J’ai toujours connu Turtûsha comme une ville bâtie sur l’antique Dertosa, à l’embouchure de l’Ebre. La cité compte quatre portes, orientées selon les anciennes voies romaines. Les plus optimistes disent que ses murailles blanches sont trop vieilles pour tomber, et qu’elles protègent marchés, ateliers et la grande mosquée à cinq nefs.
L’Èbre nourrit vergers et potagers aux abords de la ville. Ses eaux calmes deviennent parfois traîtresses à la fonte des neiges pyrénéennes, lorsqu’elles charrient de la terre et des troncs déracinés jusqu’aux quais. Il n'est pas rare d'entendre qu'un incident s'est produit...
Les rues sont pavées de dalles irrégulières, usées par le passage des mules et des charrettes. L’eau court dans de petits canaux de pierre, drainant la pluie vers le fleuve.
Elle est la dernière ville avant la frontière, un véritable tampon contre les invasions franques. La garnison Omeyyade⁸ y veille au nom de Cordoue, prête à repousser toute incursion chrétienne. Les gardes, en tunique courte et casque conique d’acier, patrouillent sur les remparts, la lance à l’épaule et le bouclier de bois cerclé de fer pendu dans le dos.
Le gouverneur, un homme sec au regard d’aigle, réside dans le château de la Zuda, qui surplombe et domine la ville. Elle est en rénovation, mais on dit que bientôt, la Zuda résistera même au vent du Nord.
Aux heures les plus chaudes, l’intérieur de la mosquée reste frais grâce à l’épaisseur de ses murs de pierre et aux bassins d’ablutions. L’eau s’écoule par une petite valve de bronze fixée à la fontaine, que les fidèles peuvent ouvrir ou fermer selon leurs besoins.
Les barques s’amarrent aux quais chaque matin, apportant sel, poissons et rumeurs. Les marchands, eux, reviennent le soir avec l’odeur du fer et de la sueur. Le vendredi, jour sacré, la grande place accueille un souk animé où l’on vend des dattes, du miel noir de sapin, et ces amandes sucrées que l’on sert lors des fêtes.
On y croise des Arabes, souvent des nobles qui administrent la région. Des Andalous, qui sont la majorité de la population. Des Juifs, peu nombreux, qui possèdent leurs quartiers. Des Mozarabes, chrétiens arabisés, vivant en terre musulmane. Parfois aussi des Grecs ou des Syriens de passage. Les langues s’y mêlent comme les épices d’un plat andalou.
Certains disent que les murs savent tout ce qui se dit dans la ville… mais ils n’ont jamais rien répété.
Ton retour sur le dosage est précieux, c'était ma plus grande crainte, et à choisir, je préfère laisser le lecteur sur sa faim plutôt que sa lecture devienne trop lourde 👍
Turtûsha existait et existe encore. C’est l’actuelle Tortosa (en espagnol) ou Tortose (en français), entre Valence et Barcelone, en longeant la côte.
Le fleuve Èbre existe toujours, tout comme une partie du château de la Zuda, qui domine encore la ville aujourd’hui.
Il y avait bien une grande mosquée aussi, soit à 3 nefs, soit à 5, dur de trancher, manque d'info :/
Pour le reste, les peuples, les langues, les produits ou le souk, c'étaient des choses connues en Andalousie donc j'ai adapté ces éléments pour faire vivre la ville suivant mon imaginaire ;)
Je suis content que tu aies pu te promener en ces lieux et profiter de l'ambiance de Turtûsha : Ardichi, guide touristique officiel du Xe siècle 😆
Je compte faire ce genre de chapitre "descriptif" pour chaque ville ou éventuellement historique, suivi d'un ou plusieurs chapitres "narratif" où l'on suivra les aventures de Zayd.
Merci encore pour ton soutien et tes retours de qualité, tu réponds souvent à mes craintes avant que je ne pose la question 🤗
Très belle continuation à toi ! auf wiedersehen ;p
En tout cas, pas de problème, toujours une lectrice fidèle au poste ;-)
Belle continuation und bis bald !
C'est vrai que trop de recherche tue l'inspiration, il faut que je prenne garde à l'avenir.
Quoiqu'il arrive, mon projet principal reste : Le Bruit du Silence.
Ce que j'écris à côté, c'est pour pouvoir mieux me concentrer dessus car depuis que j'ai franchi le pas de l'écriture, mon disque dur (ma petite tête) sature de nouvelles histoires x)
Il me tarde de te lire, surtout que tu as l'air de prendre le temps qu'il faut pour nous offrir des personnages bien ficelés.
L'Allemagne, quel beau pays. J'ai reçu un correspondant en 4eme et je suis allé chez lui en 3eme. Je n'oublierai pas, bien que ça fasse maintenant plus de vingt ans (T_T ça ne rajeunit pas)
Si t'y trouves l'inspiration, ce n'est probablement pas anodin ;)
Merci pour ta fidélité et qui sait, peut-être que Zayd croisera une Rose dans son voyage, une lectrice invétérée 🌹
Belle continuation à toi aussi et bonne inspiration surtout !