Bismillah²
Louange à Allah, qui guide les pas de ceux qui cherchent. Que cette chronique éclaire les routes de ceux qui viendront après moi. Ceci étant dit...
Aussi loin que je me souviens, j'ai toujours écrit. Dès l'enfance, pour imiter mon père. Puis pour l'aider dans son travail de copiste. Et aujourd’hui, c’est peut-être tout ce qu’il me reste...
Je ne suis pas un lettré, même si les mots me collent à la peau. Ni un érudit, malgré les copies gardées en mémoire.
Je suis trop blanc pour être Andalous, trop mat pour être Franc. Mes cheveux, trop lisses pour les Arabes, trop ondulés pour les Goths.
Je suis à la frontière des mondes, des cultures et des langues...
Je suis Zayd, fils de Ahmad, fils de Salim, fils de Tariq, fils de Ishaq, fils de... Tournez la page si vous le souhaitez, c'est encore très long... Je me lasse moi-même, souvent au dixième ancêtre. Sans doute parce qu’il est dit que ce fut un compagnon du Prophète... Mais sachez que chez nous, la généalogie est une science, au même titre que la médecine ou les mathématiques. Elle est transmise comme une comptine d'enfance. Comme le plus précieux des héritages...
Retenez juste que je suis Zayd al-Arbûnî³. C'est ainsi qu'on m'appelle. Je suis né en l’an 302 de l’Hégire⁴. D'autres disent en l'an 915 AD⁵. Chez nous, on compte depuis une marche vers la lumière. Chez d'autres depuis une naissance. Mais au fond, qu'est-ce que le temps ? N'est-il pas le même pour tous quels que soient les chiffres posés dessus ?
Mon père est Arabe, ou du moins, Andalous, c’est ainsi qu’il se définit. Il est copiste, relieur, amoureux du parchemin et des encres profondes. Amateur de calligraphie dans ses temps perdus. Son père, un imam clandestin. Les mosquées ayant cédé la place aux églises depuis l'époque de Pépin le Bref. Il aurait pu être un grand érudit dans l’une de ces villes où les livres se lisent à voix basse et s’écrivent à voix haute. Mais l'attachement aux racines est chose bien étrange... Il me rapportait le Hadith⁶ avec la ferveur que d’autres mettent à réciter le Coran. Ma grand-mère paternelle était de Septimanie... ou peut-être de Catalogne. Elle avait ce regard que rien ne plie, pas même le temps.
Ma mère, elle, parlait plusieurs langues, souvent dans la même phrase. Son père venait de Gênes, sa mère de Navarre. Elle-même naquit en Provence, entre deux fleuves.
J’ai hérité de tout cela. Un bout de chaque rive, sans jamais appartenir tout à fait à aucune. Je suis fait de croisements, de frictions douces, de transmissions involontaires. Chez moi, les souvenirs parlent Franc, mangent Andalous, se coiffent à la Génoise et prient tantôt en Arabe, tantôt en silence.
On dit qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Mais n'est-ce pas la route qui est belle, et non la destination ?
Me voilà donc, plume à la main, à écrire des fragments d'instant, de mémoire, et de contemplation. Le monde ? Nul n’en a jamais vu les limites.
Certains ont dit qu'il est plat. D’autres ont dit qu’il est rond. Moi, je ne l'ai jamais su... Je sais seulement ceci : le monde est vaste… et trop silencieux quand on le regarde de loin.
Alors j'ai décidé de marcher. Peut-être par curiosité. Peut-être pour me chercher. Peut-être vagabonder sans but. Ou peut-être juste... pour profiter du voyage.
Je ne m’attendais pas à te voir ici, tu aimes vraiment lire ;)
Merci beaucoup pour ton retour et ton soutien, ça me touche sincèrement.
Je suis ravi que tu aimes ce format avec un contexte historique. C’est une période assez méconnue, et il n’est pas toujours évident de trouver des sources fiables. Ça va me demander un travail titanesque — je vais finir historien avant d’avoir fini ces chroniques x)
Et oui, le sentiment de ne pas savoir où se situer culturellement est bien connu aujourd’hui, et il l’était dans une moindre mesure hier aussi.
Je me suis dit que pour un chroniqueur relativement ouvert d’esprit, c’était une bonne façon de faire, pas d’ancrage fixe, pas d’idées figées, ou très peu.
J’espère que la suite te plaira ! J’hésite encore sur le style à adopter. Peut-être varier entre des chroniques à l’ancienne et un récit plus narratif, pour éviter de transformer ça en encyclopédie médiévale :p
À très vite ! J’ai un lexique à finir. Et belle continuation à toi aussi !
En espérant que le travail qui t’attend pour se livre te plaise sans pour autant te dégoûter des recherches.
Pour l’instant tous les styles que tu as employé lors de tes écrits étaient adaptés au contexte et agréables à lire, donc tu as carte blanche :-)
Belle continuation !
En espérant que le travail qui t’attend pour se livre te plaise sans pour autant te dégoûter des recherches.
Pour l’instant tous les styles que tu as employé lors de tes écrits étaient adaptés au contexte et agréables à lire, donc tu as carte blanche :-)
Belle continuation !