2e jour

J’aime ce moment où je vois la mer pour la première fois. A chaque fois que je la vois c’est comme la première fois. Je peux la chercher depuis la voiture en arrivant, la trouver en haut d’une dune, la croiser au détour d’une rue. Je suis toujours à l’affut tant que je ne l’ai pas vu. Ce que je préfère ce sont les arrivées par des chemins de sable, qui ne la montrent pas tout de suite. D’abord il y a le sable qui se dérobe sous les pieds, la fatigue des muscles qui n’ont plus l’habitude de marcher sur du mou. Non, le sable vient après, d’abord il y a la lumière. Comme si le ciel était lavé, plus bleu, si il n’y a pas de nuages, plus blanc si ils sont là. Après il y a l’odeur qui roule sur la langue, et se répand jusque dans le ventre. Puis il y a le sable, et après il y a le bruit. Ce bruit, je l’aime tellement. Il me manque souvent quand je ne l’ai pas entendu depuis longtemps. Quand enfin je le retrouve, je me retrouve moi-même. C’est si fort, si entier, si totalement sauvage. Cela me rassure de retrouver cette facette du vivant quand je l’ai oublié. Je serais totalement paniquée si on me disait que les vagues s’arrêtaient et que l’océan devenait silencieux. Ca serait comme si le cœur de la planète s’arrêtait de battre, le mien ne tarderait pas à faire la même chose. Après avoir retrouvé le son, je regarde. Je regarde de tous mes yeux, de toute mon âme. Chaque fois comme si je n’allais plus jamais pouvoir la voir. J’aspire ces bleus, ces verts, ces blancs. Le sable, je m’en fous un peu. Il est là pour souligner le bleu. Je retrouve mon tableau vivant, mon cœur et mon âme se réalignent quand je peux passer du temps à écouter, et voir l’océan.