3- Nom de zeus

Soudain, le silence se fit. Les oiseaux stoppèrent leurs chants, les écureuils se figèrent sur place, et les poissons descendirent dans les profondeurs. Puis, le soleil disparu. Un frisson parcouru l'échine de Nour, qui se recroquevilla. Qu'allait-il encore lui tomber sur la tête ?

Une ombre planait au-dessus de Nour. Un crissement effroyable lui perça les tympans, hurlement strident à l'écho impressionnant. Dans un premier temps, d'instinct, elle enfonça la tête dans ses épaules et se cacha la tête avec ses bras. Puis, elle se décida à relever la tête. Dans le ciel, elle distingua deux ailes d'une taille hallucinante, chacune de la taille d'une voiture, noires comme les ténèbres, une longue queue écailleuse capable de vous arracher un bras en un seul balancement et un très long cou qui pouvait voir vous débusquer où que vous vous cachiez.

— Des dragons, bredouilla-t-elle à voix haute.

D'abord abasourdie, elle fronça les sourcils, bien obligée de croire ce qu'elle voyait. Une dizaine de dragons tournoyaient au-dessus de la ville, leurs queues se balançant avec grâce. Certains plongeaient quasiment dans la mer, virant de bord au dernier moment pour remonter très haut dans les airs, côtoyant le soleil.

Et puis, l'impensable se produisit. La tétanie s'empara de Nour, la laissant incapable de bouger le petit doigt. Un des géants ailé piquait droit sur elle à une vitesse incroyable. Tandis qu'il approchait, Nour aperçu un de ses yeux qui s'embrasait, des flammes rougeoyantes encerclaient une pupille qui semblait la fixer elle, et personne d'autre. Allait-il cracher du feu, ou l'avaler tout rond comme une simple myrtille ? Elle ferma les yeux, les seuls de ses organes visiblement encore mobiles. Le sol trembla sous ses pieds, ses nattes s'envolèrent sous la force du souffle, au point qu'elle en tomba à la renverse. Le dragon passa au-dessus d'elle, si près qu'elle aurait toucher ses écailles irisées. Nour eut alors l'impression qu'un tsunami et un tremblement de terre s'abattaient sur elle, un souffle déchaîné et du crachin iodé la laissèrent penaude, couchée sur la terre battue.

Subitement, le calme revint, les oiseaux reprirent leurs chants mélodieux. Bon c'était clair, elle était très, très loin de chez elle.

Elle devait se rendre à l'évidence, même si ces mots avaient du mal à passer la barrière de son esprit, le médaillon l'avait propulsé dans un monde parallèle, une autre dimension qui coexistait avec son chez elle. Le médaillon était-il un portail dimensionnel ? Elle toucha le bijou sous son pull, et pensa à sa mère, comme elle devait s’inquiéter. Son père était-il ici ? Non, c'était impensable. Elle sentit des mèches de ses tresses se faire la malle, et râla intérieurement. Qui les lui referait ? Elle en souffla de dépit.

Quand le ridicule de sa posture lui vint à l'esprit, elle déplia un œil, puis l'autre. Un nouvelle ombre lui cacha la vue du soleil, mais celle-ci était beaucoup plus petite.