Les longs bâtiments de l’usine s’étendaient au milieu d’un vaste rectangle bitumé, soigneusement quadrillé de peinture blanche. Les voitures de toutes les couleurs, sagement alignées sur le parking, ressemblaient aux petites autos qu’un enfant aurait rangées avec application dans un coin de sa chambre. Les hautes grilles bleu ardoise, bien peintes, s’ouvraient et se refermaient régulièrement au passage des grands camions blancs, sans un bruit ou presque. Des hommes en tenue de travail, et certains autres en costume, allaient et venaient entre les différents bâtiments, se saluaient d’un vague signe de tête, d’une poignée de main chaleureuse, ou s’ignoraient en se croisant.
Arthur, Félix et Léonie, un pied à terre et l’autre sur une pédale, regardaient leur agitation tranquille d’un peu plus loin, depuis les grands buissons touffus qui encerclaient le bitume. Ils observaient sans vraiment voir, juste parce qu’il n’y avait rien d’autre à regarder dans ce paysage passablement insignifiant, que cette grosse boîte plate plantée sur le goudron.
« C’est bon ? demanda Félix, impatient, à l’adresse des buissons.
-Oui, oui », répondirent ceux-ci avec la petite voix claire de Basile.
Mais il se passa encore plusieurs secondes sans que Basile ne réapparaisse.
« On va être à la bourre, dit Léonie, un œil sur sa montre.
-Basile ! trépigna Félix, en haussant la voix. Tu as vraiment besoin de tout ce temps pour piss… ? »
À cet instant, le visage de son frère émergea des branchages, un doigt sur la bouche.
« Chut ! » siffla-t-il.
Il leur fit un signe empressé de la main pour qu’ils le rejoignent.
« Quoi ? fit Arthur en haussant un sourcil.
-Chut ! répéta-t-il, en attrapant le poignet de Félix. Venez, je vous dis. »
Il entraîna son frère derrière lui et les deux autres, après avoir hésité une seconde à laisser les vélos sans surveillance, se décidèrent finalement à leur emboîter le pas.
« Quoi ? »
Basile leur fit à nouveau signe de se taire, les conduisit encore un peu plus loin, jusqu’à un grillage bas qui entourait l’arrière de l’usine. Il y avait là un autre petit parking, quasiment désert.
Basile s’agenouilla tout près du grillage et tendit le doigt en direction du parking. Les autres firent de même et comprirent tout de suite ce qu’il leur montrait.
À quelques mètres seulement, tout près du grillage, se tenait un homme, jeune, mal à l’aise dans un costume un peu trop grand. Il tenait un téléphone contre son oreille et jouait avec un caillou du bout de sa chaussure.
« Écoutez », dit Basile, dans un souffle.
Le jeune homme en costume avait un air tourmenté. Sa main libre allait en venait entre sa cravate impeccable, qu’il tripotait nerveusement, et sa tempe, qu’il massait en fronçant les sourcils. Pour le moment, il ne disait rien. Son interlocuteur devait être en train de parler, longtemps, et ce qu’il disait ne semblait pas plaire au jeune homme. Il ferma les yeux, fit un mouvement de tête en arrière pour exprimer son agacement, alors même que la personne à l’autre bout du fil ne pouvait pas le voir.
« Et demain ? dit-il soudain, la voix pleine d’espoir. Est-ce que c’est possible, demain ? »
Il y eut un autre moment de silence, dont Basile profita pour murmurer :
« Je crois que c’est le nouveau patron.
-Le fils de l’ancien ?
-Oui. »
Devant eux, le jeune homme hocha vigoureusement la tête, comme pour convaincre son interlocuteur, qui ne pouvait toujours pas le voir.
« Oui, je... »
Il ne put pas continuer et dut attendre que l’autre personne arrête de parler.
« Oui, certain, dit-il enfin. Il n’y aura pas de problème dem... »
Il y eut un bruit de porte au loin et le jeune patron se retourna brusquement, aux aguets, pour regarder de loin un homme qui traversait le petit parking à pas énergiques, sans faire attention à lui. Lorsqu’il eut disparut derrière un angle du bâtiment, les épaulettes du costume du jeune homme s’affaissèrent un peu.
« Non, rien, dit-il. Ce n’était rien du tout. Demain, alors ? »
Il leva les yeux au ciel, agacé.
« Bien sûr que je sais que personne ne doit rien savoir. C’est bien pour ça qu’on se retrouvera quand il n’y aura plus personne dans les bureaux. Je sortirai à ce moment-là et j’attendrai devant les entrepôts. Je serai visible depuis le parking. Entendu ? »
Il resta en suspens, attendit la réponse, puis fit un mouvement de tête satisfait.
« Très bien. À demain alors. »
***
Élise trouvait Martin sympathique. Il était un peu gauche, n’avait pas l’air de savoir lui-même ce qu’il lui voulait, mais il lui semblait drôle avec ses questions confuses et sa voix un peu bégayante. Elle avait tout de suite compris pourquoi il était venu la voir. Basile les avait déjà prévenus de son arrivée en ville et des questions qu’il posait partout, si bien qu’Arthur et elle s’attendaient depuis déjà plusieurs jours à recevoir à leur tour une visite.
« J’en sais sûrement moins que les autres », l’avait-elle tout de suite prévenu.
Mais il n’avait pas paru surpris, ni même déçu. Il s’était assis en la regardant d’un air attristé. Elle aussi l’avait regardé – un peu -, mais aurait eu du mal à le décrire. Elle comprenait juste qu’il n’était pas à l’aise. Elle avait souri pour le rassurer, pour qu’il ait un peu moins peur d’elle, mais ça n’avait rien changé. Il cherchait ses mots, s’arrêtait souvent pour la fixer quelques instants avant de détourner brusquement les yeux et de s’attarder plutôt sur la pièce autour d’eux. Et quand il se remettait à parler, il semblait se parler à lui-même et avoir un peu oublié sa présence à elle.
Il lui avait raconté, un peu confusément, ce qu’il avait appris des autres. Un récit qu’elle-même ne connaissait que vaguement, elle qui était la seule de la bande à ne pas l’avoir vécu. Il se tut après avoir parlé de l’usine et elle comprit qu’il se demandait comment elle s’était retrouvée mêlée à leurs histoires. Alors elle se mit à rire, mais Martin garda son masque grave et songeur.
« Ils devaient vraiment s’ennuyer… dit-elle avec un large sourire. Un tout petit bout de conversation, surpris depuis des buissons, et ils étaient persuadés qu’ils allaient résoudre un mystère. Mais quel msystère ? »
Elle leva des yeux amusés vers Martin mais il ne réagissait toujours pas. Elle ne s’en formalisa pas et haussa les épaules.
« Il n’existait que dans leur tête. Ou en tout cas, si mystère il y avait, il n’était vraiment pas là où ils le pensaient. Et certainement pas à l’usine. Mais ils y croyaient de plus en plus. Enfin... »
Elle s’interrompit une seconde, un peu incertaine.
« Enfin je ne sais pas s’ils y croyaient tous, reprit-elle. Basile oui, certainement. C’était bizarre, d’ailleurs. C’était le premier à se moquer d’Arthur et de son obsession des animaux morts, mais lorsque les gens ont commencé à pointer l’usine du doigt après que la petite fille de l’hôtel soit tombée malade, il s’est persuadé qu’il y avait quelque chose de louche. Il faut dire qu’il était très jeune. Et qu’il adorait les romans d’espionnage, ce genre de choses, vous voyez ? »
Martin ne répondit pas, sembla attendre qu’elle poursuive.
« Il était intrigué. Mais les autres, les plus grands, je n’en suis pas sûre. En tout cas pas Félix. Arthur, lui, il pensait encore à son chien. Et puis Léonie... »
Elle avait esquissé un sourire attendri.
« Léonie, elle agit. Elle a toujours été comme ça. Pas du genre à rester les bras croisés en attendant que les choses se passent sans elle. Alors j’imagine qu’elle aussi avait un peu envie de suivre Basile et ses idées folles, même si elles n’avaient pas grand sens. Et une fois Léonie convaincue, Félix ne pouvait que suivre aussi. »
Élise eut un autre rire.
« Il était complètement fou d’elle. Je l’ai vu tout de suite. D’ailleurs tout le monde le voyait. Ils vous ont dit qu’ils sont sortis un peu ensemble cette année-là ? Oui, j’imagine... »
Son sourire s’élargit et elle leva sa main gauche pour que Martin la voie bien.
« Mais c’est moi qu’elle a fini par épouser. »
Elle baissa le regard pour couver des yeux son doigt que Martin n’avait pas daigné regarder. Puis elle haussa de nouveau les épaules.
« Il s’en est remis, rassurez-vous. Il a fait sa vie lui aussi. Comme nous tous. »
Elle releva les yeux vers lui.
« Mais tout ça ils ont déjà dû vous le dire, non ? J’imagine que ce que vous voulez savoir, c’est comment moi je me suis retrouvée là-dedans ? Eh bien c’est assez simple, en fait. Après qu’ils aient surpris cette conversation téléphonique, ils se sont tous mis en tête – Basile le premier - , que le patron de la scierie avait des activités louches. Ils s’imaginaient qu’il magouillait avec les déchets, qu’il utilisait des produits interdits, quelque chose comme ça... Une histoire de pollution en tout cas. Un truc qui aurait contaminé l’eau ou le sol. Ou l’air, peut-être bien. Quelque chose qui aurait empoisonné les animaux, y compris le chien d’Arthur, et qui aurait commencé à rendre les gens de la ville malades. À commencer par la petite fille, bien sûr. Alors ils ont décidé d’en avoir le cœur net et de retourner à l’usine, à l’heure du rendez-vous que le patron avait donné à la personne au téléphone. Je ne pourrais pas vous dire avec certitude lequel a lancé l’idée, ça ils vous le diront mieux eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, ils voulaient voir ce qui allait se tramer ce soir-là à l’usine. Le seul problème, c’était que le rendez-vous devait lieu devant les entrepôts, c’est-à-dire de l’autre côté des grilles. Et bien sûr, ils ne savaient pas comment rentrer. C’est là qu’ils ont compris qu’ils avaient besoin de moi. »
***
La tête d’Élise reposait sur le papier-peint fleuri de sa chambre, qu’elle trouvait vieillot mais qu’elle ne voulait pas changer parce qu’elle y était habituée. Elle s’était assise devant sa fenêtre, sur le petit rebord en bois, au milieu d’un rectangle lumineux que le soleil projetait là. Elle avait ramené ses genoux sous son menton, pour que tout son corps tienne dans ce minuscule espace chaud, et elle était restée là, comblée.
Pendant longtemps, elle avait regardé le jardin, trois étages plus bas, où tout était immobile. Elle entendait vaguement le chant de quelques oiseaux, quelque part. Il y avait aussi le vrombissement progressif d’une voiture, qui passait de temps en temps sur la route, de l’autre côté du portail. C’était d’abord un bruissement lointain, un peu incertain, et puis qui se précisait, s’approchait, ronflait de plus en plus fort, se faisait un peu plus strident, pétaradait en atteignant son point culminant, juste devant la grille, puis s’atténuait, comme un écho resté aux oreilles qui s’évanouissait finalement. Il n’y avait jamais grand-monde à passer là.
Son grand-père était apparu, lui aussi. Élise avait entendu le claquement sonore de la porte d’entrée, avait deviné que la silhouette frêle allait apparaître d’une seconde à l’autre. Elle l’avait regardé, les paupières déjà un peu tombantes, s’approcher de l’atroce fontaine de pierre, au milieu du jardin. Il avait secoué sa vieille main noueuse au-dessus de la vasque. Elle était trop loin pour bien voir, mais elle savait qu’il venait de déposer quelques miettes de pain sur le rebord, pour les oiseaux.
Il était reparti aussitôt, la porte avait de nouveau claqué et pendant longtemps encore le jardin était redevenu immobile. Les oiseaux n’étaient pas venus prendre les miettes de pain et les yeux d’Élise avaient continué à se fermer. Sa tête s’était posée contre le vieux papier-peint, ses genoux contre le carreau, et elle avait écouté les oiseaux.
Et elle était toujours là, pas tout à fait endormie, pas tout à fait réveillée non plus. Elle sentait encore le soleil qui lui chauffait le crâne, la joue, et les mains, elle sentait la pression du mur sur sa tête, du verre contre ses jambes et du bois sous ses fesses, et elle entendait encore le piaillement des oiseaux et le bourdonnement des voitures. Mais il lui semblait sentir et entendre d’autres choses aussi.
Un souffle d’abord, léger et tiède, qui venait de l’extérieur à travers sa fenêtre fermée et qui effleurait son visage, qui allait et venait, comme une respiration. Et puis des petits picotements sur sa main, qui reposait sur son genou. Ces petits picotements étaient très doux eux aussi. Ils la chatouillaient, tant ils étaient délicats. Les plumes minuscules venaient la caresser, les unes après les autres, furtivement, aimablement, et puis disparaissaient. Élise n’avait toujours pas ouvert les yeux mais elle souriait, paisible.
Et puis un aboiement retentit à l’intérieur de sa tête, bref et brutal. Elle ouvrit les yeux, affolée, dans un sursaut qui faillit la faire glisser de son rebord. Elle se retint au mur, de justesse, et posa une main sur son cœur emballé. Il lui semblait bien avoir poussé un cri.
Dehors, des sons nouveaux retentissaient. Elle oublia son étourdissement, regarda et vit d’abord les mouvements gauches et saccadés de son grand-père qui essayait de courir vers le portail. Puis elle vit, de l’autre côté de la grille, le corps étendu d’un enfant, immobile à côté d’un vélo. Le vélo gisait sur la route lui aussi, la roue tournoyant dans le vide. Au-dessus de l’enfant, trois crânes étaient penchés et sur l’un de ces crânes Élise vit – et son cœur s’emballa d’autant plus – des cheveux flamboyants.
***
Le soleil commençait à peine à se coucher, tout au bout de cet immense morceau de terre qui était à lui. Arthur, les pieds solidement plantés dans l’herbe, les bras croisés devant sa poitrine gonflée de fierté et de contentement, le regardait tomber sur son domaine, comme chaque soir.
Ses chevaux passaient tranquillement dans le pré, un peu en contrebas. L’un d’eux avait la tête penchée, arrachait des mottes d’herbes en mouvements saccadés. L’autre était immobile, la tête dressée, et sa crinière se soulevait lentement avec le vent. Arthur eut un sourire. Il aurait pu les regarder pendant des heures.
Derrière lui, il entendait de temps en temps le pas léger d’une chèvre qui froissait l’herbe ou écrasait une brindille, et il savait qu’un chat ou deux rôdaient sûrement dans les parages, en quête d’un petit mammifère quelconque à croquer.
Le pépiement des oiseaux venait de partout à la fois, prodigieusement bruyant à cette heure de la journée. Les chants étaient de toutes sortes, longs ou brefs, rauques ou mélodieux, légers ou brusques et il savait reconnaître chacun d’eux. Le caquètement glougloutant d’une poule se joignait à eux de temps en temps, s’élevant du poulailler qui se cachait derrière la maison et qu’Arthur ne pouvait pas voir de là où il se trouvait.
Un aboiement retentit soudain et le sortit de sa contemplation satisfaite. Il se retourna, esquissa un large sourire, tendit les bras en avant pour y accueillir le vieil épagneul qui s’y précipitait d’une course bondissante. Il lui frotta le dos, en riant de l’expression extatique du gros chien.
Puis il se redressa, fit signe à l’animal tout frénétique de le suivre et s’en retourna avec lui vers sa maison, heureux.
***
« Merci », dit le grand-père dans un grognement vague, en prenant le petit flacon de désinfectant que lui apportait Élise.
Il termina de nettoyer le genou de Basile, de décrocher les brins d’herbe et les minuscules cailloux et d’essuyer le sang qui les avaient figés dans la blessure. Lorsqu’il attrapa un morceau de coton et qu’il dévissa le bouchon du petit flacon, Élise préféra s’éloigner. Elle connaissait la brûlure du désinfectant de son apothicaire de grand-père pour l’avoir plus d’une fois expérimentée elle-même, et elle préférait – lâchement, peut-être – ne pas voir le petit visage adorable du garçon se tordre au moment où on plaquerait ce coton sur sa chair à vif. Elle laissait au grand frère, qui n’avait pas lâché l’épaule de l’enfant une seule seconde depuis qu’ils étaient là, le soin de le réconforter. Félix suivait attentivement chacun des gestes du grand-père, prêt à bondir s’il avait besoin de quoi que ce soit.
Léonie était un peu en retrait, contre le mur, n’osait visiblement pas s’approcher de peur de gêner la suite des opérations. Élise s’approcha d’elle, se hasarda à un sourire un peu flottant et se mit elle aussi contre le mur.
« Pendant une seconde j’ai cru que c’était à cause d’une voiture », souffla-t-elle.
Léonie eut un semblant de rire.
« Non, dit-elle. C’était lui tout seul. Il n’a jamais su pédaler droit. »
Élise fit un mouvement du menton pour montrer qu’elle avait reçu l’information et parce qu’elle ne savait plus quoi dire.
Elles restèrent là une minute, silencieuses. Léonie suivait de loin les gestes des uns et des autres autour du pauvre Basile et Élise, le cœur trépidant, ressentait chaque seconde qui passait comme une éternité de maladresse. Jamais elle ne s’était sentie aussi reconnaissante envers son grand-père que lorsqu’il s’adressa à elle à cet instant.
« Élise, va chauffer de l’eau, lui dit-il, le nez toujours penché au-dessus du genou qu’il était en train de recouvrir d’un pansement. Ils prendront bien un thé après tout ça. »
Élise vit bien, à la nouvelle grimace que Basile ne parvint pas tout à fait à masquer, qu’il n’aimait probablement pas le thé, mais elle sauta sur cette occasion de s’éclipser. Elle n’eut qu’un pas à faire pour se glisser dans la cuisine.
Elle ne sut pas elle-même si elle était terrifiée ou transportée quand elle s’aperçut que Léonie l’avait suivie. En tout cas, elle en fut étourdie. Elle ne trouva rien à dire, ne put esquisser qu’un rictus qu’elle était incapable de maîtriser. Léonie, bien moins embarrassée, s’approcha d’elle alors qu’elle s’efforçait de remplir la bouilloire malgré les tremblements de ses mains.
« On était venu pour te voir », lui dit-elle à voix basse.
Élise peina à retrouver sa voix.
« Ah oui ? dit-elle finalement, en jouant – mal – le détachement.
-Oui, poursuivit Léonie, beaucoup trop proche d’Élise pour le bien de son pauvre cœur. On a un service à te demander. Si tu peux nous aider, bien sûr. »
Élise, que le lancement d’une conversation aidait à reprendre le contrôle d’elle-même, mit la bouilloire à chauffer.
« Vous aider à quoi ? »
Elle vit bien que Léonie ne savait pas comment lui présenter les choses.
« Tu vas nous prendre pour des fous… » commença-t-elle avec un sourire embarrassé.
Élise la laissa poursuivre.
« On aimerait rentrer dans l’usine. Tu sais, la scierie, là-haut. Pas dedans dedans, s’empressa de la rassurer Léonie, devant son air interdit. Juste dans la cour. Devant les entrepôts. C’est… pour une histoire un peu compliquée. Mais je t’assure qu’on ne veut rien faire de mal. On ne fera même rien du tout.
-Pourquoi tu me demandes ça à moi ? fit Élise, un peu perdue.
-Ton grand-père est ami avec l’ancien patron, non ? Celui qui vient de laisser l’usine à son fils. Il paraît qu’ils étaient à l’école ensemble, ou quelque chose comme ça. Et il paraît aussi que ton grand-père passait souvent le voir là-haut, quand il y travaillait encore. Que ton grand-père connaît bien la forêt et que l’ancien patron lui demandait des conseils de temps en temps. On s’est dit que peut-être tu allais avec lui parfois, et que tu connaissais un peu les lieux ? »
Élise, déconcertée, la regarda sans trop savoir quoi répondre. Léonie lui adressa une mimique encourageante, et vaguement cajoleuse.
« Alors, tu veux bien nous aider ? »
je continue tranquillement ma lecture et ce chapitre vient en opposition des précédents, Elise est assez catégorique sur le fait que toute cette histoire d'usine et de déchet était due à une trop grande imagination des enfants, c'était donc une fausse piste ! ^^
Du coup je sais encore moins ce que cette histoire me réserve, il m'avait semblé à moi aussi - et à Martin - que cela avait tout de même à voir avec l'usine mais peut-être pas du tout finalement...
En tout cas je me demande ce qu'Elise va pouvoir faire pour les aider. Elle est vraiment un personnage très attachant, à la fois comme enfant et comme adulte, elle crée une dynamique nouvelle dans le récit et entre les personnages, trop bien.
Je pars lire la suite : )
Oui, il y a peut-être eu quelques fausses pistes disséminées çà et là ^^
J'aime beaucoup Elise, moi aussi ! :D