33 | AnimÂmeVous (2/2)

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 29 juin 2024.

JULES.

J’sèche mes yeux et j’me foule l’nez. Bordelasse comme les mots d’Océane m’ont fait frémir. Ils ont dit tout c’que j’ai toujours pensé sans jamais réussir à les verbaliser. Mais comment faire après ? Comment faire quand on veut c’que veut une femme aux méthodes effroyables ? Comment faire quand on voit bien que sa philosophie d’vie, ça reste une idéologie toute aussi violente que les autres, totalitaire, terrible, et qu’en même temps, vouloir exploser toutes les règles, c’est ça qui nous fait vivre ? Est-ce que ça fait de nous des personnes aussi exécrables qu’elle ?

AAH j’en pleurerais d’rage, de haine, surtout que eh ! Océane l’a beau dire que l’Onde c’est pas politique, elle pourra pas empêcher l’mouvement d’prendre parti. Il l’a déjà fait. Il l’a toujours fait. Alors bon ??

— Pourquoi tu m’avoues tout ça à moi ? venimeusé-je.

— Voyons, ma belle : nous savons très bien toi et moi que tu es trop libre pour désirer Achronie. Contrairement aux autres, tu ne te lanceras dans l’apprentissage de la flomadie que si tu connais sa réelle finalité.

— J’raconterai tout aux autres.

— Oh non, tu ne le feras pas.

— Qu’est-ce que t’en sais ?

— Tu n’auras pas la foi de briser les espoirs de tout un groupe de contestataires, surtout si certains d’entre eux sont tes amis.

Chiure à cause que là j’ai VRAIMENT envie d’pleurer d’rage.

— Tu t’trompes. Moi j’vais tout avouer à tout l’monde.

Déjà pask’ j’ai pas d’amis.

— Et moi surtout j’ai pas b’soin de l’Onde pour m’libérer. Pas b’soin d’la flomadie ou quoi. J’ai Jasmin. On va mettre Ekho dans une gemme à maître, j’la coulerai dans l’océan, elle m’suivra plus, alors j’partirai et tout sera fini. J’serai libre.

Son éclatée de rire, ses ch’veux un grain grisounes qu’elle jette dans la nuit. J’savais que j’étais ridicule avec ma r’marque, mais j’pouvais pas m’empêcher de m’bercer d’illusions.

— En voilà une brillante idée ! Déjà : emprisonner un Anima, vraiment ? Tu penses que tu ne seras pas violente, ainsi ? Que ce serait juste ? Les Animas ne sont pas de simples… choses dénudés d’intelligence ou d’émotions à contrôler au gré de nos envies. Ils possèdent autant de droits que toi et moi.

— On met bien des humains en prison.

Elle soupire, s’approche, baisse sa saleté d’figure trop l’moche sérieux elle devrait r’voir son maquillage. Et moi j’recule rien du tout, au contraire j’lève l’menton et j’pose les mains sur les hanches pour lui prouver que j’me dégonfle rien du tout. Gnarf ! Avec Louve qui grogne toute proche. Tyranette sourit mesquine, chuchotine :

— Ensuite : te débarrasser d’Ekho ne te délivrera pas du reste. Tu ne te libéreras pas de tes démons en les fuyant, seulement en les comprenant de l’intérieur. On ne se surmonte soi-même qu’en apprenant la flomadie, et cet apprentissage, seul l’Onde peut te l’offrir, crois-moi.

Elle penche son visage, on est si proches l’une de l’autre. Elle soufflait la Mer à ma figure.

— Après, tu fais ce que tu veux. Ta liberté n’est pas la mienne. Mais Ekho te suivra où que tu ailles, le Ciel te suivra où que tu ailles, l’Eurythmie te suivra où que tu ailles –

— J’m’en fiche royal’ d’vot’ Eurythmie…

— Pas quand tu y seras entrée, Olivie

J’fronce-nez.

— Ça ressemble trop à Elévie, grommelé-je.

— Parce que tu crois que Juliette c’était un hasard ?

J’ouvrais la bouche pour demander c’qu’elle entend par là mais elle m’coupe d’un geste-main autoritaire. Pis elle baisse ma capuche, j’esquisse un mouv’ d’recul, montrant mes babines et Louve claque la mâchoire.

— Et l’Onde aussi, te suivra où que tu ailles. La Voix du Ciel a révélé à l’Ombilic que vous serez avec Nova les personnes qui marcheront le plus loin dans la Voie flomade, le mouvement pose bien trop d’espoirs en vous. Et c’est sans parler d’Ekho qui te colle à la peau ! L’Ombilic ne peut te laisser sans surveillance, au risque que tu penches du côté naïen.

— On m’a dit qu’Ekho changera pas mon vivème parce que c’est une règle que vous vous êtes donnée avec Céleste !

— Voyons ma chère, on peut faire flancher la volonté d’une personne sans passer par la case vivème. Ensuite : les règles ont changé. Ça fait plus d’un siècle qu’elles ont changé. Ekho s’est attaquée à Léon, qu’est-ce qui l’empêcherait de recommencer ? Peut-être qu’une part d’elle s’est prise d’affection pour toi, expliquant sa retenue actuelle, mais rien ne te garantit qu’un jour, elle ne change d’attitude. Surtout si tu la rejettes.

— Je résisterai.

— Oh oui, tu résisteras. Je sais que tu résisteras, certaines personnes sont plus solides que d’autres. Mais seulement si tu n’es pas seule et que le Pandémonium ne s’est pas trop renforcé d’ici là.

Et là, subito, sa mâchoire s’contracte, une veine palpito-vite à sa tempe, et son r’gard s’resserre encore plus fermeté qu’avant. Il s’déchaîne, ses rides s’convulsent, l’Océan s’sérieuse-lève :

— Les gens ne s’imaginent pas l’atmosphère étouffante qui pesait sur la Ville durant la Belle Guerre. Personne n’était interdit d’idéeller, ma belle, et c’était beau, mais avec l’influence grandissante du Pandémonium, les rues étaient bourrées d’effréelles. Le monde était aussi terrorisé que déprimé, et changer les vivèmes des gens n’a jamais été aussi simple. Forcément, quand l’esprit est fragile de base… Ce n’est pas pour rien si l’Observatoire a promulgué l’épuration des idéelles, tu sais ? Cette politique vous protège aujourd’hui, mais Naïa se relève, fait émerger ses premières effréelles, rebâtit le Pandémonium. Plus tu attends, plus tu lui laisseras le temps de se reconstruire, souffler sur le monde sa folie noire. Au bout d’un moment, même les plus résilients ne pourront lutter et rester aveugles face à l’univers du malheur.

— Ouais bah moi j’y peux rien d’tout ça ! C’est pas ma faute si –

J’sursaute. Océane m’a attrapé l’bras. Griffé, serré. Exact’ comme avant qu’elle crève. C’était du feu dans ses yeux, de c’feu qu’on éteint pas et qu’on veut même pas risquer à éteindre tellement c’est mangeur d’hommes. Louve s’agite.

— Lâche-moi, ordonné-je.

— Je sais ce dont tu es capable, Juliette.

J’frisson. Louve grognasse en nous tournant autour. Océane s’en fiche royal’, ou alors elle la voit pas. Elle continue, l’visage feu-bouillasse :

— C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Ekho a mis le grappin sur toi.

— Pask’ j’suis une Absolu, c’est ça ? Comme Noée Elévie ?

— Mais cette capacité à se rendre idéellique, ça n’a rien de bon. Créer des Absolus a certes été la façon la plus efficace que nous ayons trouvée pour changer des vivèmes, mais également la plus malfaisante. Avec l’influence d’Ekho, le risque est juste énorme que tu te mettes à changer des vivèmes, toi aussi ! Et que tu accélères un processus déjà –

— Lâche-moi.

— – mis en branle. L’Onde peut t’aider à résister. Si tu les rejoins et leur parles de tes pouvoirs, le maître-flomade qui te sera attribué t’aidera à tenir face à Ekho. Il t’enlèvera cette capacité d’idéellation qui est avant tout une malédiction. Tu entreras dans la Voie flomade et tu apprendras à –

— J’ai dit : LÂCHE-MOI !

J’ai tiré ma main en arrière, et comme ça, Océane a disparu. Qu’on m’croit ou pas, mais c’est la stricte vérité : elle m’étranglait l’bras, j’ai crié et mon cri est l’vent qui l’a emportée. Elle avait rien fini sa conférencette, sûrement que j’aurais pu en apprendre plus, mais au bout d’un moment, certaines choses sont plus acceptables. Et là, sa présence qui m’opprisonnait l’était carrément plus. Vrai quoi ! Si Océane l’a voulu m’convaincre en m’livrant une partie d’la vérité, elle restait la pire des fourberettes et c’t énormo paradoxe qu’elle porte en elle moi j’en ai assez. D’colère, j’froisse son poème-idéelle dans mon poing. Il disparaît. Jawad lui avait aussi dit, d’ailleurs : imposer la liberté c’est pas la vraie liberté, et là, m’forcer à entrer à l’Onde, devenir flomade, ça va que dalle m’libérer. Ouais !! Et… et… j’tombe sur les genoux. Crevouille. J’me rendais pas compte mais j’suis tellement crevouille avec les jambes qui trembouillent, explosée après toutes ces heures d’sommeil qui m’manquent et tout c’qui s’passe en à peine deux heures. J’ai juste tellement la… haine.

Les pendus ont disparu, il restait plus que Louve et moi. Louve qui s’approche, patti-patte sur l’herbe et s’pelote à moi. Si d’habitude les contacts physiques j’les fuis comme la peste, là c’tait tellement câlinodoux et naturel que j’me suis plongée dans son pelage-nuage, odeur sable et fumée, la serrant comme jamais j’ai serré quelque chose dans ma vie. J’ai fermé les paupi’, senti toute l’humidité de l’été dans ses poils. J’avais les muscles trop l’harass’, courbaturés extra, mais au moins mon crâne il toctocait moins toc. Mon ongle grattait l’sang dans son pelage. Ça m’permettait d’réfléchir, écouter ces choses d’émotions qui faisaient toupilles dans mon ventre.

Et j’ai vu, comme d’hab’, que j’étais la colère et qu’en même temps, j’me sentais juste tellement seule. Balottée dans tous les sens avec des gens qui demandent trop trucs de moi. Et que j’voulais plus l’être. Seule. Bordel comme j’voulais plus l’être. Changer ça dans ma vie. Et même ! J’avais c’gros désir qui montait et montait et m’ébruitait qu’en vérité j’voulais bouleverser  t o u t e ma vie. Qu’elle ne soit plus dictée par la peur, l’indécision, la honte, la méfiance, l’ignorance, l’oppression des autres. J’voulais plus qu’mes mains tremblent quand j’peur. Plus qu’ma gorge s’serre quand j’face des gens. Plus qu’ma bouche vire au rouge quand j’mal-être et qu’déchirer ma lèvre, ma joue, c’est ma douleur-dehors pour panser ma douleur-dedans. Plus avoir faim. Plus insomnier. Plus ignorer. Plus être constamment au bord des sanglots, avec cette menace d’exploser les larmes du cafard. Tout ça, c’était fini !! Moi, tout l’contraire d’ça, j’veux être l’audace, l’assurance, le courage, l’espérance. J’veux être souveraine d’moi-même, avec la sérénité et l’invulnérable qui saignent en moi. Par-dessus tout, j’veux anéantir tous ces sagouins qui monde-manipulent, gouvernent oklm nos existences, faire que plus jam’ jam’ d’autres se r’trouvent dans des situations similaires à la mienne.

Ça m’dirige la pensée vers Eustache, qui l’a un papa-charogne et que l’Onde marionnette à rien l’inclure dans les débats. Ça m’pense à Jasmin qui rêve tellement espérant d’un nouveau mivage. Ça m’pense à Caligo qui p’t-être s’ra banni à cause qu’Uranie l’a découvert qu’il est épieur à l’Onde. J’pense à Nova, ouais, même à Nova ! qui a les deux mamans les pires mamans de l’humanité entière lorsqu’elles lui mensongent en lui cachant qu’il vient d’une famille naïenne. Et j’ai c’gros élan d’sympathie qui monte et monte et furibonde en moi. Pour la première fois d’ma vie, j’suis en colère pour des gens, pas seulement pour moi, et ça fait que v’là, alors que Jules a toujours prôné l’esseulation, soudain elle est prête à s’battre pour venger des gens malmenés par l’Onde.

Mesquinée, j’commence à rire dans l’pelage de Louve. Ça m’contrôlait pas, ça sortait tout seul. Le ciel était brûlant, l’aube s’levait cramoisi, j’suais la chaleur et pourtant à l’intérieur d’moi, j’étais froide d’détermination et ça m’catapulte toutes les veines d’jouissif. Pour une fois, je refusais la dérobade. Océane a beau être haïssable, elle a raison sur un point au moins : je m’libérerai pas en fuyant mes angoisses ou mes démons, seulement en les confrontant. J’dois rester, alors j’resterai. Et j’détruirai. Ouais… J’détruirai ¡ Tout. Tout c’qui m’fait du mal. Et tout c’qui fait du mal aux autres. Et tout ça wooouf! et wowowo? c’est tellement nouveau et c’est surtout tellement , cette envie boulimique de  v i v r e, que j’y résiste pas : mon rire dans l’pelage s’intensifie, j’me lève.

La lune versait sa blancheur sur mon visage crasseux-fourbe. C’était clair maintenant. J’avais tout décidé : après quinze années où on a malnoeuvré la vie de Jules, j’prends mon existence en main, plus résistante que jamais. À partir de maintenant,  j e  serai celle qui dirigerai l’histoire. Et voilà c’qu’il va s’passer : Jules elle réunira ces gens qui détestent l’Onde, elle leur dira toute la vérité. Ils détesteront le mouvement plus fort encore. Ils voudront l’éradiquer au plus fort des éradications. Ils iront là-bas à l’Onde et ils feront comme s’ils étaient avec eux. Ils apprendront un tas d’trucs sur la flomadie, l’Ciel. Ils s’libéreront des mivages, des idées préconçues, d’leur passé méprisable. Et quand ils auront plus aucune raison d’laisser l’mouvement en vie, plus rien à apprendre d’eux, ils l’ruineront de l’intérieur. Ils s’vengeront. Ils leur montreront c’que ça fait que d’être manipulés, pis d’être trahis. Par-dessus tout, ils laisseront pas l’Onde remplacer la dictature des mivages par une autre zéro-mivage. Si des gens aiment mivager qu’ils mivagent ! Et s’ils aiment pas, qu’ils se libèrent via la flomadie. Mais on les forcera à rien du tout. Non, plus jamais.

Nous, notre nouveau groupe d’révolutio-gens, on aura la connaissance d’la flomadie, on la donnera à ceux qui la veulent. Ce s’ra notre manière à nous d’lutter sans prendre parti. Ni pour le Pandémonium, ni pour l’Eurythmie. On aura détruit l’Onde certes, mais ça aura été pour donner l’choix aux gens : mivages ou pas mivages. Nous on s’ra rien que pour la liberté, et quand on aura plus rien à faire ici, il nous restera plus qu’à partir, loin et loin. Loin et loin. Loin et loin. Si loin de l’opprison ici en Ville. On laissera derrière nous un monde en ruines, on s’en fichera royal’. On ira à la Mer, on vivra à la Mer, on s’ra heureux à la Mer, avec nos vies toutes réinventées, et on s’ra jamais plus mouvement qu’à la Mer.

Et tout ça c’était ma vie idéale, tout c’que j’projetai d’plus beau pour mon existence. Ça m’faisait rêver, ouais, terriblement frémir cette vengeance qui s’terminera dans la plus mémorable des libertés. Mon coeur en avait l’vertige, il pupulsait si vite et soudain c’est venu la sensas’, l’extraordisas’ de quand Jules s’idéelle. Ça a commencé à la poitrine et ça

s’étend partout au ventre aux épaules aux bras,

Jules en sait rien comment ça fonctionne, c’que ça veut dire,

comment ça s’fait qu’elle se sente aussi

é v a p o r é e

une chose toutefois est sûre : jamais, oh grand ¡

jamais ¡ je m’enlève ce pouvoir qui m’fait sentir juste tellement

plus

       m o i     je suis

                                v i v a n t e

et la houle du ciel me bouleverse

Je lève la tête Je jette mon premier sourire dans

les Étoiles éblouissent je pourrais presque

tout se renverse

à cause que ¿ jamais encore je m’étais idéellée tout le corps

entier comme ça je n’avais jamais osé

mais là diablement là je suis

vie-vitesse l’être qui

                           r i t  et sa main

glisse sous sa cape, serre l’manche de son

                                                                       couteau

Jules le sort et ne sait pas

s’en servir mais un jour elle saura

un jour elle s’battra manipulera l’Onde

après tout puisque le monde est une

ordure elle voit pas pourquoi elle serait pas un peu ordure

elle aussi je ne serai loyale et honnête

qu’avec ceux qui le sont avec moi c’est décidé c’est comme

           Ç a  qu’est Jules

il me tombera des yeux plus durs que la pierre

je ne pleurera pas      je ne serai jamais vaincue    je ne creusera pas

                         ma tombe

encore moins sous les grands marronniers

les grands marronniers ils sont là-bas ils irradient

ils sont des fleurs aux branches

si belles les fleurs-idéelles poussent et des oiseaux dans le ciel

et le ciel s’éveille

et le ciel et le Ciel

Jules s’avance sous l’aube qui

                                                  Ciel

elle surprend son reflet dans une vitre-vitrail du vieux manoir

sursaute parce que c’est elle mais

pas elle

c’est l’une des deux idéelles qui était là quand il y avait les rats la nuit noire

petite avec les cheveux blonds des habits étranges des racines au visage

elle croyait que c’était l’Anima de Noée qu’elle voyait alors

et pourtant

sur le moment

c’est Jules mais pas Jules

c’est Noée mais pas Noée

c’est Jules et Noée ensemble

c’est Jules qui ne comprend pas

elle est là en idéelle avec une étrange représentation d’elle-même un peu double

un peu liée au passé

elle est là et une certitude toutefois subsiste :

elle refuse de voir c’pouvoir d’idéellation comme une malédiction, comme

quelque chose de dangereux

elle veut prouver à Océane qu’elle peut s’idéeller et utiliser cette faculté

autrement

que changer des vivèmes

enfin c’est vrai quoi

si on peut entrer dans la tête des gens avec pourquoi est-ce que ce serait

forcément

pour les briser est-ce que Jules pourrait pas les

                              ? aider ¿

dans la vitre l’idéelle sourit et c’est Noée qui s’exprime à travers Jules

c’est comme si Noée approuvait cette idée-là, comme si

c’était ce qu’elle avait toujours voulu lui dire :

tu as le pouvoir de te libérer  t o i  mais aussi

les autres

alors va et fais ce truc à toi rien qu’à toi

qui va à l’encontre de tout ce qu’on a prévu pour toi

pour une fois

ça décide Jules définitivo elle essaiera

oh ce qu’elle essaiera ¡

elle en sait encore rien comment

mais elle s’débrouillera

comme elle a toujours su se débrouillarder

ça va faire

la prochaine fois qu’une effréelle fuse dans la Ville Écroulère

je trouverai la victime qui est dans sa phase « terminale »

je m’idéellerai j’entrerai dans son esprit et

j’essaierai de lui venir en aide

avant qu’il soit trop tard avant qu’on le lui change son vivème

j’interviendrai

j’empêcherai le pire

ça va faire un bon coup porté à Ekho ça tiens

et à tout Naïa moi j’refuse de suivre leur voie sous prétexte qu’elle est ma famille

ça va faire Jules qui agit comme elle veut

contre la volonté des autres

pour ma

             Voie

                      à  m O i

et j’brille j’brille

j’brûlais tellement belle

pour la première fois d’mon existence j’me trouvais belle

c’était Jules dans toute sa splendeur Jules dans tout c’qu’elle n’a jamais été

et Juliette dans tout c’qu’elle sera à jamais

s o u v e r a i n e

elle s’empare du pelage de Louve

enfourche Louve et c’était aussi ça, ma liberté,

la résolution de dire non

n o n  cette fois c’en est trop

je n’accepterai pas qu’on me traite comme ça

pas qu’on m’impose cette vie-là et surtout pas quand

j’ai ma vie à moi et après je brûle

brûle tellement belle je rûle démentielle

et je chante avec moi refuser ne signifie pas renoncer

pendant que Louve courait en bas l’allée

rejoignait la Ville Crépusculaire

et Jules au-dessus levait son couteau il y avait

toute la beauté de la lune qui resplendissait dedans

et sa ricane et son chant à Jules

Jules Jules Jules

Jules chansonnait dans sa tête

Qu’importe d’où je viens Qu’importe où je vais

je suis ma propre fille et ma propre mère

je suis sans naissance sans mort je suis ma propre auteure

je vivrai comme la foudre

je changerai le cours des choses au lieu de les subir

je mettrai l’imagination au pouvoir

alors moi aussi je n’aurai plus peur

je protesterai contre l’univers du malheur et je serai l’âme de la

                                                                                                      l i b e r t é

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