Le brouhaha m’empêche de me concentrer. La grand-rue est large, les immeubles courent à intervalles harmonieux sans cacher le ciel, dégagé. Pourtant, on s’y sent enfermé. La foule broie l’espace, encore et encore, les pas fouettent le bitume, les épaules cognent les épaules, les conversations fusent et j’ai très envie de plaquer mes mains contre mes oreilles.
Je ferme les yeux et la fromagerie de Monsieur Serge reste là, sous mes paupières, les contours estompés et son jaune, un jaune coquille, nageant dans le noir. Pour un peu j’ajouterais à cette image celle de ma grand-mère, courbée et le doigt tendu, et moi, la prenant dans mes bras. C’est à côté de cette devanture que le jeune homme est passé, que Nellie a bifurqué dans un coin inconnu de sa propre tête.
Hier, et ce matin encore, ça n’allait pas trop. Elle s’est enfoncé une fourchette dans le bras. Je l’ai vue se concentrer, tout à coup. Sa respiration s’est bloquée, son visage a rosi. Quand j’ai compris, je me suis précipitée vers elle et lui ai retiré la fourchette des mains. Quatre points rouges apparaissaient déjà sur sa peau, perdus au milieu des tâches de vieillesse. Elle m’a aussitôt jeté un regard méprisant. Un regard de murène délogée de son trou.
Quand elle n’est pas tempête, elle dort beaucoup. C’est sans doute bon signe.
J’ai essayé plusieurs fois de lui parler mais n’ai pas obtenu grand-chose. Je lui demande très souvent comme elle se sent, ce qui, quand elle me comprend, a le don de l’agacer : elle ignore ses moments de brume. J’ai voulu en savoir plus sur le jeune homme, son nom, comment elle le connaissait, pourquoi elle criait. J’ai obtenu des marmonnements, des
Qui ça ?
J’en sais rien
et des Personne.
— Je sais pas si tu t’en souviens, mais t’as quand même dit que… que tu l’avais tué.
Un vide.
Je continue :
— Mais tu vois bien que ça n’a aucun sens ? Il n’est pas mort. Puisqu’il était dans la même rue que nous.
Le vide se creuse et héberge soudain une lueur dans le regard de ma grand-mère, qui baisse aussitôt la tête. Puis, rien.
Je rouvre les yeux. La fromagerie s’est déplacée, comme transportée par la foule que j’avais occultée, son jaune coquille retrouve sa vivacité. J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. Si ma grand-mère n’est pas capable de me parler, peut-être que des témoins me répondront. Qui est ce garçon ? Est-ce que Nellie le connaît, est-il d’une quelconque façon lié à ma famille ? Un membre caché, un frère ou un cousin ou même un oncle, à raccorder à nous comme un troisième bras dont on n’a jamais eu besoin ?
Et aussi. Pourquoi ma grand-mère s’accuse-t-elle de… d’un acte pareil ?
Je prends mon courage à deux mains et franchis le seuil de la fromagerie, accompagnée du tintinnabulement habituel.
— Tiens, la petite Victoire ! Comment tu vas, ma grande ?
Faut savoir, je suis petite ou je suis grande ? Je chasse cette pensée, que je hais autant que je me hais, moi. Je me sens vidée, voilà tout. Je n’ai plus la force d’affronter les petites conversations, celles qui s’attardent sur les menus détails du quotidien. Pour toute réponse, je brandis une moue désolée qui trahit ma gêne.
Serge, dit « Monsieur Serge », me connaît depuis que je suis gamine. Sa fromagerie a toujours été là, dans mon univers, aussi ancrée qu’une tâche de café qui ne partira jamais d’une carte. Lui non plus ne change pas, si ce n’est les cheveux qui blanchissent par aplats de neige, la bedaine qui enfle, les poches qui s’affalent un peu plus sous les yeux. Comme à chaque fois, il m’accueille avec l’enthousiasme des Soleuziens :
— Ça fait longtemps qu’on t’a pas vue, et ça fait sacrément plaisir de te revoir !
Je tricote quelques mots mais tout chez moi semble décousu. Je n’ai pas envie d’être là.
— Notre petit-fils a lu ta BD, il a adoré ! M’enfin que t’aies du talent, personne en a jamais douté !
Il tend un morceau de fromage à une cliente placée devant moi. Elle l’attrape et me lance un regard agacé. La conversation entre le fromager et la petite autrice ne lui convient manifestement pas. Je bafouille merci et c’est gentil de ta part.
— Excusez-moi, mais je suis pressée, ose la cliente d’une voix pas aussi sèche que je l’aurais imaginée.
— Pardon madame ! C’est qu’on est en présence d’une artiste !
Je me ratatine dans mes chaussures. La cliente se tourne une nouvelle fois et m’ausculte des pieds à la tête. J’ai l’impression d’être nue. Elle reporte son attention sur mon visage, attendant sans doute que je l’embarque dans une conversation de haute voltige. Je n’ai rien d’intelligent à dire.
— Fais pas ta timide ! Allez, dis-moi pas que t’es venue acheter des fromages, Nellie déteste ça. Alors, c’est pour quoi ? Madame, autre chose, avec votre tome ?
— De l’abondance.
Monsieur Serge empoigne un gros pavé de fromage et le fait voyager jusqu’à sa planche à découper. Chacun de ces gestes est ponctué de sourires encourageants. Je finis par me lancer :
— T’as raison, c’est pas tant le fromage qui m’intéresse. Je voulais savoir… T’étais là, l’autre jour, quand ma grand-mère s’est sentie mal ?
Le couteau s’immobilise au beau milieu du pavé d’abondance. Serge est étonné, inquiet. Je lui raconte l’aventure avec le moins de détails possibles, en faisant abstraction de la cliente – de son visage contrit, ses épaules crispées, ses soupirs prêts à exposer son impatience.
— Non, j’ai rien vu… souffle Serge. Elle va bien ?
— Mieux. Mais je me posais la question, il y a un garçon qui… Enfin ça n’a même pas de sens de te demander ça, si t’as rien vu.
— Essaie quand même, si je peux aider !
— Il y a un garçon qui passait dans la rue à ce moment-là et… Et il nous a aidés, j’aimerais le remercier sauf que je le connais pas.
La chaleur me monte aux joues. Comment puis-je être bête au point d’entrer dans ce magasin, de solliciter un commerçant, et oublier que je ne pouvais pas tout expliquer ? Avouer une telle histoire à un Soleuzien, c’est révéler à toute la ville que ma grand-mère est folle et la condamner à ce jugement bien trop rapide. J’aurais dû peaufiner mon plan. Une chance, que je sache bien mentir.
— Et t’aimerais le recontacter ?
Serge ponctue sa phrase d’un clin d’œil que je ne peux m’empêcher de trouver salace. Il me prend au dépourvu, la phrase que je comptais prononcer meurt sur ma langue.
— Il ressemble à quoi, ton mystérieux garçon ?
— C’est juste pour le remercier, tu sais… Ma cousine Émilie voit pas qui ça peut être, du coup je tente chez toi…
Tant pis, j’y vais de ma description. Si les premiers détails ne remuent rien, l’évocation du grain de beauté repéré à la commissure des lèvres fait son effet. Serge tend le paquet d’abondance à la cliente et me lance, enthousiaste :
— À tous les coups, c’est Jonathan !
J’en reste bouche bée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il l’identifie, et je ne sais pas quelle attitude adopter. Avant que je puisse réagir, il crie :
— Julie ! Julie, viens voir !
— Inutile de déranger ta femme, elle a mieux à faire…
En moins de temps qu’il n’en faut pour refuser un service qu’on n’a pas demandé, Julie surgit de l’arrière-boutique, affublée d’un tablier et d’un regard interrogateur. On se salue, et Monsieur Serge embraie immédiatement :
— Victoire a rencontré Jonathan ! Tiens, montre-lui une photo, pour être sûr ! Celle de l’apéro, il y a quinze jours.
Julie s’exécute, déniche un portable de sous son tablier, tapote l’écran et me montre une photo. Je m’approche, tente une moue d’excuse à la cliente et me penche vers l’appareil. On y voit cinq adultes tournés vers l’objectif, joyeux, un verre de vin à la main. Derrière eux, la mer et le soleil. Je détaille rapidement chacun des visages, reconnais Monsieur Serge, Julie, et… le jeune homme que ma grand-mère clame avoir tué.
— Elle a été prise quand, cette photo ? je demande, soudain angoissée à l’idée qu’elle date trop, et qu’entre-temps ma grand-mère ait bel et bien tué « Jonathan ».
Je me reprends. L’idée est absurde. Absurde, absurde, absurde.
— C’était il y a deux semaines, hein, Julie ? répond Monsieur Serge avec toute la bonhommie du monde. On a pris un verre avec ses parents, qu’on connait plutôt bien maintenant, et il était là. Il vient les étés, parfois, mais il habite Paris. Comme toi !
J’emmagasine toutes ces informations, les yeux rivés sur la photo. « Jonathan » est là, sur le bord, au coude à coude avec deux adultes que je n’ai jamais vus – ses parents. Si je devais les dessiner, tous les trois, personne ne se souviendrait jamais de leurs traits. Ils navigueraient dans une histoire, réapparaîtraient au gré des pages, mais ne s’imprimeraient pas dans l’esprit des gens et l’effet serait tout bonnement raté. Lui, peut-être... Il a un visage régulier tirant sur l’ovale, des yeux verts qui se plissent sur un sourire en vagues. En forçant le trait, il existerait pour de vrai.
Une partie de moi rejoue la scène, celle de ma grand-mère tombant sur le trottoir, perdue, s’affligeant une culpabilité impossible. Le nom qui se pose sur ce visage masculin se pose aussi dans ma tête, s’installe, prend vie. Avoir un nom, c’est une avancée - mais après ? Ma grand-mère le connaît-il ? Pourquoi ? Ai-je moi-même un lien avec lui ?
— C’est bien lui que tu cherches, alors, s’amuse Monsieur Serge.
Je lève les yeux, secoue la tête gauchement, cherche une alliée en la personne de Julie. Mais où que je m’arrête, il n’y a que des regards appuyés. Même la cliente pressée esquisse un rictus que j’ai du mal à interpréter.
— Tu peux me renseigner un peu plus… ? Qu’est-ce qu’il fait à Soleuze ?
— Il a ton âge, il revient de temps en temps pour les vacances. Ses parents ont une maison secondaire là, dans le centre. Sans doute pour ça que tu les connais pas, ils sont de l’Aveyron, eux.
— Il est très, très charmant ! complète Julie. Très agréable, social, du genre à discuter avec tout le monde mais sans s’imposer, tu vois. Un étudiant en médecine, une vraie tête ! Et il a pas parlé de petite amie…
— On va pas laisser filer ça, ma belle. Julie, donne-lui le numéro !
Julie s’exécute, encore une fois. Elle égraine quelques mots sans consistance, pardi oui ! et tu parles, on va pas passer à côté de ça, ouvre un tiroir, en sort un bout de papier et un stylo, se met à griffonner. À voir le bout du stylo valser hâtivement sur le papier, je repense à La pieuvre éphémère et à quel point l’encre peut servir à créer des choses diamétralement opposées.
— Tiens ! s’exclame Julie en me tendant le papier. Jonathan !
J’obéis et range le papier dans ma poche sans même y jeter un œil.
— C’est bon maintenant ? interrompt la cliente. Je peux vous régler ?
— Bien sûr !
Monsieur Serge pianote sur sa caisse. J’en profite pour les remercier à mi-voix, expliquer que je dois rentrer.
— Ça marche, ma belle. Et tu nous tiens au courant, hein !
Je tourne les talons en même temps que la cliente, qui s’empresse de sortir de la fromagerie. Je la suis, la clochette sonne pour nos deux sorties. Sur le trottoir, sans me regarder tout à fait, elle me lâche :
— Vous savez, c’est souvent les filets des autres qui nous engluent.
Je n’ai pas le temps de répondre que, déjà, elle s’envole dans la grand-rue.
Je ne connaissais pas Les cassures infantiles, mais je note, je note...
Mais waaat ça fait trop longtemps que j'étais pas repassé là ! :O
En tout cas une chose est sûre, on a aucun mal à se replonger direct dans ton univers. Les descriptions et les ambiances sont au poil. La ville nous immerge, et puis y a cette scène pleine de petits détails très réalistes dans la fromagerie.
Pauvre Victoire et surtout pauvre Nellie. J'apprends que la mamie a encore fait des siennes. Si maintenant elle s'en prend à elle-même avec une fourchette en plus, ça craint... J'imagine l'impuissance de la petie-fille confrontée à ces scènes de démences...
La suite est un peu plus amusante. Le quiproquo à propos de Jonathan, oh lala mais gêne/20. Soutien à Victoire. J'ai bien aimé aussi le switch dans le comportement de la cliente. Très agacée au début dans la file d'attente, mais qui montre un autre visage ensuite.
J'espère que l'enquête de Victoire va porter ses fruits.
Merci beaucoup, c'est très rassurant de voir qu'on peut replonger facilement dans Soleil bleu ! Ton retour arrive à point nommé, je reprends justement l'écriture de ce roman après une pause due à des corrections sur un autre ;-)
Très beau chapitre, comme d'habitude, avec plein de belles images délicates et discrètes. Le malentendu des "adultes" sur les intentions de Victoire quand elle cherche Jonathan est assez amusant (et sa rougeur n'aide pas). La réplique de la cliente à la fin donne de la profondeur à la scène. Bravo !
A bientôt !
A bientôt !
C'est un grand plaisir de revenir poursuivre cette lecture. Tu es toujours aussi talentueuse à décrire les atmosphères, le bruit et les mouvements humains, en l'occurrence la rue et la foule qui corsète là où paradoxalement on est à l'extérieur. Et puis awtch, j'ai serré les dents sur la suite, avec le grand mère qui se fait du mal, tout en étant de plus en plus égarée... Difficile, de recueillir une parole dans ces conditions, de reconstruire le fil de l'histoire et des pensées. Je suis en empathie avec la ténacité de Victoire, ses petites tentatives qu'elle a, ses petites phrases.
Coup de coeur pour "l'apparition de la fromagerie", comme si pouf, c'est elle qui s'était posée là. Cela rend bien l'arrachement de Victoire au temps et au monde qui l'entoure, prise à la fois dans ses pensés, questionnements, et dans une routine de trajet.
J'ai zyeuté les commentaires en-dessous, et perso je trouve que tu as bien arrangé cette scène. On y sent beaucoup moins d'exagération dans la dépiction du couple de fromagers. Un peu lourds et clairement maladroits, mais ça ne les rend que plus réalistes sans trop en faire. Moment gênant pour Victoire x) Mais boooon, le vendeur a voulu être sympa - à sa façon x)
D'ailleurs j'aime bien que notre narratrice soit loin d'être parfaite : moi aussi je l'ai trouvée condescendante avec sa répartie intérieure ahah. Mais elle le reconnaît elle-même alors ça passe - quoique je commence à quand même la trouver souvent blasée et pas toujours bien conciliente avec les gens qui l'entourent, qu'elle prend un peu de haut et dont elle fait ressortir à plusieurs reprises déjà la "banalité" quand on veut pourtant être sympa avec elle ou faire la conversation ~
Autrement, le coup de la cliente agacée, c'est bien mené. On a tous vécu des scènes de ce genre ! Très bien rendu, ses interventions, et le fromager qui court deux lièvres à la fois dans ses répliques en parlant aux deux femmes en même temps. Heureusement, l'autre cliente se rattrape un peu sur la fin et fait moins peau de vache héhé =D
Et peu à peu, Victoire commence à récolter des pistes avec ce fameux "Jonathan". On sent qu'on passe en phase "recomposition de puzzle" après plusieurs chapitres à développer pas mal de pistes et de mystères.
Hmmmm et sur ce, j'ai l'eau à la bouche maintenant avec tous ces bons fromages <3
Encore un chapitre très riche et qui arrive à me faire vivre pas mal d'émotions - tendresse, amusement, agacement, curiosité. Toujours ravie de te lire !
Bonne soirée, à très bientôt =)
Je suis heureuse d'avoir corrigé ce trop-plein-de-clichés que Rach avait décelé, c'est rassurant !
J'aime bien, aussi, tes impressions sur Victoire : ton empathie vis-à-vis d'elle, en même temps que la forme de condescendance que tu perçois chez elle. Je n'avais pas prévu exactement ces impressions, c'est toujours intéressant de voir comment ses personnages sont "jugés" une fois lâchés dans la nature du lectorat !
Ah la scène bien gênante ! Et cette cliente qui finalement s'avère être un peu plus sympa que prévu, même si c'est l'affaire de 5 secondes à la sortie de la boutique ! J'espère que l'abondance sera bonne, en tout cas.
Y a un petit truc qui m'a perturbé, c'est le petit mot "flash" glissé à un moment dans le chapitre, je me suis demandé si c'était volontaire ? Si oui, je pense qu'il faudrait le mettre un peu mieux en page afin de le mettre en valeur, car actuellement il fait un peu accident, je trouve, il est trop timide pour concrétiser l'effet que je suppose tu as voulu lui donner...
Plein de bisous !
Hahaaa en fait le "flash" est une coquille de corrections ! Je l'enlève tout de suite... Est-ce que de l'avoir vu, ça fait comme le pon-pon dans les manèges pour enfants ? Tu as droit à un nouveau tour ?
J'ai avalé 4 chapitres il est temps que je te fasse un petit retour ^^
Je suis assez d'accord pour dire que le couple de vendeurs fait un peu caricatural, cela dit ça ne m'a pas gênée pendant le chapitre, jusqu'à la phrase sur le mariage que j'ai trouvé un peu too much.
Je suis aussi d'avis de préciser ce que Victoire espère trouver en enquêtant sur le fameux Jonhatan, ça donnerait plus de visibilité au lecteur sur la suite et la capacité de faire des théories.
Sinon j'aime bien l'atmosphère de flottement et la dégradation de l'état de Nellie, je trouve que c'est bien montré, et c'est un sujet assez lourd qui n'est pourtant ici pas étouffant.
Cela dit, je ne sais pas si ça fait partie de ton style ou si c'est un choix, mais je trouve qu'il y a trop peu de descriptions. Notamment des petits choses qui ancrent les personnages et les rendent tangibles comme des détails sur des grains de beautés, des tics nerveux, un grain de voix. Je pense que tu pourrais inclure ça sans perdre le côté flottement du style puisqu'il ne s'agit pas de description terre à terre et exhaustive, mais des moments de focal particulier. Cela me parait aussi logique pour Victoire de remarquer ce genre de choses puisqu'elle est dessinatrice et autrice (tu rends d'ailleurs très bien ça dans la narration). Ça aiderait peut-être à ce que les personnages secondaires paraissaient moins caricaturaux ? Après c'est une aussi une affaire de goût personnel, je ne le cache pas ^^'
Voilà pour mon retour, à bientôt !
J'ai modifié les dialogues des commerçants de ce chapitre, pour éviter ce côté caricatural. Je pense que ça tenait à pas grand-chose, et c'est effectivement déjà mieux !
J'ai également peaufiné les intentions de Victoire, au début de ce chapitre (pile avant qu'elle entre dans la fromagerie) :
"Je rouvre les yeux. La fromagerie s’est déplacée, comme transportée par la foule que j’avais occultée, et son jaune coquille retrouve sa vivacité. J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. Si ma grand-mère n’est pas capable de me parler, peut-être que des témoins me répondront. Qui est ce garçon ? Est-ce que Nellie le connaît, est-il d’une quelconque façon lié à ma famille ? Un membre caché, un frère ou un cousin ou même un oncle, à raccorder à nous comme un troisième bras dont on n’a jamais eu besoin ?
Et aussi. Pourquoi ma grand-mère s’accuse-t-elle de… d’un acte pareil ?"
Pour ce qui est des descriptions, je pense que je vais rester sur le style actuel. J'ai envie de garder des descriptions qui ont un réel poids dans l'histoire, et m'éloigner des caractéristiques physiques un peu gratuites et parfois très normées. Ici, que Victoire soit blonde ou brune ne change rien. Surtout, j'aimerais qu'un maximum de personnes puissent s'identifier aux personnages, ce qui me semble compliqué quand les descriptions sont plus détaillées. Et puis, je crois que mes persos donnent beaucoup à voir de leurs gestes, de leurs corps, de leurs sensations physiques, ce qui pour moi est plus important que l'image visuelle que les lecteurices ont d'eux.
Et justement, j'ai récemment ajouté à ce fameux Jonathan un grain de beauté à la commissure des lèvres - avant tout pour rendre plus crédible son identification par le fromager, sur la simple description de Victoire. Autrement, je l'aurais laissé tel quel !
Merci encore de ton passage ! Les retours sous ce chapitre m'ont bien permis de cerner pas mal de petites failles que j'ai tenté de réparer, et j'ai l'impression que ça ajoute plein de belles choses à l'histoire !
Eh bien tu es maître de ton style^^
Je ne suis cependant pas d'accord sur le fait que des traits physiques empêchent l'identification, sinon cela signifierait qu'il serait très difficile de s'identifier à un personnage issu de l'audio-visuel, ce qui n'est pas le cas. Cela dit effectivement, je pense qu'on s'en fiche de savoir si Victoire est blonde ou brune ^^ Mais tous les traits physiques ne sont pas aussi superflus. Typiquement cette histoire de grain de beauté rend tout de suite ce personnage plus "réel". J'aime d'autant plus qu'on souligne non pas une beauté de mannequin mais bien des petites imperfections qui font de nous des humains ^^
Enfin ceci est tout un débat ! Contente de t'avoir été utile en tout cas ^^
◊ "Vous savez, c’est souvent les filets des autres qui nous engluent." Mais enfin. Cette phrase ne pourrait pas être plus mystérieuse. Merci, madame la cliente.
◊ Adorables, Serge et Julie.
◊ Ça donne une impression de coïncidence/chance qu'ils sachent direct de qui elle est parle. Est-ce que c'est fait exprès ? Sinon, je me dis qu'en une phrase tu peux dire qu'elle a déjà demandé ailleurs ?
◊ Impression hyper étrange de : c'est logique qu'elle mène son enquête sur Jonathan mais en même temps je crois que j'aurais voulu son raisonnement pour décider de le retrouver. Est-ce qu'elle veut l'amener devant sa grand-mère pour que celle-ci cesse de culpabiliser ? Est-ce qu'elle veut savoir s'il a eu un accident et élucider pour elle-même seulement l'histoire que se raconte sa grand-mère ?
◊ C'est chouette qu'elle soit active, en tout cas, qu'elle tente de trouver des réponses. Parce qu'il y aurait de quoi se laisser accabler et ne rien faire du tout, mais ç'aurait fait un récit moins dynamique.
◊ Moment préféré : "Elle a été prise quand, cette photo ? je demande, soudain angoissée à l’idée qu’elle date trop, et qu’entre-temps ma grand-mère ait bel et bien tué « Jonathan ». Je me reprends. L’idée est absurde. Absurde, absurde, absurde." J'adore qu'elle hésite, qu'elle se tienne à la frontière entre le réel et l'impossible. Il y a un côté fantastique (au sens français du terme : le doute, tout ça) à ton récit qui est frissonnant.
Suite à ton commentaire et à celui d'autres plumes, j'ai apporté quelques précisions qui me semblaient de base minimes, mais qui tout compte fait apportent de jolies couleurs supplémentaires à l'histoire.
J'ai peaufiné les intentions de Victoire, au début de ce chapitre (pile avant qu'elle entre dans la fromagerie) :
"Je rouvre les yeux. La fromagerie s’est déplacée, comme transportée par la foule que j’avais occultée, et son jaune coquille retrouve sa vivacité. J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé. Si ma grand-mère n’est pas capable de me parler, peut-être que des témoins me répondront. Qui est ce garçon ? Est-ce que Nellie le connaît, est-il d’une quelconque façon lié à ma famille ? Un membre caché, un frère ou un cousin ou même un oncle, à raccorder à nous comme un troisième bras dont on n’a jamais eu besoin ?
Et aussi. Pourquoi ma grand-mère s’accuse-t-elle de… d’un acte pareil ?"
J'ai également atténué les dialogues de Serge et Julie pour éviter l'effet caricatural.
Et puis, dans le chapitre précédent, quand Victoire explique à sa cousine que le jeune homme mystérieux n'a rien de physiquement remarquable, je lui ai ajouté un signe distinctif qui permet plus tard à Serge de l'identifier : "Pourtant, impossible de le décrire sans trébucher : le même âge que moi, brun, ni grand ni petit, plutôt joli. Rien de remarquable.
Hormis, peut-être… Mais je l’ai sans doute imaginé : un grain de beauté coincé à la commissure des lèvres. Un point noir, ou marron, ancré dans la peau comme un stylo perce du papier, les contours aussi définis qu’une goutte d’encre. Ça lui apportait quelque chose de féminin, de sensuel. Mais autrement, vraiment. Rien de remarquable."
Voilà... Désolée pour la longue réponse... Et surtout : merci encore !
◊ "qui tout compte fait apportent de jolies couleurs supplémentaires à l'histoire" Cette phrase résonne en moi par rapport à ton style, parce que je te ressens très peintre de l'écriture.
◊ "je crains parfois que les sens possiblement sous-jacents ne transparaissent pas à la lecture..." N'est-ce pas un peu toujours le risque pour tout ce qu'on crée ? Je me dis que les sens sous-jacents sont un contenu bonus qu'on a en ressenti surtout, plutôt qu'en conscientisé, et que ça ajoute à l'histoire sans qu'on sache pourquoi.
Et pour répondre à ton autre remarque, il n'y a bien que la cliente-mystère en plus de Victoire. Je reformule pour que ce soit plus clair !