Avant de démarrer la rédaction d’Une vie de château, j’ai commencé par tenir un cahier dans lequel je notais toutes les bribes d’idées qui me venaient pour le scénario. Certaines d’entre elles se sont effectivement concrétisées mais plusieurs sont tombées dans l’oubli (pas forcément pour une raison précise d’ailleurs).
L’ensemble date de 2009-2010 et je vous balance ça un peu en vrac (vous trouverez quelques extraits directement issus du cahier en italique), alors merci d’avance pour votre indulgence ! xD
• Le premier nom de la "Terreur Noire" était : le Droke (ne me demandez pas pourquoi ! xD)
Après réflexion, j’ai peut-être voulu quelque chose qui ressemblerait vaguement à "dark". Puis j’ai rapidement décidé que ma créature serait connue sous plusieurs patronymes plutôt qu’un nom précis.
• Le père de Shan et Saraï : tous deux le croient mort dans l’histoire mais, à l’origine, j’avais pensé le faire réapparaître. J’imaginais un homme très peu bavard qui aurait vécu dans la rue après avoir quitté sa famille. Shan devait le retrouver par hasard. D’ailleurs, dans le chapitre 16, quand le trio quitte la ville pour rejoindre l’enclave de Montis, je fais brièvement référence à un mendiant qui croise le regard d’Ayleen. Ce devait être le fameux papa… qui finalement n’aura jamais fait son retour.
• Passage choisi du cahier : « si la possibilité se présente, faire un fin tragique dans le genre de L’étrange histoire de Benjamin Button : perte de mémoire progressive pour Ayleen, due à l’agression qu’elle a subie » (lorsqu’elle est enterrée vivante)
Etonnamment, j’ai redécouvert que j’avais eu plusieurs idées de traitements relativement sadiques à faire subir à mes personnages !
• J’avais imaginé qu’au vu de toutes ses aventures, Ayleen pourrait finir par tomber enceinte (éventuellement de Kerian pour complexifier les choses) et même subir une fausse couche !
• Caecilia : durant un temps, j’avais dans l’idée qu’elle aurait pu être en réalité la mère d’Ayleen. Mais également une sylphide : une créature liée à l’élément air et aimant la liberté par-dessus tout. « Son apparence humaine est celle de la combattante aveugle qu’elle a choisi de prendre pour rester en contact avec le monde qu’elle n’a pu se résoudre à quitter définitivement. A cause de son besoin de se retrouver au plus près de son élément naturel (l’air), elle peut être complètement introuvable durant un certain laps de temps. Une rumeur pourrait courir, disant qu’elle se rend dans le royaume des morts durant ses absences. »
Une idée qui ne s’est finalement pas concrétisée. Je crois que j’ai pensé que ce serait trop facile (cliché) qu’Ayleen retrouve sa mère.
• Côté idée de traitement sadique : j’avais imaginé que Saraï serait atteinte d’une surdité progressive qui, à terme, lui aurait également fait perdre l’usage de la parole.
• Chokri Hilal : voilà un personnage que vous n’avez jamais connu. A travers lui, je m’étais lancé un défi : aborder le sujet de l’homosexualité. Il s’agissait d’un jeune garçon aux cheveux roux assez timide et maladroit qui souhaitait changer son image de bon à rien en devenant un soldat digne de son nom. Il devait trouver en Algonn le mentor dont il avait besoin : touché par ses efforts pour changer, Algonn l’aurait rapidement pris sous son aile et aurait vite ressenti le besoin de le protéger. Purement professionnelle au départ, leur relation devait évoluer jusqu’à devenir une liaison secrète.
J’avais également imaginé que Chokri serait tué lors du coup d’état mené contre le roi Erhel. Son rôle ainsi que ses cheveux roux devaient suffire à expliquer l’attachement qu’Algonn éprouve envers Ayleen lorsqu’il la rencontre ainsi que son rôle de protecteur auprès d’elle.
Le problème c’est que j’avais affirmé que la couleur rousse était un signe distinctif des membres de la famille royale. Il aurait donc fallu trouver à Chokri un lien de parenté avec la princesse, réfléchir au « comment ? » ainsi qu’à ce que cela aurait apporté à l’histoire. N’ayant pas trouvé de réponse satisfaisante, j’ai laissé tomber ce pauvre garçon dans l’oubli.
• D’autres personnages que j’avais pensé faire apparaître à un moment de l’histoire : des nains. Ils devaient vivre à proximité d’une mine et fournir le royaume de Kaïs en or. J’avais imaginé qu’Ayleen se rendrait là-bas sur une demande de Kerian (qui aurait eu besoin de fonds pour son armée). Sur place, une mésaventure serait arrivée étant donné que j’avais imaginé une peuplade de nains très superstitieux et donc voyant d’un très mauvais œil la couleur de cheveux de la princesse, associée à la sorcellerie.
La tournure que l’histoire a prise m’a fait abandonner ce détour. Et je pense que le côté très cliché des nains m’a également confortée dans cette idée.
Voilà !
J’ai listé ici ce qui me semblait le plus "intéressant" et qui permettait de montrer le contraste existant avec la version finale de l’histoire.
J’espère que cela vous aura plu et je vous remercie du fond du cœur pour votre lecture ! <3
N’hésitez pas si vous avez des questions supplémentaires ou si certaines choses ne sont pas suffisamment claires.
Ah et pour terminer, si vous souhaitez voir une série d'illustrations que Jowie a accepté de réaliser pour moi, c'est par ici : https://www.dropbox.com/sh/zqca0b3t6d896fb/AACQLx-U-q3KXcTj0KnYOUGJa?dl=0
Me revoilà.
Comme le chapitre bonus ne fait pas partie de l'histoire, je ne vais pas faire de remarques sur la forme.<br />Parmi les différentes idées qui ont été abandonnées, la seule qui, à mon avis, aurait pu apporter quelque chose à l'histoire est celle concernant Chokri. Ça aurait permis à Algonn, qui était un personnage prometteur, d'avoir un rôle plus important.
À partir du moment où Kerian montre son vrai visage, le rythme s'accélère et l'émotion devient plus intense. <br />Comme je l'ai dit dans mes premiers commentaires, au début, je trouvais Ayleen exécrable. Même si je pensais que le courage et la détermination dont elle a fait preuve le jour où elle a dû quitter le château donnaient envie qu'elle s'en sorte, elle continuait à me paraître antipathique. Pendant une bonne partie de l'histoire, elle avait tendance à progresser (du moins en apparence) pour retomber dans ses travers, si bien que j'ai presque perdu l'espoir qu'elle s'améliore vraiment et qu'elle soit capable de sincérité. À vrai dire, je ne pouvais pas m'attacher à elle tant que je doutais de sa loyauté envers Shan et Saraï. Je trouve normal que les personnages aient des défauts, même nos préférés, mais pour moi, la malhonnêteté et la déloyauté sont rédhibitoires.<br />Pour finir sur une note positive, finalement, j’ai bien aimé cette histoire. Les chamailleries entre Ayleen et Shan étaient parfois amusantes. Les choses n’ont pas été faciles, mais la princesse a bien changé. On peut même dire qu’elle s’est métamorphosée. Dépouillée de son autorité et de son pouvoir, obligée de vivre avec des gens simples dont elle dépendait de l’hospitalité, elle a été obligée d’expérimenter les vrais sentiments (positifs et négatifs) et elle a appris ce que sont les relations humaines empreintes de respect réciproque. Avec Shan et Saraï, elle n’a pas seulement trouvé des amis, mais ils forment une sorte de cellule familiale.
Quitte à me répéter, je vais faire quelques remarques générales sur la forme :
Dans le chapitre 31, j'ai oublié de noter "les rennes du royaume". C'est, bien sûr, les "rênes du royaume".<br />Dans le chapitre 9, une chose m'avait échappé : "Et même lorsque la réalité recommença à poindre le bout de son nez". Il faut dire "pointer le bout de son nez" ou "poindre" tout court.
J'avais déjà relevé les "À", qui font souvent partie d'une locution ; l'Académie française recommande de mettre les accents sur les majuscules parce que (je cite) : "Il convient cependant d’observer qu’en français, l’accent a pleine valeur orthographique. Son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la prononciation, et peut même induire en erreur. Il en va de même pour le tréma et la cédille. On veille donc, en bonne typographie, à utiliser systématiquement les capitales accentuées, y compris la préposition À, comme le font bien sûr tous les dictionnaires, à commencer par le Dictionnaire de l’Académie française, ou les grammaires, comme Le Bon Usage de Grevisse, mais aussi l’Imprimerie nationale, la Bibliothèque de la Pléiade, etc."
Virgules : dans la plupart des cas, il convient de mettre une virgule avant "mais". En revanche, il ne faut pas en mettre après "mais" ou "puis", sauf si le groupe de mots qui suit est placé entre deux virgules, comme une parenthèse. J'ai relevé un grand nombre de cas, mais peut-être pas tous.
Tu emploies le verbe "réaliser" dans le sens de "se rendre compte, prendre conscience de, s'apercevoir". En plus, on le rencontre tellement souvent que ça s'apparente à un tic de langage. C'est un anglicisme à éviter, une extension de sens abusive.<br />Je cite le dictionnaire de l'Académie française (sous RÉALISER) : "Par ext. Admettre comme réel en esprit. Il ne réalise pas encore pleinement sa perte. Si cet emploi, attesté chez d'excellents auteurs, de Charles Baudelaire à André Gide et François Mauriac, ne saurait être considéré comme fautif, l'utilisation abusive du verbe réaliser au sens affaibli de « se rendre compte » est en revanche un anglicisme à éviter. Ainsi, on ne dira pas : Il a réalisé qu'il devait partir, mais, par exemple : Il s'est aperçu, il a compris qu'il devait partir. "
Autre emploi qui s'apparente à un tic de langage : le concerné, la concernée. "Concerné" n'existe pas en tant que substantif. Il faut l'employer comme adjectif (par ex. "la personne concernée"). Il peut souvent être remplacé par "l'intéressé(e)".
L'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif : tu les confonds parfois avec le passé simple ou le passé antérieur. Je te conseille de faire une petite révision. Dans un récit au passé simple, il faut employer l'un ou l'autre après "bien que", suivant le contexte. Si tu trouves ça dérangeant, il faut ruser en changeant la tournure de la phrase (par ex. en remplaçant "bien que" par "malgré le fait que"). Dans la plupart des autres cas, ce n'est pas dérangeant d'employer le subjonctif présent ou passé plutôt que le subjonctif imparfait ou plus-que-parfait. Mais il faut dire que ces derniers ont plus de panache.
L'expression "à l'entente de" : le terme "entente" dans le sens d' "entendre qqch" ne figure ni dans la plupart des dictionnaires, ni dans celui de l'Académie française. Il est indiqué comme rare dans le TLFi et le dictionnaire historique mentionne (je cite) qu'il "a été employé parfois au sens, attesté en 1896 (Goncourt), d' « action de percevoir par l'ouïe »". On ne peut donc pas dire que c'est faux, mais c'est une curiosité. Chez toi, son emploi est quasiment systématique. On peut le remplacer par des expressions comme "en entendant", "à ces mots", "au son de sa voix", etc. suivant le contexte.
Le mot "noirceur" dans le sens d'obscurité est un régionalisme canadien. Quand tu l'emploies, on ne comprend pas toujours très bien s'il s'agit de l'obscurité ou du caractère inquiétant, menaçant de l'environnement.
Je vois que mes commentaires sont plutôt longs et fournis. Je suis certainement une pinailleuse. Mais je suis contente d’être arrivée avant que tu ne corriges tout ton texte. Si tu veux tenir compte de mes indications pour la réécriture de ton histoire, je me rends compte que ça va te donner du travail supplémentaire.<br />Bon courage et à bientôt sur le forum.
Un grand merci également encore une fois (mais il y a de quoi te remercier !) pour ta lecture très attentive et tes corrections, nombreuses certes, mais qui m'auront permis de bien revoir la forme de mon texte. Merci infiniment pour tout le temps, toutes les heures, que tu m'as consacré à travers l'ensemble de tes commentaires ! (j'espère seulement que cela n'aura pas été trop pénible pour toi)
Oh, c'est drôle de découvrir toutes ces pistes ! Même si je suis contente que nombre d'entre elles n'ait jamais vu le jour xD (Sadique va.)
Y'avait des trucs intéressants (Chokri, les nains, Caecilia en sylphide...) mais j'avoue que j'ai du mal à imaginer ce que ça aurait pu donner dans l'histoire !
On dirait des fun facts ce chapitre bonus, c'est kioul <3
Oui je comprends ce que tu veux dire : c'est sûr qu'après avoir lu l'histoire complète (et avoir fini de l'écrire pour moi), c'est difficile d'imaginer de quelle façon tous ces éléments auraient pu s'intégrer. Mine de rien, c'est assez rigolo de voir la différence entre le "produit imaginé" et le "produit fini" ! xD
Contente que cela t'ait plu en tout cas, merci !
Quelle bonne idée, ce chapitre bonus ! J'adore apprendre des trucs extras sur les films / livres que j'aime bien et lire ce chapitre m'a donné l'impression de regarder un "making of" :-D C'est intéressant de voir les idées que tu as retenues ou pas, ainsi que tous les supplices que tu voulais imposer à tes personnages (La surdité, la perte de la parole, la perte de mémoire et la fausse couche... dis donc, t'étais inspirée, toi xD)
Merci pour ce chapitre en plus !!
Hé, c'est vrai que j'adore aussi lire ce genre d'infos sur les films et les livres que j'ai vus/lus, contente que ça t'ait fait cet effet !
Hem... ouais ! Je crois que j'avais un peu trop en tête l'idée de "il faut absolument que je me détache du côté guimauve et tout le monde est beau, tout le monde il est gentil" de mon précédent roman ! ^^''
Finalement, ça aurait sans doute fait un peu trop si j'avais tout retenu ! xD
Merciiii à toua pour ta lecture !
J'aurais bien aimé rencontrer Chokri ^^.
Pleins de bisous!
Lou
Excuse-moi, je suis complètement à l'ouest mais... tu avais déjà lu l'entier de cette histoire ? o.O
Merci en tout cas !
Oui, j'aurais aimé pouvoir intégrer Chokri moi aussi. Qui sait, peut-être qu'il réapparaîtra dans un autre texte...