5-2: Mascarade ou bal masqué?

Dans la même salle de bal, DJULIETA, Yirgatt, Mirnès et sa mère discutent.

 

 

 

LADY LIESKA

 

Oh, ma Djulieta ! Vois-tu tous ces beaux atours ?

 

 

 

DJULIETA

 

Je ne sais s'ils sont beaux. En tout cas, ils brillent de mille éclats.

 

 

 

MIRNÈS

 

Allons, grande sœur ! Où est passé ton enthousiasme ?

 

 

 

DJULIETA

 

Il est parti avec le vent du nord vers l’Inlandsis Ivorey.

 

 

 

YIRGATT

 

Ne m'outrepassez pas en folâtrant dans le déni de cette fête ! Il est important que vous soyez bientôt en recherche de vous faire désirer.

 

 

 

MIRNÈS, nargueur,

 

Sache que les messieurs rencontrent les dames si tu ne savais pas.

 

 

 

LADY LIESKA

 

Mirnès ! En voilà des manières !!

 

 

 

YIRGATT

 

Femme ! Tais-toi !!! (Il se radoucit) Voici la chose : Étant en fleur de l'âge, les plus grands gentilshommes sont tous présents pour la fête des Teinteries. Regarde autour de toi, il n'y a que la crème de la crème. Et même les plus colorés ne seraient intéressants à charmer.

 

 

 

MIRNÈS

 

Ce sera un comble qu'un Colorey se fasse charmer.

 

 

 

LADY LIESKA

 

Elle n’a pas quinze ans.

 

 

 

YIRGATT

 

Cessez de m'interrompre vous deux !

 

 

 

MIRNÈS

 

Désolé père.

 

 

 

YIRGATT

 

Ne sens-tu pas le tremblement de ton versatile cœur ? Ne perçois-tu point la hardiesse de ton esprit qui commence à hanter toutes tes nuits ? Il faut veiller à ne pas se rendre malade d'insomnie et fou d'abstinence. Parle avec tout mâle qui te ferait du bien. Prends garde aux facéties trompeuses de certains séducteurs aux pratiques honteuses. Sois dans l'action et examine les émotions. Si elles te paraissent fausses, il faut que tu te défausses. Laisse le choisi te mettre le bandeau facilement et, avec toi, il sera charmant. La fieffée revancharde n'aura rien de la tendresse alors que l'accessible garde l'aura tout en liesses. Il ne faut pas se laisser porter par le cœur mais plutôt par les faveurs. Partant en quête d''un calice pour une sainte, livre-toi au valeureux chevalier qui pourfend le dragon sentimental. Ses ailes de braise ne te feraient que paniquer si tu les prenais en bonnes augures. Mon enfant, tu dois être prête ... Il serait alors être pour toi un contrepoids à ta balance ou une douce joie à ta méfiance. Au moins, pour celle-ci, un déliant salutaire, un antidote d'un goût sucré qui te serait prospère.

 

 

 

DJULIETA

 

Ou serait le surplus d'un mal qui ne se guérit plus qu'à en avoir mal.

 

 

 

YIRGATT

 

Ce ne sont que fadaises ! Il faut que tu penses sérieusement à te marier. C'est décidé ! Je serais ton guide pour chercher le preux. Justement, j'ai quelques partis à te présenter. Ils devraient te plaire. Si ce n'est le cas, j'en fais mon affaire.

 

 

 

LADY ZOLINA, retenant Roer par l'épaule,

 

Arrête-toi donc Roer avant que te bouscule cet impie impoli.

 

 

 

YIRGATT, rencontrant Lady Zolina,

 

Prenez garde, vile sorcière ! Je pourrais vous changer en statue de pierre !!

 

 

 

ROER, moqueur,

 

De qui est la gorgone de qui ? Je me demande...

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Vous visez juste mon cher fils. Il a la mine affaissée. Il a l'air pétrifié des petits nouveaux- nés.

 

 

 

Il trébuche sur le pied d'une courtisane qui a l'air outré. Celle-ci est entourée d'un groupe de personnes qui ont la même réaction.

 

 

 

YIRGATT, s'éloignant et grognant,

 

Dégagez du passage, bande de rombières !

 

 

 

ROER

 

Je dirais qu'il n'a pas sucé la sagesse avec le lait de son berceau. À se taper dans un de ses coins, il est devenu un bourreau des mœurs.

 

 

 

LADY ZOLINA

 

En effet, c'est un espèce de mufle qu'on ne rencontre pas souvent.

 

ROER

 

Il se croit tout permis parce qu'il est une âme-frère de l'empereur. Pourtant, je suis son neveu et toi la femme de l'un de ses fraternels alliés. Il se dit le roi de la pavane alors qu'il n'en pas la crinière. Ce n'est qu'un prétentieux qui n'observe rien que sa personne. Ce prétendu aveugle ne peut pas se regarder franchement dans la glace, tu le crois ?!

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Voyons, Roer ! Ne le clamez pas trop fort.

 

 

 

ROER

 

Mère, vous n'êtes pas d'accord avec moi ?

 

 

 

LADY LIESKA

 

Oui, ma foi, c'est vrai. Cependant, vous êtes vivement examiné à la loupe par les courtisans en cette fête. Ces derniers sont des voraces en bande qui ne pardonnent pas le faux pas. Prenez garde !

 

 

 

ROER

 

D'accord, mère, j'y prendrais garde et défense à la fois.

 

 

 

ROER se sépare de sa mère, Lady ZOLINA pendant que AROUÉZ vient vers elle.

 

 

 

AROUÉZ

 

Tous ces jouvenceaux et jouvencelles, cela me rappelle ma prime jeunesse.

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Moi aussi. Je me souviens de votre rencontre. Je me demandais quel était cet intellectuel qui avait tout le temps le nez dans un livre.

 

 

 

AROUÉZ

 

C'était également un jour du Panachage, je me souviens. Vous m'aviez déjà remarqué parmi les nobles gens qui dansaient ?

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Évidemment. Vous étiez le plus intéressant parmi les autres.

 

 

 

AROUÉZ

 

Que me trouviez-vous ?

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Vous aviez un air mystérieux. Celui est ailleurs pendant qu'il est ici. Un regard à s'interroger sur bien des matières, sur l'univers et à ne jamais sûr que quand il est vraiment certain. Cela m'intriguait.

 

 

 

AROUÉZ

 

Et moi aussi, je vous avais vu.

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Vos pupilles s'étaient posées sur moi ?

 

 

 

AROUÉZ

 

Je me demandais quelle était cette étincelante beauté qui faisait pâlir toutes les autres.

 

 

 

LADY ZOLINA

 

Heureusement qu'on a osé agir car on aurait manqué beaucoup de nous.

 

 

 

AROUÉZ

 

Et nous n'aurions de splendides enfants.

 

 

 

LADY ZOLINA, fixant Roer et Eremnéo,

 

Certes. Nous aurions manqué beaucoup de choses. Veux-tu danser cher ami ?

 

 

 

AROUÉZ

 

Volontiers, ma belle dame.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez