Il regarda le bus s'éloigner en se grattant la tête, puis se mit à marcher. Il n'était pas très sûr de savoir pourquoi il était descendu.
C'est en regardant de nouveau la ville, que le bus n'allait pas tarder à atteindre, qu'il crut comprendre ce qui lui avait pris. Il ne voulait pas arriver normalement, comme n'importe qui, comme il serait entré dans n'importe quelle ville. Il voulait prendre son temps, pouvoir regarder les maisons grossir devant lui et la flèche pointue de l'église se dresser de plus en plus haut dans le ciel. Il voulait prendre possession de la longue route, que les rues le sentent s'approcher, le reconnaissent d'une certaine façon, même s'il n'y avait jamais mis les pieds. Qu'elles se souviennent, au moins, de ce qu'elles lui avaient pris.
Il s'arrêta un instant, regarda derrière lui, considéra la route qui fuyait en arrière en ondulant, et essaya de s'imaginer de quoi elle devait avoir l'air vingt ans plus tôt, en plein mois de juillet.