Jason poussa un long et terrifiant hurlement, jaillissant de son lit, les mains sur le sexe. Les cris de sa femme Noémie, en écho, s'accompagnèrent de l'aveuglante lumière surgie de la lampe de chevet, révélant l'homme nu et délesté de toute dignité, debout au milieu de la chambre, les yeux exorbités noyés sous la transpiration.
— Bordel, Jason ! Qu'est-ce qui te prends ?
Elle ne croyait pas si bien dire.
L'homme promena son regard fou dans les moindres recoins de la pièce, haletant, tremblant. Puis, quand il fut assuré que personne d'autre que sa femme et lui n'occupât les lieux, il baissa les yeux sur son entrejambe et en écarta doucement les mains, tel un écrin de chair s'ouvrant avec appréhension sur un joyau potentiellement subtilisé.
Mais son pénis flétri de peur, ses testicules moites, étaient bien là, intacts. Pas trace de sang. En revanche, une forte odeur d'urine, que Noémie s'empressa de commenter depuis les draps souillés :
— Non mais t'as pissé au lit ? J'y crois pas !
Incapable de répondre, encore traumatisé, l'homme regarda sa femme s'extirper du cloaque puant, saisir son smartphone et y pianoter :
— Trois heures du mat' ! Fais chier, merde !
Elle jeta un regard méprisant et accusateur à son mari avant de se précipiter dans la salle de bains. Jason, toujours statufié, l'entendit gueuler depuis la douche qui commençait à vomir son jet brûlant :
— Dépêche-toi de changer les draps ! J'suis crevée, faut que je dorme encore !
Il s'exécuta, d'un automatisme confortable, chaque geste éloignant l'insupportable souvenir de son rêve atroce. Il allait prendre le relais de sa femme dans la douche quand elle croisa son regard, la colère faisant place à une réelle inquiétude :
— Qu'est-ce qu'il y a, bébé ?
— Rien... un cauchemar, c'est tout.
Tiraillée entre la curiosité, son envie de réconforter son mari, et le besoin de se recoucher, elle céda finalement à ce dernier :
— Ça va passer, tu me raconteras. Je retourne au pieu.
Elle l'embrassa furtivement et s'éclipsa, le laissant seul dans la douche avec son malaise et ses horribles flashs oniriques, que même l'eau chaude ne parvenait pas à emporter dans l'oubli du siphon. Terrifié à l'idée de retourner dormir, il s'habilla, et s'installa dans le salon obscur qu'éclaira bientôt le halo bleuté de la télé.
Noémie se traîna dans le couloir baigné des premières lueurs de l’aurore, ses cheveux blonds en bataille couvrant son visage, et allait se réfugier dans les toilettes pour l’impérieuse vidange du matin quand, du coin de l’œil et entre deux mèches, elle avisa Jason affalé dans le canapé. Il la fixait de ses yeux explosés de fatigue. Cette scène d’angoisse la réveilla d’un coup :
— Bébé… t’as pas dormi ? Du tout ?
L’homme confirma d’un hochement de tête bovin. Elle s’engouffra dans les latrines et y accomplit son urgence en lâchant à son mari :
— Prépare le p’tit dej’, je suis encore à la bourre, tu me raconteras en mangeant.
Jason ne bougea pas.
La table était mise et le café déjà prêt depuis longtemps.
Je n'ai aucune idée de la direction que va prendre ton histoire, mais j'avoue avoir aimé le style et le langage cru, sans filtre des personnages. c'est le genre de lecture que j'aime. Comme le dit Ewen, ça se lit vraiment tout seul et d'une traite. Je vais lire dans la foulée le deuxième chapitre en regrettant qu'il n'y en ai pas davantage^^
Bon courage pour la suite!
A bientôt !
Mais loin de moi l'idée de juste te comparer : t'as une patte reconnaissable, avec ce ton sarcastique qui ressort régulièrement ;) Et puis on rentre direct dans ton histoire, le chapitre se lit tout seul, bref c'est un bonheur !
Poste vite la suiiiite !! :D
Sinon t'as zappé une majuscule à "— ça va passer, tu me raconteras" la voici : Ç ;)
C'est vrai qu'on a des styles un peu similaires parfois, c'est pour ça qu'on se kiffe mutuellement nos textes :D
je vais publier la suite sous peu
A+
Un début intéressant, sympa à lire avec un rythme soutenu.
J'ai déjà envie de savoir ce qui se passe dans son sommeil qui le terrifiée au point de régresser jusqu'à des réactions de jeune enfant.
Au plaisir,
Ella
A+