étonnement de la jeune femme s'intensifia. Ces mots... ils reflétaient exactement son raisonnement. Choisir de ne jamais embrasser aucune de ses conquêtes, c'était un moyen de garder un peu de liberté. Décider de ne jamais s'abandonner tout entière, pour être certaine qu'une partie d'elle survivrait et continuerait de lui appartenir, quoi qu'il arrive. Cela lui semblait assez rassurant pour qu'elle puisse s'oublier dans ces relations sans lendemain. Tant qu'il restait quelque chose d'elle, qui pouvait subsister, l'espoir était permis. Elle avait si peur d'être engloutie par les autres, de disparaître, demeurant à jamais esclave de leurs désirs écrasants.
Shan observait la princesse, conscient de l'avoir ébranlée. Tous deux avaient bien des points communs. Il paraissait soulagé qu'elle ne lui saute pas à la gorge mais, surtout, qu'elle lui réponde. Cela n'avait rien d'un accord, non. Encore moins d'un aveu mais... un poids venait de quitter ses épaules et il avait l'air d'en être de même pour la jeune femme. Un faible sourire vint étirer les lèvres de cette dernière avant qu'elle ne fasse un pas dans sa direction.
« C'était donc ça ! »
Surpris, les deux jeunes gens se retournèrent pour découvrir le visage crispé du maître des lieux. Kerian était furieux et ses yeux étaient braqués sur la princesse.
« Toute cette comédie hier soir... c'était juste une excuse pour aller le retrouver ! cracha-t-il.
— N... non, bien sûr que non Kerian, balbutia la concernée d'un air bouleversé. Vous ne comprenez pas.
— Oh si au contraire, je comprends très bien ! répliqua-t-il avec hargne. Je n'arrive pas à croire que je me suis donné tout ce mal pour vous faire tomber à mes pieds ! »
Ayleen, confuse, fronça les sourcils à l'entente de ces étranges paroles. À quel jeu le chevalier était-il en train de jouer ?
« Puisque c'est ainsi, un changement de plan s'impose, susurra-t-il avec un calme effrayant. Vous allez me confier les rênes du royaume, que vous le vouliez ou non ! »
Ce disant, il s'avança d'un pas décidé et l'attrapa fermement par le bras. Recouvrant ses esprits, elle commença à se débattre.
Elle eut à peine le temps de voir la main gauche du capitaine se lever que, déjà, elle s'abattait violemment sur sa joue, la projetant à terre. Sous le choc, la respiration coupée, elle jeta un regard apeuré à son agresseur : jamais elle n'aurait pu imaginer qu'il oserait la frapper de la sorte. Dire qu'elle avait eu confiance en lui.
Les traits tordus par la colère, Kerian s'approcha, tandis que sa victime se recroquevillait, anticipant le prochain coup.
« Hé capitaine ! »
Surpris, il redressa la tête juste à temps pour recevoir de plein fouet le coup de poing porté par Shan qui l'envoya s'écraser contre le mur avant de s'effondrer au sol.
Sans perdre de temps, le garçon se détourna avec dédain et tendit une main secourable à la jeune femme qui se redressa tout en le regardant d'un air estomaqué. Elle avait du mal à assimiler ce qui venait de se produire.
« On s'en va, annonça son compagnon d'un ton ferme. »
Sans plus de cérémonie, il l'entraîna dans le couloir d'un pas décidé. Sous le choc, Ayleen se laissa conduire sans résistance. Shan avançait à bonne allure, pressé de quitter les lieux. Il n'avait pas tort : sitôt que Kerian aurait repris conscience, nul doute qu'il se lancerait à leur poursuite. La princesse peinait à croire ce qui s'était passé : l'altération de son attitude avait été si soudaine ! A l'en croire, tout ceci avait été planifié de longue date. Mais il avait rempli son devoir avec droiture pendant de si nombreuses années... quand donc la loyauté s'était-elle transformée en envie ? Depuis combien de temps la soif de pouvoir était-elle devenue plus forte que le reste ? C'était incompréhensible.
Heureusement pour eux, les soldats débutaient leur entraînement très tôt le matin et le bâtiment était donc désert. Malgré tout, ils évitèrent d'emprunter l'entrée principale pour plus de sûreté. Une fois à l'extérieur, Shan se montra un peu plus prudent, sans toutefois ralentir le rythme. Et, bientôt, ils parvinrent aux abords du rivage. Par chance, c'était l'heure de la marée basse et ils purent donc quitter l'île aussitôt. Une vague de soulagement les envahit lorsqu'ils réalisèrent que les choses auraient pu se passer très différemment. Ils étaient partis sur un coup de tête, sans rien planifier. Et si l'accès à l'autre rive avait été bloqué ? Kerian et ses sbires auraient eu tout le temps de les retrouver. Et alors... sans doute valait-il mieux ne pas savoir ce qui se serait passé.
C'est en arrivant à l'orée de la forêt, et donc après de longues minutes de marche silencieuse, qu'Ayleen réalisa que sa main enserrait toujours celle de Shan. Gênée, elle se détacha de lui, peut-être un peu plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu. Le jeune homme lui jeta un coup d’œil mais ne fit pas de commentaire. Puis, il reporta son regard sur les arbres avant de lui demander:
« Tu te sens prête ? »
Bonne question. Était-elle prête à revivre un voyage éreintant au cœur de ce bois lugubre ? À passer deux nouvelles nuits à l'extérieur et à devoir éventuellement affronter les inquiétantes créatures qui vivaient sur ces terres ? La réponse n'allait pas de soi et, pourtant, ils n'avaient pas le choix : cela restait le chemin le plus court pour rentrer. Et, à présent qu'ils avaient découvert les véritables intentions de Kerian, il devenait urgent de réfléchir à un plan pour reprendre le château avant que l'ancien capitaine de la garde ne les devance.
Aussi, bien qu'elle ne soit pas enthousiaste, la princesse finit par acquiescer. Son compagnon hocha la tête à son tour et, d'un même élan, ils se mirent en marche.
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§ §
Une fois de plus, elle se retrouvait sur le seuil à scruter anxieusement l'horizon. Etait-ce là sa juste place ? Malgré son inquiétude, Saraï ressentait un élan de colère gronder en elle.
Les deux premiers jours passés à l'enclave de Montis avaient été supportables : Caecilia se montrait très attentionnée et le chien Ferno demeurait un bon compagnon de jeu. Cependant, l'ennui avait refait surface avec le troisième lever de soleil. Qu'est-ce qui pouvait bien leur prendre autant de temps ? L'aveugle lui avait conseillé de se montrer patiente car un tel voyage n'avait rien d'une promenade de santé. En dépit du respect et de l'admiration qu'elle lui portait, la fillette s'était révélée incapable d'endurer cette situation. Elle avait beau essayer de se répéter que ses aînés faisaient de leur mieux, qu'un imprévu les avait peut-être retardés et qu'ils allaient tout faire pour rentrer au plus vite, ce n'était pas suffisant. Car, par-dessus sa raison, une autre voix s'élevait, plus sournoise : ils l'avaient laissée en arrière. De nouveau. Et il lui semblait que, quoi qu'elle fasse, cela n'y changerait rien. Son jeune âge était systématiquement brandi comme excuse pour l'exclure de toutes les situations d'importance. À croire qu'elle n'avait pas sa place dans cette histoire...
Agacée, elle avait fini par partir et ni les mains de Caecilia, ni les aboiement du canidé n'avaient pu la retenir. Elle s'en voulait un peu de les avoir quittés sans explications mais savait surtout qu'elle ne pouvait plus rester comme ça. Déterminée, elle s'était donc éloignée sans se retourner, laissant sa frustration guider ses pas. Son acte n'était pas désintéressé. En fait, elle voulait faire passer un message : qu'Ayleen et Shan comprennent qu'elle refusait de continuer à se comporter comme un simple pion qui reste sagement sans bouger là où on le pose. S'ils constataient qu'elle ne les avait pas attendus, cela pourrait les faire réfléchir et ils s'inquiéteraient un peu pour elle !
Malgré tout, elle se tenait là, sur le seuil de leur maison, à attendre. Et cela en dépit de toutes ses bonnes résolutions. Comme le gentil petit pion qu'elle était.
Cette constatation fut celle de trop. Agacée, elle tourna les talons et revint à l'intérieur. Elle se mit à tourner en rond dans le séjour, incapable de se décider sur l'attitude à adopter. Elle avait envie de tout envoyer valser et de partir sur-le-champ. Mais pour aller où ? Bien sûr, elle avait eu l'occasion de découvrir de nombreuses cachettes au cours de ses vagabondages dans la cité. Mais cela aurait été puéril et elle n'avait plus envie qu'on la prenne pour une gamine naïve et désobéissante. Elle voulait être digne de confiance. Et, d'une manière ou d'une autre, il fallait qu'elle prouve aux deux autres qu'ils seraient désormais forcés de compter avec elle. Comment ? Là était toute la question.
Avant que la jeune fille ne parvienne à ébaucher un quelconque plan, un martèlement de sabots se fit entendre avant de s'arrêter d'un coup. Puis, après quelques secondes, des coups furent frappés à la porte. Bien malgré elle, son cœur fit un bond dans sa poitrine en songeant que ses compagnons étaient de retour. Mais ils étaient partis à pied, rien ne laissait présager qu'ils puissent revenir avec une monture.
Somme toute curieuse, elle s'approcha de la poignée tout en s'efforçant d'afficher un air contrarié. Expression qui se mua bien vite en surprise lorsqu'elle découvrit le chevalier Kerian derrière le battant. Vu la légère rougeur qui s'était emparée de ses joues et de la main nerveuse qu'il passait dans sa chevelure plus négligée que d'habitude, il devait avoir galopé très vite pour arriver jusqu'ici.
« Ayleen m'avait indiqué le chemin de cette maison, est-ce qu'elle... demanda-t-il rapidement, essoufflé.
— Non, elle n'est pas là.
— Oh, déplora l'homme. Puis-je me permettre d'entrer ? »
Ses manières étaient si exquises et son sourire si charmeur que Saraï ne vit aucune raison de refuser. Elle se déplaça donc sur le côté afin de le laisser passer tout en lui indiquant un siège. Elle se sentait plutôt intimidée par l'aura puissante que dégageait son invité, mais plusieurs questions se bousculaient malgré tout dans sa tête.
« Je... je croyais qu'Ayleen et mon frère étaient venus vous voir, osa-t-elle d'une petite voix.
— En effet et nous avions prévu de nous retrouver ici ensuite, mais nous n'avons malheureusement pas pu effectuer le trajet ensemble. J'ai dû mettre certaines choses au point avec mes troupes avant de me mettre en route.
— Oh, je vois.
— J'avoue que je ne pensais pas arriver le premier, mais je m'étonne surtout de vous voir ici toute seule. Je m'imaginais que vous auriez eu plaisir à venir me rendre visite sur Lumen. »
À l'entente de ses paroles, la jeune fille se renfrogna de nouveau. Le capitaine s'inquiéta aussitôt de son changement d'humeur et, devant sa sollicitude, elle se sentit revigorée. C'est donc sans détours qu'elle évoqua sa colère d'être si souvent reléguée au second plan, sa tristesse de ne pas être prise au sérieux, son sentiment d'être inutile.
« Oh allons, ce ne peut pas être si terrible que ça ! tenta-t-il de la réconforter. »
Mais, à l'écoute des différents exemples qu'elle lui fournissait, il retrouva petit à petit un air plus sérieux.
« Je dois vous avouer que la princesse n'a guère l'habitude de traiter avec des gens de son âge, ou même plus jeunes.
— Mais elle a beaucoup changé depuis qu'elle est ici !
— Hélas ma chère, je crains que cela ne dure guère, expliqua-t-il. Voyez-vous, grâce à mon appui, elle va bientôt retrouver sa place au château. Et, avec un royaume à diriger, elle n'aura plus autant de temps à vous consacrer. Peut-être est-ce ce qu'elle essaie de vous transmettre, d'une manière un peu maladroite j'en conviens, en vous repoussant ainsi. Elle espère sans doute atténuer la peine qu'engendrera votre séparation. »
Saraï sentit les larmes lui monter aux yeux. Son aîné avait eu raison : dès le début, elle avait espéré que toute cette histoire se terminerait bien et qu'Ayleen choisirait de rester auprès d'eux ou de les emmener dans son illustre demeure. Prendre conscience que ce rêve était illusoire était si douloureux ! Mais elle n'en voulait pas au chevalier. Lui au moins avait pris la peine de lui en parler et de la traiter en adulte.
« Mais... Shan, il... il passe beaucoup de temps avec elle, balbutia-t-elle sur un ton de reproches.
— Je ne sais que répondre à cela, je l'avoue. Peut-être ont-ils d'autres projets.
— Mais... mais pourquoi ils ne m'ont rien dit ? l'interrogea-t-elle, tandis qu'une pointe d'agacement enserrait son cœur. »
Kerian ne répondit pas, se contentant de l'observer d'un air grave. Alors elle comprit : parce qu'ils ne la jugeaient pas digne de confiance. Parce qu'ils la trouvaient trop jeune, trop insouciante, trop inutile. Encore et toujours.
La fillette sentit la colère gronder en elle comme jamais : comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte ? Ils devaient planifier ça de longue date, se débarrasser d'elle pour pouvoir mettre sur pied leurs projets sérieux et importants ! Ils avaient l'air de tellement mieux apprécier les moments sans elle !
Tremblante de rage, elle s'éloigna de son interlocuteur avant d'aller envoyer à terre tout ce qui lui tomba sous la main. Sa mâchoire demeurait crispée : elle n'arrivait pas à crier, seulement capable de se défouler sur un environnement qui lui avait paru si familier jusqu'à présent.
Le capitaine ne dit pas un mot, respectant son besoin d'évacuer ses émotions. Ce ne fut qu'une fois qu'elle s'affala à côté de lui, épuisée, qu'il reprit la parole.
« Je comprends ce que vous ressentez et j'en suis navré. J'ai moi-même vécu une situation similaire dans ma jeunesse car je souffrais du manque d'attention de ma famille. »
Elle redressa la tête, les yeux gorgés d'eau. Il s'avança pour enserrer ses mains dans les siennes. Comme elle lui rendait son étreinte avec ferveur, il sut qu'il la tenait en son pouvoir.
« Je pense que vous avez besoin de vous éloigner un peu de tout ça quelque temps. Que diriez-vous de m'accompagner au palais ? Nous pourrions y attendre le retour de la princesse et vous seriez à même de lui confier ce que vous avez sur le cœur.
— Mais... le château a été assiégé, s'étonna Saraï entre ses larmes. »
Le visage de Kerian s'orna d'un étrange sourire à l'entente de ses mots.
« En vérité, la souveraine a surestimé cette prétendue menace. Croyez-moi, nous n'avons rien à craindre. »
Malgré sa surprise, la jeune fille hésitait. Il abattit sa dernière carte.
« Je veillerai sur vous. N'avez-vous jamais voulu savoir à quoi ressemblait la vie de château ? termina-t-il avec un clin d’œil complice. »
Un grand chevalier qui voulait devenir son protecteur et réaliser son rêve par-dessus le marché ? Après tant de désillusions, c'était trop beau pour être vrai ! À la fois abasourdie et émerveillée, Saraï accepta avec empressement.
On y croit de finir ces commentaires avant la Coupe, on y croit...
Suggestions :
"Geste que le garçon sembla à peine remarquer : le regard fuyant, son malaise était clairement perceptible" problème de lien entre "le regard fuyant" et ce qui suit, parce qu'aux dernières nouvelles les malaises n'ont pas d'yeux :D
"— Il paraît qu'il faut une première fois à tout" Ce qui est très bizarre, c'est que Shan ne s'étonne pas du tout du fait qu'elle n'ait embrassé personne...
"Je n'arrive pas à croire que je me suis donné tant de mal pour vous faire tomber à mes pieds ('et que cela n'ait servi à rien' ?) !" Sinon je trouve qu'il manque quelque chose à la phrase... En fait c'est le "tant" qui appelle une suite je crois.
"Prendre conscience que ce rêve venait de se briser était si douloureux !" Euh... il ne me semble pas qu'elle est sûre que ce rêve se soit brisé, à ce moment-là... Juste cette phrase m'a semblé étrange.
Hi, ce début, avec cette situation qui s'inverse... On dirait bien qu'après son animosité première, Ayleen s'est ravisée ! (Quand elle pense qu'elle réservait ce baiser à quelqu'un de spécial, j'étais en mode "mais c'est bon, tu l'as trouvée, cette personne !" xD)
Mais le capitaine... le capitaine... *choc* Je savais bien qu'il fallait pas lui faire confiance, mais à ce point ! Je le voyais pas intéressé dans cette affaire, mais au point de vouloir le trône... gulp. Comme si la Terreur Noire ne suffisait pas... Comme quoi les humains font de parfaits méchants au même titre que les monstres ! (Par contre, j'ai un peu de mal à croire que, même en étant amoureuse de lui, Ayleen lui cède les rênes du royaume...)
Et cette fin, mais non, tu n'as pas le droit... Je me sentais franchement mal en te lisant, parce que j'avai deviné dès le début de la scène que Saraï allait céder (et parce que je suis bien trop sensible quand je lis ^^)... C'était bien vu en tous cas d'exploiter son sentiment d'être mise à l'écart !
Hum... pour en revenir à Shan et à son "non-étonnement", je crois qu'en fait il la comprend. Jusque là, tous deux ont vécu des relations sous un angle bien spécifique disons et ne les envisageaient que d'un point de vue purement physique, sans prendre en compte le ressenti ou les sentiments. J'ai l'impression que Shan pourrait comprendre cette tentative de se préserver, pour avoir cherché à faire de même de son côté. Je ne suis pas sûre d'être très claire, désolée... c'est assez difficile à expliquer ! Mais il faudrait que je voie si je peux intégrer cet élément dans les réflexions de Shan.
Ah que veux-tu ? Typique du gars qui veut toujours plus de pouvoir ! C'est vrai qu'Ayleen ne lui aurait probablement pas cédé les rênes du royaume, mais je pense plutôt qu'il imaginait l'épouser, régner à ses côtés tout en essayant de la manipuler et de faire ses petites magouilles de son côté x)
Oui, je voulais vraiment que, cette fois-ci, ce ne soit pas sans conséquence pour Saraï. Contente de savoir que cela a eu l'effet escompté ! ^^